Chapitre 20 : Enfin Des Réponses

La police avait inspecté les lieux de fond en comble, ils avaient retrouvé près de cinq mille cadavres embaumés et momifiés. Nous avions parmi ces innombrables corps retrouvés ceux de Tina, Sam et Loïc. Ils n'avaient pas subi de sévices comme Marie.

Tina avait été égorgée, Sam poignardé en plein cœur et Loïc avait eu le crâne fracassé par un objet contondant. Y avait-il eu un désaccord entre Enzo et ses acolytes? Je ne pouvais répondre à cette question. J'étais donc la seule rescapée des plans machiavéliques d'Enzo.

De nombreux cadavres étaient des victimes des outils de tortures que nous avions croisé. La police avait isolé les corps qu'ils suspectaient avoir été comme Marie des sacrifices humains. Il y avait une grande différence entre les sacrifiés et les autres cadavres. Les cadavres des sacrifiés n'avaient plus d'organes et avaient bénéficié d'une technique d'embaumement d'une meilleure qualité.

Cependant, Marie devait être spécial aux yeux du thanatopracteur qui l'avait préparé, il devait la considérer comme son chef-d'œuvre, il avait poussé son art à son paroxysme, aucun détail n'avait été négligé.

Le voyage du retour s'était fait dans un silence absolu. Nous nous étions tous murés dans un profond silence comme pour encaisser ce que nous venions de voir et entendre. Je m'étais endormie dans les bras de mon père qui ne m'avait plus quitté depuis la sortie de la cathédrale.

Seul May semblait sortir d'un parcours de santé. Elle s'était isolée et nous demanda :

"Je vais me reposer car j'ai dépensé pas mal d'énergie. Vous restez calme et vous me foutez la paix."

Avant de m'assoupir à mon tour je l'avais regarder et je m'étais demandée intérieurement:

"Qu'est-ce-qu'elle a vaincu dans sa vie pour être aussi forte à la limite de l'insensibilité ?"

Nous n'avions pas eu le temps de plus nous reposer. Nous avions été rejoint à l'aéroport par Antonio qui nous invita à participer à l'interrogatoire de notre prisonnier. Nous nous étions séparés en deux groupes, mes amis étaient rentrés une voiture du Vatican les avaient ramenés et mon père, May et moi avions été guidé par Antonio au poste de police.

En arrivant au commissariat, le père de Marie nous avait accueilli en nous disant :

"Il s'est réveillé."

May demanda en traversant le commissariat :

"Il se comporte comment ?"

Le père de Marie répondit un peu perturbé :

"De façon bizarre."

May enchaîna :

"C'est-à-dire ?"

Le père de Marie marqua un silence, il regarda autour de lui et continua tout bas :

"Il se contorsionne anormalement et nous parle de choses que personne ne peut savoir. Il refuse de répondre à nos questions et nos plus robustes inspecteurs ont été traumatisés. Ce type n'est pas normal."

May le regarda avec un rictus:

"Dites-moi inspecteur, vous ne comprenez toujours pas pourquoi le Vatican à récupérer l'enquête ?"

Nous étions entrés dans la salle d'interrogatoire. Nous observions derrière le miroir sans tain ce type, le suspect ne pouvait pas nous voir. Je kiffais grave j'avais l'impression d'être dans un polar... Bref je m'égare. May s'était installée proche du miroir, elle était debout les bras croisés. Elle fixait le maître de cérémonie en demandant à Antonio d'aller l'interroger.

Il était assis sur une chaise ces mains étaient menottées à la table. Il ne pouvait pas vraiment se mouvoir. Il observait lui aussi fixement le miroir en direction de May.

Antonio entra dans la salle il regarda dans notre direction se racla la gorge et questionna le suspect:

"Décliner votre identité."

Mais le maître de cérémonie ignora sa question et demanda en regardant le miroir avec une voix rauque qui me parut si familière :

"Elle est là, elle est arrivée. Oui tu es là je te sens."

Antonio repris :

"Décliner votre identité."

Une nouvelle fois il l'ignora et ricana de satisfaction.

Antonio tapa sur la table pour le faire stopper et enchaîna:

"Qu'avez vous fait à ces personnes et dans quel but."

