-Chapitre 1-



Un peu plus d'un an plus tard...

Métrarth — Miroir de la Terre, à plusieurs millions de kilomètres de notre planète.

— Viens-là... voilà, c'est parfait, dit-elle en posant une couronne de fleurs dans ses cheveux bruns.

Taehyung se tenait devant sa mère, une mine affreuse collée sur le visage.

— Qui y a-t-il, Taehyung ? demanda-t-elle en voyant son fils soucieux.

— Rien... c'est juste que... qu'est-ce qui a changé en un an finalement ? demanda le garçon avec abattement.

— Comment ça ? l'interrogea sa mère, l'air inquiet.

— Eh bien... souffla le jeune homme en passant sa langue sur ses lèvres. Je me demande... si quelque chose a changé. Je suis toujours le même... dit-il en se regardant dans le miroir derrière elle. J'ai les mêmes cheveux, peut-être un peu plus longs... je m'occupe toujours des récoltes, et chaque jour se ressemble... inlassablement...

— Je peux te les couper si c'est ça qui te chagrine, affirma-t-elle en passant sa main dans sa tignasse bouclée.

— Non, tu ne comprends pas ! Nous faisons sans cesse les mêmes choses, expliqua-t-il avec calme et sérénité. Rien ne change... le soleil brille toujours autant, en continu, sans jamais se fatiguer ni disparaitre... je ramasse les fruits et les légumes chaque jour avec Félix et les autres... tu es toujours à l'usine, et papa pêche toujours... notre vie ne change pas... et je la trouve ennuyante.

Sa mère posa sa main sur sa joue, ses sourcils arqués vers le bas.

— Je pense que tu te fais trop de soucis pour ce soir... pour la cérémonie d'Or. Tout ira bien, Taehyungie... ta vie sera longue et prospère... et je pense que ce soir, le Roi te donnera une promise. À toi, comme à Félix... il est temps que vous vous envoliez pour vivre votre vie, et faire perdurer la colonie.

— Vous n'avez tous que ça à la bouche, faire perdurer la colonie... que l'on engendre des enfants, pour peupler Métrarth... mais que se passera-t-il, le jour où l'un de nous refusera de suivre le schéma qui lui est imposé ?

— Mais... c'est imp-

— Bon Dieu tu es magnifique ! hurla presque Félix en entrant, la porte de bois tapant sur le mur en s'ouvrant brutalement.

Taehyung esquissa un sourire rectangulaire, oubliant presque ses questionnements en voyant Félix dans sa toge de lin blanc. Une fine ceinture de corde dorée entourait sa taille, et comme lui, il portait une couronne de fleurs blanche sur la tête, et des sandales de cuir aux pieds.

— Tu es incroyable toi aussi, rétorqua Taehyung.

Et c'était vrai, Félix était merveilleux avec ses cheveux couleur d'or, ses iris ambre, et ses taches de rousseur qui recouvraient son nez. Il n'attendit pas, et attrapa la main de son ami pour le tirer sur le perron, où le soleil tapait férocement sur leurs têtes, la chaleur s'infiltrant sous leurs toges.

— J'ai si hâte, Taehyungie, allons-y !

— D'accord... à tout à l'heure, maman ! lança-t-il en agitant la main en direction de la femme.

— Je suis fière de vous les garçons, à tout à l'heure !

Main dans la main, les deux garçons traversèrent gaiement le village jusqu'à la plus grande des maisons, celle du Roi et du prince Hyunjin. Le centre du village avait été décoré il y a déjà plusieurs jours, le peuple s'activant pour donner un sens à cette nouvelle cérémonie. Des fleurs se multipliaient près des demeures, et des fanions blancs étaient accrochés un peu partout. De grandes tables aux nappes fleuries longeaient les rues. De gigantesques tonnelles blanches recouvraient les tables afin de se protéger du soleil, des fleurs blanches et roses s'enroulant autour des pieds tels du lierre. Les Métrarthiens circulaient dans tous les sens, des femmes portaient des paniers de fruits et des hommes déambulaient avec les bras chargés de pains et de gâteaux.

Les principaux concernés, portaient la même tenue que Taehyung et Félix, et se dirigeaient en direction de l'estrade des élus, tout près de la demeure du Roi, non loin de la grande fontaine qui faisait jaillir l'eau en gouttelettes de pluie.

Taehyung prit place sur le bord de la fontaine en attendant l'heure du début de la cérémonie d'Or, et soupira sous le soleil de plomb. Il plongea ses mains dans l'eau claire en souriant, avant de relever ses yeux gris vers son ami :

— Tu ne voudrais pas... qu'un jour cette chaleur se calme ? demanda-t-il. J'aimerais que nous puissions nous tenir la main sous les étoiles. Je suis certain que si le soleil se reposait, on pourrait les voir, souffla-t-il en se tenant face à lui.

Le sourire de Félix s'étiola, et il fronça les sourcils vers le bas.

