-Chapitre 59-
— Bébé ? Bébé ?!
— J'suis là... souffla Jimin enroulé dans un plaid jaune depuis le bord de la fenêtre.
Les pas de Yoongi se rapprochèrent et il entra dans sa chambre en prenant soin de fermer la porte derrière lui, puis vint s'asseoir aux côtés de Jimin qui semblait gratter le papier sur son petit calepin de cuir noir qu'il lui avait donné lorsqu'il avait décidé d'écrire une lettre.
— Qu'est-ce que tu fais ?
— Je liste ce que j'ai pu faire depuis que j'ai écrit ma lettre.
— Oh... et est-ce que tu es satisfait ?
— Ça peut aller...
— Ça peut aller ?! s'égosilla Yoongi.
— Hmm...
— Mais ce n'est pas assez ça ! argua-t-il en se levant. Allez, zou !
— Quoi ?
— On y va, lève-toi !
— Mais où ça, hyung ?
— Réaliser tous tes rêves...
Un sourire prit place sur le visage joufflu de Jimin, cachant ses yeux et dévoilant son incisive. Puis il attrapa la main que lui tendait son petit-ami, et saisit son sweat à la volée avant d'être entrainé vers la sortie de l'appartement.
— Oh, vous sortez les garçons ?
— Oui madame Min !
— Je t'ai déjà dit de m'appeler Ja-Hyung, Jimin !!! gronda-t-elle gentiment.
— Oui, c'est vrai, pardon...
— On peut savoir si vous serez de retour pour dîner ? demanda le père de Yoongi.
— Je ne pense pas, papa... on a... plein de choses à faire, souffla-t-il en faisant un clin d'œil à Jimin.
— Soyez prudents les enfants ! lança madame Min en souriant.
Elle referma la porte, et son sourire disparut lorsqu'elle entendit son mari soupirer.
— Ja-Hyung, quand vas-tu te décider à lui parler bon sang ?!
Elle se tourna vers lui, et essuya ses mains nerveusement sur son tablier de cuisine.
— Je vais le faire... j'attends simplement d'être seule à seule avec lui... je ne veux pas l'incommoder devant son ami...
— L'incommoder ?! râla monsieur Min. Ja-Hyung, il a abandonné la fac !!! Ça fait trois courriers que nous recevons, et le dernier est formel, il ne fait plus partie des effectifs de l'université !
— Je sais, je sais... m-
— Si tu ne lui en parles pas ce soir, je le ferai ! Jimin ou pas !
L'homme bourru grommela dans sa barbe, et retourna au salon, son journal sous le bras. Ja-Hyung se trouvait désemparée. Elle ne voulait pas embêter son garçon, et il est vrai qu'elle lui laissait beaucoup de liberté, et qu'elle était heureuse qu'il ait enfin trouvé l'amour avec Jimin qui était un bon et gentil garçon. Mais Yoongi ne pouvait pas continuer ainsi, elle devait lui parler, ou au moins savoir pourquoi il n'allait plus en cours. Ja-Hyung voyait bien qu'il était très souvent à la maison, mais il n'avait pas l'air d'aller mal.
Elle sortit son téléphone portable de sa poche, et avec angoisse, s'assit à la petite table de cuisine en ouvrant l'application Instagram. Elle fouilla un moment avant de tomber sur le compte de la mère de Jimin. Elle connaissait ce compte, qui ne le connaissait pas ? Madame Park, alias lovely.Yeo-park était connu dans tout Séoul pour être une bimbo riche qui se pavanait de boutique en boutique, attisant la jalousie ou l'indifférence.
Elle se rendit dans les messages, et commença à en rédiger un à l'attention de la mère de Jimin. Peut-être qu'elle savait pourquoi son fils n'allait plus en cours ? Qu'en était-il du cas de Jimin ? Est-ce qu'il était proche d'elle ? Tentant le tout pour le tout, elle appuya sur envoyer, et retourna à sa cuisine, le cœur lourd.
— Mais où tu m'emmènes ?!
— Tu verras ! argua Yoongi en descendant l'avenue jusqu'au fleuve Han.
Le ciel était dégagé, et il faisait plutôt doux pour ce début avril. Il passa les portes d'une petite supérette, et attrapa un panier de plastique bleu, avant de jeter à l'intérieur quelques snacks comme des kimbap, un paquet de chips, un café froid pour lui et un jus de mangue pour Jimin. Puis il régla le tout et ressortit son petit sac plastique blanc à la main, et un sourire sur le visage.
— Alors ?
— Suis-moi... souffla-t-il en prenant sa main.
Ils marchèrent encore un moment, l'impatience de Jimin arrivant à terme lorsqu'ils s'arrêtèrent devant une borne à vélo. Yoongi sortit sa carte bleue et loua l'un d'entre eux pour quelques heures, avant de s'installer dessus et de poser son sac dans le panier. Il leva un sourcil et observa Jimin se dandiner d'un pied sur l'autre à côté.
— Bah alors, tu viens ?
Il sourit et monta derrière lui, s'accrochant à sa taille, alors que Yoongi démarrait. Ils roulèrent un long moment près du fleuve, à regarder l'eau briller à la surface et les rayons du soleil s'y refléter. Puis Yoongi descendit et posa le vélo tout près d'un arbre. Il indiqua une place à l'ombre à Jimin, et ils s'installèrent pour manger un peu et souffler.
