Partie 27

Il fallait en finir. Tourner les talons était exclu. Archie se racla la gorge et émit un ou deux toussotements. Suffisant pour réveiller la jeune femme. Sa tête redressée pivota légèrement.

« C'est toi, Edwin ? souffla-t-elle d'une voix languissante.

— Désolé, c'est Archie Tutbury.

— Oh ! Archie. Pouvez-vous me rendre un service ?

— Comme vous chercher un sandwich, par exemple ? suggéra Archie, montrant le sien.

— Non, merci, j'ai trop mangé hier soir ; un régime s'impose.

Il ne put s'empêcher de sourire. Si quelqu'un n'avait pas de livres à perdre, c'était bien elle. Felicity allongea le bras vers un flacon blanc à bouchon orange posé sur l'herbe.

« Si vous pouviez m'enduire le dos, dit-elle. Cette zone est terriblement difficile à atteindre, vous ne trouvez pas ?

— Je l'ignore ; je ne m'expose jamais.

Cette fois, elle se souleva et se plaça sur le côté pour voir Archie en face. Son soutien-gorge en triangle, maintenu par de simples ficelles coulissantes laissa apparaître un sein menu, presque inexistant. Archie ferma les yeux, submergé par l'émotion devant ce torse aussi plat que celui d'un adolescent. Une bosse significative naquit dans son pantalon. Si Felicity s'en apercevait, il en mourrait de honte.

« Vous vous baignez bien de temps en temps ? insista la jeune femme.

— Non.

— Pour tout dire : moi non plus. À l'âge de Shauna, j'ai failli me noyer dans un lac, on m'a sauvée de justesse. Depuis, je préfère m'abstenir. Ce qui ne m'empêche pas d'aimer lézarder. Pas vous ?

— Non. Je n'aime guère...me dévêtir, même en été : question d'habitude. »

En se penchant pour saisir le solaire, les yeux d'Archie tombèrent sur l'écart entre les cuisses minces. Bien que le maillot soit épilé, un buisson noir et touffu se laissait deviner sous le mini slip. L'érection d'Archie tourna court. Même avec la meilleure volonté du monde, l'idée d'affronter cette caverne suintante que des potes hétéros lui avaient dépeinte comme une sorte de Graal le terrifiait. Il fut reconnaissant à Felicity de se remettre sur le ventre, lui dérobant ainsi son exubérance intime. Il dévissa le bouchon et inclina la bouteille. Le liquide jaunâtre à l'odeur exotique lui dégoulina sur les doigts en longs filaments collants.

« Pardon, j'en ai trop mis, s'excusa-t-il. Ce truc est très cher, je suppose.

— Non, il vient d'un magasin de mon quartier et est d'un prix tout à fait modique, ne vous inquiétez pas. »

Il en déduisit que Felicity Sturgeon ne roulait pas sur l'or. Raison de plus pour accepter la proposition d'Eddy. Lui-même gagnait correctement sa vie, mais il ne disposerait pas d'un patrimoine comparable à Lyme Hall à la mort de ses parents. Il approcha une main prudente du dos dont il venait d'admirer la rectitude et commença à étaler la crème sur le haut. En dépit de son manque d'habitude de la chose, il ne tarda pas à acquérir la technique. Ses gestes devinrent plus assurés, plus experts.

« Les épaules aussi ? demanda-t-il, la zone une fois badigeonnée.

— Oui, s'il vous plaît. »

Il imprima à ces dernières de lents mouvements de rotation. La peau de Felicity, souple et douce, lui rappelait celle de Stephen. Il se revit pétrissant les deltoïdes de son amant pour le détendre. Felicity aussi se détendait sous le massage. Une sorte de ronronnement faisait vibrer sa gorge. Lorsque le produit fut complètement absorbé, Archie se resservit dans le flacon et passa au bas. Il avait prévu une bonne couche, censée établir une barrière entre ses doigts et la cambrure tentatrice. Et, de fait, parvenu à l'espace critique entre la cinquième lombaire et la lisière du slip, aucun frémissement particulier dans son caleçon ne se produisit. La crème fondait rapidement au contact de la peau chauffée par le soleil. Après une dernière touche de crème, il déclara devant le dos luisant de solaire.