— Je m'inquiète pour toi, tu sais... dit-il en déglutissant, ses mains caressant l'eau de la fontaine. Depuis que nous sommes petits, nous avons grandi côte à côte... mais dernièrement, je te sens loin de la communauté, comme si tu ne te sentais plus à ta place.

Le petit blond avait tellement raison, se dit-il. Depuis plus d'un an maintenant, son mal-être s'était amplifié. Pourtant, Taehyung ne souhaitait pas inquiéter son ami, ni même les siens. Il tenait farouchement à son peuple, il aimait Métrarth, et vivre ici. Mais il sentait au fond de lui que quelque chose de plus grand était là, à portée de main, et que s'il fouillait encore un peu, si les autres Métrarthiens voulaient se donner la peine de cultiver leur curiosité, alors ils pourraient découvrir les secrets de l'univers.

— Il ne s'agit pas de la communauté, Félix, mais de voir plus grand, plus loin ! tenta-t-il d'expliquer avec passion.

— Ce n'est pas important ça, Taehyung ! Ce soir, tu auras vingt-quatre ans, et moi vingt-deux ! Le Roi va nous attribuer des épouses pour le reste de nos vies, et toi, tu parles des étoiles et du soleil ! Rien n'est plus important que notre devoir de Métrarthien, pourquoi refuses-tu de t'y soumettre ? De voir ce qui est nécessaire pour nous, pour notre bien être ?!

— Je m'y soumets ! Avec plaisir et bienveillance, mais il y a des choses plus importantes... souffla-t-il, j'en suis intimement convaincu. Nous sommes étriqués, dans un monde beaucoup trop petit pour ce que nous sommes capables de faire.

— C'est faux. Nous avons tout ce dont nous avons besoin ici pour être heureux... essaya de le convaincre son ami. Nous avons ce soleil, que tu détestes tant, mais qui nous permet de cultiver tout ce dont il est nécessaire pour vivre. Nous avons de l'eau, dit-il en plongeant de nouveau ses mains dans l'eau fraiche et translucide, et aussi de la viande et du poisson, comme ce soir... tu devrais être heureux, toi qui aimes tant ça. Et puis notre Roi est là pour nous guider, et faire de nous de bons Métrarthiens...

Les yeux de Félix étaient sincères, et s'il avait su pleurer, il l'aurait surement fait, afin de montrer à son ami, à quel point il comptait pour lui. Parce que si Félix craignait bien quelque chose, c'était de vivre sa vie loin de Taehyung. Jamais il n'aurait supporté être loin de son ami.

— Je veux une vie heureuse ici, avec toi, Taehyung, dit-il en se levant pour lui prendre la main. Je veux que nous connaissions nos épouses ensembles, et continuer de passer mes journées avec toi... je veux que nous élevions nos enfants toi et moi, et que nous dinions avec la communauté chaque jour...

Taehyung regardait son ami, se disant qu'il serait peut-être préférable de ne plus l'inquiéter avec ses questionnements. Il se mit donc à sourire, et l'attira à lui pour l'enlacer.

— Tu es mon meilleur ami, Félix... souffla-t-il près de son oreille. Je suis navré d'avoir posé tant de questions... je te promets que la vie ici me plait... et que je veux passer le reste de ce temps avec toi, et tous les Métrarthiens. Nous serons heureux, et je vais me concentrer sur la cérémonie d'Or et nos épouses, comme tu me le conseilles... je veux que tu sois heureux, plus que tout.

— Votre attention s'il vous plait ! Métrarthiens il est temps !!

La voix puissante du Roi Yeong-Jin fit relever la tête des jeunes et des plus anciens réunis autour de la grande esplanade du village. Les musiciens firent taire leur lyre, et tous relevèrent la tête vers le Roi. L'homme était imposant, grand et vêtu d'une toge bleu nuit, resserrée à la taille par un cordon doré. Une cape de velours de la même couleur de sa toge, recouverte de minuscules étoiles dorées, était posée sur ses épaules. Il se déplaçait à l'aide une cane taillée dans le bois du vieux cèdre, rehaussée par une boule ronde d'ambre orangée. À l'un de ses doigts, une bague en or surmontée d'un saphir. Il lissa sa longue barbe poivre et sel, et s'avança majestueusement vers son peuple. À sa droite se tenait son fils, Hyunjin. Aussi blond que Félix, peut-être même plus, il avait des yeux plus bleus que le ciel, et un visage anguleux. Sa beauté était sans pareille, et Hyunjin, plus âgé que les deux garçons, avait déjà assisté à sa cérémonie d'Or, au cours de laquelle son père lui avait déjà attribué une épouse. C'est pourquoi à la gauche du Roi, se tenait Irène, la naïade que Félix et Taehyung admiraient parfois près de la rivière.

