Jungkook était rentré chez lui, furieux.

Amoureux ?!

Et puis quoi encore ?!

Ce médecin était un charlatan, comme tous les autres ! Un ramassis de conneries, voilà ce qui sortait de sa bouche depuis plus d'un an, entravant sa liberté, le gavant de calmants qui lui anesthésiaient le cerveau.

En arrivant, il claqua la porte et récupéra ses médicaments près de la gazinière, et dans un geste désespéré, il jeta l'intégralité du tube dans l'évier, puis fit couler l'eau par-dessus, le visage furibond.

— Amoureux ?! Ça va pas non ?! J'suis pas un putain de gay !! hurla-t-il.

Hors d'haleine, il posa les mains de part et d'autre de l'évier et poussa sa langue contre sa joue. Son cœur battait trop vite pour qu'il reste serein et son cerveau fonctionnait à mille à l'heure. Jungkook avait la sensation d'être léthargique dans sa vie, complètement hagard en permanence. Il devait se réveiller et arrêter de prendre toutes ces merdes, d'écouter les conneries de ce type qui l'assommait avec toutes ces inepties et ces informations erronées.

Mais alors qu'il était prêt à hurler de haine et d'excitation, à tout faire valser, son portable se mit à sonner dans sa poche, lui coupant l'herbe sous le pied. Avec un calme déconcertant, il décrocha, et porta l'appareil à son oreille :

— Allo ?

— Jungkook, c'est moi, c'est Tae.

— Oh... salut... souffla-t-il, sa respiration s'apaisant subitement et sa voix se faisant plus douce.

— Je t'appelle parce que... je t'ai laissé un mot, mais... mais tu ne m'as pas rappelé, alors je me demandais si tout allait bien ?

— Oui... je... oui, j'ai eu ton mot. J'avais rendez-vous chez mon thérapeute... j'ai pas vraiment eu le temps de t'appeler.

— Ah... d'accord. Je... je pense que je vais rester un peu ici... Félix... avec Lix, on a besoin de se retrouver un peu, de passer un peu de temps ensemble, il a besoin de moi... ça ne t'ennuie pas ?

— Non... non du tout, c'est... c'est ta vie, fait ce que tu veux, hyung, répondit Jungkook les poings serrés et la gorge sèche.

Évidemment que ça l'ennuyait. Il était même terriblement contrarié, mais ne laissa rien transparaitre dans le ton de sa voix qui resta courtois et amical, sans en faire trop.

— OK. Alors... on se rappelle pour cette soirée la semaine prochaine ?

— Ouais... OK.

Jungkook raccrocha sans plus de cérémonie et rangea son téléphone dans sa poche. Pourquoi était-il déçu et énervé à la fois ? Pourquoi regrettait-il que Taehyung ne revienne pas ce soir ? Peut-être parce qu'il allait de nouveau se retrouver seul avec lui-même ? Parce qu'il allait devoir se tenir compagnie et encaisser le fait d'être atrocement abandonné par la vie, de refaire des cauchemars et de trouver son quotidien morne.

Il n'y avait qu'avec lui que tout prenait vie, que la couleur entrait par toutes les portes. Subitement il eut envie de pleurer, de crier, et de tout retourner dans son appartement. Au lieu de ça, il ôta ses vêtements et enfila un jogging confortable puis s'installa dans le canapé et alluma la télévision. Il zappa pendant un long moment jusqu'à ce que la nuit tombe sur la ville et que son appartement soit plongé dans une semi-obscurité.

Jungkook ne parvenait pas à se concentrer sur le film. C'était pourtant le deuxième qui défilait sur l'écran sans qu'il ne comprenne quoi que ce soit de l'histoire qui se jouait sous ses yeux. Il se demandait ce que faisait Taehyung. Est-ce qu'il était avec Félix dans leur chambre ? Il devait avoir repris sa place à ses côtés dans leur lit. Et lui était tout seul dans ce canapé-lit. Il était vraiment ridicule d'avoir acheté un nouveau canapé pliant uniquement pour combler les frasques de son camarade de classe. Un type qu'il connaissait depuis quoi, un mois ? Un garçon qui avait peur de la nuit, qui était hypersensible, qui ne connaissait pas internet, ni google, ni les céréales, les jouets, les films, ou encore les bases de la vie ici. Ici... dans ce monde, pensa-t-il soudainement.

Est-ce que Kim Taehyung pouvait venir d'une autre époque ? En y réfléchissant bien, il était rarement vulgaire, il s'exprimait même toujours extrêmement bien, il n'avait aucun lien avec la technologie et il était très intelligent. Trop même. Il n'avait visiblement pas vécu dans le coin ni nulle part ailleurs. Est-ce qu'il était issu d'une expérience scientifique ? D'un voyage dans le temps ? Jungkook soupira. Il avait vraiment une imagination débordante !!

