Chapitre 21: Le Fantôme De Marie
Nous avions pris le premier taxi pour rentrer à la maison. J'étais directement montée dans ma chambre. De nouveau dans cet état de choc recroquevillé sur moi-même, les yeux fixant dans le vide en me balançant d'avant en arrière.
Plusieurs jours s'écoulèrent je refusais toujours de bouger, voir des gens et bien évidemment de manger. Mes amis et May étaient venus me voir, je voulais voir personne. J'étais murée dans cette horrible vérité que j'avais refusé de croire de toutes mes forces, j'étais l'incarnation vivante d'Hannibal Lecter.
Les funérailles de Marie avaient eu lieu, selon ma mère elles étaient magnifiques. Il y avait une chorale d'enfants, un lâché de colombe. Toutes les tentures de l'église étaient blanches comme son cercueil. Je n'y avais pas assisté, je ne me sentais pas légitime d'être à ses côtés à ce moment-là.
Cependant, ce n'était pas l'avis de mon amie qui, grâce à son état fantomatique, n'était pas bloquée par une porte fermée ou des murs. Elle m'était apparue le soir de ses funérailles. Elle me questionna:
"Tu fous quoi là ?"
Je n'osais pas la regarder je cacha ma tête dans mes bras.
Elle s'approcha de moi réussi à saisir mes bras puis hurla en les tirant:
"Tu fous quoi là ?"
Je me mis à pleurer en lui criant à mon tour:
"Je suis un monstre, va t'en!"
Elle s'obstina:
"Tu es dans cet état juste parce que tu as appris que..."
Elle n'avait pas fini sa phrase elle continua:
"Je ne t'en veux pas mais il faut que tu t'active on a pas le temps. On doit aller la voir pour savoir ce que l'on fait maintenant."
Je regardais Marie avec un air plus qu'étonné. Depuis quand était-elle aussi directive? Je me leva d'un bond :
"Oh! Elle est passée où la Marie douce et timide ?"
Elle me répondit du tac au tac :
"Morte, espèce de patate. La craintive petite fille catho n'existe plus. La mort m'a offert tant de possibilités que limite j'ai envie de te remercier de m'avoir libéré de ce corps miteux. Et puis sérieux ils ont fait une sacrée connerie en te faisant bouffer mes entrailles, car ça a renforcé encore plus notre lien. Ah ah les cons. Purée j'ai une forme olympique. Bon tu te bouges on va tout loupé."
Je me préparais à la hâte Marie trépignait d'impatience. Une fois prête je demandais naïvement à Marie :
" On va où au fait ? "
Elle me regarda en soufflant :
"Mais que tu es lente ma pauvre fille, chez May c'est évident !"
Intérieurement je bouillonnais, comment mon amie de toujours pouvait me parler ainsi. J'inspirai profondément puis lui cria:
"Oh tu te calmes tu me parles pas comme ça!"
Elle me regarda avec des grand yeux puis pencha sa tête légèrement sur le côté en me disant :
"Désolée j'y suis allée un peu fort là."
Je suivais Marie qui courait, plus rien ne l'arrêtait maintenant , j'avais dévalé les escaliers en vitesse pour me diriger directement vers l'extérieur. Je n'avais prévenu personne de mon expédition. Je courais dans la rue sans savoir où j'allais, je demandai à Marie :
"Elle habite où May, Madame je sais tout ?"
Elle stoppa net sa course ce qui me permis de reprendre mon souffle. Elle se retourna, me regarda en haussant les épaules pour m'indiquer qu'elle ignorait la réponse. Je murmura en me tapant le front avec la main:
"C'est pas vrai elle fonce sans réfléchir."
Après une courte réflexion, une idée me vint soudainement, je me concentrais sur l'énergie spirituelle de May.
Je repris alors notre promenade nocturne sur un rythme moins soutenu, je m'étais fié donc à mon instinct qui nous conduit à un manoir proche de notre église. Marie s'accrocha aux barreaux du portail pour regarder à l'intérieur sans se retrouver elle me signifia que nous étions bien arrivés en me montrant son pouce en l'air.
