-Chapitre 71-
Félix suivait avec attention le plan qu'il avait gribouillé à la va-vite en suivant les explications rapides de Minho. Il se déplaça avec méfiance dans les longs couloirs tous plus sombres les uns que les autres.
À mesure qu'il passait les portes et qu'il s'enfonçait dans les souterrains, il avait la sensation qu'il ne pourrait jamais rejoindre la surface. Puis il arriva à un croisement et emprunta le couloir de droite pour tomber sur une succession de portes numérotées à la peinture blanche.
Chacune disposait d'une porte en métal et d'une sorte de petit hublot afin de pouvoir regarder à l'intérieur. Il s'approcha et observa l'intérieur de chaque pièce, constatant avec effroi qu'il devait s'agir de cellules. Elles étaient toutes taillées de la même façon, environ cinq mètres sur cinq, un banc de pierre recouvert d'un matelas poussiéreux, ainsi qu'un toilette isolé dans un coin de la pièce.
Il déglutit et poursuivit sa route jusqu'à tomber sur une nouvelle cellule. Cependant, lorsqu'il s'approcha, un visage se colla à la vitre et des cris lui parvinrent. Le cœur de Félix rata un battement et il s'éloigna, complètement flippé.
— Aidez-moi !!!! Ne partez pas !!! Pitié !!! Aidez-moiiiiiiiii !!! hurlait l'homme à l'intérieur.
Félix avança jusqu'à tomber sur un autre visage qui se colla à la vitre d'une cellule plus loin. Et alors qu'il allait reculer de peur, il reconnut le visage tuméfié et esquinté de Hyunjin.
Son cœur se comprima de voir le Prince dans un si piteux état. Sa main était posée à côté de son visage, et un seul de ses yeux était ouvert, l'autre fermé et enflé à cause d'un coup qu'il avait dû recevoir.
Le bleu de ses yeux était éteint et complètement mort. C'était comme si Félix pouvait voir toute l'horreur à travers son expression.
Il se rapprocha doucement, le regard figé sur le visage gonflé et blessé de Hyunjin et posa sa main de l'autre côté de la vitre contre la sienne, les sourcils arqués vers le bas.
— Hyunjin... j'suis là... je suis venu te chercher... souffla-t-il.
— Lix... balbutia-t-il.
— Dis-moi comment te faire sortir d'ici !
— Les clés... sont à la ceinture du garde... ils sont deux... en salle de pause au bout du couloir... ils reviennent à tour de rôle toutes les deux heures...
— À sa ceinture ?! Mais comment dois-je faire ?
Hyunjin souffla par le nez, un petit rire mi-moqueur, mi-désespéré.
— Il est temps... d'être un héros...
**
Jungkook avait conduit tranquillement. Il avait pris le temps de s'arrêter faire une pause et ils avaient mangé dans un restaurant près de l'aire d'autoroute.
Taehyung avait mangé comme un glouton et Jungkook l'avait regardé en riant.
— C'est la fin du monde qui te donne aussi faim ?
Le visage de Taehyung s'était fermé et avec le sourire de Jungkook s'était étiolé.
— Pardon... jeux de mot pourri.
Ils étaient remontés en voiture et ils étaient arrivé à l'appartement de Minho sur les coups de vingt heures. Jungkook avait porté la valise à bout de bras et ils n'avaient pas frappé à la porte. Ils s'étaient contentés de taper le code et d'entrer dans l'appartement surchauffé. Ils se déchaussèrent en soupirant et Yoongi déboula comme une tornade.
— Alors ?! Vous avez des nouvelles de la fille ?
— Salut ! Oui... on l'a vu et on a discuté avec elle. Mais pour l'instant, elle est repartie chez elle, expliqua Jungkook en ôtant sa veste qu'il posa sur le dossier d'une chaise. Minho ne t'a rien dit ?
— Pourquoi ?! demanda Yoongi éberlué.
— Parce qu'elle a besoin de temps, poursuivit Taehyung.
— Hmm... on n'en a plus de temps... souffla-t-il en se grattant l'arrière de la tête.
— Je sais... on a son numéro, j'essayerais de la rappeler un peu avant... enfin... histoire de voir si elle veut venir.
— Ça va pas être possible, ça, Kook, objecta Yoongi.
— Et pourquoi ?
— Parce qu'on a quelque chose à vous annoncer... rétorqua Minho en entrant dans la pièce.
Jungkook et Taehyung observaient Minho quelque peu décontenancé. Ils sentaient bien que quelque chose clochait et qu'à nouveau ils allaient devoir changer leur plan et être totalement bouleversés.
Avant que l'un ou l'autre n'ait le temps de s'exprimer, Taehyung s'avança et demanda avec inquiétude :
— C'est Félix ?! Il va bien ? C'est Jimin ? Il s'est passé quelque chose là-haut ?!
— Non, non... calme-toi... assura Minho. Venez vous asseoir, on va vous expliquer.
Jungkook attrapa sa main qu'il cala dans la sienne et le tira jusqu'au sofa où ils s'installèrent côte à côte. Aucun espace n'était perceptible entre leurs corps, Jungkook ayant passé son bras autour de la taille de Taehyung, alors que son autre main retenait la sienne, leurs doigts entrelacés.
— Allez-y... souffla-t-il.
— Bon... commença Minho. Nous allons partir.
— Partir ? Mais où ? demanda Jungkook.