Les yeux noisette du petit blond se mirent à briller lorsqu'elle avança de quelques pas dans sa robe de mousseline couleur pêche, au jupon de tulle. Taehyung se demanda combien d'heures, de jours et de semaines avaient passés les femmes à confectionner la robe qu'elle portait ce soir. Sa peau était bien moins pâle que celle de Hyunjin, elle paraissait douce, et ses yeux étaient bleus eux aussi, mais d'un bleu foncé, sûrement autant que les océans, pensa Taehyung. Une couronne dorée sertie de diamants était posée sur le haut de sa tête, ses longs cheveux aux reflets mordorés glissant jusqu'au bas de son dos. Le Roi Yeong-Jin se racla la gorge, et tapa sa cane contre l'estrade de bois.

— Métrarthiens, bienvenue à la deuxième cérémonie d'Or de cette année !

Le peuple acclama son Roi, Taehyung cherchant des yeux ses parents, frappant dans ses mains de façon insouciante.

— Elle est si belle ! murmura Félix en se penchant près de lui.

— Et elle est la promise du Prince ! rétorqua son ami.

— Tu es si rabat-joie ! plaisanta Félix en ne lâchant pas la fille d'une seconde des yeux.

— Que les nominés de cette cérémonie, s'avancent sur l'estrade !

Les deux garçons, ainsi que beaucoup d'autres vêtus à l'identique, montèrent aux côtés du Roi, et se rangèrent en ligne sous le soleil de plomb. Taehyung bouillait de chaleur, en se demandant quand tout cela prendrait fin. Il jeta un œil au buffet, ainsi qu'à la fontaine. Il mourrait d'envie de se débarrasser de sa toge au tissu trop épais et de glisser ses jambes dans l'eau. Il pourrait s'asseoir au bord de la fontaine avec Félix, tout en mangeant une délicieuse tarte aux fraises. Mais la voix puissante du Roi le ramena bien vite à la réalité.

— Bien ! Je vais vous appeler un par un, commençons... Lotta Jackobsson !!

Une jeune fille blonde aux yeux verts s'approcha doucement. Elle était vêtue de la même toge, et de la même couronne que les autres. Elle semblait avoir treize ou quatorze ans tout au plus. Elle s'inclina devant le Roi, et resta dans sa position, la tête basse et le regard frôlant le sol, avant qu'il ne lui tende sa main pour lui indiquer de se relever. Elle la saisit, et se redressa, mais garda le regard baissé.

— Tu as aujourd'hui quatorze ans, et tu fais partie de cette communauté. Je suis fière de toi et de ton travail. Que ta vie soit longue, et que ta mort soit douce. Bienvenue.

Il accrocha une broche dorée à sa toge, représentant un soleil, puis embrassa le haut de sa tête, avant qu'elle ne le salue de nouveau et qu'elle ne cède sa place au suivant.



Taehyung sentait ses jambes le tirer, et son estomac gronder. Depuis quand était-il là ? Deux heures ? Ils étaient nombreux encore à devoir passer devant le Roi, et sans s'en rendre compte, il lâcha un soufflement d'harassement assez sonore pour que le monde autour de lui se retourne, ébahi et subjugué par son audace et son manque de politesse. Jamais aucun Métrarthien se s'était permis pareille impolitesse lors d'une cérémonie d'Or.

— Kim Taehyung ! gronda le Roi de sa voix puissante.

Le jeune homme sursauta, et croisa le regard apeuré de Félix. C'était comme s'il lui murmurait « pourquoi as-tu fait ça ?! ». Son corps repoussa celui des autres, afin de gagner le devant de la scène, et il resta quelques secondes à soutenir le regard du Roi, avant de s'incliner.

— Quel affront ! Tu as vu, ça ?! chuchotaient les voix à l'arrière.

— Kim Taehyung... tu as vingt-quatre ans aujourd'hui... et tu fais partie de cette communauté... n'est-ce pas ?

Le regard gris de Taehyung glissa vers Félix qui arquait les sourcils vers le bas, le suppliant de ne pas commettre un faux pas.

— Oui, votre allégeance...

— Je suis fier de ton travail... mais je pense que tu peux encore t'améliorer en tant que Métrarthien, Taehyung.

Vexé de recevoir une remontrance le jour de la cérémonie d'Or, Taehyung baissa le regard, et abdiqua.

— Je promets de fournir plus efforts afin que vous soyez fier de moi l'an prochain... votre allégeance...

— Bien. Tu es néanmoins en âge de recevoir une épouse.

Taehyung redressa vivement la tête, et son regard se posa sur le groupe de jeunes femmes qui se tenaient sur l'estrade. Était-ce l'une d'elles ? Se demanda-t-il. Sa vie était sur le point de changer, et malgré le fait qu'il souhaite être un bon Métrarthien, Taehyung ne pouvait s'empêcher de se demander ce qu'il ferait, si son cœur n'allait pas vers la demoiselle que le Roi aurait choisie ? Arriverait-il à lui faire des enfants, et à vivre une vie épanouie ? Comment les autres faisaient-ils pour s'en tenir à ce choix ?

— Myoui Mina ! annonça-t-il.