Nous étions face à cet immense portail noir de style gothique. Il était constitué de deux battants. En forme d'arche, un peu comme les portes d'entrée de certaines églises. Le haut du portail était magnifique avec ses décorations en arabesque. Tout d'un coup ce dernier s'ouvrit nous laissant entrer dans un jardin magnifiquement entretenu.
Une allée de pavé anthracite nous invita à continuer notre chemin. Elle était bordée par de magnifiques glycines en fleurs, leur couleur violette donnait au lieu un côté mystique. Le reste du jardin était couvert d'une pelouse bien entretenu. Des rosiers bordaient le reste de la passerelle et des saules pleureur majestueux offraient généreusement de l'ombre à quiconque souhaitait faire une petite sieste ou pause adossé à son tronc. L'allée débouchait sur un parvis avec en son centre une imposante fontaine avec trois vasques de bronze.
Nous étions arrivés face au manoir il était impressionnant avec ses toitures noires et sa façade couverte d'ardoise rouge foncé. Il y avait des ornements dorés, il était de style victorien. Le manoir se dressait devant nous sur deux étages. Le perron était en bois d'ébène noir. Il était couvert par une petite toiture noire avec des dorures sur ses quatre coins. Cette dernière était maintenue par deux colonnes décorées d'ardoise rouge foncé. Un arc de cercle finissait la décoration du perron. Il prenait son point de départ sur la première rambarde de l'escalier et se terminait sur la seconde.
Nous nous apprêtions à monter les escaliers, Marie marmonna dans sa barbe:
"Il est un peu lugubre ce manoir à l'image de la personne qu'il abrite."
Je la regarda et ricana un peu pour confirmer son avis. Nous étions plongées dans un de nos délires, quand soudain nous entendîmes une voix qui nous fit sursauter:
"Bienvenue mesdemoiselles, nous vous attendions."
C'était un homme d'un certain âge avec des cheveux grisonnants. Il était de grande taille avec un air chaleureux. Il portait un costume de maître d'hôtel avec des gants blanc. Nous entrions dans le manoir il nous fit traverser le hall d'entrée où un immense escalier menait aux pièces de l'étage. Les barreaux de la rambarde étaient délicatement travaillés en forme arabesque. Un tapis dans les teintes rouge et or décorait les marches. Malgré la présence d'un immense lustre et de fenêtres imposantes, l'atmosphère de ce lieu restait sombre.
Il nous conduit dans un petit salon dont les murs étaient tous comme le hall couvert d'une tenture rouge foncé au quatre coins des colonnes en bois dont la base était délicatement sculptée de petits détails, le fût était lisse et le chapiteau était décoré de la même manière que la base il se divisa en plusieurs parties qui s'élancèrent jusqu'à la voûte du plafond. Ce dernier était très haut il y avait un lustre imposant comme celui de l'entrée. Des plantes vertes diverses et variées décoré la pièce. Autour d'une cheminée assorti au reste de la décoration était installé deux canapés d'époque et une table basse en bois de style victorien, sur laquelle il y avait un magnifique napperon et des bougeoirs.
Il nous invita à nous installer sur un des canapé. J'avais répondu à son invitation en m'asseyant élégamment. Marie resta debout, elle fit le tour de la pièce en examinant tout. Il nous indiqua :
"Madame arrive."
Il s'eclipsa discrètement, je me mis à observer plus attentivement la décoration. Je m'étais toujours demandé en passant devant le portail qui pouvait bien vivre dans cette demeure et j'étais à dix milles lieues de m'imaginer qu'un jour je serai là assise dans ce salon raffiné et lugubre à la fois. Une voix familière me tira de ma reverie:
"Alors les filles que me vaut cette soudaine visite nocturne."
C'était May elle était vêtue d'un magnifique kimono noire. Marie s'avança vers elle en la questionnant :
"Comment s'est terminé l'interrogatoire? Qu'a-t-il révélé ?"
