Chapitre 18 : Retour En Enfer

J'avais passé les trois jours à me reposer. J'avais rapidement récupéré des couleurs et du poids. J'avais plus d'énergie et je reprenais goût à la vie.

L'organisation de l'opération "Rescue Marie" avait été déterminée après de longues discussions et négociations. Notre groupe était constitué de May, Tim, Alexandre, Anna et moi-même.

Je n'étais pas très enthousiaste d'amener mes amis avec moi, je voulais les préserver de cet endroit maudit, mais après leur longue et infatigable insistance j'avais cédé.

Mon père sera aussi de la partie, il resterait en retrait avec une partie de l'équipe de police. Quant à mon frère et ma mère, ils nous attendront à la maison avec la mère de Marie. Mon père les tiendrait au courant de l'avancée des événements.

Le jour "J" était très vite arrivé, ce matin là j'étais très anxieuse de retourner là-bas. Mon père conduisait la voiture qui nous emmenait mes amis et moi à un aérodrome privé, l'ambiance était beaucoup moins joyeuse que pendant les vacances. Je ne cessais pas de me répéter dans ma tête :

"Marie j'arrive je viens te chercher."

Mes amis essayaient de me distraire en me questionnant sur des jeux de quizz et autres. Nous avions été accueilli à l'aérodrome par deux hommes en costume noir et lunettes noires. Ils nous avaient conduit à l'avion sans nous dire un mot.

C'était un petit avion privé blanc, à l'intérieur nous avions été accueilli par une hôtesse de l'air très belle et grande. Elle était de type méditerranéen avec des cheveux bruns, les yeux marron et un teint légèrement hâlé. Elle nous avait indiqué les consignes mais j'étais trop stressée et dans mes pensées pour l'écouter. Mes amis avaient été plus altruistes que moi, ils l'avaient écouté et remercié. Je me souviens encore les entendre la remercier comme un lointain murmure.

L'intérieur de l'appareil était recouvert au sol par une moquette marron qui était assortie aux boiseries des meubles et à l'intérieur des rangements. Les banquettes et fauteuils étaient en cuir de haute qualité de couleur beige. Il y avait un écran ainsi qu'une salle d'eau et une petite cuisine. May était déjà présente, elle était assise sur un des fauteuils. Elle semblait dormir en la voyant j'avais fait signe à mes amis de parler moins fort qui avait choisi de s'installer sur la banquette devant l'écran.

Je souhaitais m'isoler un maximum, j'avais choisi de m'installer sur un des fauteuils comme May au fond de l'avion. Mon père était venu me voir pour me faire un baiser sur le front puis sans un mot il avait rejoint mes amis.

L'appareil s'était mis en route quelques minutes après notre installation. Après le décollage May s'était rapidement redressée, elle me regardait de la tête au pied puis me dit sur un ton énervé :

"Tu vas te détendre maintenant, depuis que tu es montée dans cet avion ton stress à ruiner la tranquillité de ce lieu. Impossible de se détendre et de méditer."

J'avais baissé les yeux en lui répondant :

"Désolée je ne pensais pas que ça t'embêterais."

Elle avait soupiré en levant les yeux au ciel puis me demanda:

"Qu'est ce qui ne va pas, c'est pas facile de retourner là-bas, je sais."

Je ne connaissais pas May d'ordinaire son ton et son air énervé m'aurait fait sortir de mes gonds mais là je ne savais pas pourquoi je m'étais confiée en lui expliquant :

"Tout le monde me répète que je ne suis pas responsable de ce qui est arrivé à Marie mais je suis persuadée que si, tout est de ma faute si je n'avais pas remis en doute ma foi et chercher à tout pris de faire de nouvelles connaissances rien de cela ne serait arrivé."

Elle me répondit du tac au tac:

"Mouais c'est vrai tu es responsable mais en partie. Marie a fait un choix, celui de te suivre tu ne lui avait pas mis une laisse pour la forcer. Elle a bien voulu. Ses parents aussi sont responsables, comment des catho aussi stricts ont pu laisser leur fille ado dans la fleur de l'âge sortir le soir. Soyons francs elle était condamnée, dit toi que tu lui as permis de s'amuser à fond avant que sa maladie ne l'emporte."