— Au Japon.
— Quoi ?! s'exclama Taehyung. Pourquoi ?
— C'est là que se tient notre cellule dormante la plus proche... plus aucune navette ne vient en Corée du Sud... la seule était destinée à vous servir vous... toi Taehyung, Félix et Irène. Le problème qui se pose, c'est que le sérum n'est pas prêt... Hyunjin a été arrêté par le Roi et certainement enfermé dans une cellule. Félix va tenter de le faire libérer mais en attendant, tout s'active, là-haut... Félix est surveillé, Jimin est aux mains de Yeong-Jin, ils doivent donc être particulièrement vigilants.
À mesure que Minho leur annonçait la situation, le visage du garçon aux yeux gris changeait. Il semblait passer par toutes les couleurs, jusqu'à devenir étrangement pâle.
— Si... s'il ne leur est pas possible de terminer le sérum, nous n'avons pas d'autres choix que de leur faire parvenir celui que nous avons ici...
— Mais... pourquoi ne pas attendre la dernière minute ? demanda Jungkook.
— Est-ce que tu crois que c'est une bonne idée ? Nous devons prendre contact avec notre cellule dormante à Tokyo, faire le voyage et leur transmettre la seringue... sachant qu'il y a deux jours de voyage entre la Terre et Métrarth et que les vols risquent de bientôt être suspendus...
— Hmmm...
— Jungkook... c'est notre seule chance... c'est votre seule chance de retrouver vos amis !
— Oui, je comprends... hyung, ça va aller ? demanda-t-il en se tournant vers Taehyung.
— Je...
Il se leva brusquement et courut jusqu'aux toilettes. Jungkook lui emboita le pas mais fut retenu par Yoongi.
— Kook... va falloir être fort... il nous reste deux semaines à peine...
— Je le sais ça, pourquoi tu me le rappelles ?! cracha-t-il en se dégageant de sa main pour rejoindre Taehyung.
Celui-ci avait rendu l'intégralité de son repas. Les crampes lui tordaient le ventre et il avait envie de se rouler en boule sous la couverture.
— Hyung... ça va aller, j'suis là... repose-toi sur moi, d'accord ? souffla Jungkook en embrassant sa tempe.
— J'ai si peur... murmura Taehyung en nichant son visage dans son cou et en serrant sa taille entre ses grands bras. Il versa quelques larmes et renifla.
— Je sais... moi aussi... mais ça va aller, j'te le promets.
— Si on doit donner la seringue à Hyunjin alors il ne nous en restera plus pour nous... Mais s'ils réussissent, on pourra les rejoindre... dit-il en le regardant dans les yeux. Mais s'ils échouent quand même...
— Je sais que tu la voulais pour toi, pour rejoindre ta famille et Félix... mais tu pourras le faire quand même, hyung, sans sérum, sans rien... tu pourras vivre... pour moi...
— Non ! Ce n'était pas pour moi que je le voulais ! cria-t-il en sanglotant.
— Alors pourquoi ?
— Pour toi... si on devait mourir ici tous les deux, je te l'aurais injecté dans son sommeil... dit-il le visage impassible.
Jungkook s'immobilisa et recula d'un mètre, l'air désappointé.
— Attends, t'es sérieux, là ?!
— Oui... je t'aurais administré le sérum et tu m'aurais oublié... tu te serais réveillé sans savoir tout ça... sans avoir peur, sans paniquer... sans attache ni sentiment... on aurait passé la journée ensemble à regarder des films et à manger de la glace. Et puis quand l'heure serait venue de faire le grand saut, je t'aurai tenu la main et je t'aurai embrassé en te promettant que tout irait toujours bien...
Jungkook le fixait sans bouger, les yeux rouges et les larmes ruisselant sur ses joues.
— T'aurais jamais pu faire ça, hyung...
— Pourquoi ?
— Parce que je te l'aurais administré bien avant le dernier jour... je t'aurais piqué le matin de Noël, juste après avoir regardé ton visage s'émerveiller devant le sapin et les guirlandes. J'aurais fait mon sac et j'aurais demandé à Minho de t'emmener à la navette...
— Et toi, tu aurais été où ?!
— Là où je devais être... avec eux. Toi, tu n'as pas ta place dans la mort, hyung... seulement dans la chaleur du soleil... rappelle-toi, tu avais si peur de la nuit. La nuit, c'est chez moi. Toi, tu dois briller...
**
Félix sentait ses genoux trembler et s'entrechoquer. Il n'était pas un héros, loin de là. Pourtant, il n'avait pas le choix, il devait essayer, quitte à ce qu'on le jette dans cette cellule avec le Prince.
Ça faisait maintenant plus de dix minutes qu'il attendait d'avoir le courage de faire irruption en salle de pause pour provoquer les gardes, et de s'enfuir en courant pour les semer à travers le labyrinthe que représentaient les sous-sols de la base militaire.
Sauf que les deux hommes étaient armés et qu'ils connaissaient bien mieux l'endroit que lui. Le seul côté positif, c'est qu'ils étaient assez mous et qu'ils semblaient avoir du mal à se déplacer, comme si on leur avait administré un sédatif ou qu'ils étaient bien trop vieux pour avoir ce type de poste.
Une idée germa alors dans son esprit et se mit à sourire doucement. Pourquoi n'y avait-il pas pensé avant ?!