— Je sais que tu avais prévu de faire ça avec Namjoon... mais il faut lui laisser le temps... peut-être qu'il sera bientôt en mesure de t'emmener ?
— J'en doute, souffla Jimin en arrachant quelques brins d'herbe.
Yoongi lui tendit un samak-kimbap et demanda :
— Tu as des nouvelles ?
— Un peu... son moral est assez instable... il essaye vraiment selon Jin-hyung. Mais il fait toujours ses crises d'angoisse la nuit. Il fait aussi beaucoup de cauchemars...
— Et Jin ?
— Oh, il va mieux... il a pris un billet pour aller voir Coldplay à New York. Ses parents ont hurlé, mais il a tenu tête et il devrait prendre un vol d'ici deux ou trois jours, je crois... il a... besoin de se retrouver avec lui-même, je pense... et de faire le vide. De savoir ce qu'il veut vraiment.
Yoongi ricana et avala une bouchée de riz au thon lorsque son téléphone se mit à sonner. Il le sortit de sa poche, et observa l'écran afficher le contact de Félix. Il n'avait pas de nouvelle du jeune Métrarthien depuis un moment, et il avait cessé de le harceler, comprenant que ça ne changerait absolument rien. Alors il avait patienté, attendant d'avoir une information ou que quelque chose bouge. Et il avait comme le sentiment que ce moment était arrivé.
— Allo ?
— Yoongi, c'est Lix.
— Je sais, j'ai ta tête de rat qui s'affiche sur mon écran, banane !
Aucun rire ne résonna de l'autre côté, ce qui lui indiqua que quelque chose n'allait pas. Il fit un signe à Jimin qui avala une poignée de chips qu'il fit passer avec une gorgée de jus de mangue, alors qu'il se levait et s'éloignait de quelques mètres.
— Ça ne va pas ?
— Je... j'en sais rien.
— Félix, arrête de me faire poireauter !
— Rejoins-moi ce soir... vingt-deux heures devant chez moi... je serais avec Minho et Irène.
Le cœur de Yoongi sembla s'arrêter un instant. Il sentit une boule de stress de loger dans son estomac, et prit une grande inspiration en fermant les yeux.
— D'accord... mai-
— On part... j'ai l'accord du Roi pour t'emmener.
Un immense sentiment de soulagement, mêlé à de la peur et à une vague d'inconnu s'insuffla en lui, si fortement, qu'il lâcha un sanglot. Il se reprit assez vite en prenant une grande inspiration, et la voix tremblante, il murmura :
— Merci, Félix... merci infini-
— Attends, rien n'est joué, ne t'emballe pas...
— Je sais... mais merci de nous avoir aidés...
— De rien. Et je compte sur toi ce soir, OK ?
— Oui, oui, bien sûr, je serais là...
Il raccrocha, et marcha quelques pas, avant de rejoindre Jimin.
**
— Oh, je ne voulais pas vous déranger...
— Ne vous inquiétez pas, madame Min, vous ne me dérangez pas... si je vous ai proposé ce café entre femmes, c'est parce que dans votre message, j'ai senti votre détresse, et que je suis toujours très attentive à la détresse des femmes.
— Ah, euh... oui, souffla Ja-Hyung.
Après son message sur Instagram, Yeo-Woon Park avait passé un coup de fil à Ja-Hyung Min, dans le but de lui proposer une entrevue entre mères afin de discuter de leurs enfants respectifs.
Si madame Min avait trouvé ce geste très prévenant, elle était vite redescendue sur terre en entrant dans le café très côté de Gangnam où Yeo-Woon lui avait demandé de la rejoindre une heure plus tard.
En effet, des tonnes de pâtisseries pastel et brillantes étaient alignées sous un étal de verre. D'autres desserts aussi chers que beaux trônaient dans une vitrine tournante au milieu du café dans lequel s'activaient des serveurs derrière un comptoir blanc laqué, à servir tout un tas de boissons à la mode.
Madame Park attendait à une table en plein centre de la pièce et se recoiffait face à la caméra de son téléphone.
Soudainement, Ja-Hyung se sentit vraiment moche, et assez pauvre, du moins trop pour pouvoir mettre les pieds dans ce genre d'établissement.
Elle rejoignit la bimbo en jupe plissée courte et grandes bottes de cuir noir jusqu'à sa table, et se courba poliment.
— Bonjour madame.
L'autre explosa de rire en lui jetant un regard amical.
— Appelez-moi Yeo, ou Lovely, comme vous voudrez, minauda-t-elle.
Elle enroula une mèche de ses cheveux bouclés autour de son doigt verni de bleu électrique, puis croisa les jambes en hélant un serveur. Ici, pas de commande au comptoir, les serveurs se déplaçaient en un claquement de doigts, et c'était le cas de le dire.
— Madame ?
— Que désirez-vous ? demanda Yeo-Woon à madame Min.
— Oh, euh je ne sais pas... qu'avez-vous ?