Il avait cessé de ricaner, il affichait un regard noir à Antonio et lui répondit avec la même voix :

"Non parlerò con te, è lei che voglio"

Antonio ne se laissa pas démonter il approcha sa tête de la sienne, il répondit :

"Elle est là, mais elle ne viendra pas à toi."

Cette phrase énervant au plus profond le démon qui se mit à hurler si fort qu'Antonio fût projeté sur le miroir. D'un coup sec il brisa ces menottes. Il se rapprochait d'Antonio pour le saisir par le col, il le souleva et le plaqua contre le miroir. Les yeux du maître de cérémonie n'étaient plus humains. En effet, ils étaient entièrement noir. Il n'y avait plus de distinction avec sa pupille et le blanc de l'œil. Son teint de peau était devenu gris et les veines de son front étaient toutes apparentes. De la bave noire sortait de sa bouche.

De l'autre côté du miroir nous étions tous sous le choc. Le père de Marie était tétanisé d'effroi et mon père m'avait agrippé contre lui. J'étais moi-même tétanisée j'avais pris la parole en baragouinant:

"J'étais comme ça moi aussi ?"

Mon père resserra alors son étreinte trahissant ainsi sa pensée. May comme à son habitude paraissait insensible au spectacle.

Cependant, Antonio ne s'avouait pas vaincu, il prit quelque chose dans la poche intérieure de son costard. Une petite fiole remplie d'un liquide incolore. Il ouvrit la bouteille et aspergea le démon qui réagit immédiatement en hurlant de douleur, l'obligeant à lâcher son emprise sur Antonio, qui tomba au sol.

Il s'adressa de nouveau au démon :

"Elle ne viendra pas à toi, elle n'est plus possédée."

Le démon s'arrêta net, il regarda avec mépris Antonio et cria:

"J'en ai rien à foutre de la gamine."

Antonio regarda dans notre direction. Le démon continua:

"C'est l'exorciste que je veux. Tu comprends rien à rien. Je ne parlerai qu'à elle."

Il regarda fixement May à travers le miroir. Il savait malgré cet obstacle où elle se situait dans la pièce.

May fixait aussi le démon droit dans les yeux. Antonio lui demanda :

"Qu'est ce que tu lui veux ?"

Sans lâcher son regard de May il répondit:

"Ça ne te concerne pas, tu ne pourras pas comprendre mortel."

May n'exprima qu'un bref :

"Hmm"

Elle se retourna vers nous puis se dirigea vers la porte.

Le père de Marie assistait à ce spectacle sans rien comprendre. Il articula difficilement :

"Qu'est-ce que c'est cette chose ?"

May s'arrêta sans le regarder elle lui répondit :

"C'est un démon."

Elle ouvrit la porte et sortit de la pièce. Le démon la suivait du regard. Il affichait un sourire malsain sur son visage. Elle entra dans la pièce sans accorder un regard à celui-ci. Elle demanda à Antonio :

"Tu vas bien rien de cassé."

Le démon répondit à la place d'Antonio :

"Il va bien. On s'en fout de lui. Il dégage."

Elle continua à l'ignorer, Antonio lui fit un signe de la tête pour lui faire comprendre qu'il allait bien. Elle releva trois chaises qui par chance furent épargnées dans toute cette agitation.

Elle invita Antonio et le prisonnier à s'installer. Antonio prit immédiatement place, le démon regarda May qui lui accorda enfin un regard. Il se calma en reprenant un aspect humain.

C'était un jeune homme avec de long cheveux noirs. Son teint était pâle et il avait des yeux d'une couleur intrigante qui se rapprochait du rouge sang. Il devait être à peu près du même âge que May. Il avait retiré sa cape laissant apparaître un physique musclé et athlétique. Il était de noir vêtu avec une chemise noire qui n'était pas boutonné jusqu'en haut laissant apparaitre le haut de son torse et un pantalon noir avec une ceinture dont la boucle représentait un pentacle à l'envers. C'était un style vestimentaire proche de celui de May. Bref pour faire simple il était hyper agréable à regarder.

Il s'asseya face à May. Elle lui demanda :

"Comment tu t'appelles?"

Il lui répondit sur un ton calme presque charmeur :

"Celui dont j'occupe le corps s'appelle Dorian."