Il récupéra la peluche de lapin qui avait glissé sous les draps pendant la nuit et la serra contre son cœur en reniflant le parfum qui l'enveloppait. Mais il ne s'agissait plus de la subtile odeur fleurie qu'il vaporisait d'ordinaire sur ses poils roses. Il y avait une odeur différente, complètement dissemblable et divergente, remarqua-t-il en respirant de nouveau la peluche entre ses deux grandes oreilles, les poils synthétiques lui chatouillant les narines.

— Kim... chuchota-t-il en ouvrant de grands yeux.

Il s'agissait de l'odeur du garçon aux yeux gris. Elle était là, sur le lapin qui avait appartenu à Ji-Eun, comme si le présent effaçait lentement le passé. Est-ce qu'il pourrait le supporter ? Savoir que son ex-petite amie décédée allait disparaitre pour laisser sa place à ce garçon si singulier à la voix rauque et aux grandes mains hâlées...

Non ! Jamais il ne serait un putain de mec gay ! Il avait embrassé Taehyung parce que cette histoire d'agression l'avait choqué, effrayé, parce qu'il avait craint qu'il ne lui arrive malheur, parce que personne ne méritait de subir ça. Mais ça n'avait rien à voir avec leur amitié. Ils étaient amis, Taehyung était un peu bizarre d'accord, mais Jungkook n'était pas amoureux de lui et de ses étrangetés, ça non ! Il aimait les filles. Les filles jolies, sportives, avec de belles formes dessinées, de longues jambes, des cheveux longs et un joli visage. D'ailleurs, il pourrait très bien rencontrer quelqu'un à cette soirée du Nouvel An à laquelle ses amis tenaient tant à ce qu'il vienne.

C'était décidé ! Il allait se remettre en selle, chasser et se trouver une petite amie qui rétablirait l'ordre des choses. Taehyung viendrait étudier et parfois dormir chez lui, comme le faisait Yoongi après leurs soirées. Ils rigoleraient en mangeant des chips et il pourrait continuer de lui faire découvrir des films. Peut-être même que le garçon aux yeux gris allait lui aussi trouver une petite-amie ! Ils pourraient organiser des doubles rencards, sortir au cinéma ou au restaurant et il reprendrait une vie trépidante et joyeuse, comme tous les jeunes étudiants de son âge.

Jungkook s'endormit, serrant contre lui le lapin rose. Il était détendu et pouvait à présent voir clairement l'avenir. Taehyung était son ami et il n'y avait rien entre eux d'étrange ou d'inhabituel. Le docteur Kang se foirait complètement, ce qui le fit sourire, alors qu'il cédait au sommeil.

6 h 34

— On arrive bientôt, chéri ?

— Plus qu'une petite demi-heure, oui, repose-toi...

Brusquement, le bruit de taule froissé activa le rythme cardiaque de Jungkook, tandis que les pneus crissaient sur l'asphalte. Le cri de sa mère sembla percer ses tympans par son timbre aigu et déchirant. Atroce, effroyable et terrifiant, il lui glaçait le sang de façon sinistre.

Lorsqu'il ouvrit les yeux, la voiture enchaînait les tonneaux, jusqu'à ce que son crâne ne frappe sur le rebord de la fenêtre et ne le plonge à nouveau dans l'obscurité. Une vive douleur au genou s'empara de lui. Jungkook ouvrit les yeux, ses rétines accablées par les flashs des lumières puissantes des premiers secours qui tentaient de le sortir de la carrosserie à moitié broyée de la voiture.

À sa gauche, la main de Ji-Eun dépassait entre l'espace pulvérisé entre eux. Il était dans le seul espace du véhicule qui avait semblé s'en sortir. L'autre partie de la voiture paraissait écrasée contre un mur de béton, réduite à néant, alors que l'avant était encastré sans qu'il ne puisse voir dans quoi, les secours ayant obstrué la vue de grandes couvertures de survies dorées. Il jeta un regard à sa main aux ongles encore vernis de rose pâle, ses doigts recouverts de sang.

— Tu m'entends ?! demanda un des secouristes. Hey ?!

Mais Jungkook regardait fixement sa main, avant d'en approcher la sienne. Lorsqu'il la saisit, il constata qu'elle était froide, molle et inerte. Sa lèvre inférieure se mit à trembler et son visage se tordit de douleur. Son corps fut extirpé de la voiture et à nouveau, le noir enveloppa son esprit.

Il se réveilla en sursaut, le cœur battant à toute allure et la sueur plaquant quelques mèches de cheveux sur son front. Il se tourna, cherchant le corps de Taehyung en vain, avant de se souvenir qu'il n'était pas là. Pas de ce soir. Il ne serait d'ailleurs certainement pas là demain soir non plus, ni le soir suivant. Quand reviendrait-il ? Il lui manquait. Sa chaleur, son odeur et sa présence si rassurante.