— Café, latte, americano, expresso, caramel macchiato, taro, matcha latte, chocolat viennois, lait d'am-
— Juste un café, coupa-t-elle embarrassé par toutes ces nouvelles boissons qu'elle ne connaissait pas.
Le serveur lui jeta un regard de travers, et s'éloigna.
— Alors... votre petit Yoshi vous pose problème ?
— C'est Yoongi... et en réalité, nous avons reçu un courrier de la faculté nous disant qu'il n'était pas allé en cours depuis un moment, alors je me demandais si Jimin avait pu-
— Jimin est un bon garçon... travailleur, avec un grand avenir !
— Je n'en doute pas, mais il est souvent à la maison ces derniers temps, alors peut-être que lui et Yoongi auraient pu décider de ne plus aller en cours, ou de viv-
— Ne dites pas de sottises Ji-Eun, voyons !
— C'est Ja-Hyun... soupira madame Min, alors que l'autre se repoudrait le nez.
— Eh bien Jimin suit assidument ses cours, j'en suis convaincue.
Agacée par tant de paraitres, Ja-Hyung l'observa un instant replacer ses cheveux correctement, et demanda :
— Et que pensez-vous de son cursus de droit ?
— De droit ? Mais Jimin ne fait pas de droit, voyons...
— Ah oui ? Pourtant, j'ai eu une conversation avec lui il y a peu... ses résultats étaient vraiment bons pour un débutant... il a pris en cours d'année, et il mérite vos félicitations pour avoir choisi sa voix.
La femme la toisa avec dédain, avant de soulever sa tasse en faïence blanche recouverte de roses peintes à la main, et soupira :
— Peut-être que je ne connais pas la spécialité de mon garçon, souffla-t-elle. Mais le mien n'a pas abandonné les études !
Ja-Hyung laissa un rire moqueur lui échapper, et se leva, puis ramassa son sac à main, avant de laisser un billet sur la table.
— Croyez-moi, vu le temps que je passe à changer les draps du lit de mon fils... là où dort le vôtre... vu le nombre de repas qu'il prend chez nous, j'ai le regret de vous informer que si... Jimin a quitté l'université lui aussi. Laissez, je vous invite... souffla-t-elle en jetant un œil à l'argent qu'elle venait de poser sur la table.
Sans attendre, elle fit volteface et quitta le café. Elle n'avait pas eu de réponse, mais elle comprenait maintenant pourquoi Jimin passait tant de temps chez eux. Le pauvre garçon devait se farcir une mère absolument abominable. Elle n'était pas plus avancée, mais elle était heureuse de pouvoir compter parmi les mères qui soutenaient leurs fils.
**
Les jambes de Yoongi tremblaient légèrement lorsqu'il reprit le vélo après le déjeuner. Jimin riait à gorge déployée en vivant les meilleurs instants de sa courte vie, alors que son esprit était ailleurs. Il ne cessait de ressasser le message que lui avait laissé Félix.
On y était, pensa-t-il.
C'était le moment de mettre les voiles, de tout faire pour accéder à une nouvelle vie, à la seule solution qu'il avait trouvé depuis le début de tout ce bordel. Et si ça ne fonctionnait pas, alors il pourrait dire qu'il aurait échoué, et qu'il ne leur restait plus qu'à patienter jusqu'à ce que la mort vienne les cueillir.
Jimin laissa ses bras s'étendre de chaque côté de son corps en riant aux éclats, puis s'accrocha à sa taille et posa sa tête sur son dos en respirant profondément. Il faisait beau et clair, c'était peut-être le dernier printemps qu'il verrait, alors il l'aimait comme s'il le découvrait pour la première fois.
Yoongi prit son temps, et bifurqua à travers des dizaines de petites ruelles étroites aux effluves de fritures ou de poisson, pour enfin s'arrêter devant l'immense immeuble de verre de chez les Park.
Le sourire de Jimin s'effaça lorsqu'il remarqua que son petit ami s'était arrêté devant chez lui. Il avait pourtant suffisamment de vêtements pour tenir encore un peu avant de rentrer chez lui. Et puis à cette heure, il avait tout le loisir de croiser sa mère, et ça, il ne voulait pas. Parce qu'elle l'agaçait, parce qu'il allait tomber sur son visage niais et arrogant de bimbo. Il aurait envie de la secouer comme un prunier, de lui dire que la vie, ce n'était pas ça, et que d'ici quelques mois, toutes ses photos et ses vidéos, tous les likes qu'elle aurait récoltés et/ou les nouveaux abonnés ne compteraient plus. Parce qu'elle allait finir en poussière, au même titre que la femme de ménage, la caissière ou le sans-abri qui trainait près de la gare. Devant la mort, nous étions tous logés à la même enseigne.
— Pourquoi tu es venu ici ? demanda-t-il avec une petite voix.
Yoongi resta installé sur le vélo, tandis que Jimin en descendait maladroitement pour se tenir à sa gauche.
— Il faut que tu prépares tes affaires.
— Oh, j'en ai encore, t'en fais pas ! J'irais bien manger une glace, pas toi ?
— Non... il faut que tu prépares des affaires, bébé...
Le visage de Jimin changea, lorsqu'il comprit que Yoongi était sérieux. Que ce passait-il encore qui vaille que son visage soit si fermé ?