Il recula lentement pour sortir du couloir, le visage de Hyunjin toujours collé à la vitre. Le Prince se demandait ce qu'il pouvait bien faire. Est-ce que Félix renonçait et qu'il décidait de l'abandonner ?!
Il emprunta le chemin inverse à ce qu'il avait parcouru jusqu'ici et pénétra dans un des labos scientifiques. Le souffle court, il s'empressa de fouiller les meubles, les tiroirs, les armoires, touchant à toutes les boites dans l'espoir de trouver celle qui lui conviendrait.
Au bout de trois bonnes minutes à mettre un souk pas possible, il mit la main sur une petite boite de plastique au couvercle blanc rempli de plusieurs dizaines de granulés. Il lut rapidement l'étiquette collée tout autour et son sourire s'élargit.
Oui, il avait trouvé, mais comment arriver à mettre ces somnifères dans le café des gardes ? Il devrait probablement attendre que les deux hommes quittent la salle de pause et en profiter pour ajouter la boite à la cafetière. Il avait décelé une machine sur le meuble, tout près de leurs bureaux respectifs.
Cette mission n'était pas des plus ardues, il fallait de la patience, de la concentration, et aussi un peu de chance. Et puis Félix avait la sensation de ne pas avoir dormi depuis des jours !
Ce qui l'effrayait le plus dans tout ça, c'est qu'une fois que Hyunjin serait libéré, ce serait le chaos. Il avait simulé un malaise pour entrer dans la base, drogué des gardes et libéré un prisonnier... à coup sûr, le Roi serait hors de lui. Il serait poursuivi pour corruption et trahison et certainement banni, voire pire encore. Jamais Felix n'aurait imaginé en arriver là un jour.
Il fourra la petite boite de comprimés dans sa poche et glissa la tête à l'extérieur de la pièce pour observer le corridor. Personne. L'endroit était glauque, tellement froid et humide. C'était clairement d'anciennes prisons qui se trouvaient là.
Il s'en voulait d'avoir cru à toute cette utopie de planète ensoleillée et baignant de prospérité. Ce n'était qu'un leurre, exactement de la même façon que ce dôme au-dessus de leurs têtes.
Félix avait voulu y croire. Il avait souhaité si fort pouvoir mener cette vie heureuse et paisible à récolter des légumes et des fruits. À élever ses enfants, retrouver sa femme le soir pour lui raconter sa journée, et se baigner dans la rivière aux côtés de Taehyung.
Taehyung... il lui manquait tellement. Est-ce qu'il était encore en vie ? Rien que d'y penser, il sentait son estomac se retourner. Il avait rêvé d'une vie qui n'existait pas, et pourtant, il regrettait les moments passés ici, dans cette illusion bercée de soleil et de couleurs chatoyantes.
Le dos contre le mur de pierres froid, Félix ressassa dans son esprit tous les souvenirs qu'il avait pu partager avec Taehyung. Leurs éclats de rire, leurs journées bien remplies, mais satisfaisantes, son sourire rectangulaire et sa peau mordorée. Leurs étreintes nocturnes pendant lesquelles il se sentait à sa place, rassuré et aimé. Il aurait voulu que rien de tout cela ne change.
Pourtant, les émotions étaient apparues comme un boomerang reçu en plein visage. Elles l'avaient sonnée, et ses sentiments n'avaient jamais cessé de s'accroitre de façon exponentielle. Il avait pleuré, juré, été en colère, et il avait aimé.
Le visage d'Irène se dessina devant lui. S'il avait poursuivi sa route sans se rebeller, alors il n'aurait jamais pu l'avoir, elle. Et selon Felix, Irène méritait toutes les prises de risque du monde. L'amour n'était-il pas le plus beau des combats ? Sans elle, il aurait peut-être hésité ou se serait résigné à obéir aux ordres, convaincu que retourner à sa vie était la meilleure des choses. Mais Irène faisait battre son cœur plus vite que la peur de se faire prendre, alors Félix attendit.
Il attendit longtemps, son dos et ses jambes engourdis à force de rester debout. De temps à autre, il jetait un œil au couloir et tendait l'oreille pour s'assurer que personne n'approchait. Puis, subitement, des voix résonnèrent dans le corridor.
Il entrouvrit discrètement le battant pour écouter et sentit des pas se rapprocher des diverses cellules.
— Bon, il est tard... je suis fatigué, pas toi ?
— Si. Mais si tu veux, on peut aller chercher de quoi manger avant d'entamer la nuit ? Ça pourrait nous donner un peu d'énergie, je crois que Sandy a refait des beignets aux pommes.
— Oh oui !!! Ses beignets sont divins ! Un beignet, un bon café, et la nuit paraitra tout à coup beaucoup plus douce ! se mit à rire l'autre en ajustant sa ceinture autour de sa taille.
Félix pencha la tête en dehors de la pièce et observa les gardes glisser des plateaux dans une fente apposée sur la porte. Le plateau contenait un gobelet certainement rempli d'eau et un morceau de pain, rien d'autre.
Les plateaux furent tirés à l'intérieur par les prisonniers, et les deux hommes s'éloignèrent pour récupérer leur nourriture.
Félix se cacha le temps qu'ils passent, puis une fois qu'il n'entendit plus un bruit, il s'extirpa doucement de sa cachette et longea le couloir avec appréhension, les pilules bien dissimulées au fond de sa poche.