Tous les regards se posèrent sur la demoiselle, qui baissa les yeux et vint rejoindre son futur époux. Sans lui accorder un regard, elle se tint à sa droite, face au Roi, et s'inclina de sa robe légère vert pomme. Elle ne faisait pas partie de la cérémonie d'Or, ce qui indiquait à Taehyung que son anniversaire se tenait dans les six premiers mois de l'année. Son épaule arrivait presque au niveau de la sienne, et il remarqua qu'elle était plutôt grande. Taehyung l'avait déjà vu deux ou trois fois, mais jamais ses yeux ne s'étaient posés sur elle plus que ça. Elle était blonde, avec des cheveux bouclés arrivant au milieu de son dos, et des prunelles noires. Son visage était commun, et il ne trouvait en elle, aucune attirance. Pourtant, elle était plutôt jolie. Le Roi ne lui avait pas collé un laideron, mais malgré ça, Taehyung était déçu. Avec Félix, il avait attendu ça depuis plusieurs années, se demandant chaque jour qui serait l'heureuse élue. Et voilà qu'enfin, le voile était levé sur ce secret qui l'avait animé durant tant de temps. Il se rappelait les moments passés avec son ami, à imaginer ce que seraient leurs vies lorsqu'ils sauraient enfin avec qui la partager. Et voilà que le moment qu'il attendait tant venait de se présenter. Finalement, il l'avait idolâtré, il s'en rendait compte maintenant, et il regrettait d'y avoir prêté autant d'importance.

Comme la tradition le voulait, elle leva sa main entre eux, et Taehyung posa la sienne par-dessus. Le Roi noua leurs mains réunies, à l'aide d'un cordon doré, avant d'accrocher la broche sur la toge de Taehyung.

— Que votre vie soit longue, et que votre mort soit douce... bienvenue.

Leurs mains retombèrent entre eux, et Mina enlaça ses doigts à ceux de son futur époux. Puis ils saluèrent ensemble le Roi, avant de quitter l'estrade. Taehyung descendit les marches, entrainé par la main de la blonde. Elle s'arrêta plus loin, derrière un groupe, et dénoua le lacet liant leurs mains.

— Tu es libre, dit-elle sans le regarder.

— Mais, et la tradition ?

— Quoi ? De rester attachés toute la soirée ? Non merci, ça ira.

— Je ne te plais pas, c'est ça ? Tu es déçue ? demanda-t-il le cœur battant.

Il ne connaissait rien de cette fille, et pourtant il se sentait déjà humilié de ne pas être à la hauteur de ses attentes. Ses attentes, pensa-t-il, mais quelles attentes ? Pourquoi subitement, les attentes de cette fille qu'il ne connaissait pas il y a encore cinq minutes, lui tenaient soudainement à cœur ?!

— Non, rien de tout ça, en réalité, ça m'importe peu que ce soit toi où un autre... je sais depuis le début que je suis vouée à épouser un homme que je n'aurais pas choisi. Et entre nous, ça me va, c'est mon devoir. J'aimerais juste passer une dernière soirée en compagnie de mes amis, si ça ne t'ennuie pas. Nous aurons tout le loisir de faire connaissance demain, non ?

Ses yeux noirs se soulevèrent pour prendre place dans les siens. C'était déconcertant, la facilité avec laquelle elle acceptait son sort sans rien dire. Peut-être que Taehyung aurait aimé devoir se disputer, ou gagner sa place auprès de sa promise. Mais c'était comme... acquis, sans qu'il ait besoin de prouver qui il était. C'était comme si Mina s'en fichait, qu'il soit un bon Métrarthien ou non, elle acceptait son destin, sans discuter.

— D'accord, bien sûr... souffla-t-il en récupérant la ficelle dorée.

— Alors à demain, dit-elle en lui souriant furtivement.

Elle fit volteface, et disparue dans la foule.

— Lee Félix ! gronda la voix du Roi.

Taehyung en oublia Mina et ses yeux se figèrent sur la silhouette de son meilleur ami qui avançait gauchement pour se tenir devant le Roi.

— Félix, tu as aujourd'hui vingt-deux ans, et je suis immensément fier du Métrarthien que tu es devenu. Tu fais partie intégrante de cette communauté, et je te promets à un grand avenir. Que ta vie soit longue, et que ta mort soit douce. Bienvenue, Félix.

Le Roi accrocha sa broche, et se racla la gorge.

— Tu es certes, jeune... mais tu es en âge de recevoir une épouse. Ta maturité me l'a démontrée de nombreuses fois.

Les respirations se retinrent dans la foule, et certaines filles se mirent à chuchoter entre elles en gloussant.

— Son Chaeyoung !

Les gens se retournèrent sur une jeune fille brune de petite taille. Ses cheveux étaient noués en deux petites nattes, d'où ressortaient quelques mèches. Elle portait une robe blanche et un collier de perles. Son visage était juvénile, elle devait être plus jeune que Félix, mais elle arborait une moue vraiment mignonne et fraiche. Deux lèvres pulpeuses au-dessus desquelles se tenait un joli nez rond, puis plus haut, deux yeux noirs sur une peau de lait. Comme pour Taehyung et Mina, Félix posa sa main par-dessus la sienne, et le Roi noua un cordon tressé d'or. Taehyung scruta le visage de son ami. Était-il satisfait du choix de leur bon Roi ? Félix sourit à Chaeyoung qui lui rendit son sourire, et descendit les marches de l'estrade sans la lâcher du regard. Taehyung leva les yeux au ciel, et les rejoignit.