— Hyung... qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il en arquant les sourcils vers le bas.
— Rien... prends des affaires s'il te plait... tout ce qui te tient à cœur... mais pas quelque chose de trop gros. Et... si tu croises tes parents... souffla-t-il le regard frôlant le bitume, embrasse-les.
Les larmes se logèrent aux coins des yeux de Jimin, qui sentit son cœur s'emballer. Ses jambes se mirent à flageoler, et ses oreilles bourdonnèrent.
— Hyung... dis-moi... souffla-t-il en s'accrochant à la manche de son pull.
Yoongi tourna le regard vers lui avec difficulté, et sa lèvre inférieure trembla.
— S'il te plait... vas-y... j't'attends...
Jimin recula, les yeux grands ouverts. Il craignait de comprendre, peur d'imaginer ce qui se tramait sans que Yoongi ne daigne lui révéler. Est-ce que la comète arrivait plus vite que prévu et que Yoongi l'emmenait à l'abri ? Est-ce qu'il avait trouvé une solution pour les sauver tous ?
— Est-ce que... est-ce que les autres se préparent aussi ?
Elle était là, l'affreuse question que Yoongi redoutait tant. Mais il n'avait pas mille et une solutions, il ne pouvait pas œuvrer pour la bande entière, pas tout de suite. Dans l'immédiat, il devait mettre Jimin à l'abri, et ensuite seulement, il pourrait s'occuper des autres. C'était égoïste, mais c'était comme ça.
— Oui... oui, ils sont prévenus.
— Même Jungkook et Taehyung ? Ils sont en Island, j'te rappelle !
— Oui, même eux, Park, magne-toi, bordel !!!
Jimin sursauta, et recula de quelques pas, avant de rentrer dans l'immeuble et de disparaitre. Il monta dans l'ascenseur avec nervosité, et atteignit le vingtième étage et ses couloirs de haut standing. Des néons aux couleurs chaudes enveloppaient les murs d'un beige orangé sur lesquels étaient accrochées de petites plaques dorées à côté de chaque appartement, indiquant le numéro de celui-ci. Il tapa le code de l'appartement 1013, ses tennis crissant sur le parquet merbeau lustré, et poussa la porte lorsqu'elle se déverrouilla.
— C'est moi ! lança-t-il à la volée sans attendre de réponse.
Mais à sa grande surprise, alors qu'il se dirigeait vers sa chambre, sa mère apparut au bout du couloir, accompagné d'un petit chien blanc à la queue en pompon.
— Jiminiiiiiie hurla-t-elle théâtralement. Tu es là, mon chéri !
— Je euh... oui, mais je n'ai pas trop de temps... je prends des fringues pour aller chez Yoongi.
— Ah, le fameux... soupira-t-elle en regardant ses ongles vernis.
Jimin l'ignora, et entra dans sa chambre aux murs gris foncé, puis ouvrit le grand dressing attenant pour tirer au-dessus du placard, un sac de sport noir et le poser sur son lit.
— Tu sais que j'ai rencontré sa mère, tout à l'heure ?
Jimin se figea, et se tourna vers sa mère.
— Quoi ?!
— Oui... la pauvre femme s'inquiète pour son fils... il aurait arrêté la fac... elle se demandait si toi aussi tu avais abandonné...
— Et qu'est-ce que tu lui as répondu ?
— Que ce n'était pas parce que son fils était un raté que tu l'étais aussi, mon chéri ! soupira-t-elle.
— Maman !!! gronda Jimin en serrant la mâchoire.
— Écoute, tu sais à quel point je déteste ces gens-là !
— Quels gens ?!
— Les pauvres... les ratés... elle était habillé... on aurait dit des vêtements du marché ! Et sa coiffure... mon Dieu ! Plus personne ne se coiffe comme ça ! argua Yeo-Woon.
Jimin avait envie de vomir. Ja-Hyung n'était pas riche, mais son cœur l'était lui, bien plus que celui de sa mère qui était définitivement aussi dur qu'une pierre. Pourtant, elle était sa mère, celle qui lui avait offert la vie, et sa vie, il la chérissait plus que jamais ces derniers temps. Il aurait pu se disputer avec elle, et lui dire ses quatre vérités. Mais il savait que s'il devait faire ses bagages, il avait peu de chance de la revoir un jour. Alors il eut pitié. Il eut pitié de son manque d'empathie, de son étroitesse d'esprit, et il était désolé pour elle. Désolé qu'elle n'ait pas trouvé le bonheur, parce que c'était évident, si elle agissait ainsi, à se pavaner dans les rues de Séoul de la sorte, à se regarder le nombril sans arrêt, c'est qu'elle n'était pas heureuse.
Jimin était triste pour elle et son père, il aurait aimé qu'ils puissent trouver un équilibre dans leur couple, ou même qu'ils divorcent, peu importe, tant qu'ils trouvaient la sérénité. Mais ces deux adultes avaient préféré laisser leur famille se disloquer et leur unique enfant se débrouiller seul pour avancer dans la vie. Finalement, il n'était pas si mal loti que ça, il aurait pu être un voyou, un dealer ou encore un bon à rien.