Il passa devant la porte de la cellule de Hyunjin qui attendait près de la fenêtre. Lorsqu'il l'aperçut, un faible sourire émacié s'étira sur ses lèvres.
— J'arrive... souffla-t-il avec peine. J'ai trouvé de quoi les endormir le temps de te libérer.
Le Prince leva son pouce dans sa direction en guise d'acquiescement et Félix se hâta de rejoindre le bureau. Les mains tremblantes, il tira la cafetière et vida la boite de comprimés dans le liquide noir. Une petite mousse blanche se forma au-dessus, puis disparut. Félix referma la boite vide qu'il glissa dans sa poche et repassa en hâte devant la cellule de Hyunjin.
— J'vais te tirer de là... compte sur moi, d'accord ?
De nouveau, un faible sourire illumina le visage beaucoup trop abimé du Prince et Félix s'éloigna pour se remettre en sureté. Il était éberlué de voir Hyunjin dans cet état. Il avait été passé à tabac, c'était clair et net. Mais surtout, son regard était vide comme s'il n'était plus capable de parler ou de s'exprimer. Il semblait avoir perdu toute vie en lui. Comment son propre père pouvait le savoir là et laisser ces hommes le traiter de la sorte ? Comment pouvait-il seulement ordonner que son fils soit jeté aux oubliettes ?!
Félix avait la sensation de vivre dans un monde parallèle, de ne plus rien comprendre ni de ne plus distinguer le bien du mal. Est-ce qu'il œuvrait pour la bonne cause ? Est-ce qu'il n'était pas devenu simplement complètement fou ?
**
— Et si je refuse quand même ? demanda Jimin de sa voix fluette en triturant les légumes dans son assiette.
Des plats avaient été apportés, comprenant de la viande en sauce ainsi que des légumes rôtis. Il y avait de la salade, des crudités, des miches de pains frais et également un plateau de fromages.
Jimin avait vu les vaches en passant devant l'étable. Il y en avait trois, et quatre ou cinq petites chèvres. Les animaux étaient élevés et bien traités. Les Métrarthiens utilisaient leur lait, mais ne provoquaient pas de gestation contre leur volonté. Ils ne séparaient pas les veaux des vaches et se servaient uniquement du surplus de lait, ce qui, en somme, ne représentait pas beaucoup pour la communauté. Lorsqu'un des animaux mourrait de vieillesse, on l'abattait pour le manger mais il n'y avait en général, jamais de viande aux repas. Telles étaient leurs valeurs et rien n'aurait pu les faire changer.
Le Roi s'arrêta de mastiquer pour le regarder fixement, et d'un ton glacial, il souffla :
— Alors je serais contraint de te jeter dans le néant...
— C'est ce que vous faites... lorsque quelqu'un refuse de vous obéir ?
— Ça arrive... très peu, mais j'ai dû m'y contraindre une fois.
— C'est ce que vous avez fait à Hyunjin ? osa Jimin.
Le souverain le défia du regard. Jamais personne ne s'était permis de lui poser ce genre de question, d'aller si loin sans une once d'hésitation ou de prudence. Jimin était très direct, vraiment simple, mais il savait où il allait. Il était franc et ça plaisait à Yeong-Jin qui se revoyait un peu en lui à son âge.
— Non. Hyunjin est en mission, tout le monde le sait au village.
Le rire dédaigneux et piquant du plus jeune n'échappa pas au Roi qui regarda ses épaules remonter avant de s'affaisser.
Jimin sentit ses joues le bruler. Pourquoi n'avait-il pas pu s'empêcher de réagir de la sorte ? Il risquait gros en se permettant de remettre en doute la parole du Roi, et encore pire en se fichant ouvertement de ses propos.
— Pourquoi tu ne chantes pas à la prochaine cérémonie d'or, Yoongi ? proposa le souverain en glissant ses lèvres autour de son verre de vin.
— Moi ? Chanter ? s'offusqua presque Jimin.
— Oui... tu as un talent certain, et je suis persuadé que Lynn peut t'accompagner à la harpe.
Jimin manqua de grimacer. Non, tout ça, ce n'était pas lui. Lui il aimait les sorties en boites, les soirées karaoké, il aimait la voix des groupes de K-Pop à la mode, pas la harpe !
Subitement, son esprit s'échappa et il se fit la réflexion que tous ces gens allaient périr eux aussi. Ses acteurs de dramas préférés, ses chanteurs, et même la petite fille de la publicité pour les choco pie. Tous, allaient disparaitre.
— Yoongi ?
— Hmm ?
— Tu m'écoutes ?
— Oui...
— J'aimerais que tu sois intégré pendant la cérémonie d'or.
— Quoi ? Comment ça, qu'est-ce que ça veut dire ?
— Ça veut dire que je te proclamerais comme étant un véritable Métrarthien... tu pourras posséder une maison proche de la mienne, cela va de soi, ainsi qu'une épouse. Nous te marquerons sur le poignet droit et tu entreras officiellement dans la communauté.
Jimin ne savait pas quoi répondre. S'il émettait une réponse négative, Yeong-Jin s'agacerait et il s'en prendrait à lui et peut-être se débarrasserait de lui immédiatement. Yeong-Jin avait l'air de quelqu'un d'assez caractériel et impulsif.
Jimin ne souhaitait pas faire de vagues tant qu'il ne serait pas certain que Félix s'en était sorti. Alors il esquissa un bref sourire, dévoilant sa petite dent, et soupira.