— Hey, félicitations... murmura-t-il.

— À toi aussi ! s'empressa de répondre Félix en le serrant dans ses bras de son unique main libre.

— Tu viens te poser à la fontaine ? proposa Taehyung.

— Eh bien... dit-il en levant son poignet toujours lié à celui de Chaeyoung.

— Détachez-les, et vous vous retrouverez plus tard... suggéra-t-il.

Chaeyoung baissa les yeux, alors que Félix fronçait les sourcils.

— Non voyons ! C'est la tradition... elle n'arrive qu'une seule fois, il faut la respecter ! Où est Mina ?

— Partie passer la soirée avec ses amis.

— Oh... souffla-t-il.

— Bon, alors passez une bonne soirée, rétorqua le plus vieux en prenant le chemin du buffet.

— Taehyung attend !

— Non. Tu as attendu ce moment toute ta vie, Félix. Je suis heureux pour toi... alors, profites-en.

— Tu es sûr ? demanda son meilleur ami.

Non, il n'avait pas envie que Félix passe sa soirée avec cette fille qu'aucun d'eux ne connaissait il y avait encore vingt minutes. Il aurait voulu se rafraichir en jouant autour de la grande fontaine, sur la grande place avec son ami. Il voulait manger de la viande rôtie au miel au buffet, et des pommes de terre au four. Taehyung voulait manger un gâteau à la crème et aux fraises, puis enfin rentrer en compagnie de son meilleur ami, en discutant de ce qu'il ressentait après cette journée importante. Il voulait passer cette dernière soirée avec lui, et croire encore qu'ils pourraient être deux enfants innocents qui joueraient sous la cascade. Mais il ne souhaitait pas entraver les plans de Félix, alors il acquiesça faussement, en souriant, et les regarda s'éloigner main dans la main. Comment se pouvait-il qu'ils aient grandi ensemble, et qu'ils vivent ce moment de façon si diamétralement opposée ?

Taehyung s'éloigna dans l'autre sens, et évita les corps enchevêtrés près de l'estrade. La cérémonie n'était pas terminée, et il restait encore un peu de Métrarthiens qui n'étaient pas passés devant le Roi. Il prit place sur le bord de la fontaine, et ôta ses sandales pour plonger ses pieds dans l'eau. Puis il posa ses coudes sur ses genoux, et son menton entre ses paumes en regardant les gens autour de lui en soupirant. Taehyung rêvait de nouveau, dans son esprit. Chaque personne qui le connaissait sur Métrarth savait que le jeune homme aux boucles brunes et au sourire rectangulaire était un éternel rêveur. Il paraissait souvent ailleurs, le regard dans le vague, ou tourné vers le ciel. Il parlait peu. On aurait pu prendre ça pour de la timidité, mais ce n'en était pas. Taehyung n'avait pas grand-chose à dire à ses semblables, il se sentait trop différent.

Il se demanda pourquoi il était le seul à penser ainsi. Peut-être qu'il était anormal tout compte fait, et qu'être comme Félix, et se réjouir des choses simples, c'était ça la vraie vie. Pourquoi cherchait-il toujours ailleurs, comme s'il était incapable de se contenter de ce qu'il avait ? Il baissa les yeux vers son poignet, et caressa du bout des doigts, le tatouage qui l'ornait depuis vingt-quatre années, le même symbole que celui de la broche qui décorait sa toge, un soleil. Celui de Métrarth.








— Eh bien mon p'tit, tu ne vas pas manger ? J'ai confectionné des tartes aux fraises en pensant à toi ! Elles sont belles, et garnies d'une bonne crème à la vanille !

Taehyung releva la tête, et avisa la femme face à lui.

— Merci, Owyn... souffla-t-il en gardant son menton dans la paume de sa main.

Elle ébouriffa ses cheveux, et lui délivra un grand sourire.

— J'espère que l'épouse que notre Roi t'a attribuée te rendra le sourire... tu mérites d'être heureux, mon garçon.

— Toi aussi Owyn, merci.

La femme était douce et gentille. Elle avait un visage rond et son corps entier ressemblait à une grosse pâte à gâteau. Taehyung adorait ça, car elle avait l'air confortable. Il aurait bien laissé sa tête tomber sur son épaule, pendant qu'elle aurait caressé ses cheveux en lui promettant qu'il n'y avait rien d'autre dans le ciel, que ce soleil si brillant et aveuglant.


**

Planète Terre

— Hey Kook... on se réunit ce soir chez Hobi, tu viens ? demanda un brun aux lèvres charnues et aux joues bombées en se penchant vers lui.

— Monsieur Park ! Si mon cours ne vous intéresse pas, je vous demanderais de sortir ! vociféra le professeur au bas de l'amphithéâtre.