Il jeta quelques vêtements dans le grand sac noir, puis posa les mains sur les hanches et balaya sa chambre du regard. Il attrapa sa peluche de Anpanman qu'il avait eue à ses quatre ans et la jeta dans le sac. Elle était un peu râpée, mais elle était le seul lien avec son enfance. Il n'y avait pas grand-chose à emporter, ce qui comptait c'était ceux avec qui il allait rester en attendant que tout cela n'arrive.
Il se tourna en direction de sa mère, qui passait son index sur sa table de nuit laquée noire, et fronça les sourcils.
— Cette femme de ménage est une feignasse ! Regarde-moi ça ! À croire que je l'embauche à se goinfrer avec son gros cul !
— Maman !!! cria Jimin.
— Quoi... ?
Il s'approcha d'elle, le cœur lourd, et la regarda avec peine. Son brushing impeccable, ses ongles vernis, sa taille de guêpe et son maquillage qu'on croirait figé sur ses traits. Il la serra dans ses bras, et elle resta immobile, peu habituée à ce genre d'échange avec son fils.
— Je t'aime... même si tu n'es pas parfaite.
— Eh bien, j'te remercie...
Il se détacha d'elle, et ancra ses yeux noisette dans les siens.
— Tu sais... la vie n'est pas une course à la perfection... je ne suis pas parfait moi.
— Oh, mais si, tu l'es...
— Non, maman. J'ai quitté les cours... je sors avec Yoongi, je suis gay... je... mais je suis heureux. J'voulais que tu saches que j'aie réussi, maman. Je ne suis pas parfait, mais je suis heureux. Essaye de l'être toi aussi...
Yeo-Woon observa son fils la bouche ouverte et il quitta la pièce, son sac à bout de bras. Lorsqu'il longea le couloir pour gagner l'entrée, il entendit la porte claquer et les mocassins ultras chers de son père résonner sur le marbre du salon. Il lâcha son sac au sol et se jeta dans ses bras en étouffant un sanglot.
— Jimin ?! Mais que se passe-t-il ?!
— Il a quitté les cours ! Et il s'est entiché d'un voyou ! Ton fils est gay !!! hurla sa mère.
— Mon fils est gay ?! Non, je ne crois pas, Yeo-Woon, tu te trompes ! siffla l'homme en lui assenant un regard meurtrier.
— Et pourtant, à qui la faute ?! Au lieu d'enchainer les réunions, et de sortir au golf avec tes amis ! Tu aurais pu t'occuper un peu mieux de son éducation !!!
— Tu plaisantes ?! cracha-t-il hors de colère. Tu étais là lorsque nous l'avons conçu, tu as ta part de responsabilité !!!
— Non non non non non !!! C'est un garçon, tu es un homme ! Ce n'est pas à moi de lui expliquer ces choses-là !!!
— Stop stop stop !!!!! hurla Jimin en se détachant de son père, les joues mouillées de larmes. Je ne veux pas que vous vous disputiez !!! Aimez-vous putain !!
— Jimin ! Ton langage !!
— Je l'emmerde mon langage !! Arrêtez de croire que vous êtes le centre du monde ! Vous n'êtes rien !!! Pas même assez important pour survivre à ce qui va nous tomber dessus ! Mais malgré ça, j'vous aime parce que vous êtes les seuls parents que j'ai !
Monsieur Park avança sa main en direction de son fils, mais celui-ci recula dans un geste vif.
— Non ! Je n'ai plus le temps... c'est terminé tout ça...
Ses parents restèrent coi devant lui, alors qu'il ouvrait la porte d'entrée et balançait son sac sur son épaule. Il photographia leur visage mentalement et baissa les yeux, sa vue se brouillant sous ses larmes. Puis d'une voix tremblante et à peine audible, il souffla :
— Prenez soin de vous... s'il vous plait...
— Jimin attend ! héla son père en le suivant dans le corridor.
Mais malgré les cris, Jimin suivit ses pieds martelant le sol qui le conduisirent à l'ascenseur. Les portes se fermèrent de justesse, et le souffle court, il eut du mal à reprendre ses esprits. C'est lorsqu'il arriva dans le hall, et qu'il remarqua la silhouette de Yoongi qui l'attendait sur le vélo de l'autre côté de la vitre, qu'il craqua et tomba à genoux, en larmes.
**
— Kook, c'est quand ?
— J't'ai déjà dit, il faut attendre la nuit.
— Je sais, mais c'est long...
— Chéri, soupira Jungkook. On vient de se taper un vol de plus de dix heures... laisse-moi dormir.
— Mais tu as dormi dans l'avion !!! chouina Taehyung.
— C'est faux, hyung... tu as pleuré au décollage, et ensuite tu as broyé ma main puis ma cuisse.
— Mais après, ça a été se défendit Taehyung.
— Hmmm... tu as chanté à tue-tête la même chanson pendant dix heures, et tu as regardé trois fois Cendrillon... tu estimes que c'est une bonne moyenne ?
— Mais les souris !!!! hurla-t-il. Les souris, Jungkook, elles sont trop mignonnes ! Et ce sale chat ! Lucifer est cruel avec elles, alors qu'elles essayent d'aider la pauvre cendrillon à se rendre au bal !