Ils restèrent tous les deux silencieux, ils se fixèrent droit dans les yeux pendant de longues secondes qui devinrent gênantes pour nous. Antonio qui était au première loge se racla la gorge pour signifier son malaise.

May tourna la tête vers lui puis posa une nouvelle question :

"Ton véritable nom démon."

Il ria en lui répondant :

"Pas si vite ma belle ! Tu le sera le moment venu."

May face à cette réponse ne se laissa pas déstabiliser. Elle enchaîna en restant sérieuse et concentrée :

"Pourquoi j'aurais confiance en ce que tu vas nous révéler. C'est peut-être un piège. Tu es un démon après tout."

Il lui répondit du tac au tac en s'approchant d'elle :

"Rien ! Ma spécialité à moi c'est pas le mensonge. J'ai choisi de te dire tout ce que sais, car j'ai fait un choix il y a des siècles. Je veux t'aider c'est tout ce qu'il y à savoir."

Elle se rapprocha de lui en lui expliquant :

"Premièrement, on est pas ami dont tes

"Ma belle" est d'autres conneries du genre tu oublies ok. Deuxièmement, si tu me racontes des conneries je te réserve des tortures telles que même au plus profond de l'enfer vous ne les avez pas imaginé. Nous sommes d'accord."

La proximité qu'il y avait entre eux rendit Dorian plus attentif, il buvait littéralement les paroles de May. Il eu un petit sourire en déclarant :

" Humm la proposition est très alléchante. Je pourrais me laisser tenter."

May resta sur la réserve, elle ne lui rendit aucunement son sourire. Elle continua en lui demandant :

"Raconte-nous tout sur cette secte ?"

Il prit une profonde inspiration :

"Pour commencer ils ne se revendiquent pas comme une secte, mais comme une sorte de famille, ainsi ils peuvent rallier à leur cause toute personne un peu fragile émotionnellement. J'ai été invoqué dans ce corps il y a peu de temps. Celui qui m'abrite est le maître de ce groupe. Un sale type qui en savait très long sur la sorcellerie et autres trucs du genre. Il a formé le jeune qui était avec la gamine et ses amis, Enzo je crois, tout aussi taré l'un que l'autre et insupportable. A la base ils se revendiquent Janséniste mais pour mon hôte cela ne suffisait plus. Je cherchais un moyen de partir de ce groupe, mais au vu de la position que tenait ce dernier c'était impossible.

Il y a d'autres "familles" comme celle où j'étais. Elles ont chacune leur fonctionnement et leurs rites qui versent toujours dans le jansénisme à la limite du satanisme."

A la fin de son explication Antonio demanda :

"Pourquoi avoir choisi Stéphanie et Marie ?"

Dorian le regarda de travers et lui répondit en soupirant :

"C'est le gamin qui les a repéré avec ces visions. Il lui a suffit de lire le nom de Stéphanie pour savoir qu'elle était comme lui, une médium. L'autre gamine Marie était un supplément il ne l'avait pas vu mais elle avait un meilleur don que Stéphanie. Il était surexcité, pour lui c'était le jackpot. Mais pas de bol, sa maladie nous a contraints à la sacrifier. Elles étaient sa cible il aurait tout mis en œuvre pour les avoir. Il avait même prévu un autre plan si celui de la fête ne fonctionnait pas. S'il le fallait, il aurait pu massacrer tous les membres de leurs familles."

Le père de Marie à l'évocation du prénom de son enfant se raidit. Il serrait ses poings si fort que nous voyions ces doigts devenir blanc. Mon père alla à ses côtés pour le soutenir.

Dans ma tête c'était le grand chamboulement, il n'avait fait que jouer avec moi rien n'était vrai. Soudain un souvenir me revint en mémoire une phrase du père d'Enzo qui nous avait averti que nous regretterions rapidement de l'avoir aider. Nous le savions mais nous avions foncé tête baissée. Pire nous lui avions rendu service en le débarrassant de son père. Qu'est ce que j'ai été conne.

May posa une question qui tétanisa encore plus le père de Marie :

"Que lui avez-vous fait ?"

Il regarda vers le miroir en demandant :

"Vous êtes sûr que cette question est judicieuse maintenant avec le public que nous avons."

