METSÄ- 01
Lorsque Taehyung posa un pied hors du train, sa grosse valise dans la main droite et son sac sur le dos, il ne pût retenir le soupir las qui franchit la barrière de ses lèvres. Le vieux train-couchettes qui l'avait largué ici était presque vide et il n'y avait personne sur le quai de la gare. Le véhicule semblait venir tout droit d'une autre époque, crachant des nuées épaisses de fumée sombre durant tout le trajet, qui lui avait semblé fort long.
Il batailla un long moment avec son bagage, bien trop lourd pour sa frêle silhouette, et finit par s'asseoir sur un des bancs en bois tagués et abîmés.
Il était 18h passées, cependant la température restait estivale.
Le soleil tapait sur ses jambes nues et ses bras exposés.
Il avait fait affreusement frais dans le train, où l'air conditionné avait probablement été réglé au maximum, et Taehyung avait l'impression de rôtir sous le cagnard. Il passa ses mains moites dans ses cheveux clairs , ébouriffant ses mèches déjà décoiffées.
- Tu vas enfin sortir un peu, prendre le soleil et bouger de ta chambre; lui avait dit sa mère quatre jours auparavant, déjà en train de commander un billet de train.
Effectivement, après avoir prît un métro, le ferry, un taxi et le fameux train de nuit, Taehyung se retrouvait à attendre désespérément que sa grand-mère ne daigne venir le chercher, sa peau pâle brûlant sous le soleil de plomb de Yoshino.
Le petit village japonais était réputé pour ses milliers de cerisiers, et l'adolescent espérait réellement que la ville pittoresque soit ombragée.
En soupirant, le brunet sorti son téléphone quasiment déchargé de la poche de son sac, y brancha ses écouteurs et sélectionna une de ses musiques préférées, priant pour que son IPhone ne le lâches pas. Enfin, il pianota rapidement sur son écran, rédigeant un court message à sa mère pour la prévenir qu'il n'était pas mort en chemin -cela l'intéresserai-t-Elle vraiment? et l'envoya. Devant le message d'erreur, le jeune garçon haussa un sourcil.
Génial... il n'avait pas de réseau. Il grogna, avant de réaliser que ses parents ne pourraient pas le contacter de toute les vacances, et que donc il avait quartier libre. Enfin... fallait-il encore qu'il se trouve des copains, dans ce bled paumé.
~
Les cigales et toute une nuée d'insecte chantaient et crissaient dans les herbes hautes, roussies à cause du soleil, qui entouraient la gare. Un chanteur de hard rock beuglant dans ses oreilles, Taehyung essayait de tromper son ennui en observant les environs, son cuir chevelu brûlant sous le cagnard.
Le téléphérique passait à intervalle régulier, reliant la gare au village, voguant sur son câble comme une araignée sur sa toile. Quelques personnes en sortait, d'autres s'installaient à l'intérieur, après avoir fait poinçonner leurs tickets.
La montée offrait un panorama incroyable sur la forêt de cerisiers japonais, tous parés de nuances différentes au printemps. Selon les dires des touristes, nombreux durant les vacances d'avril, ce petit village pittoresque valait le détour.
À l'instant où le jeune garçon s'engouffra dans la gare pour acheter un aller-retour, n'en pouvant plus de suer à grosses gouttes -ses cuisses s'étant même collées à son siège, une multitude de grands coups de klaxon retentirent de l'extérieur.
Une vieille camionnette pétaradante pila devant le bâtiment à la Fast and Furious, tandis qu'une vieille femme hurlait le prénom de notre protagoniste.
En traînant son lourd bagage derrière lui, celui-ci rejoint l'épave bringuebalante. Un logo clinquant, indiquant que la grand-mère était maraîchère, était peint sur la portière du véhicule.
- Pose toi dans la remorque avec ta valise, ça t'fera voir le paysage furent les premiers mots que lui adressait la mémé au visage buriné par le soleil.