— C'est très aimable à vous d'accepter que je fasse partie de votre grande famille.
— C'est normal... tu as été celui qui a porté le plus d'intérêt à ma planète et à son bon fonctionnement. Tu es jeune et encore fougueux, mais la vie ici devrait t'assagir. Mange ! intima-t-il.
Pourquoi cet homme était-il si conciliant, se demanda Jimin en posant son regard sur lui. Peut-être parce qu'il le voyait comme un fils. Hyunjin avait merdé et ne trouvait plus grâce à ses yeux. C'était comme si son dévolu s'était abattu sur Jimin depuis qu'il était arrivé sur Métrarth.
Park Jimin et sa voix chantante, sa petite taille et sa bouille d'enfant. Ses yeux étaient innocents, et sa douceur sans pareille. Yeong-Jin avait certainement perçu sa bienveillance.
Il est vrai que Jimin avait tout d'un parfait Métrarthien. De son physiquement absolument candide et incroyablement beau à sa façon de parler douce et mélodieuse, jusqu'à son sourire absolument adorable qui faisait disparaitre ses yeux.
Et puis, Jimin avait envie d'être bon. Il se battait pour les causes justes et le Roi était persuadé qu'il pourrait, en l'aiguillant correctement, faire de lui un allié de choix.
Jimin obéit, sa jambe tressautant nerveusement sous la table. Il espérait de tout cœur que Félix et Hyunjin parvenaient à faire avancer les choses. Car sans ça, d'ici un peu plus d'une semaine, il serait tatoué et lié à une femme dont il ne connait absolument rien, et ce pour le restant de ses jours.
**
Dans la nuit de mardi vingt décembre, Taehyung se réveilla en sursaut à la suite d'un cauchemar. Jungkook qui ne dormait pas, caressa sa nuque puis passa son bras autour de sa taille et se rapprocha de lui.
— Hyung... ?
— Hmm...
— Est-ce que ça va ?
— Hmm...
Jungkook n'insista pas. La tension était montée d'un cran dans l'appartement. Yoongi et Jungkook trouvaient difficilement le sommeil, en proie à des angoisses nocturnes.
Yoongi buvait beaucoup trop de café, et chaque nuit, il relisait sa lettre pour Jimin, l'améliorant, raturant, et recommençant pour être certain d'y inclure tout ce qu'il souhaitait.
Leur départ pour Tokyo était prévu pour le lendemain matin. Minho avait tout réservé et un vol les attendait pour treize heures à l'aéroport d'Incheon.
Ces deux derniers jours avaient été jonchés de préparatifs. Chacun avait constitué tout ce qu'il souhaitait emporter. Taehyung et Jungkook avaient une valise, une seule. Ils n'avaient trouvé utile de la bourrer de vêtements, il ne leur restait que très peu de temps, finalement.
Taehyung avait emporté des photos, et Jungkook s'était enfin décidé à laisser à l'appartement, le vieux t-shirt de Ji-Eun ainsi que la peluche de lapin rose.
Taehyung lui avait pourtant assuré qu'il y avait la place pour les emporter mais Jungkook avait refusé. Il voulait se défaire de cette vie, car quoi qu'il se passe, elle prendrait fin d'ici quelques jours. Si par miracle une nouvelle vie lui était offerte, alors il devait faire table rase de celle-ci.
Vers cinq heures, las de rester à tourner en rond dans le lit, il se leva et alla prendre une douche chaude avant de s'habiller. Taehyung grogna dans son sommeil puis papillonna et se tourna vers lui, voyant qu'il s'apprêtait à quitter la chambre. Il se redressa d'un bond et repoussa les couvertures pour se lever. Au passage, il se cogna à la commode et chouina en se frottant la cuisse. Jungkook sourit tendrement et lui tendit la main qu'il attrapa.
— Chéri, qu'est-ce que tu fabriques ?
— Où est-ce que tu vas ?! Pourquoi tu t'en vas ? gémit-il.
— Je ne m'en vais pas... j'ai un truc à faire.
— Ah oui ?
— Oui.
— Alors je viens ! s'empressa-t-il de répondre en attrapant un t-shirt propre dans l'armoire.
— Non.
— Non... ? souffla Taehyung en arquant les sourcils vers le bas.
Sa poitrine lui renvoya un pincement qu'il réprima, suivant les gestes lents, mais gracieux de Jungkook jusqu'à lui. Celui-ci posa les mains de part et d'autre de son visage et planta ses prunelles noires dans les yeux gris.
— J'ai besoin de faire ça seul, hyung... mais je reviens vite, c'est promis.
Taehyung s'accrocha à ses poignets, et une larme mourut sur ses lèvres.
— D'accord.
— Hyung...
— Oui ?
— Je ne vais pas t'abandonner... tu es tout ce que j'ai...
— D'accord.
Jungkook se pencha pour capturer ses lèvres et le serra dans ses bras en soupirant. Puis il se détacha de lui et attrapa le lapin rose et le vieux t-shirt qu'il cala dans un petit sac à dos de sport avant de sortir de la pièce.
Il enfila ses chaussures et quitta l'appartement pour prendre la direction du cimetière. Après une petite heure de bus, il s'arrêta sur un trottoir gris et poussiéreux en baissant le regard.