May la regarda en rigolant :
"Et bien, la mort va si bien mademoiselle."
Marie parue heureuse de ce compliment et lui repondit avec un immense sourire :
"N'est ce pas."
May continua:
"Il a révélé l'objectif de cette secte, mais je n'ai pas confiance en lui, j'attends le résultat des analyses des objets perquisitionnés."
Marie s'offusqua à la réponse de May en ajoutant:
"Pff il dit vrai, dans cette histoire il a plus perdu que quiconque. Il va nous aider."
May la regarda d'un air étonné.
Marie continua:
"Je ne le connais pas mais je sais des choses dont ni lui ni moi pouvons vous parler. Même si ça lui faciliterait la vie."
May n'avait pas eu le temps de continuer la discussion malgré qu'elle s'apprêtait à rembarrer Marie. Son téléphone sonna s'était Emilia. May décrocha en mettant la discussion sur haut-parleur. Elle informa immédiatement Emilia:
"Pronto Emilia, je suis avec Marie et Stéphanie elles t'entendent."
Emilia salua tout le monde puis commença:
"Il avait raison leur objectif principal est l'invocation des sept princes de l'enfer. Il est urgent d'agir."
May pesta en marmonnant puis demanda:
"Qu'a décidé le Vatican?"
Emilia soupira puis répondit à May :
"Ça ne va pas te plaire, il te confie la mission de démenteler ce réseau avec l'aide d'Antonio et ces unités ainsi que le soutien de Claudio. Tu dois assurer la protection et la formation de Stéphanie. Elle ne doit pas les rejoindre et devenir plus forte. Enfin ce qui va suivre te déplaira à coup sûr le démon doit rester avec toi il va être conduit au manoir et équipé d'un bracelet électronique. Je suis désolée."
Marie cria:
"Yes, j'avais trop raison, alors il ne va pas tarder à arriver."
May resta songeuse un instant puis elle posa une dernière question :
"Emilia qui a décidé de tout ça ?"
Emilia hésita puis répondit:
"Le pape en personne. J'espère que ça ira et que tu réussiras ta mission. Je reste à tes côtés."
Elle raccrocha à la fin de sa phrase. Elle avait vite compris l'état dans lequel May était. May me regarda avec un air sérieux en me disant :
"Les choses sérieuses vont commencer, si je dois faire de toi une médium digne de ce nom tu vas devoir t'accrocher."
Je ne sais pas pourquoi mais cette nouvelle me réjouissais au plus au point. Je lui fit un signe de la tête. Elle ajouta :
"Restez ici je reviens je vais me changer. J'ai prévenu tes parents que tu étais ici. Ils étaient morts d'inquiétude."
Notre échange fût interrompu par le majordome qui indiqua sa présence d'un léger raclement de gorge. May le fixa en lui disant :
"Loyd, que ce passe-t-il, au vu des dernières nouvelles reçues tu ne pourras rien m'annoncer de pire."
Il annonça :
"Nous avons encore de la visite une jeune femme nommée Anna et deux jeunes hommes nommés Alexandre et Tim."
May ne parut pas surprise elle répondit à Loyd sur un ton dénotant un pointe d'énervement :
"Un dernier visiteur ne devrait pas tarder à arriver. Pourquoi j'ai cette étrange impression que je ne serais plus jamais tranquille moi."
May disparu avec Loyd. Mes amis avaient l'air essoufflé et fatigué. Je leur demanda naïvement :
"Ça va ?"
Anna se rapprocha de moi et me prit par les épaules. Elle me dit en me secouant :
"Tu disparais de chez toi sans prévenir personne alors que ça fait plusieurs jours que tu déprimes seul dans ta chambre. Tu oses nous demander si ça va."
Je regardais alors en direction de Marie en lui disant :
"À cause de toi je vais avoir des ennuis avec tout le monde."
Elle me regarda avec un air espiègle, elle me répondit :
"On n'avait pas le temps pour ça. C'est bon !"
Elle me regarda en me faisant un clin d'œil puis ajouta:
"On est pas morte !"
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