« Voilà, j'ai fait de mon mieux. »

Il allait s'écarter avec la satisfaction du devoir accompli, mais Felicity le prit de vitesse. Ramenant son bras droit en arrière, elle se saisit de la main d'Archie avec une vigueur étonnante et la posa à l'endroit précis où débutait la raie des fesses. Ce geste d'une audace incroyable le laissa pétrifié, ses muscles déjà inexistants parurent se ratatiner encore, son cerveau se couper de ses terminaisons nerveuses, comme si plus aucun circuit ne fonctionnait. L'univers se réduisait à ces doigts qui serraient fortement les siens, plaqués au bas des reins de la jeune femme. Le maillot avait glissé et l'amorce des fesses se révélait. Le temps semblait suspendu aux réactions de Felicity et d'Archie. Les oiseaux s'étaient tu. Seul, le bourdonnement lointain d'une tondeuse rompait le silence.

Felicity lui broyait les phalanges, maintenant une forte pression sur la zone sensible. Elle ne disait rien, mais son souffle devenait de plus en plus précipité. Archie éprouva dans son pantalon un gonflement identique à celui de tout à l'heure, signe que son corps et son esprit étaient à nouveau reliés. Le cul féminin se tendait imperceptiblement sous le lycra...vers lui.

« Eh bien ! qu'attendez-vous ? s'impatienta Felicity.

— Je...je...je n'ai jamais...

— Avec une femme ? Je sais. Vous n'avez pas à avoir peur, c'est à peu près la même chose. »

Les bribes d'une conversation avec Eddy lui revinrent Certaines femmes aiment être enculées. Je te l'avoue, je n'ai jamais essayé, mais des copains l'ont fait et ça leur a plu. Eh bien ! Il était tombé sur une de ces femmes, apparemment. Peu importait ; l'échange avec Felicity ne l'avait pas privé de ses moyens. La perspective de pénétrer l'éditrice par derrière l'excitait au plus haut point. Et puisqu'il avait sa bénédiction...

« Quelqu'un pourrait venir, dit-il néanmoins.

— Il y a peu de chance. »

Felicity lui avait lâché la main ; il en profita pour baisser son pantalon et sortir sa tige. L'engin n'avait pas servi depuis Stephen, mais était en parfait état de fonctionnement. S'il me voyait... songea-t-il brièvement. Le temps de chassa son ex de son esprit, il se pencha sur la lune de Felicity. Si l'on faisait abstraction de la cambrure, ce cul aurait pu appartenir à un très jeune homme. Archie en avait déjà caressés d'aussi doux, au velouté de pêche. Il ferma les yeux pour parfaire l'illusion. Les doigts de Felicity revinrent frôler les siens. Une substance gélatineuse les imprégnait. Il devina sa provenance : cet orifice tant redouté qu'il entendait bien éviter. Toujours serrant bien fort les paupières, il s'en passa sur le gland et se lança. Tâtonnant d'abord autour de l'anus, puis sondant celui-ci sur quelques centimètres. Sa facilité à s'y introduire lui confirma que Felicity n'en était pas à son coup d'essai. Il pénétra plus avant, dérouté de ne pas rencontrer la glande où siégeait le plaisir masculin. Cette sensation d'étrangeté ne dura pas. Il se mit à aller et venir entre les fesses de la jeune femme comme il l'aurait fait entre celles d'un homme. Felicity remuait le bassin en cadence ; de petits soupirs modulés renseignaient Archie sur son degré de satisfaction. Galvanisé, il lima de plus belle le conduit accueillant. Les plaintes de Felicity devinrent des cris. Elle va ameuter tout le château, se dit Archie, inquiet. Soudain, une sorte de convulsion agita le corps de Felicity. Archie comprit qu'elle s'était masturbée et venait de jouir. Son propre orgasme se rapprochait ; il pilonna à mort le pertuis de l'éditrice. Le cul tanguait à chaque assaut, tel un vaisseau sur une mer furieuse. Archie rouvrit les yeux pour en savourer le galbe. Ce postérieur valait ceux des éphèbes croisés dans les pissotières ou les clubs gays. Eddy ne savait pas de quoi il ne privait. Ne pas penser à lui, sinon il débanderait. Au même instant, il se libéra en de puissantes saccades.


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