Ses yeux ne parvenaient pas à passer au-delà des grandes grilles de fer forgé aux herses dorées qui se tenaient devant lui. Il mit un peu de temps à parvenir à pénétrer dans ce lieu si austère, puis progressa lentement au milieu des nombreuses allées pour finir par se tenir devant les stèles de ses parents, et de Ji-Eun.
Sa gorge semblait si serrée qu'il avait du mal à déglutir et sa vue se brouillait. Ses joues le chauffaient, tandis qu'il s'accroupissait et posait son sac à dos devant lui. Jamais Jungkook n'aurait pu repartir sans venir se recueillir une dernière fois sur la tombe de ses parents. Il savait au fond qu'ils n'étaient plus là depuis longtemps mais c'était leur seul lieu de rassemblement commun.
Quand il venait là, il avait comme l'impression de leur donner rendez-vous, de les retrouver. Dorénavant, ils n'existeraient plus que dans sa tête.
Il dézippa le sac et posa la peluche sur la tombe de ses parents et le t-shirt de Ji-Eun sur celle de son ex-petite amie. Jungkook avait décidé de garder la montre de son père, ça, il pouvait mourir avec, personne ne viendrait la lui voler de toute façon.
Il s'agenouilla sur la terre froide et gelée, un fin filet blanc s'échappant de ses lèvres, et renifla tour à tour le t-shirt puis la peluche avant de s'en séparer définitivement.
— Le temps nous manque... souffla-t-il la lèvre tremblante. J'aurais aimé avoir le courage de venir avant... et plus souvent. Je ne vous ai pas oublié, loin de là... j'ai juste continué de vivre avant de comprendre que j'allais bientôt vous retrouver. C'est étrange... il y a encore un an, j'aurais été heureux de savoir que cette comète allait percuter la Terre parce que ça aurait signifié que nous allions nous retrouver...
Il glissa sa main sur le marbre et dégagea un peu de poussière avant de sentir une larme rouler jusqu'à ses lèvres.
— Aujourd'hui j'en suis convaincu... je ne veux pas mourir... je veux vivre. Je suis... j'étais heureux... je crois que j'étais parvenu à trouver ce qu'on appelle le bonheur. Avec lui. Mais... tout ça nous sera arraché d'ici peu... sanglota-t-il, sa poitrine en proie à de petits tremblements fébriles. J'ai si peur... si peur de mourir et de constater qu'il n'y a rien derrière... que je ne parviendrais pas à vous retrouver, ni vous, ni Ji, ni Tae...
Il renifla de nouveau et essuya ses yeux d'un revers de manche.
— Peut-être que ça devait être ainsi... peut-être qu'on devait se retrouver... ou pas. Nous partons au Japon... j'aurais voulu rester mais Minho dit que c'est la meilleure solution si jamais on décide de venir nous chercher. J'dois avouer que je n'y crois plus vraiment... Je ne sais pas trop quoi vous dire de plus... il n'y a pas vraiment de mots pour expliquer ce que nous traversons. Jimin est parti... il vivra, mais Yoongi est détruit... il... il le vit mal... il ne vit plus en fait... c'est comme s'il était déjà parti.
Il soupira, tendant de calmer ses pleurs, puis se pencha pour embrasser la stèle de ses parents et celles de Ji. Il caressa le marbre du bout des doigts et murmura :
— T'en fais pas, Ji... tes parents vont venir... ils seront là, avec toi, et moi aussi. Nous serons tous réunis. Je t'aime...
Puis lentement, il se redressa et marcha jusqu'à la sortie du cimetière sans se retourner. Il monta dans le bus, son téléphone se mettant à sonner. Il décrocha, ne reconnaissant pas le numéro.
— Allo ?
— Jungkook ?
— Oui... souffla-t-il en fonçant les sourcils.
— C'est Sun-Kyung.
— Oh ! s'exclama-t-il.
— Je veux venir avec vous...
**
Félix scrutait les gardes affalés dans leurs fauteuils. Aucun d'eux ne bougeait d'un pouce, leurs têtes renversées vers l'arrière, leurs bouches à moitié entrouvertes, un fin souffle de respiration pour l'un et un profond ronflement pour l'autre.
Il s'avança doucement et observa leurs ceinturons sur lesquels étaient accrochées un nombre incalculable de clés. Il allait passer un temps fou pour trouver la bonne.
Les deux gardes ne l'inquiétaient pas, ils dormiraient à poings fermés jusqu'au lendemain matin avec la dose qu'il leur avait fait ingérer. En revanche, il devait toujours être recherché par les hommes qui l'avaient porté jusque dans la chambre. Il devait donc se hâter au risque de se faire prendre.
Rapidement et sans douceur, il détacha la première ceinture accrochée à la taille du garde et courut jusqu'à la porte devant laquelle se tenait toujours Hyunjin. Les mains tremblantes de commettre quelque chose d'aussi dangereux, il essaya plusieurs clés, tournant de façon approximative dans la serrure.
— Prends le temps.
— Quoi ?!
— Calme-toi et prends ton temps... tu vas trop vite... intima le Prince d'une voix d'outre-tombe.
Ses yeux bleu observaient les gestes peu assurés de Félix, jusqu'à ce qu'il laisse tomber le ceinturon sur le sol, les nombreuses clés provoquant un bruit assommant de cliquetis.
— Hey ! argua Hyunjin.
Félix verrouilla son regard dans le sien.
— Tu as le temps... respire.
— Oui, d'accord...