J'avais été un peu choqué par ces mots mais elle disait vrai Marie était condamnée. Je savais qu'un jour cela arriverait. Elle avait ajouté :

"Je suis sûre en plus que nous allons avoir rapidement de ces nouvelles."

Je ne comprenais pas sa dernière phrase que je n'avais pas relevée. Elle continua:

"Écoute nous allons faire un petit exercice. Dans cet avion il y a un passager supplémentaire."

Je l'avais regardé avec un air surpris. Elle enchaina:

"Et oui tu es tellement stressée que tu n'as pas remarqué que depuis ton arrivée il te suit et est assis à côté de toi. C'est l'ancien Stewart de cet avion. Tu vas faire un exercice de médium. Tu vas te détendre en pensant à un souvenir agréable puis tu vas concentrer ton énergie spirituelle sur tes yeux quand tu sentiras un légère chaleur sous tes paupières tu ouvriras les yeux. Tu as donc 2h pour réussir. "

Je lui répondis timidement :

"OK je vais essayer."

Elle rigola en m'ordonnant :

"Non tu vas réussir."

J'avais suivi les instructions de May, j'étais rentrée dans une grande concentration. Effectivement comme par magie je me suis détendue rapidement en pensant à ma famille et au bon moment passé avec Marie.

Je m'étais reprise à plusieurs fois et face à ces multiples échecs, je m'étais mise à douter des dires de May, je pensais qu'elle m'avait fait une blague pour m'occuper et la laisser tranquille. A la survenue de ce doute elle avait brisé le silence qui régnait dans l'avion :

"Arrête de douter, concentre-toi."

J'avais rougi de mettre faite remarquer elle continua en me murmurant :

"Crois en toi."

Ces mots m'avaient galvanisé, je redoublais donc d'efforts. Soudain j'avais ressenti cette chaleur sous mes paupières que j'avais ouvert tout doucement. J'avais posé mon regard sur le fauteuil à côté de moi. A ma grande surprise j'avais un homme en costume de Stewart qui dormait paisiblement. May avait fait les présentations :

"Stéphanie je te présente Marc qui aimait tellement son travail qu'il en est mort dans cet avion d'un AVC."

Elle m'avait regardé puis continua:

"Oh magnifique regard ma belle, félicitation tu es douée en si peu de temps."

Je regardais cet homme avec tristesse.

May s'était replacée tranquillement pour méditer en me disant :

"Ne te mine pas pour lui, il vit sa meilleure vie maintenant. Repose-toi, nous allons atterrir dans pas longtemps."

Je voulais moi aussi voir mon "magnifique" regard. J'avais attrapé mon sac dans lequel j'avais fouillé bruyamment quelques minutes. Je ne faisais pas attention au bruit ou à la gêne que je pouvais occasionner. Je l'avais enfin trouvé, j'avais marqué quelques secondes d'hésitation puis je m'étais admirée dans son reflet. Je m'étais exclamée sous l'effet de la surprise:

"Bon sang mais c'est quoi ça ?"

Mon iris avait perdu toute ses couleurs, ma pupille était blanche. J'avais les yeux blanc injecté de sang.

Une voix m'avait fait sursauter. J'avais arrêté de me contempler pour focaliser mon attention sur la provenance de ce son. Cette dernière était comme venu d'outre-tombe un murmure lointain :

"Madame pourriez vous faire moins de bruit vous n'êtes pas seule dans cet avion. Merci."

Je m'étais excusée en rougissant :

"Désolée de vous avoir importuné."

Je m'étais mise à l'aise avant de m'assoupir. J'avais été réveillée par l'atterrissage de l'appareil. A peine avais-je repris mes esprits que je m'étais jetée sur mon miroir. Mes yeux étaient de nouveau normaux, j'avais poussé un soupir de soulagement.

En voulant me lever j'avais constaté que ma ceinture de sécurité avait été bouclée durant mon sommeil. Je n'étais pas plus étonnée que ça après tout je dormais au côté d'un Stewart. Une voiture avec le symbole du Vatican était venue nous récupérer pour nous amener au camping.