Les mains tremblantes, Jungkook attrapa son portable et ouvrit la conversation avec Taehyung, puis tapa rapidement un message :

J'ai besoin de toi, tu me manques. J'arrive pas à dormir, j'fais des cauchemars. Hyung, tu reviens quand ?

Il reposa son téléphone et ferma les yeux, à nouveau emporté par le sommeil. Avant d'ouvrir les yeux, c'est une douce odeur qui le ramena à la réalité. Ça sentait le bacon grillé, le café et les œufs. Il avait chaud sous la couverture, le bas de sa nuque trempé de sueur lorsqu'il papillonna, battant des cils pour fixer son regard sur une grande silhouette encore floue.

Il ferma de nouveau les yeux et les frotta de ses poings en bâillant puis se redressa, sa vision adaptant la netteté sur le corps fin et élancé de Taehyung dont le profil se dessinait derrière le comptoir de la cuisine.

— Hyung ?! s'étonna-t-il en se redressant plus vivement.

Le garçon aux yeux gris se tourna vers lui et afficha un sourire rectangulaire.

— Est-ce que tu vas bien ? demanda-t-il en lâchant la préparation du petit-déjeuner et en s'approchant du canapé.

— Oui... oui, pourquoi ça n'irait pas ? s'étonna Jungkook.

Taehyung s'approcha et monta à genoux sur le lit pour se rapprocher de Jungkook. Ses orbes d'acier sondèrent le visage pâle de son camarade, un fin sourire ornant ses lèvres. Sa grande main vint s'abattre délicatement sur son front et il leva les yeux au ciel en semblant réfléchir.

— Tu n'as pas de fièvre, tu veux un verre d'eau ?

— Euh, oui, je veux bien. Mais je... enfin... j'vais bien hyung... pourquoi j'aurais de la fièvre ?

Il se leva, emboita le pas de Taehyung qui se rendait en cuisine et faisait couler de l'eau dans un grand verre.

— Je n'en sais rien, je cherche ce qui cloche... admit-il en posant le verre devant lui. J'ai cherché tes comprimés mais je ne les trouve pas.

Et c'est là que tout lui revint en mémoire. Il avait jeté ses médicaments. Tous ses antidépresseurs, ses calmants, ses somnifères, ses antidouleurs. D'ailleurs, à cette pensée, son genou lui renvoya une douleur lancinante qui le fit grimacer. Il s'était endormi, convaincu de l'inexplicable.

Jungkook ne voulait plus être ce garçon amoindri, timide et renfrogné sur sa propre existence. Il voulait être comme tous les autres. Avoir une petite-amie à nouveau, sortir, voir du monde, discuter, rire et surtout... surtout, il ne voulait pas être gay. Des difficultés, il en avait eu. Des obstacles, des murs à franchir, certains plus que d'autres, si bien que parfois il les avait contournés, rallongeant son chemin au lieu de les escalader. Alors s'il rajoutait une énième difficulté à sa vie, il ne s'en sortirait pas.

Il avait perdu ses parents dans un accident de voiture. Eux et sa petite amie, le jour de son anniversaire. Il savait qu'à l'Université, il était montré du doigt et que les étudiants murmuraient entre eux la terrible histoire qu'il avait vécue l'an dernier. Au début, beaucoup l'avaient fui. Puis comme une mauvaise histoire, certains s'étaient rapprochés, comme avides de scoops, de mélodrames, d'histoires croustillantes à se mettre sous la dent en soirée. C'était devenu hype, d'être l'ami de ce garçon qui avait tant souffert. Il y avait aussi eu une phase durant laquelle les filles s'étaient toutes rapprochées de lui, désireuses d'être celle qui le ferait sortir de ce cauchemar. D'être l'élue qui aurait permis au garçon de retrouver le bonheur d'une vie normale, paisible et heureuse. Mais à force de rejet, les gens s'étaient éloignés. Ils avaient fini par abandonner et le laisser de côté. Même ses amis s'étaient éloignés. Jin, Namjoon, Hoseok... ils ne lui proposaient plus autant qu'avant de sortir, sachant pertinemment qu'il refuserait. Seuls Yoongi et Jimin s'évertuaient à le secouer plus ardemment que les autres. À le forcer à sortir.

Jungkook laissa ses orbes noirs rejoindre les prunelles couleur de pluie. Ce qu'avait dit ce médecin était faux. Même si ce garçon semblait compter pour lui bien plus que personne. Même s'il sentait son cœur battre à l'autre bout de la pièce aussi intensément que le sien. Même si son regard s'attardait sur son visage singulier. Sur son nez droit, ses pommettes creuses, sa mâchoire si bien dessinée, son regard intense et brûlant et sa peau à l'aspect si douce.

— J'm'en suis débarrassé... murmura-t-il en regardant les yeux de Taehyung s'agrandir.

— Quoi ?! Mais Jungkook, pourquoi tu as fait ça ?!