Le cœur battant, Félix ramassa le ceinturon et recommença plus lentement sans qu'aucune clé n'ouvre la porte. Il s'éloigna et rapporta le second, puis recommença jusqu'à ce que l'une d'elles glisse dans la serrure et déverrouille la porte avec facilité.
Félix n'en croyait pas ses yeux qui s'écarquillèrent de surprise. Hyunjin poussa la porte et tomba dans ses bras, beaucoup trop faible pour tenir sur ses jambes.
Félix le retint et l'aida à se relever puis observa son visage, passant ses mains sur sa peau craquelée et recouverte de blessures encore fraiches. Le Prince libéra un léger gémissement d'inconfort à son contact et ferma les yeux de douleur.
— Viens ! Intima Félix.
Il saisit sa main et le tira dans le couloir, dépassant les nombreuses cellules ou croupissaient des hommes certainement innocents. La plupart n'avaient plus la force de se lever ou d'appeler à l'aide.
Félix remonta le corridor en se faisant la promesse qu'il libèrerait ses gens lorsque le Roi serait évincé. Mais tandis qu'ils parvenaient au bout du couloir, une porte fut ouverte par deux gardes armés. Le cœur de Hyunjin bondit dans sa poitrine lorsque le regard de l'un d'eux s'abattit sur lui et qu'il hurla :
— Ils sont là !!!!
Trois hommes armés et affublés de tenues militaires se lancèrent à leur poursuite. Félix se mit à courir, tirant Hyunjin par la main pour le forcer à avancer. Ils empruntèrent une porte, puis deux, trois, bifurquant dans les couloirs comme dans un labyrinthe sans savoir vraiment où aller ni quelle sortie emprunter.
Au bout de quelques minutes à détaler à travers les souterrains, Félix remarqua une porte qui donnait sur l'extérieur. Il la poussa et le froid les saisit violemment au visage et dans tous leurs membres.
— Là !!! hurla-t-il en pointant un cheval du doigt.
Ce n'était ni le sien ni un cheval qu'il connaissait. Certainement un de ceux de l'armée, peut-être même du Roi. Mais que faire d'autre ? S'ils parvenaient à s'enfuir, ils devaient récupérer Jimin et mettre les voiles très loin. Le Roi allait les chasser tels des animaux, c'en était fini maintenant.
Félix courut à travers la nuit pour attraper la crinière de l'animal puis monta dessus avant d'aider le Prince à grimper à son tour.
Enfin, alors que les gardes arrivaient à la charge un peu plus loin, il donna un coup de talon sur le flanc de l'animal qui détala au galop.
Félix retenait les mains de Hyunjin autour de sa taille afin qu'il ne tombe pas et s'éloigna dans le vent glacial. Ils parcoururent plusieurs dizaines de kilomètres, rejoignant les collines verdoyantes et la chaleur étouffante.
Le corps du Prince glissait un coup à droite, puis à gauche, trop épuisé pour se tenir correctement sur le cheval encore très longtemps.
Félix observa l'horizon et mit le cap à l'ouest, avant de tomber une petite heure plus tard sur une immense forêt dense. Il s'arrêta, contemplant les arbres hauts et feuillus avant de descendre du cheval et d'allonger plus confortablement son ami sur l'animal. Il tira les rênes et engagea le cheval en direction de la forêt.
Il marcha quelque temps, puis tomba sur une sorte de maison faites de planches de bois vermoulues. Elle paraissait sommaire et assez vieille mais encore en bon état. De quand datait-elle ?
Il accrocha les rênes de l'animal autour du gros tronc d'arbre qui surplombait la maison puis pénétra à l'intérieur. L'endroit était vide. Un peu humide mais beaucoup plus frais que leurs propres habitations au village.
Après une rapide inspection, il fit descendre Hyunjin encore inconscient et l'aida à marcher jusqu'à l'intérieur. Il l'installa sur une des paillasses vides et soupira avant d'aller observer la fenêtre. Est-ce que les gardes avaient pu les suivre jusqu'ici ? Son cœur ne parvenait pas à se calmer et ses mains tremblaient lorsqu'une voix intercepta ses pensées.
— Bonjour.
Félix se retourna en sursautant, avisant une jeune femme qui se tenait face à lui.
— B-bonjour...
— Qui êtes-vous ?
— Je... et vous ?
Son sourire illumina son visage et fit apparaitre une dentition blanche et alignée. Elle était vraiment très belle. Grande, élancée, avec de longs cheveux châtain clair retenus en une tresse mélangée de fleurs blanches. Son nez était rond et ses lèvres pleines et rouges tandis qu'elle affichait un regard de biche brun aux longs cils noirs.
— Je m'appelle Lisa. Vous venez du village ?
— Je... non... enfin, oui... en quelque sorte.
— Vous m'avez l'air désappointé. Je peux vous aider ?
— Je...
— Votre ami a l'air mal en point.
— Oui, il est blessé... s'empressa de répondre Félix en la regardant avec des yeux ronds.
Elle lui sourit de façon bienveillante et Félix ne décela chez elle, pas une seule once de méchanceté. Elle portait une sorte de robe faite d'un tissu léger et écru épousant ses formes. Elle était pieds nus et autour de son poignet était accroché un petit bracelet en argent duquel pendaient de petites étoiles.
— Vous... vous vivez ici ? demanda-t-il alors qu'elle se penchait sur le Prince pour observer son état.