A l'approche de ce lieu, mon corps tout entier se contactait. J'étais partagé par plusieurs émotions. L'impatience de ramener mon amie, la colère envers tout ceux qui nous avaient fait subir ce supplice et la peur d'être de nouveau face à Enzo. Je ne voulais pas qu'il s'en prenne à Anna, Alexandre et Tim.

Nous étions face à l'entrée du camping une dizaine de fourgons de police étaient garés, le père de Marie et Antonio nous avait accueilli. Ce lieu où j'avais à la fois mes meilleurs souvenirs de vacances et les pires de mon existence. Nous avions à peine passer le portillon de l'entrée que May s'était arrêtée un instant en scrutant les lieux elle laissa échapper :

"Il y a quelque chose qui cloche ici."

Je m'étais immédiatement retournée sur May avec les yeux plein de larmes. Elle avait eu les mêmes propos que Marie à son arrivée au camping. A l'époque je n'avais pas prêté attention à ce qu'elle disait, mais à cet instant toute mon âme avait réagi.

Si j'avais tenu compte de ces propos, rien ne serait arrivé. May m'avait sorti de mes pensées en me donnant une tape sur l'épaule :

"Arrête de te torturer c'est fait nous ne pouvons rien changer."

J'avais pris une grande inspiration pour lui répondre :

"Tu as raison."

Elle avait continué:

"Tu te rappelles du petit exercice que je t'ai fait faire dans l'avion."

Je lui avais fait un signe affirmatif de la tête. Elle avait enchaîné :

"Bien donc tu..."

Elle n'avait pas pu finir sa phrase qu'une voix d'homme nous avait interrompu:

"Qu'est ce que tu fais ici ?"

Il s'était approché de nous rapidement en nous posant plusieurs questions :

"Comment ce fait il que tu sois encore vivante ? Tu devrais être morte à l'heure qu'il est ? Pourquoi revenir dans cet enfer fuit vite d'ici ?"

Les sentiments de dégoût et de peur se lisaient sur mon visage, cet homme était le père d'Enzo. Le même qui dans ma fuite avait essayé de me tuer. J'avais fait un pas en arrière, mon père et le père de Marie l'avaient reconnus, ils s'étaient interposés. Mon père l'avait menacé :

"Je t'interdis de l'approcher. OK mon gars."

Le père de Marie avait essayé de calmer mon père,qui était prêt à en venir au main. Le père d'Enzo avait totalement ignoré les menaces de mon père, il continuait son monologue:

"Qu'est ce que tu as fait pour survivre ?"

May avait pris la parole:

"J'en déduis au vu de la réaction de Stéphanie et de son père que vous êtes le père d'Enzo n'est-ce pas ? Celui-là même qui a essayé de la tuer durant sa fuite. Au vu de votre air surpris, je comprends que vous saviez ce qui était arrivé à Stéphanie. Vous étiez au courant des agissements de votre fils depuis tout ce temps."

Le père d'Enzo avait regardé May avec un air stupéfait. May avait alors continué:

"Vous vous êtes perdu dans l'alcool pour oublier."

Le père d'Enzo regardait dans le vide il eu un petit ricanement de désespoir puis il avait expliqué :

"Oui j'étais au courant, il a toujours eu cette part d'ombre en lui, bébé il me mettait déjà mal à l'aise. Sa mère n'avait rien remarqué. Elle ne comprenait pas pourquoi j'étais aussi distant avec mon fils. Je lui avais pourtant expliqué et nous avions mis ça sur le couvert de ma récente paternité que j'allais m'y faire. Puis nous avons eu sa sœur, c'était mon petit rayon de soleil. Quand nous étions tous les trois nous étions tellement heureux, mais dès qu'il nous rejoignait son aura funeste transformer immédiatement ces instants de joie en cauchemar. Il s'isolait souvent il a même disparu plusieurs jours, nous étions inquiets mais il est revenu comme-ci de rien était."