Le gamin se tassa sur sa chaise, et soupira.

— Merci... chuchota Jungkook, mais ça ira, j'vais rentrer.

Jimin roula des yeux et soupira de plus belle, les étudiants devant lui se retournant pour le regarder de travers. Il leva les mains devant lui en guise d'excuse, ses sourcils se haussant par-dessus ses petits yeux, et il se tut jusqu'à la fin du cours. Lorsque celui-ci prit fin, il se leva, et jeta ses affaires négligemment dans son sac sans accorder un regard à son ami, avant de dévaler les escaliers et de sortir parmi les premiers étudiants.

Jungkook ne sembla pas offusqué de son comportement, et rangea soigneusement ses livres et ses stylos dans son sac de cuir noir en bandoulière, puis emprunta le même chemin. Une fois dehors, il enfila son casque sur ses oreilles, et monta le volume de sa musique, déambulant dans les couloirs de l'université les mains dans les poches.

Le monde autour de lui, paraissait vivre à toute allure, alors que lui était coincé au ralenti, dans une vie merdique et sombre. Un groupe de filles riaient en regardant les photos sur l'un de leurs téléphones portables. Certainement les photos d'une soirée ou d'un week-end entre amis, se dit-il. Plus loin, un groupe de gars, surement les plus populaires vu la façon qu'ils avaient de regarder les filles et de rouler des mécaniques, riait fortement, couvrant les douces notes de musique qui s'infiltraient dans les oreilles tout en se jetant un ballon. Il y avait aussi la fille seule, avec de la peinture sur les doigts, les groupies qui répétaient des chorégraphies à la mode dans le parc devant le bâtiment principal, et les couples. Ceux qui s'habillaient à l'identique, et ne faisaient pas un pas sans l'autre.

Il descendit les marches, l'air frais s'engouffrant dans ses poumons. Nous étions en décembre, et s'il faisait déjà un froid sec et mordant, le soleil tentait de percer mollement les nuages cotonneux qui s'amoncelaient dans le ciel tel des morceaux de barbe à papa légers et aériens. Jungkook resserra le col de son bombers noir pour éviter au froid de pénétrer sous ses vêtements. Il avait oublié son écharpe ce matin. Comme beaucoup de choses depuis l'accident. Il n'était plus vraiment en phase avec la réalité.

Son téléphone se mit à vibrer dans sa poche, et le coupa dans sa rêverie. Il regarda l'écran, et soupira intérieurement. Il poussa son casque derrière son oreille, et décrocha, ne pouvant pas esquiver l'appel.

— Allo ?

— Monsieur Jeon, ici le docteur Kang... nous avions rendez-vous ce matin... à neuf heures, mais vous n'êtes pas venu.

— Oui, je sais... j'avais cours... dit-il en prenant la direction de la sortie du campus.

— Je comprends, mais n'oubliez pas... que vous bénéficiez de cette bourse pour votre appartement grâce à vos notes, et au fait que vous suiviez cette thérapie avec moi. Si vous n'honorez pas nos rendez-vous, je ne garantis pas que vous puissiez garder ce logement.

— Oui... je... je sais. Je vais venir.

— Passez pour dix-sept heures, c'est le dernier créneau que je peux vous proposer.

— Je serai là. Merci.

Il raccrocha et fourra son téléphone dans sa poche, quand un bras se faufila autour de ses épaules.

— Jeon.

— Min.

— Arrête, tacla le garçon à ses côtés, en claquant sa langue contre son palais.

Jungkook se stoppa net, et lui fit face. Un peu plus petit que lui, il avait une allure de voyou, et une cigarette entre les lèvres, des cheveux blonds décolorés, et des anneaux en argent aux oreilles, ainsi qu'un trait de crayon noir sous ses deux petits yeux noirs. Il pinça les lèvres, et soupira discrètement, ce qui n'échappa pas à Jungkook.

— Mec... viens ce soir... ça te fera du bien, j't'assure.

Jungkook resta là, les mains dans les poches, son casque de travers et son regard morne.

— Quoi, vous regarder boire et refaire le monde en riant comme si on avait la vie devant nous ? Non merci, dit-il en lui donnant un coup d'épaule et en poursuivant son chemin.

— Mais on a toute la vie, Kook ! rétorqua l'autre en lui emboitant le pas, et toi aussi !

Jungkook laissa échapper un petit rire cynique.

— Non, je ne crois pas. C'est terminé pour moi, y'a plus rien, et tu le sais, hyung.

Alors qu'il continuait de marcher en regardant devant lui de façon détachée, son bras fut tiré vers l'arrière, et Yoongi afficha une moue contrariée.

— Quand vas-tu arrêter de te punir pour ce qui est arrivé, Jungkook ?! Ce n'était pas ta faute ! C'était un accident ! s'agaça-t-il. Un putain d'accident de voiture de merde ! Et s'ils sont m-

— Un conseil, argua Jungkook en empoignant le col de la veste militaire du blond. Ne va pas plus loin où tu risques de le regretter !