Il poussa sa bouche vers l'avant et croisa les bras sur sa poitrine avant de se caler contre l'oreiller. Jungkook ouvrit un œil et sourit discrètement. Taehyung était beaucoup trop mignon. En réalité, il pouvait être aussi insupportable qu'il voulait, il ne pouvait pas lui résister.
Il se rapprocha et posa sa tête sur son ventre. Taehyung glissa ses mains dans ses cheveux qu'il caressa tendrement.
— Laisse-moi deux petites heures et on ira faire un tour, d'accord ?
— D'accord, sourit Taehyung.
Jungkook ferma les yeux, se laissant doucement glisser dans les limbes du sommeil, tandis que Taehyung regardait la chambre dans ses moindres détails. Soudainement, il demanda :
— Tu voudras que je te suce quand tu te réveilleras ?
Jungkook ouvrit les yeux comme des billes et se redressa en vitesse sur les genoux, puis plaqua sa main contre la bouche du garçon.
— Tais-toi... vraiment, hyung...
Le regard de son petit-ami s'assombrit, et Jungkook ôta sa main.
— Pourquoi, tu n'aimes pas quand je su-
— Chut !! Intima Jungkook. Bien sûr que j'aime ça, mais ça ne se dit pas !
— Pourquoi ? On est que tous les deux...
— Parce que c'est gênant.
— Uniquement parce que tu l'as décidé... souffla l'autre, penaud.
Jungkook se cala contre lui et glissa ses mains en coupe autour de son visage.
— Écoute... j'aime vraiment beaucoup tout ce qui sort de cette jolie bouche... mais il y a des moments pour tout... et là, c'est le moment de se reposer.
— Ça, c'est que toi tu as décidé ! Mais moi c'est d'un autre moment dont j'ai envie !
— Mais c'est pas vrai !!!! grogna Jungkook. Je ne suis pas en état de te baiser, c'est clair ?! J'ai besoin de repos, de dormir, et que tu te taises juste deux petites heures ! Et crois-moi ensuite je te baiserais tellement fort que tu ne pourras plus marcher pendant quinze jours, Kim Taehyung !!!
Les pupilles de Taehyung se dilatèrent et il se rapprocha du visage de Jungkook, vraiment très près.
— Tu promets ?
Un violent spasme s'enroula au creux de l'estomac du plus jeune, et ses joues se colorèrent.
— O-oui, c'est promis...
Taehyung afficha un sourire rectangulaire, et s'allongea au creux de ses bras.
— Alors d'accord !
Jungkook soupira. Ce mec n'était pas croyable. Il ne savait pas si c'était parce qu'il n'était pas totalement Terrien qu'il avait un appétit sexuel aussi intense, mais il commençait à réellement l'épuiser. Pas qu'il s'en plaigne, ça jamais. Jungkook était toujours intensément amoureux. Mais la suite des évènements le stressait et le rendait quelque peu amorphe. Il était heureux d'être ici avec Taehyung, et il espérait pouvoir vivre des moments inoubliables.
Sauf qu'au court de la journée, les moments où il pensait à leur mort revenaient souvent. Des flashs passaient devant ses yeux de plus en plus fréquemment, et la nuit, il était parfois sujet à des cauchemars. Il essayait de garder le sourire, mais tout ça l'angoissait au plus haut point.
Les deux garçons se reposèrent jusqu'à la tombée de la nuit, et lorsque Jungkook ouvrit les yeux, il sourit niaisement de découvrir pour une fois Taehyung encore endormi à ses côtés. Son visage était détendu, et il avait tout le loisir de l'admirer dormir encore un instant. Ils étaient là tous les deux, en Islande, à l'autre bout du monde, loin de leurs amis, pourtant il était si heureux d'être avec lui.
Jungkook avait loué une chambre d'hôtel bon marché pour quinze jours. L'établissement ne payait pas de mine, mais il était propre et calme, sans parler du fait qu'il était un peu excentré de la ville, ce qui tombait bien puisqu'ils étaient là pour voir les aurores boréales.
Reposé et l'humeur un peu joueuse, Jungkook glissa sa main sur le ventre de Taehyung et déboutonna son pantalon, avant de glisser la main dans son boxer pour réveiller sa virilité encore endormie.
Surprendre Taehyung était amusant, et Jungkook ne se lassait pas de contempler ses mimiques toujours très expressives. Il glissa le vêtement le long de ses cuisses, alors que Taehyung laissait échapper un grognement dans son sommeil, et empoigna son sexe pour en lécher le bout. Il donna quelques petits coups de langue sur sa verge et glissa sa longueur entre ses lèvres, puis jusqu'au fond de sa gorge.
Son petit-ami ouvrit deux yeux d'acier froids et intenses qu'il figea sur lui, alors que sa bouche s'ouvrait pour laisser passer un gémissement. Ses mains fines glissèrent dans ses mèches de jai, et Jungkook continua d'avaler sa verge, ses yeux noirs posés sur lui.
Ils se fixaient sans ciller, leur souffle court et leurs joues rougissant. C'était toujours ainsi qu'ils se regardaient, sans lâcher l'autre des yeux.