— Et toi, pourquoi t'es venu ? J'croyais que tu voulais rester avec Félix ?! rétorqua-t-il de façon agressive.

Taehyung fit la moue et posa son téléphone sur le comptoir devant lui. Jungkook tomba sur le message qu'il avait envoyé cette nuit et qu'il avait totalement oublié. Il avait réellement fait ça ?! La sensation de brûlure sur sa peau s'intensifia et il imagina ses joues devenir aussi rouges que des piments. Oui, il l'avait fait. Lorsqu'il se rappela ce qu'il avait ressenti, ça avait été sur le moment tout à fait légitime. Il avait eu envie de sangloter dans ce lit vide. Il s'était senti si seul, si mal cette nuit. Il avait passé des heures atroces et lorsqu'il se mit à réfléchir, il réalisa que c'était à ça que ressemblaient ses nuits avant l'arrivée de Taehyung, il avait simplement oublié.

Pourtant à l'époque, il s'en accommodait bien. Pourquoi ne parvenait-il plus à les accepter ? C'était sa vie, elle était comme ça, et autrefois, il la vivait avec moins de déception que ce matin, où tout lui semblait dur et incroyablement injuste. Peut-être parce qu'il avait goûté à la plénitude. Lorsque Taehyung était là, Jungkook dormait du sommeil du juste. Il se réveillait rarement et si c'était le cas, il était systématiquement enveloppé de tendresse, de caresses, et de gestes tendres qui le rassuraient.

— Je me rappelle pas avoir envoyé ça... souffla-t-il de mauvaise foi. J'ai dû délirer dans mon sommeil.

Taehyung le regarda d'un air réprobateur. Il avait déjà eu affaire au mensonge depuis qu'il était sur Terre mais il avait encore du mal à l'identifier.

— Si tu le dis...

— J'en ai marre de prendre toutes ces merdes qui m'anesthésient le cerveau ! J'veux vivre ! Retrouver une vie normale, hyung ! J'suis désolé de t'avoir envoyé ce message, j'ai passé une nuit de merde ! aboya-t-il.

Taehyung ne s'offusqua pas du ton peu cordial avec lequel Jungkook s'était adressé à lui et contourna le meuble de cuisine pour venir s'asseoir aux côtés du plus jeune.

— Je comprends... mais jeter ton traitement n'est peut-être pas une bonne solution... les médecins sont là pour t'aider.

— J'm'en branle. J'veux plus de tout ça.

— D'accord... souffla-t-il en grattant le bois verni de son ongle, son menton posé dans la paume de sa main.

Un léger silence s'installa durant lequel Jungkook essaya tant bien que mal d'observer le profil du garçon à sa gauche sans se faire prendre. Puis il roula des yeux, excédé de ses propres réactions et tourna la tête vers lui.

— C'est gentil d'être venu... je suis désolé de t'avoir réveillé.

— Ce n'est rien. Je me suis inquiété que tu fasses encore un cauchemar ou que tu aies mal au genou... c'est le cas ?

— Non, rien de tout ça... mentit Jungkook.

— J'ai préparé le petit-déjeuner... tu en veux ?

— J'ai pas faim.

Menteur, se dit-il pour lui-même. Pourquoi n'était-il pas capable de dire la vérité ? Qu'il était content de le voir au réveil, bien plus qu'il ne laissait paraitre. Qu'il aurait voulu le garder pour lui encore longtemps, qu'ils s'allongent dans ce canapé pour regarder des dessins animés. Ensuite ils auraient pu sortir à la supérette du coin ou se promener le long du fleuve Han et contempler les lumières de Noël et les décorations des boutiques. Ils auraient acheté des nouilles pour le soir, et ils auraient choisi un film avant de prendre une douche brûlante et de se mettre en pyjama.

— Alors je vais te laisser... soupira le garçon en se levant de son tabouret. Tu m'appelleras... quand ça ira mieux ?

— Ouais, OK.

Bordel ! Pourquoi fallait-il systématiquement qu'il agisse comme un bonhomme, alors qu'il désirait agir comme un gamin effrayé à l'idée de passer une nouvelle nuit seul. Taehyung enfila ses chaussures et attrapa sa veste dans l'entrée. Puis il jeta un dernier regard à Jungkook, le visage encore contrit de colère. Il esquissa un bref sourire, ne sachant pas très bien s'il lui en voulait d'être passé ou s'il s'agissait d'autre chose. Félix avait besoin de sa présence, de passer quelques jours ensemble, de retrouver leur complicité passée. Alors Jungkook pouvait attendre, pensa-t-il, surtout qu'il ne semblait pas vraiment content de le voir là.

— À plus, Jungkook.

— C'est ça... salut, hyung.