Il le relâcha, ses yeux encore plus noirs que d'ordinaire, son visage toujours aussi fermé, sans aucune expression, et il poursuivit son chemin jusqu'à la sortie du campus. Yoongi claqua de nouveau sa langue contre son palais, regardant son meilleur ami s'éloigner, et fit demi-tour.

Jungkook était rentré sans trainer. Il ouvrit la porte de son appartement, et se déchaussa dans l'entrée, avant de frotter ses mains l'une contre l'autre pour se réchauffer. Ici, dans les appartements universitaires, le chauffage au sol était au minimum, ce qui forçait les étudiants à vivre en portant des vêtements chauds, même à l'intérieur, pendant toute la saison hivernale. Il accrocha sa veste sur le porte-manteau de l'entrée, et monta la petite marche qui le séparait du reste de l'appartement. Jungkook aimait bien cet endroit, malgré le fait qu'il y vive seul.

Après l'accident qui avait eu lieu sur l'autoroute les menant au parc d'attractions l'an dernier, et le décès de ses deux parents et de sa petite-amie, Jungkook avait été contraint de prendre un logement, celui dont il disposait auparavant était hors des moyens d'un étudiant seul. Et comme il était majeur, il n'avait droit qu'à une ridicule aide financière. C'est pour cette raison qu'il avait opté pour cet appartement. Ça ne faisait pas longtemps qu'il en bénéficiait, car ils étaient attribués en début d'année aux plus brillants étudiants, et il avait fallu qu'il prouve par ses résultats scolaires, qu'il était digne d'en bénéficier. Ça, et le suivit psychologique imposé par son médecin traitant et la faculté après l'accident.

Jungkook détestait devoir se confier. Juste après le drame, il avait été recueilli par Yoongi. Son meilleur ami vivait encore chez ses parents, qui s'évertuaient à travailler pour payer le loyer de leur minable appartement de Mapo-Gu. Bien qu'ils ne soient pas souvent disponibles pour leur fils, ils faisaient tout pour survivre, et lui assurer un meilleur avenir qu'ils avaient pu avoir.

Cependant, même si les parents de Yoongi avaient été très gentils avec lui, et que son meilleur ami avait été présent jour et nuit pour lui, Jungkook avait rapidement souhaité être seul. Il avait fait des pieds et des mains pour obtenir cet appartement, et maintenant qu'il en bénéficiait, c'était là qu'il aimait se réfugier la plupart du temps. Il avait la sensation que le monde arrêtait de tourner, de faire du bruit, et d'avancer. Ici, il pouvait éteindre les lumières, fermer les rideaux, et imaginer que sa vie à lui aussi c'était arrêtée.

Il se dirigea vers sa chambre, et jeta ses vêtements sur le lit, puis entra dans la salle de bain, et se faufila sous l'eau brulante. Le froid avait gelé ses membres, et les vingt-cinq minutes à pied pour rentrer n'aidaient pas. Il aurait pu prendre le bus, mais c'était encore de l'argent dépensé, et Jungkook préférait le garder pour acheter plus de nouilles instantanées ou de riz. Une fois sous l'eau, il soupira d'aise, laissant l'eau bruler son épiderme et créer des auréoles rouges çà et là. Il posa la main sur la paroi face à lui, suivi de son front qui entra en contact avec le carrelage froid. Et il attendit. Dix minutes, peut-être plus.

À chaque fois qu'il fermait les yeux, il entendait à nouveau cet affreux bruit de tôle froissé, le hurlement de sa mère, puis les images du paysage qui se retournait dans tous les sens s'infiltraient dans son esprit, formant une boucle dont il ne parvenait pas à sortir. Il ferma les yeux plus fortement, grimaçant sous la douleur qui enserrait sa poitrine. Il posa la main sur son cœur, le sentant se déchirer à chaque instant, avant d'étouffer une plainte et de laisser les larmes se mélanger à l'eau de sa douche. Lorsqu'il parvint à sortir de son cauchemar éveillé, il se savonna, et se sécha, puis enfila des vêtements propres. Dans le petit miroir de la salle de bain, il traça les cicatrices sur son corps pâle du bout de ses doigts. Il suivit la longue ligne horizontale rose qui ornait sa clavicule, puis son regard s'attarda sur son genou, qui avait subi trois opérations. À l'intérieur, il avait vingt-huit broches et vis en tout genre, allant de son genou à son tibia, et parfois, selon le temps et l'humidité, il sentait la douleur refaire surface.

Il enfila son sweat noir à capuche, et avisa l'heure. Il était temps de partir pour son rendez-vous avec le docteur Kang. Il récupéra son portable sur la petite table de l'entrée, et enfila ses chaussures, avant de prendre sa veste, sans oublier son écharpe. Il emprunta le bus jusqu'à l'hôpital, et se dirigea dans le service psychologie. C'est lui qui s'était occupé de lui après l'accident. Lorsque Jungkook s'était réveillé quatre jours plus tard, et qu'il avait appris que ses deux parents étaient morts dans l'accident, et que sa petite amie n'avait pas survécu. Il lui avait fallu beaucoup de temps pour arrêter de renverser les plateaux-repas, jeter des objets sur les infirmières, et recommencer à manger. Alors le docteur Kang avait été appelé en renfort, et il lui avait donné des cachets. Un traitement antidépressif à prendre tous les jours. Un an plus tard, il était toujours contraint de suivre cette procédure, et de se rendre une fois par semaine au cabinet, pour discuter de ce qu'il ressentait vis-à-vis de l'accident.

