Partie 16
À plus !
L'orgasme anal ravagea Eddy de fond en comble. Il se serait effondré si le mec de l'arrière ne l'avait retenu par les hanches.
« Là, là, mon petit, dit-il, presque tendrement. »
Quand il se fut retiré, Eddy se laissa choir à terre, les genoux repliés sous lui.
« Une clope ? demanda le mec, cherchant un paquet dans la poche de sa chemise. »
Les pans dansaient autour de sa taille épaisse ; le vit, si actif précédemment, se ratatinait sous la capote. Eddy qui n'avait pas fumé depuis des plombes accepta la cigarette.
« Ton copain s'en paie une tranche, lui fit remarquer le mec, goguenard. »
Il désignait Lilian dont les fesses tanguaient sous le pilonnage furieux d'un des gars à biceps de tout à l'heure. Eddy sourit et, tirant une bouffée de sa cigarette, expliqua :
« Il enterre sa vie de garçon.
— Sans blague ? Et qui est l'heureux élu ?
— Moi.
— Eh bien ! Ça m'en bouche un coin. Les mariés ne fêtent pas ça chacun de leur côté ?
— En principe. Si tu veux, je t'invite à la noce. Tu connais Lyme Hall ?
— Bien sûr – le type le regarda sous le nez – je me disais aussi...j'ai déjà vu cette tête-là quelque part.
— Ici, peut-être, il y a un max d'années. »
L'homme secoua la tête. La position en tailleur ne l'avantageait pas. La graisse se plissait en accordéon autour de sa taille ; sa queue, hors du préservatif, était gluante et molle.
« Non, pas ici, dit-il. Tu ne te rappelles pas ? C'est moi qui ai changé la batterie de ta bagnole, l'an dernier : une super caisse. »
Le garagiste. Ses paroles ouvrirent une trouée dans la mémoire d'Eddy. La nuit pluvieuse, la ferme, les vaches, le canapé usé, la table du petit déjeuner couverte de miettes, défilèrent en vrac. La chambre vint en dernier. Eddy se revit face à un jeune homme brun à la nudité splendide. Des yeux noirs se posaient sur lui avec un mélange de désir et de crainte. Al. Albert.
« Je me demande ce qu'il est devenu. »
La voix du garagiste, si lointaine.
« Qui ? demanda Eddy un peu bêtement.
— Le petit Brackmear : un chouette môme. Son père l'a flanqué à la porte, je sais pas pourquoi. Ah ! il était mignon, soupira-t-il. Je me le serais bien fait. »
La première réaction d'Eddy fut de lui flanquer une baffe avec une menace à la clé : Pas touche ! si tu t'approches de ce mec, je t'explose la tronche. La deuxième fut plus mesurée. Ne devait-il pas au contraire lui être reconnaissant ? Grâce à lui, tout lui apparaissait avec une implacable netteté. Les interrogations de ces derniers jours avaient trouvé leurs réponses. Il comprenait l'attitude d'Al, sa haine constante et inexplicable. Sa réaction de l'après-midi s'éclairait. J'ai été une belle ordure, se dit-il, mais je peux encore rattraper le coup.
Il jeta un coup d'œil à sa Rolex : deux heures du mat' Trop tard pour tirer Al des bras de Morphée. Demain, il aurait une vraie conversation avec lui, à cœur ouvert. Notamment à propos de cette fameuse petite copine. Al l'avait sûrement inventée pour l'embêter ; il était un pur homo, comme lui. Et Lilian ? Bah ! Il traiterait le problème en temps voulu.
« Ça va ? Tu as l'air visité par l'Esprit saint », plaisanta le garagiste.
Le mec lui caressa gentiment le bras et comme Eddy ne bougeait pas, il remonta vers l'épaule, pelota les mamelons, descendit vers le nombril, puis plus bas. Le sexe d'Eddy frémit légèrement quand les gros doigts entreprirent de le triturer. Un élan de reconnaissance le poussa à embrasser le garagiste. Il attrapa le menton fuyant et écrasa sa bouche contre celle de celui qui venait de lui rendre l'espoir. Le mec parut surpris, mais lui rendit le baiser, sans cesser de le branler. Il avait un cal au pouce gauche, dont chaque frottement sur sa hampe envoyait d'exquises décharges dans son bas-ventre. Du coup, il s'empara du mollusque pendant dans l'entrejambe de l'homme et lui appliqua un traitement identique.
Au moment où il lâchait les lèvres piquantes pour reprendre son souffle, un vit s'approcha de son anus. Il soupçonna un des types qui le matait tout à l'heure de vouloir profiter de l'aubaine. Il s'inclina en avant, ce qui n'empêcha pas le garagiste de le masturber de plus belle. Eddy, de son côté, n'avait pas relâché ses efforts. Le foutre sur la queue de son nouvel ami facilitait le coulissage. Il accéléra la cadence, électrisé par le sexe à la manœuvre dans son trou du cul. Chaque poussée le propulsait contre le torse grassouillet du garagiste qui le branlait avec une régularité de métronome. Un liquide chaud inonda bientôt les phalanges d'Eddy, l'éjaculation du garagiste s'accompagna d'un gémissement à fendre l'âme. Malgré la force de son orgasme, il s'accrocha au membre d'Eddy auquel il continua à prodiguer ses attentions.
Jouir encore et encore, jusqu'à épuisement, mais pasjusqu'à satiété. Il ne lasserait jamais de ce sexe rapide, dépourvu du moindresentiment. Si, pourtant, il devrait y renoncer, pour l'amour d'un seul homme.Al réclamerait l'exclusivité, il le pressentait. Combien de fois ne s'était-ilpas foutu de la gueule d'Archie et d'autres amis, ravagés par des peines decœur ? À leur tour de se moquer, maintenant.
Un type venait de le mettre – le troisième ou le quatrième, il avait perdu le compte – quand le grand à longue chevelure se pointa. Il ne l'avait pas oublié.
« On se reverra, hein ? avait dit le garagiste avant de partir. C'est quand tu veux. »
Eddy avait souri et acquiescé. Surtout, ne pas heurter un mec si providentiel. Le chevelu, c'était autre chose. Il avait pensé toute la soirée au moment où il le prendrait enfin dans sa bouche. Le moment était arrivé.
« Je n'ai sucé personne avant toi, lui avoua-t-il avec une sincérité désarmante.
— Je sais. »
L'entrejambe du mec hypnotisait Eddy. La toile de jean épousait les contours des attributs comme une seconde peau. À croire qu'il ne portait rien en dessous. Effectivement, la fermeture éclair, descendue d'un geste vif, révéla un phallus d'un brun teinté de violet. Les veines ressortaient, traçant un réseau d'une troublante complexité. Eddy fléchit les genoux pour amener sa bouche au niveau du membre qui se dressait avec lenteur. Se servant de la pointe de sa langue comme d'un pinceau, il dessina les nervures tout en entamant des mouvements de la main. Lorsqu'il enfourna le tout, le goût des mecs pénétrés par le grand type roula sur son palais : âcre, à la limite du supportable. Il enroba de sa propre salive le sexe tendu, histoire de se l'approprier.
Chaque avancée du bassin de l'autre projetait la tige un peu plus loin dans la gorge d'Eddy. Ce dernier déglutit, puis se remit à lécher et à sucer. Peut-être la dernière fois qu'il faisait une turlutte à un inconnu. Comme il se faisait cette réflexion, des salves crémeuses éclatèrent, lui emplirent la bouche, débordèrent aux coins des lèvres. Malgré la saveur sauvage de ce sperme, Eddy l'aspira à longs traits. Sa dernière pipe d'homme libre ?
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