Le plus vieux ouvrit la porte et s'élança dans le couloir en refermant la porte derrière lui. Le silence enveloppa Jungkook qui fronça les sourcils, les arquant vers le bas, avant de se jeter en bas de son tabouret et de se précipiter à la porte qu'il ouvrit brutalement pour accéder au couloir. Le bip de l'ascenseur lui indiquait que les portes venaient de se fermer sur Kim Taehyung. Son cœur qui tambourinait dans sa poitrine se figea un instant, acceptant le fait qu'il venait de laisser filer son ami. Il serra les poings et lassa échapper un juron avant de claquer la porte et de glisser tout du long pour s'asseoir par terre, la tête entre les mains. Pourquoi avait-il été si désagréable avec lui ?! Pourquoi lui avait-il raconté tout un tas de conneries et de mensonges ?! Pourquoi n'était-il pas parvenu à être honnête avec lui ? Il aurait simplement dû tout lui avouer. Sa nuit compliquée, les cauchemars le manque de lui à ses côtés et son irrépressible envie de le savoir là, dans cet appartement, comme s'il l'habitait et qu'il ne le quitterait pas à la première occasion.

Lentement, il se redressa, se trouvant pitoyable, et récupéra le bacon et les œufs dans la poêle. Il mangea en silence, accoudé au comptoir, puis se rendit sur la conversation avec Taehyung dans son téléphone. Le pire, c'est qu'il avait répondu à son message :

Jungkook, je m'inquiète pour toi. Je serais là pour sept heures, tiens le coup. Tu me manques aussi.

C'était si facile pour Taehyung de s'exprimer sur ses sentiments. Lui qui n'en avait jamais eu, semblait les assumer avec une assurance déconcertante. Alors pourquoi Jungkook, qui vivait avec depuis sa naissance, ne parvenait pas à y faire face ?

**

Taehyung n'avait pas compris l'attitude de Jungkook. Il était souvent comme ça au début de leur relation. Mais il avait pourtant eu la sensation que ça s'était estompé avec le temps. Jungkook était quasi toujours sur la défensive, mais se permettait à de rares moments de se laisser aller à quelques instants de tendresse.

Avec les semaines qui étaient passées, et surtout le baiser qu'ils avaient échangé le matin de Noël, le garçon aux yeux gris s'était imaginé qu'enfin, tout cela était derrière lui. Mais ce matin, c'était bien l'ancien Jungkook, froid et désagréable qui l'avait accueilli au réveil. Au-delà de l'incompréhension, Taehyung avait surtout été blessé de son attitude. Car s'il avait manqué à Jungkook cette nuit, Taehyung avait également beaucoup souffert du manque de son sunbae. Il avait peiné à s'endormir, même dans les bras de Félix. Ses bras n'étaient pas aussi rassurants que ceux de Jungkook ni aussi enveloppants, aussi chauds, aussi agréables. Il aurait pu passer des heures à énumérer leurs différences.

Lorsqu'il avait reçu le message, il avait bondit hors de son lit, un sourire rectangulaire barrant son visage. Il s'était inquiété mais s'était réjoui de pouvoir revenir à l'appartement sans devoir attendre plus longtemps. Cependant, il en repartait avec ce manque toujours présent. Il n'avait pas eu de câlin, de geste tendre ou de marque d'attention. Non, seulement une froideur et une distance qu'il avait prises de plein fouet.

**

Ce n'est pas quelques heures ou une nuit de plus qui les avaient séparés, mais bien quatre longs jours. Taehyung avait apprécié retrouver Félix, et ensemble ils s'étaient redécouverts, partageant des moments de pur bonheur. Ils avaient regardé des films en mangeant des chips, chanté à tue-tête les chansons qui passaient à la télévision sans connaitre les paroles. Ils avaient bu le whisky de Minho, jusqu'à rire tous seuls jusqu'à quatre heures du matin en roulant sur le lit, puis la veille de l'anniversaire de son meilleur ami, Félix l'avait entrainé à la patinoire. Taehyung avait passé plus de trente minutes à faire des moulinets avec ses bras avant de comprendre qu'il fallait glisser avec ses pieds. Félix, mort de rire, lui avait tenu la main et ils avaient glissé longuement ensemble au rythme de la musique, profitant des lumières de Noël et de l'énorme sapin qui semblait atteindre les nuages. Taehyung était si heureux qu'il en avait presque oublié sa mission et le fait que la Terre n'était pas chez lui.

— Tu aimes les sapins de Noël, Taehyungie ?

— J'adore ça ! Tu sais que Jungkook en a acheté un rien que pour moi ?!

— Ah oui ? C'est dommage que vous soyez fâché... souffla son ami.

Taehyung barra son visage angélique d'un froncement de sourcils.

— On ne l'est pas !

— Bien sûr que si vous l'êtes, il ne t'a pas écrit en trois jours, Tae !

— Et alors ?

— Et alors dans le langage Terrien, ça veut dire qu'il y a un malaise... quelque chose qui cloche.

La mine de Taehyung se décomposa.