Il continuait de nous raconter son passé quand il se mit à pleurer :

"J'avais dû m'absenter pour le travail une semaine. Mon travail ne m'avait pas permis de prendre des nouvelles de ma famille. J'avais comme un mauvais pressentiment le soir de mon retour je m'étais pressé de rentrer, je voulais être sûr que ma femme et ma fille allaient bien et les serrer contre moi. Quand je suis rentré, notre maison était plongée dans l'obscurité et le silence. Une atmosphère néfaste régnait ce qui était inhabituel, il y avait toujours des éclats de rire et de la joie chez nous. Personne n'était là pour m'accueillir, je n'entendais qu'un bruit de goutte d'eau qui tombait sur le sol. J'avais appelé à plusieurs reprises ma femme et ma fille mais aucune des deux n'avaient répondu. Je m'étais dirigé vers le seul bruit que j'entendais et qui me glaçait le sang. Plus je m'approchais de l'origine du bruit, plus une odeur ferreuse envahissait les lieux. Ce bruit m'avait conduit jusqu'à notre salon j'avais tendu ma main tremblante vers l'interrupteur pour allumer la lumière. Le spectacle que j'avais découvert m'avait foudroyé d'horreur, je m'étais écroulé à genoux en contemplant cette scène. L'odeur et la cruauté de cette mise en scène me firent vomir. Ma femme était suspendue au plafond la cage thoracique déployée et vidée de ces organes. Son sang goûtait encore au milieu du salon cette odeur immonde provenait d'elle. Ma fille était endormie au sol couverte de sang. Elle ressemblait à une bête sauvage. Mon rayon de soleil s'était transformé en abomination. Je savais instinctivement que c'était lui qui était à l'origine de tout ceci, il n'y avait que lui pour me prendre mon bonheur. Des larmes coulaient le long de mes joues, il avait tout détruit. En m'approchant de ma fille je l'avais réveillé elle m'avait hurlé dessus, elle était comme une bête prête à bondir sur sa proie. Enzo était assis dans la pénombre il m'observait, sans un mot il s'était levé pour nourrir sa sœur avec les organes de mon épouse. Je lui avais demandé de m'expliquer pourquoi il avait fait ça ? Pourquoi autant de cruauté envers sa mère et sa sœur. Il m'avait juste répondu qu'il avait trouvé sa famille et la voie qui était tracée pour lui. J'étais resté plusieurs jours à observer ma femme morte avant de me résoudre à la descendre et à l'enterrer. Ma fille était possédée par un démon, son frère lui avait porté un certain intérêt pendant un temps puis il s'était lassé d'elle. J'ai dû la tuer avant qu'elle ne me tue. J'avais compris que c'était son dernier cadeau. Il s'était laissé guider par sa cruauté en prévoyant de nous laisser nous entretuer. Cependant, quand il me vit en vie, il avait paru contrarié. Ma vie n'a été qu'enfer et désolation depuis ce jour sa noirceur me consumait continuellement. Depuis qu'il a disparu, j'ai l'impression de vivre de nouveau. En vous voyant en vie, je me dis que ma fille aurait pu être sauvée. Comment as tu fait ?"

May était allée à ses côtés. Elle avait posé ses mains sur ses épaules en le regardant droit dans les yeux, elle lui avait indiqué :

"Vous êtes un pauvre homme perdu dans les ténèbres. Je suis si triste pour votre enfant qui aurait pu être sauvé par l'église avec la pratique d'un exorcisme. Sachez monsieur qu'elles ne vous en veulent pas. Elles vous aiment et elles sont à vos côtés tous les jours. Elles ne vous ont jamais quitté et elles vous guideront vers une vie meilleure. "

Il reprit la parole en pleurs pour baragouiner :

"Vous dites ça pour me consoler. Je ne les ai jamais senties à mes côtés."

May avait porté son attention derrière le père d'Enzo et fit un signe de la tête puis avait continué :

"Le soir de la fuite Stéphanie c'est elles qui lui ont prêter mains forte pour soulever cette pierre. Elles se sont assurées que vous n'ayez pas trop de blessures. Elles ont vu en Stéphanie le moyen de vous sauver..."

Elle avait marqué un temps d'arrêt et affichait un instant un air surpris.