— Oui. C'est ma maison.
— Mais... pourquoi ne vivez-vous pas au village ?
Elle lui sourit de nouveau, passant ses longs doigts fins dans les cheveux blonds de Hyunjin et souffla, plus sérieuse.
— La révolte a commencé ?
**
Alors que Jungkook s'était éclipsé au cimetière et que Taehyung avalait son quatrième bol de céréales en soufflant d'obtenir pour la sixième fois la petite Porsche rouge, Yoongi attrapa son téléphone qu'il glissa dans sa poche et souffla :
— J'ai une course à faire, je reviens !
— Hmm...
Il claqua la porte et rejoignit la bouche de métro jusqu'à Gangnam. C'était étrange de se dire que c'était la dernière fois qu'il empruntait le métro, qu'il faisait ce trajet, ou admirait cette ville. C'était son dernier hiver à Séoul. Le dernier hiver tout court et le dernier que cette ville verrait avant de crouler sous les décombres.
Il marcha jusqu'à la propriété des Jung et appuya sur l'interphone en soupirant. Il fallait qu'Hoseok accepte de l'écouter une dernière fois.
Le jeune garçon alluma la caméra reliée à l'intérieur de la maison et Yoongi regarda son visage s'afficher sur l'écran.
— Quoi ?! cracha-t-il.
— Hyung, laisse-moi entrer.
— Non.
— Hyung s'il te plait... implora-t-il.
— Yoongi, rentre chez toi.
Il baissa les yeux et shoota dans des petits graviers avant de sortir une cigarette de son paquet et de l'allumer. Il recracha la fumée qui brouilla l'affichage de la caméra et murmura :
— On s'en va...
— Quoi ?
— On part, Hobi. Moi, Taehyung, Kook, Jin, Namjoon, Wooyoung et Minho.
— Wooyoung vient avec vous ? s'étonna Hoseok.
— Oui... on lui a proposé de nous rejoindre.
— Et vous allez où ?
— À Tokyo. Bon, tu ouvres ?! beugla-t-il.
Le portail émit un bruit sec et la porte s'ouvrit. Yoongi jeta sa cigarette au sol qu'il écrasa d'un coup de boots, puis se faufila jusqu'à l'entrée.
Hoseok était déjà sur le pas de la porte, le visage moins fermé que la dernière fois, ce qui était une bonne chose. Il se décala pour laisser entrer Yoongi, et celui-ci ne prit pas la peine de se déchausser.
— Quoi ? argua-t-il agressivement en regardant Hoseok faire la moue.
Ses boots foulèrent le merbeau verni et ils se rendirent dans la cuisine.
— Tout ça aura disparu dans dix jours, dis à la femme de ménage d'arrêter de briquer le sol ! provoqua-t-il.
— T'es venu pour me parler du parquet ? rétorqua Hobi.
— Non. On s'en va au Japon.
— Pourquoi ?
— J'te la fais courte... il n'y a plus aucune navette en Corée du Sud alors on se rend chez la cellule dormante la plus proche, c'est-à-dire à Tokyo... là-bas, on va rencontrer... Oshita Hatsue... c'est une femme qui nous accueille pour la fin de notre voyage.
— La fin de votre voyage ?! se moqua allègrement son ami.
— Oui. Tu as mieux comme solution ?! Tu as trouvé de quoi survivre, toi ?!
Hoseok ne répondit pas et baissa les yeux.
— Nous on essaye au moins... bref, reprit Yoongi. Si une navette doit venir nous chercher, c'est là-bas qu'elle viendra... dans le cas contraire, on a décidé de tous se réunir pour... p-
— Quoi, pour crever en vous tenant la main comme une joyeuse petite bande d'amis soudés ?! aboya Hoseok.
Yoongi lui livra un regard froid, dur et noir. Il n'avait plus le temps pour ces conneries. Si Hoseok choisissait de rester ici, soit. Il avait tout tenté, alors il ne pouvait plus rien faire.
— Peut-être... mais on mourra ensemble, comme une famille. Toi, tu feras quoi quand la comète sera si grosse qu'elle prendra toute la place dans le ciel ? Quand son bruit assourdissant crèvera tes tympans ? Tu te terras sous ton lit ?!
Il soupira, agacé par tant de mauvaise foi et reprit :
— On veut être ensemble... reproche-le-nous autant que tu veux.
— Alors pourquoi t'es venu ?
— On part... notre vol est à treize heures. Tu es libre de te joindre à nous... de choisir de terminer ça avec nous... ensemble.
— Et mes parents ?
Le regard de Yoongi s'assombrit et devint plus triste.
— J'ai dit adieu à mes parents il y a longtemps, hyung... si par chance il y a une place pour nous dans cette navette, il n'y en aura pas d'autres... à toi de voir si tu veux vivre ou mourir.
Hoseok referma sa bouche qu'il avait laissée entrouverte et pinça ses lèvres en une ligne fine et amère.
— Bon voyage... souffla-t-il, ses yeux noirs butant dans ceux de Yoongi.
****
Coucou mes kiwis !!! 🥝
La fin du voyage approche pour l'ensemble des personnages... 😵
J'espère que ces deux chapitres vous on plu... il n'en reste pas beaucoup. 79 chapitres + l'épilogue. 🥴
J'attends vos théories ! 👀
À très bientôt pour la suite ! 🤸🏻♀️
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