— Ah bon ?

— Oui...

— Mais... je ne suis pas fâché avec lui, moi.

— Alors peut-être que c'est lui, qui est fâché avec toi...

Le regard d'acier frôla le sol de la patinoire ou dansaient des néons fluorescents sur bang bang bang de big bang, et il se peignit d'une mélancolie passagère. Si Jungkook était fâché contre lui, alors il devait lui en vouloir de ne pas avoir écrit.

Sans tarder, il sortit son téléphone de sa poche et envoya un message au plus jeune.

Salut Jungkook... j'espère que tu vas bien. Est-ce qu'on se voit toujours le 31 pour la soirée du Nouvel An ? Félix a l'adresse, est-ce que tu veux qu'on se retrouve là-bas ?

Il se mordit la lèvre, priant pour que le garçon lui réponde, car même si ces quelques jours en compagnie de Félix avaient été agréables et amusants, Taehyung se languissait de revoir Jungkook. Il lui manquait, et vu son attitude la dernière fois, il n'avait pas souhaité à nouveau le déranger et avait attendu patiemment et vainement un appel de sa part. Le bip indiquant une réponse réveilla en lui une excitation éteinte et il lut précipitamment le message de Jungkook.

Salut. J'aimerais qu'on se voie demain. Il faut qu'on discute.

Il y avait une réponse et en plus de ça, positive. Jungkook désirait même le voir demain. Alors pourquoi cette nouvelle effaça considérablement le sourire de son visage et barra en travers de son front, une ride d'inquiétude ?

**

Jungkook se leva de canapé et se traina jusqu'à la cuisine pour y déposer son bol de céréales, le lait imbibé de miettes nageant dans le fond. Il tira sur son caleçon qui lui rentrait dans les fesses et renifla avant de rejoindre le sofa et de s'y avachir lourdement. Trois jours qu'il ne l'avait pas quitté. Il avait à peine mangé, ne s'était pas douché et commençait sérieusement à sentir mauvais. Ses cheveux étaient gras, plats, et son teint terne. Mais au-delà de ça, Jungkook avait passé les trois pires jours de son existence. Ceux qui venaient juste après ceux qui s'étaient déroulés l'an dernier après l'accident.

Il n'était pas parvenu à trouver le sommeil, comme si son corps lui refusait l'accès au repos. Si bien qu'il avait des cernes violets qui entouraient ses yeux et que ses pupilles étaient dilatées. Ses lèvres étaient gercées et se fendillaient par endroit et il n'avait plus rien à manger.

Pourquoi était-il dans cet état ? Parce que Kim Taehyung n'avait pas quitté son esprit depuis trois jours. Trois foutus jours pendant lesquels il avait retourné dans sa tête toute sa vie, ses principes, ses envies, ses sentiments, jusqu'à ce qu'il ne reste qu'une coquille vide et aucune putain d'idée de ce qu'il devait faire avec ce garçon.

Et puis l'arrêt de son traitement avait joué sur son humeur, le faisant passer de moments d'excitation et d'hyperactivité intense durant lesquels il avait rangé son appartement de fond en comble, astiquant les meubles jusqu'à dépoussiérer le haut de l'armoire et le micro-onde qui l'effrayait pourtant depuis des années, à des moments de fatigue intenses.

Jungkook s'était trainé comme une loque, peinant à garder les yeux ouverts et ne parvenant pas non plus à trouver le repos, allant du canapé au lit, pour revenir sur le canapé. Il avait claqué des dents, complètement gelé, puis avait transpiré, repoussant les plaids et les couches de vêtements, pour finir complètement stone devant la télévision pendant des heures entières.

Alors lorsque son téléphone avait sonné, il s'était précipité dessus et à la lecture du message du garçon aux yeux gris, son sourire était revenu, mais aussi son inquiétude de ne savoir que faire de ses sentiments envers lui.

Oui, il en avait, mais le docteur Kang les avait bafoués. Il lui avait annoncé qu'il était amoureux, comme si c'était une évidence, sans chercher à le laisser accéder à cette vérité. Si c'était le cas, il aurait préféré le découvrir seul plutôt qu'on lui agite la pancarte de gay sous le nez. Et puis, il n'était pas gay. Il avait juste un fort attachement à Kim Taehyung car il était le seul à avoir réussi à lui redonner l'envie de vivre.

Jungkook savait que le lendemain, c'était l'anniversaire de son camarade. Il lui avait avoué le soir du réveillon et il était hors de question qu'il le laisse passer son anniversaire sans qu'ils puissent se voir. Et puis il voulait lui parler, s'excuser de n'avoir donné aucune nouvelle et de l'avoir si mal traité la dernière fois. Lorsqu'il reçut la confirmation qu'il verrait bien le plus vieux pour son anniversaire, une nouvelle excitation s'empara de lui et il sauta au bas de son canapé pour filer sous la douche où il chantonna gaiement pendant plus de vingt minutes. Puis il enfila un pantalon cargo noir, un sweat de la même couleur, puis laça ses boots et attrapa sa doudoune pour rejoindre la rue.