"Et de me faire venir ici. Visiblement elles ont tout calculé."

Ma curiosité avait été piqué au vif, j'avais décidé de passer en mode pupille bizarroïde. Je m'étais bien concentrée cette fois-ci, j'avais réussi du premier coup. En ouvrant mes yeux je pouvais voir que la mère d'Enzo était bien là avec leur fille elles enlaçaient toutes les deux ce pauvre homme.

J'avais murmuré :

"Elles sont vraiment là, c'est incroyable l'amour qu'elles dégagent."

May lui avait conseillé :

"Ce soir avant de dormir pensait fort à elles et elles viendront."

Il avait remercié May et était parti en séchant ses larmes. Nous l'avions tous regardé partir en silence. En partant la petite fille s'était retournée sur moi et m'avait dit:

"Merci mademoiselle, elle vous attend depuis un moment."

Je l'observais en murmurant:

"Finalement tu avais encore raison Marie c'est un pauvre homme qui a durement souffert."

Avant qu'il ne soit trop loin j'avais fait quelques pas en courant dans sa direction pour lui crier :

"Monsieur je ne vous en veux pas d'avoir essayé de me tuer. Promettez moi de vous reconstruire et d'être heureux maintenant. Je m'occupe personnellement d'Enzo."

Il s'était retourné pour me répondre:

"Merci Mademoiselle, par pitié éviter un maximum Enzo, il ne mérite pas que vous lui accordiez autant d'attention. Il court de lui-même à sa propre perte."

Je l'avais regardé disparaître au loin. May m'avait rejoint, elle m'avait donné une tape dans le dos en murmurant :

"Je vois que tu es prête pour la suite. Scrute bien les alentours à la recherche d'un visage familier et laisse-toi guider par ton instinct."

J'avais fait un signe de tête pour approuver les consignes de May. Avant que je puisse me lancer dans cette chasse aux fantômes, Anna m'avait agrippé le bras. Elle me tenait par les épaules avec un air inquiet figé sur son visage elle m'avait demandé :

"Tes yeux, tu as vu tes yeux."

Mon père, Tim et Alexandre étaient venus dès qu'ils avaient entendu les mots d'Anna. Quand ils me virent, ils eurent un mouvement de recul naturel et une expression de dégoût. May avait levé les yeux au ciel en soupirant :

"On ne s'inquiète pas c'est normal, chaque médium à sa propre particularité quand il utilise son don. Moi j'aime bien ces yeux. Bon maintenant que vous savez qu'elle n'est pas en danger, on peut commencer car elle a pas une réserve d'énergie super élevée. On la laisse se concentrer, purée on ne va pas passer la journée ici. C'est trop glauque."

Anna n'était pas rassurée, elle me tenait la main. Je m'étais naturellement dirigée vers les jeux d'enfant. J'avais longé la piscine dans laquelle j'apercevais des ombres, je ne pouvais pas distinguer de qui il s'agissait.

Elles étaient agrippées au grillage et tendaient leurs mains vers moi comme pour m'attraper. Elles poussaient des gémissements. J'étais restée un moment à les observer May était venue à mes côtés pour m'indiquer :

"Il faut vraiment que tu avances, ce sont des défunts coincés ici et qui n'ont plus personne pour penser à eux. Tu ne peux pas les aider pour le moment."

Je continuais mon ascension vers le parc de jeux mais je ne voyais personne. Je jetais un coup d'œil à May qui semblait être moins à l'aise, elle paraissait éviter de regarder à certains endroits elle avait mis son capuchon sur la tête qu'elle tenait d'une main pour pouvoir le baisser à sa guise.

Nous étions arrivés dans l'allée où se situait la caravane que nous occupions. Les magnifiques glycines qui ornaient l'entrée de la passerelle étaient encore en fleurs. J'étais rentrée ils m'avaient tous suivi mon père avait indiqué à tous :

"C'est ici que nous étions installés, c'est la passerelle la plus fleurie du camping."

May lui avait coupé la parole en ajoutant :

"Un camping ici, vous rigolez c'est un musée des horreurs oui."