Le père de Marie appuya sur un bouton en disant dans un micro un oui franc et déterminé.

Dorian baissa la tête soupira une nouvelle fois il passa sa main dans ces longs cheveux noirs puis commença :

"Après les avoir toutes les deux droguées, nous les avons conduites dans deux endroits différents. Stéphanie dans la salle du Rituel où elle fut préparée avec certains onguents et revêtue d'une tunique blanche. Marie fût conduite dans notre chambre des tortures et d'embaumement. Ils l'ont vidé de son sang pour ne pas en perdre. Puis ils l'ont ouverte du haut de la poitrine jusqu'au bas du ventre. Ils lui ont ôté tous ces organes. Ils ont préparé sa cage thoracique pour "le grand spectacle". Enfin ils ont cousu sa bouche, ces paupières et bouché tous ces orifices pour la remplir de nouveau de son sang."

May continua son interrogatoire:

"Était-elle vivante à ce moment-là ? "

Dorian regarda May et lui fit un signe négatif de la tête puis enchaîna :

"Au grand désespoir de Enzo non mais c'était son plus grand regret il voulait l'entendre hurler de douleur. Loïc avait administré une dose trop forte à Marie, son cœur n'a pas tenu. L'a-t-il fait exprès je ne serais pas le dire. En tous cas Enzo en était persuadé, il était hors de lui, il a attrapé la première statue qui traînait et à rouer de coup son ami ce qui a entraîné sa mort. Les deux autres face à la folie meurtrière d'Enzo ont voulu fuir mais c'était trop tard. "

May enchaîna j'étais en colère elle continuait sans se soucier du mal que pouvait engendrer ces révélations.

"Donc cette mise en scène n'était pas obligatoire pour le rituel."

Dorian souria à May en se rapprochant d'elle pour lui dire :

"Non cette mise en scène a été voulu par le gamin, il nous fallait seulement son sang. Il était en extase devant ce tableau. Quand les câbles se sont tendus et que le sang s'est déversé sur Stéphanie, il était en transe. Ce gamin est un malade mental, je dirais même qu'il est très dangereux. "

Ils restèrent silencieux un moment, puis May osa poser la question qui me choqua le plus :

"Les organes de Marie que sont-ils devenus ? "

Dorian marqua vraiment un temps d'hésitation. Face à l'insistance de May qui répéta sa question à trois reprises, il fini par lâcher :

"Stéphanie les a mangés, nous lui avons servis en repas."

Suite à cette révélation un silence insupportable s'installa, il rajouta:

"Elle n'était pas consciente de ce qu'elle faisait entre le contre coup du Rituel et les drogues qui lui étaient injectées régulièrement. Elle ne se rendait compte de rien."

Antonio compris que Dorian essayait temps bien que mal de me lever la responsabilité de cet acte. Il demanda:

"Pour les autres c'était aussi le cas. Nous avons retrouvé d'autres corps sans organe."

Dorian lui fit un oui de la tête. May le regarda et reprit la parole :

"Tous étaient embaumés comme des momies alors que Marie a été comme empaillé, pourquoi qu'est-ce qui était différent ?"

J'étais au plus mal, le démon n'avait pas menti, j'avais réellement dégusté mon ami en repas. Le simple fait de m'imaginer faire ça me coupa le souffle.

Mes jambes tremblaient, je respirais très fort à la recherche d'air. Je n'entendais plus rien, seuls les mots de Dorian tournaient en boucle dans ma tête.

Il était urgent pour moi de sortir de cette pièce. Je n'avais pas attendu la réponse, j'étais sorti de la salle en trombe je courais vers la sortie du commissariat.

Mon père m'avait suivi, il me trouva à genoux par terre, en plein milieu du passage pour bien empêcher les autres de passer, ma respiration était toujours aussi forte et rapide. Même en étant à l'extérieur à l'air frais je n'arrivais pas à reprendre mon souffle. Mon père posa sa main sur mon épaule en murmurant :

"Ma puce ça va aller ?"

Je lui répondit dans un murmure :

"Je suis un monstre."

J'avais eu à peine le temps de finir ma phrase et de me pencher dans la jardinière la plus proche pour vomir.

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