Il venait de proposer à Taehyung de passer en fin de journée. Entre-temps, il espérait pouvoir lui trouver un cadeau d'anniversaire et acheter un gâteau. Il devait aussi prévoir le dîner et ranger un peu l'appartement. C'est sans aucune mesure que Jungkook écuma les rues de Séoul à la recherche de quelque chose d'original. Mais il était déjà tard et rien ne lui parut assez beau pour le garçon. Il se décida donc à rentrer et à astiquer son appartement. Même s'il y passait la nuit, il devait être impeccable pour l'arrivée de Taehyung le lendemain soir.

**

Taehyung était lui aussi très excité à l'idée de revoir Jungkook. Il avait mal dormi et avait gigoté jusqu'à au moins trois heures du matin jusqu'à ce que Félix ne le réprimande.

— TaeTae !!! Qu'est-ce qu'il y a ?!

— Rien...

— Si, je le vois bien... tu veux en parler ?

— Je suis nerveux, c'est tout.

— Pourquoi ? C'est de revoir Jungkook qui te met dans cet état ?

— Possible... souffla Taehyung.

— Et pourquoi ça ?

— Je n'en sais rien, Lix. J'ai peur qu'il soit en colère contre moi... ou qu'il m'en veuille de quelque chose.

La main de son ami glissa dans sa tignasse brune et caressa sa tête de façon tendre. Puis il glissa un baiser contre son oreille et soupira.

— Ne t'en fais pas, Taehyungie. J'suis sûr que tout ira bien.

Taehyung acquiesça silencieusement, ses orbes d'acier encore bien ouverts. C'est une heure plus tard qu'il s'extirpa du lit en catimini, la respiration de Félix étant calme et régulière. Il sortit de la chambre et vérifia dans le salon et la cuisine que tout le monde dormait. Puis il longea le couloir et pénétra dans le bureau de Minho et ferma la porte derrière lui.

Jungkook l'inquiétait, mais au-delà de ça, sa mission aussi l'angoissait et de façon plus exponentielle. Il ne s'agissait pas de discuter, de s'excuser d'avoir mal agi ou de manquer d'attention. Il s'agissait de la survie d'une planète et de la fin d'une seconde.

Il chercha dans les dossiers, les tiroirs et l'armoire derrière lui, sans trouver la moindre trace de quoi que ce soit. Il n'y avait qu'un seul tiroir du bureau fermé à clé et auquel il n'avait pas accès. Il avait parcouru le dossier jaune resté sur le bureau mais rien ne lui donnait suffisamment d'informations. Si ce dossier était resté en évidence, c'est qu'il n'était pas si important, pensa-t-il.

Assis sur le fauteuil en cuir, il se mit à réfléchir. Minho devait cacher la clé du tiroir quelque part, mais où ? Ce n'était pas sur lui, il ne portait aucun bijou, collier avec une clé, ou quoi que ce soit dans ce genre-là. Alors elle devait être rangée ici, dans cet appartement. Et il devait la trouver coute que coute.

Son rapport de fin de semaine avait porté sur les us et coutumes des fêtes de fin d'année. Taehyung avait également parlé de son agression et de la violence qui émanait parfois des Terriens. En revanche, il avait souligné l'amour qui pouvait également s'en dégager, sans notifier Jungkook ou le baiser qu'ils avaient échangé.

Il ne savait pas vraiment comment le Roi et la communauté auraient pris le fait que sur Terre, il soit possible d'embrasser un autre homme. Et il n'avait aucunement envie de se justifier. Ce baiser faisait partie de son jardin secret.

Après presque une demi-heure à chercher cette fichue clé, Taehyung abandonna et retourna au lit sans parvenir à s'endormir. Où Minho avait-il bien pu ranger cette clé ?! Il avait du temps en soi, mais qu'est-ce que c'était le temps après tout ? Un jour, il devrait quitter la Terre, quitter Jungkook et il refusait de le faire sans savoir ce qui allait lui arriver.

Le lendemain, il se réveilla en sentant des lèvres dans son cou déposer de petits baisers légers. Il étira ses lèvres en un sourire avant de sentir l'odeur de Félix autour de lui et de froncer les sourcils.

— Joyeux anniversaire, Taehyungie... murmura son ami.

Taehyung ouvrit ses yeux gris et en accord avec l'extérieur, il observa les rigoles de pluie s'abattre sur la fenêtre de sa chambre. Puis le bras de Félix qui enserrait sa taille le sortit de sa torpeur.

— Hey... tu es là ? demanda-t-il doucement.

— Hmm...

— Tu fais la tête ?

— Non...

— C'est ton anniversaire, aujourd'hui... le vrai jour.