Elle s'était assise et repris plusieurs fois son souffle. Elle était à bout de force comme-ci, elle avait couru un marathon. J'étais inquiète :

"Tu vas bien, ça ira, pourquoi je ne vois pas la même chose que toi."

Elle s'était relevée :

"Heureusement qu'il y a cet endroit, ces glycines sont magnifiques, elles sont les meilleures alliées des médiums. Elles sont une barrière naturelle aux énergies négatives et aux présences nauséabondes. C'est pour cela que la passerelle est préservée de cette atmosphère. Tu débutes c'est normal que tu ne les vois pas encore. Concentre-toi sur elle."

Je lui répondais contrarier :

"C'est ce que je fais mais j'ai l'impression qu'elle ne veut pas que je la trouve."

May était restée silencieuse puis elle repris:

"Pourquoi as-tu pleuré en arrivant ?"

J'avais baissé la tête pour répondre faiblement :

"Les mots que tu as prononcés en arrivant "Il y a quelque chose qui cloche ici " Marie a prononcé exactement la même phrase en arrivant dans ces lieux."

Elle me regarda surprise :

"Donc a ton avis où se mettrait ton amie pour se sentir en sécurité dans un endroit aussi hostile pour elle?"

Elle avait murmuré :

"Purée deux médiums inconscientes de leurs dons ici. Oh seigneur dieu."

Elle se leva pour cueillir une grappe de fleurs de glycines qu'elle avait coincé dans sa ceinture. J'étais en pleine réflexion quand soudain je m'étais souvenue d'une de nos parties de cache-cache. Nous étions petites à l'époque, c'était un week-end de pâques un immense pic nique avait été organisé par nos mères dans le parc de la ville.

Ce parc était tenu par un gardien, c'était un homme gentil mais il terrifiait littéralement Marie. Il avait surpris Marie dans sa cachette, en l'agrippant par le bras pour lui montrer une meilleure cachette. Elle s'était débattue et s'était enfuie à toute jambe.

Résultats des heures de recherche pour la retrouver endormie sur la banquette arrière de la voiture de ses parents. Une idée m'étais alors venue à l'esprit j'avais hurlait :

"C'est ça ! suivez-moi!"

May avait sursauté, elle murmura:

"C'est un peu pour cela que nous sommes ici. C'est pas comme si nous avions le choix."

J'étais sortie à toute vitesse de la passerelle j'avais emprunté ce même chemin que j'avais arpenté avec David et Enzo. J'étais passé à côté de la racine où David était tombé, je m'étais retournée pour signaler à tout le monde sa présence.

Je m'étais remémorée la discussion avec Enzo et je m'étais sentie tellement stupide. J'avais stoppé ma course devant le mobil-home où Marie et sa famille avaient séjourné.

Sans attendre le reste du groupe j'étais rentrée, May me talonnait elle était en bien meilleure forme que toute à l'heure, la passerelle contrairement à la nôtre était dépourvue de fleur. En entrant dans la caravane la température avait changé j'avais ressentis un froid glacial. J'avais regardé May avec un air interrogatif. Elle me confirma alors :

"Nous y sommes, bon boulot."

Je ne comprenais pas pourquoi ce froid et cette fumée qui s'échappait de nos bouches à chaque expiration d'air. J'avais demandé à May :

"Pourquoi ce changement d'atmosphère pour Marc ou la mère et la sœur d'Enzo cela ne s'est pas produit."

Elle m'avait brièvement expliqué :

"Marie est entre deux mondes, le nôtre est celui de l'au-delà. Marc et la famille d'Enzo ont choisi de rester dans le nôtre pour accomplir une dernière mission. Alors que Marie n'a pas encore fait ce choix."

Nous avions continué de progresser jusqu'à une porte où émanait des sons de pleurs. J'avais entrouvert délicatement la porte pour observer l'intérieur. Je voyais bien que quelques-uns était assis sur le lit mais un drap le recouvrait entièrement.

J'avais refermé délicatement la porte, May m'avait regardé avec un air surpris. Je m'étais repassée tous les films d'horreur en boucle dans ma tête. Je n'étais pas rassurée du tout. May m'avait demandé :

"Ben alors tu fous quoi là ? C'est elle ou pas."