Enfin, elle démarra sur les chapeaux de roues, un peu trop brusquement pour Taehyung qui manqua de se prendre le coin de son ballot dans le visage. La vieille dame aux yeux rieurs typiques du Pays du Soleil levant, et qui devait très certainement être sa grand-mère, continua à lui crier quelques phrases de bienvenue, baragouinant dans un coréen approximatif.
- Hé bé! C'est qu't'es ben maigrichon toi! Ta mère t'file pas assez à manger?
- Non non madame, j'ai juste un métabolisme rapide; lui répondit-il poliment, s'exprimant en japonais, la langue avec laquelle lui parlait sa mère. Il s'agrippa au rebord de la remorque tapissée de terre, les yeux tournés vers le paysage.
- J't'en ficherai des madames, moi. J'ai une tête à m'appeler Madame? Enfin mon ptiot, appelle moi Sobo* !
Le véhicule au moteur crépitant finit par s'arrêter dans la cour d'une ferme à l'ancienne composée de trois bâtiments accolés, construite à la lisière d'une forêt de pin et entourée de champs à perte de vue.
Ils avaient traversé le village de Yoshino, à l'architecture vieillotte étonnante, avaient roulé sur des sentiers coupant à travers les champs, les roues s'enfonçant ou tressautant sur les nids de poules durant une bonne quarantaine de minutes.
Le brunet se hâta de descendre, le cœur au bord des lèvres à cause de la conduite... sportive de sa mamie.
Sous les jappements excités d'un gros chien au pelage râpeux, Taehyung essayait tant bien que mal de récupérer sa valise.
En pouffant, la campagnarde vint finalement l'aider, l'extirpant en deux mouvements. Les joues légèrement plus roses qu'auparavant le jeune garçon s'accroupit pour caresser l'animal, qui le gratifia d'une bonne léchouille sur le visage.
- V'la mon chez-moi! Bon, c'est pas le luxe, mais on s'plait bien. Pis c'est pas trop loin du village, et j'ai d'la place pour cultiver mes légumes! Elle désigna fièrement sa propriété d'un large mouvement de bras, le soleil se couchant derrière les pins, éclairant d'une lueur rougeâtre le potager et l'étable.
En souriant, elle attrapa le bagage d'une main, le bras de son petit-fils de l'autre, et s'engouffra à l'intérieur du plus grand bâtiment. L'ado ôta ses chaussures et resta planté dans l'entrée, laissant glisser son regard sur le séjour. La décoration était rustique, minime. Quelques étagères au mur, un grand tatami usé, une minuscule table et deux coussins.
- Ta chambre est en haut. Va poser tes affaires pendant que j'fait chauffer l'eau pour le bain.
- Chauffer l'eau?
- Ben oui! On a pas tous l'eau chaude dans c'te pays!
Ça existait encore, des gens qui n'avaient pas de chaudière? Taehyung se dépêcha d'obéir à sa grand-mère, trimbalant à bout de bras son baluchon dans l'escalier, loupant quelques marches sous la précipitation. La première porte qu'il fit coulisser lui révéla la salle de bain, uniquement pourvue du strict nécessaire: un vieux lavabo, une grande cuve en laiton, un miroir un peu abîmé et un porte serviette. Cependant, la deuxième paroie coulissante, plus que typiques dans l'architecture japonaise, fût la bonne.
Une grande fenêtre entrouverte donnait sur la forêt, la brise du soir s'engouffrant dans la pièce en faisant flotter les rideaux. Un grand bureau en bois était accolé au mur, en-dessous de deux étagères assortie.
En soupirant, Taehyung lâcha lourdement sa valise sur le parquet et appuya sur l'interrupteur à sa droite. Miracle! Ils avaient l'électricité, au dépit de l'eau chaude. Épuisé, le jeune garçon se jeta sur son futon, observant le panorama à travers la fenêtre. Alors, c'était ça, la vie en campagne?
Bon.
Il n'avait peut-être pas put prendre son PC gamer, mais il ne se laisserait pas abattre pour autant.
*Sobo : mémé
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