Il n'attendit pas longtemps, le docteur Kang étant un des rares médecins à ne pas avoir de retard dans ses rendez-vous, ou très peu. L'homme le salua d'un bref sourire, et le laissa entrer dans son cabinet. Jungkook ôta son bonnet, et rangea son casque dans son sac, avant de prendre place comme à l'accoutumée sur le gros fauteuil de cuir marron élimé recouvert de coussins multicolores.

— Bonjour, Jungkook, comment vas-tu cette semaine ?

Le gamin haussa les épaules en guise de réponse, et le médecin comprit qu'il allait une fois de plus, être compliqué d'établir un dialogue avec son patient. Depuis un an, Jungkook subissait la thérapie plus qu'il ne l'acceptait. Mais l'université avait été catégorique. Pas de thérapie, plus de logement. Alors il était clair que le garçon devait se forcer à venir ici, même s'il n'avait pas envie de se confier.

— Bien, est-ce qu'il y a du nouveau ? Avec tes cauchemars, tes idées noires... ?

— Non, elles sont toujours là... et je fais toujours des cauchemars... presque toutes les nuits, dit-il en maltraitant sa lèvre inférieure, son regard se perdant sur le tableau de Rimbaud accroché derrière le médecin, sur le mur blanc.

— Est-ce que tu veux bien me raconter le dernier que tu as fait ?

— Je ne m'en rappelle pas trop... rétorqua le jeune homme.

— Pourtant, s'ils sont si récurrents, tu devrais bien t'en souvenir.

Touché.

Jungkook avait beau faire de l'antijeu, le docteur Kang finissait toujours par le coincer avec une question piège.

— Je... c'est toujours pareil. C'est le bruit qui prédomine.

— La tôle froissée c'est ça ?

— Oui. Et son cri à elle... quand elle réalise qu'on est tous en train de mourir... souffla-t-il la gorge sèche.

— C'est un cri de peur ? demanda le médecin.

— Je vous l'ai déjà raconté des dizaines de fois ! Vous ne notez rien dans votre fichu carnet ?!

— Si... mais c'est à force d'en discuter, que tu verbalises ce qui s'est passé, que tu pourras te défaire de ce sentiment, Jungkook. Tant que ça restera quelque chose qui te terrorise, il faut persévérer.

Jungkook regardait ses mains, et ses doigts s'entremêler nerveusement entre eux.

— Un cri glaçant... un cri d'effroi. Comme si à travers, elle réalisait tout ce qui se jouait devant nous... comme si elle savait que c'était terminé.

— Et Ji-Eun, tu n'en parles jamais.

— Parce que je ne l'ai pas vu. Je dormais quand c'est arrivé, c'est le bruit qui m'a réveillé. Puis on a fait des tonneaux, et le paysage s'est brouillé devant mes yeux, plus rien n'avait de sens... tout était à l'envers, la route et le ciel tournaient sans cesse... puis je me suis cogné la tête, et ensuite, j'ai perdu connaissance.

— Est-ce que tu aurais aimé la voir, à ce moment-là ?

— Je n'en sais rien... j'ai essayé de chercher sa main, mais je ne l'ai pas trouvé.

— Et ton père ?

— Il conduisait... mais je ne me souviens que de son dos. Je ne revois rien d'autre.

— Jungkook, est-ce que tu souhaites qu'on augmente les doses ? Je te l'avais proposé la dernière fois, m-

— Et être un légume complètement annihilé de sentiments ?! Non merci.

— Très bien... acquiesça le docteur Kang, alors on va faire quelque chose.

— Quoi ? demanda-t-il sèchement en relevant les yeux vers lui.

— Tu vas te rendre à une fête, une soirée ou une sortie avec tes amis... et tu vas me faire un rapport pour notre prochain rendez-vous. Si tu n'y parviens pas, je serais contraint d'augmenter le traitement... parce qu'il faut être réaliste, il n'y a aucune amélioration de ton état depuis un an, Jungkook...  


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Coucou mes kiwis !!! 🥝

Voici le premier chapitre de cette nouvelle aventure. Vous avez pu découvrir un peu Métrarth, ainsi que la situation de Jungkook. J'ai hâte que les deux mondes entrent en collision, qu'on se marre un peu ! 🤭😆

J'attends vos impressions avec impatience, et je vous dis à dimanche pour le chapitre 2 ! 😀

Passez un excellent nouvel an, prenez soin de vous, mais surtout si vous buvez, ne prenez pas le volant ! 🚙🚗

Des bisous ! 😘😘


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