Taehyung fronça les sourcils en renversant la tête dans un long râle et s'accrocha plus durement aux mèches de Jungkook qui laissa un filet de bave lui échapper. Il embrassa l'intérieur de ses cuisses, puis remonta donner un baiser profond à Taehyung avant de redescendre prendre son sexe en bouche. La chambre était envahie des gémissements du garçon aux yeux gris qui se faisaient plus nécessiteux. Ses cuisses se mirent à trembler, et dans un souffle rauque, il murmura :
— Je viens...
Jungkook ne bougea pas, et lorsqu'il éjacula, il figea ses orbes d'encre dans les prunelles de pluie, et avala le tout pendant que son petit-ami se laissait tomber sur le matelas dans un intense râle. Il remonta à ses côtés, et l'observa reprendre son souffle dans un sourire satisfait.
— On avait dit que c'était moi... rechigna-t-il.
— Ça, c'est uniquement ce que toi, tu avais décidé... rétorqua Jungkook en fronçant le nez.
Une fois douchés, ils s'habillèrent chaudement et descendirent au restaurant de l'hôtel pour dîner. Jungkook essayait d'aller à l'essentiel, et l'essentiel, c'était les aurores boréales, alors le dîner pouvait être médiocre, ce n'était pas grave.
Ils optèrent pour une soupe et un plat de poulet et de légumes, puis remontèrent chercher des anoraks assez chauds pour l'extérieur. Même en avril, il faisait très froid en Islande, pas plus de trois degrés. Jungkook avait réservé une escapade avec un groupe et un guide, dans le but d'apercevoir les aurores boréales dans un lieu assez insolite.
Ils rejoignirent les autres participants devant l'office de tourisme, à une quinzaine de minutes de bus, puis empruntèrent un car pour se rendre jusqu'en haut de la montagne.
— Tu as froid ? Demanda-t-il en ajustant le bonnet sur la tête de Taehyung.
— Oui, je ne suis pas habitué à ce qu'il fasse aussi froid...
— Je me doute... Tiens, je t'ai acheté des chaufferettes, mets-les dans tes poches.
Jungkook glissa des petits carrés de tissu bouillant dans les poches de l'anorak de Taehyung qui soupira de bien être, puis colla un baiser sur ses lèvres.
— Je suis content d'être ici... souffla-t-il.
— Moi aussi, hyung...
— Tu n'es pas trop triste, pour la fac ?
Jungkook secoua la tête négativement, faisant gigoter ses cheveux autour de sa tête.
— Non... je suis parfaitement heureux aujourd'hui... et ça, c'est grâce à toi. Je me rends compte que j'aurais pu rester dans l'ignorance... continuer les cours, la fac... le psy... prendre mon traitement, et m'enfermer chez moi. Et un beau jour, entre deux pubs de la série que j'aurais regardé sans vraiment suivre, je me serais pris une comète en pleine gueule...
Son regard était figé dans le néant, alors que Taehyung l'observait attentivement.
— J'aurais rien vécu du tout... je ne t'aurais pas connu... je n'aurais plus jamais aimé, ni connu tout ce qu'on partage... mais surtout, j'aurais été désespérément triste et seul, hyung. C'est toi qui as ramené la joie dans mon quotidien... qui m'a redonné envie de vivre, et pour ça... souffla-t-il en glissant ses yeux dans les siens. Pour ça, je te serais à jamais reconnaissant.
Taehyung esquissa un sourire, et entrelaça ses doigts aux siens.
— J'ai appris à aimer grâce à toi, Jungkook... j'ai découvert un autre monde, des sentiments et des émotions extraordinaires. Pour ça, je ferais tout ce que je peux pour qu'on reste ensemble jusqu'à la fin.
— Merci, hyung... merci d'être quelqu'un de si merveilleux.
Une grosse demi-heure plus tard, le car arriva au sommet de la montagne. Les touristes quittèrent le véhicule, et le guide les emmena plus loin, leurs chaussures s'enfonçant dans la neige. Taehyung s'arrêta pour faire quelques boules et lécha la neige sous le regard amusé de Jungkook qui captura quelques clichés. Il lança de la poudreuse sur Taehyung qui rentra les épaules dans le cou en raison du froid de la neige passé sous ses vêtements, avant de courir après Jungkook en criant. Les autres personnes présentes les regardaient faire, tantôt amusées, tantôt blasées. Le fait est que Jungkook et Taehyung se fichaient du regard que l'on portait sur eux, ils vivaient et c'était tout.
Arrivé au sommet, le guide leur indiqua un endroit où s'installer, et Taehyung se laissa tomber dans la neige meuble en riant. Jungkook s'assit à ses côtés et souffla sur ses mains pour les réchauffer. Taehyung se redressa et se blottit contre lui, de petits groupes de touristes se formant tout autour d'eux, et à mesure que le temps passait à attendre l'arrivée d'une spectaculaire aurore boréale, le calme s'installa et Taehyung manqua même de s'endormir contre l'épaule de Jungkook.
Ce n'est que deux longues heures plus tard, qu'enfin une vague dans les tons verts apparut dans le ciel. Les exclamations fusèrent autour d'eux, et Jungkook caressa la joue de Taehyung tendrement afin qu'il se réveille pour admirer le spectacle. Les deux billes d'acier s'ouvrirent, et contemplèrent le ciel, subjuguées.