J'avais haussé les épaules en lui répondant:

"Je sais pas l'entité à un drap sur la tête."

Elle s'était tapée le front avec la main en m'indiquant :

"Il faut rentrer et lui retirer le drap, rien de plus."

Je lui avais fait un signe de tête avec un air terrorisé. Elle avait levé les yeux au ciel en me disant :

"OK je t'accompagne."

May était passée devant, elle avait ouvert la porte, je la tenais fermement par le bras. A peine nous avions mis un pied dans la pièce que les pleurs avaient cessé. J'avais murmuré :

"Oh putain elle sait qu'on est là."

May m'avait donné un coup de coude puis m'avait fait signe de me taire. Nous avions continué d'avancer vers le lit à chacun de mes pas, les battements de mon cœur s'accélérait. Nous étions maintenant en face de l'esprit, May avait tendu sa main pour attraper le drap mais au moment de tirer dessus je lui avais murmuré :

"Imagine que ce n'est pas elle, on fait quoi ? "

Elle était agacée par ma question elle me dévisageait en me répondant sèchement :

"Tu veux que sois qui, le pape ?"

Je n'avais pas eu le temps de répondre qu'une voix provenant de sous le drap avait dit timidement :

"Et j'attends ma sœur."

A cette réponse il n'y avait plus de doute j'avais devancé May en tirant moi-même sur le drap. Marie était là, face à moi je lui avait dit :

"Ma Marie tu es là. Enfin je te retrouve."

Elle m'avait répondu :

"Tu en as mis du temps, j'ai eu si peur d'être ici toute seule."

J'avais relâché la pression immédiatement en laissant mes bras tombés le long de mon corps. Je m'étais empressée d'expliquer à Marie :

"Nous devons nous dépêcher Marie il faut qu'on retourne là bas pour..."

Je n'avais pas continué ma phrase Marie m'avait regardé avec un air un peu triste elle avait comme d'habitude finis ma phrase :

"me récupérer"

J'avais voulu la prendre dans mes bras pour la réconforter mais évidemment je n'avais rien pu saisir. Elle s'était levée en me précisant :

"Ne sois pas triste, j'en avais plus pour très longtemps tu sais ma maladie avait énormément progressé. C'est la vie."

Marie s'était penchée sur moi en pointant du doigt May :

"C'est qui elle."

Je l'avais rassuré immédiatement :

"C'est une exorciste, c'est elle qui m'a débarrassé du démon."

Elle s'était alors brusquement retournée sur May en disant :

"C'est toi que tout le monde attend pour mettre fin à ce cauchemar."

May avait rétorqué du tac au tac :

"Tu es la deuxième entité à me tenir ces propos. Qui m'attend ?"

Marie était passée à travers le mur. Elle s'était arrêtée en plein milieu du couloir qui conduisait à la sortie de la caravane en lui répondant :

"Viens je vais te montrer. Tu as dû les voir en venant ?"

Nous étions sortis de la caravane, tout le monde était là. Mon père et celui de Marie m'avaient demandé :

"Qu'est ce qu'on fait là ?"

Je leur avait répondu en marchant très vite:

"J'ai retrouvé Marie on y va."

Marie allait si vite que nous étions obligés de courir pour la suivre. May était la plus à l'aise, elle était au côté de Marie. Le fantôme de mon amie avait renouvelé sa question à May:

"Tu les vois ? "

Il y avait énormément de silhouettes de personnes comme celle de la piscine. Elles se tenaient sur les côtés de notre route. Elles nous indiquaient le chemin en tendant leur bras. J'avais rejoint May et Marie, elles étaient en grande discussion. May demandait :

"Ces âmes se sont des victimes de sacrifice comme toi."

Marie lui avait répondu:

"Oui, elles sont emprisonnées ici. Ils se servent de leur énergie pour amplifier l'aura malfaisant de ce lieu."

May continuait de la questionner:

"Qui sont-ils ?"

Marie lui avait répondu naturellement :

"Nous ne savons pas vraiment. Nous savons juste qu'un être maléfique règne sur la cathédrale, ce lieu saint a été profané par le mal."

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