— Je sais.

— On ne le fête pas sur Métrarth mais ici, c'est différent...

— Je sais.

— Tu as l'air de mauvaise humeur. J'vais te laisser te réveiller.

Félix s'éloigna pour laisser plus d'espace à Taehyung pour s'étirer. Il roula sur le dos et passa un bras derrière sa tête. Est-ce que Jungkook allait lui annoncer qu'il regrettait tout ce qu'ils avaient partagé ? Est-ce qu'il pourrait un jour à nouveau se réveiller à ses côtés ?

Félix était adorable, il était son meilleur ami et jusqu'à il y a encore quelques semaines, Taehyung aurait affirmé qu'il n'y avait pas de meilleur réveil que dans les bras de Lix. Mais tout ça était révolu. Et c'était maintenant qu'il lui manquait affreusement, qu'il réalisait à quel point il était attaché à Jungkook.

Il se leva et passa par la salle de bain pour se doucher. Il resta longuement sous le jet d'eau brulante à réfléchir à sa soirée avec son sunbae. Puis il sortit et s'habilla rapidement et rejoignit Félix, Irène et Minho dans la salle à manger.

— Joyeux anniversaire, Tae ! lança Minho de façon un peu solennelle.

— Merci...

— Ah, c'est aujourd'hui ? demanda Irène.

— Oui.

— Alors joyeux anniversaire ! En effet, sur Terre on le souhaite le jour même. Je préfère les cérémonies d'or de Métrarth, ça permet de faire la fête avec tout le monde... plutôt que d'avoir un jour entier pour nous. Je trouve ça personnellement assez égoïste d'accaparer toute la colonie pour une seule personne.

— Sauf qu'ici, il n'y a pas de colonie, Irène, la reprit Taehyung. On fête ça avec notre famille, ou nos amis.

— Alors tu restes ici avec nous ?

— Non... je dois voir Jungkook, ce soir.

— Ah...

— Mais on viendra surement à la soirée du Nouvel An, Hoseok y va tu y seras certainement également, non ? demanda-t-il.

— Oui... en fait, je le suis dans différents endroits. J'aime beaucoup, ça me permet d'étudier des sujets variés.

Taehyung ouvrit les placards et récupéra la boite de céréales et la bouteille de lait et s'assit autour de la table.

— Tu prends vraiment chaque instant comme une étude sociologique ? demanda-t-il un peu froidement à la jeune fille qui nattait ses cheveux.

— Eh bien... c'est pour ça qu'on est là, non ?

— Non. On est là pour se rapprocher des Terriens, les étudier, mais aussi ressentir. Est-ce que tu ressens quelque chose pour Hoseok ? Ou est-ce que lui aussi tu le prends pour un putain de sujet d'analyse, Irène ?!

— Hey... calme-toi, Tae... souffla Félix en s'asseyant près de lui et en posant la main sur son épaule.

La jeune femme le toisa du regard et balança ses cheveux derrière son dos.

— Peut-être que je ressens quelque chose ou peut-être que je suis trop intelligente pour m'abaisser à ça ! rétorqua-t-elle.

— Intelligente ?!

— Oui ! Il suffit de te regarder, Taehyung, pour comprendre que tu as fait tous les mauvais choix. Tomber amoureux n'est pas envisageable ici ! Moi aussi je me suis laissé embarquer au début... mais que deviendront tes sentiments lorsque nous rentrerons et que tu devras épouser l'une des nôtres ?! cria-t-elle en montant sur la pointe de ses pieds, ses mains appuyées sur la table en acajou.

— J'aurais vécu moi au moins !!! gronda-t-il.

— Alors tu es stupide d'imaginer que tout se finira bien ! Nous retournerons chez nous et les Terriens resteront ici et crèveront comme des chiens ! Ils ne méritent rien, le Roi a raison !! hurla-t-elle.

Taehyung ouvrit de grands yeux et se redressa pour lui faire face.

— Tu te trompes toi aussi.

— Ah oui ?! Et pourquoi ?! cracha-t-elle.

— Tu as des sentiments...

— C'est faux !!! Jamais je ne me laisserais avoir pas tant d'ignorance !!! souffla-t-elle, sa cage thoracique se soulevant de façon anarchique. J'ai su les refréner au bon moment contrairement à vous deux !

— Il a raison... rétorqua Minho en s'approchant.

Le regard d'Irène se fit moins sûr d'elle tout à coup.

— Je sais très bien jouer la comédie avec Hoseok... il n'est rien pour moi, vous vous fourvoyez tous.

Taehyung esquissa un sourire et s'éloigna vers sa chambre.

— Irène... je suis peut-être stupide, d'être tombé amoureux... mais sache que la colère est un sentiment... autant que l'amour. Alors toi aussi... tu es aussi stupide que moi. J'ai juste décidé de vivre ma vie ici de façon plus douce et plus sereine que la tienne.  

****