— Waaaaaaahhh... lâcha-t-il faiblement.
Jungkook prit quelques clichés, alors que d'autres touristes avaient prévu des appareils hautement puissants pour capturer l'évènement. Lui n'avait que son téléphone, mais c'était suffisant, il ne souhaitait garder qu'une seule photo de ce moment en guise de souvenir.
Taehyung se releva pour observer les vagues vertes suivies de légères ondulations violettes, se mélanger dans la nuit noire d'Islande.
— Vous avez de la chance, souffla le guide. Ce sont probablement les dernières de la saison !
— Quand est-ce qu'elles reviendront ? demanda une femme d'une soixantaine d'années.
— Aux alentours de septembre, répondit le guide. Et les dernières sont en avril. C'est pour ça qu'il faut en profiter ! Car ensuite, ce sera fini !!
Taehyung ne pouvait détacher ses yeux du ciel, et Jungkook, de son visage émerveillé. L'aurore boréale était magnifique, mais pour Jungkook, il n'y avait rien de plus beau que ce qui se passait actuellement dans les yeux de son petit-ami.
Alors qu'il observait le ciel sans relâche, il entendit un bip de notification retentir depuis sa poche. Il préféra l'ignorer, mais rapidement, s'ensuivit une sonnerie indiquant qu'il avait un appel. Mais Taehyung était bien trop occupé à emmagasiner dans ses rétines d'acier, des souvenirs qu'il emporterait avec lui jusque dans sa tombe.
— La Terre est vraiment extraordinaire... murmura-t-il sans détacher les yeux du ciel.
Jungkook glissa sa main dans la sienne, et reporta son attention sur l'aurore boréale qui s'éloigna pour finir par disparaitre.
— Oh !!! Elle est partie !!! chouina-t-il.
— Oui... expliqua le guide. Elles ne durent jamais plus de quelques minutes. Mais peut-être qu'une autre apparaitra d'ici quelques minutes. Ceux qui veulent rester le peuvent, pour les autres, le car vous attend pour faire un premier retour en ville.
— On reste !!! s'empressa de crier Taehyung en serrant la main de Jungkook dans la sienne.
Celui-ci se mit à rire et acquiesça.
— On va rester ici, hyung...
— Oui, je veux en voir une autre...
— Non, on va rester ici encore un peu... il y a le soleil de minuit en juin... on va s'installer à l'hôtel, et je vais trouver un petit travail pour gagner un peu d'argent. Je ne veux pas partir tout de suite après ça... je veux que tu puisses encore profiter des merveilles de l'Islande.
Alors que Taehyung répondait à son offre en frottant son nez contre le sien et en déposant ses lèvres sur les siennes, son téléphone se mit à sonner de nouveau. Il l'ignora, jusqu'à ce que Jungkook ne râle :
— Hey, j'ai consenti à t'acheter un nouveau portable, alors si tu évites de le perdre dans la neige, réponds au moins à tes appels !
Taehyung fouilla dans sa poche et en tira un petit téléphone très vieux à clapet, puis composa le numéro de sa messagerie, son correspondant ayant déjà raccroché. Il s'éloigna un peu, prenant plaisir à entendre le bruit de ses pas crisser dans la neige lorsque la voix de Félix retentit dans le combiné.
Salut TaeTae... c'est moi, c'est Lix. Bon, tu as l'air occupé... j'aurais aimé te parler, parce que... ça y est, on vient d'avoir l'aval du Roi pour défendre notre cause sur Métrarth... j'aurais aimé que tu sois là, enfin que tu répondes. Un silence s'ensuivit, et la voix grave de Félix reprit : Je m'en vais, Tae. Je pars avec Irène... je veux qu'elle rentre, qu'elle reste chez nous... mais je veux pouvoir convaincre le Roi de sauver la bande... d'ailleurs, Yoongi nous accompagne, j'ai eu l'autorisation de Yeong-Jin... Félix souffla longuement, puis souffla : Je ne parle pas comme ça d'habitude, mais bordel, Taehyung !! J'aurais aimé te dire au revoir... tu n'es même pas là pour que je puisse te serrer dans mes bras... tu me manques... et je t'avoue que j'ai peur de me confronter à lui... sans toi. J'espère que ça se passera bien, et qu'il acceptera de m'écouter. Quand tu reviendras on sera parti, mais Minho reste ici, il te tiendra au courant de tout ce qui se passe, d'accord ? Ah et oh euh... ne t'inquiète pas, je vais m'entretenir avec Hyunjin pour ce qu'on a dit... enfin, le plan... c'est prévu si ça tourne mal.
La voix de Minho se fit entendre au loin, puis Félix ajouta : Bon, je dois y aller... on retrouve Yoongi à dix heures ce soir... il faut qu'on se prépare, et qu'on réunisse nos affaires. Je t'aime, TaeTae, ne l'oublie jamais. Tu es mon meilleur ami, le premier qui compte dans mon cœur, et ça ne changera jamais...
Un souffle tremblant s'échappa de ses lèvres, puis il conclut : C'est Taehyung et Félix contre le reste du monde, tu te souviens ? Je t'aime... à bientôt. Oh eh... ne meurs pas s'il te plait...
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