Le matin était arrivé vite, Anna avait passé le reste de sa nuit sur son ordinateur portable pour tenter de trouver des réponses à ses questions mais en vain.

Toute la maison s'était réveillée vers huit heures, sauf ma mère qui en très bonne maîtresse de maison s'était levée une heure plus tôt pour préparer un petit déjeuner digne de ce nom à ses invités. Une odeur de viennoiserie et de chocolat chaud avait envahi la maison.

Chacun s'était réveillé en étant guidé vers le salon avec l'assurance de se régaler autour d'un bon petit déjeuner. Suite au repas de la veille au soir, ma mère avait doublé les quantités pour faire face à l'appétit vorace de May.

Cette dernière était le genre de personne qui était guidée par son appétit, elle était la première réveillée et attablée. Malgré les événements de la nuit elle semblait dans une forme olympique. Anna était sidérée de la voir aussi pleine d'énergie à s'empiffrer.

Elle s'était assise en face de May, en sirotant son chocolat chaud. Quand tout le monde fut installé May demanda :

"Bonjour à tous, comment fut votre nuit ?"

Mon frère s'empressa de répondre sur un ton déçu :

"Calme et reposante."

Mon père répondit aussi très rapidement il était calme et serein :

"Très reposante cela faisait longtemps."

Ma mère approuva d'un signe de la tête.

Tim et Alexandre répondirent en coeur :

"La meilleure nuit de toute ma vie."

A ces réponses May eu un air de satisfaction comme si elle avait rempli une mission avec succès. Anna qui était toujours méfiante envers May prit la parole :

"Pour moi ça a été la nuit la plus pourrie de ma vie. Tu vas me répondre maintenant que tu es reposée."

May ignora les paroles de mon amie qui continua son monologue :

"La nuit n'a pas été aussi calme que vous le pensiez. May a combattu un démon ou un esprit ou un fantôme, enfin j'en sais rien et il a été plutôt bavard. Explique-toi maintenant."

Mon frère profita d'une reprise d'oxygène d'Anna pour revendiquer :

"Quoi ! Tu ne m'as même pas réveillé pour te filer un coup de main. Je suis ton partenaire dans cette histoire."

May soupira en répondant :

"Je vais pas la tuer ta copine détend toi un peu. Les mecs vous voulez pas un peu la détendre."

Anna continua de plus belle en demandant des explications ce qui énerva May qui lui jeta un regard noir. Au même moment la sonnerie de l'entrée avait retentit ma mère se leva d'un bond, tout comme May qui jeta sa serviette sur la table en criant :

"Y' a pas moyen de manger tranquillement ici."

Elle s'était élancée en direction de ma meilleure amie. Elle la fixait avec un regard noir, Anna commença à prendre peur et baissa d'un ton au fur et à mesure que May s'approchait. Malheureusement s'était bien trop tard May attrapa Anna par le col et rapprocha sa tête de la sienne en lui disant :

"Écoute-moi bien, ce qui se passe au Vatican reste au Vatican. Tu te prends pour qui d'exiger de savoir des choses qui ne te concernent pas."

Une voix salvatrice se fit entendre :

"Ma che cosa stai facendo"

Au son de cette phrase May fut surprise elle lâcha Anna en lui disant :

"Maintenant reste à ta place et me fait plus chier."

Anna était restée figer un moment encore sous le choc. Tim qui était à côté d'elle lui avait pris la main pour la déstresser et ajouta :

"Aller détend toi c'est rien juste une petite altercation. En même temps t'y es allée un peu fort là de bon matin."

Alexandre rajouta :

"Elle n'est pas du matin et c'est évident vous ne serez jamais les meilleures amies du monde."

May était dans le salon en train de se faire reprendre sur son comportement par son père qui lui demandait des explications. Il avait conclu la discussion sur un ton plutôt sec en expliquant à May :

"Il est facile de comprendre que cet esprit est parti en te laissant un cadeau. Il a remarqué que cette jeune fille était curieuse et méfiante vis à vis de nous. Il a ressorti les vieux dossiers pour piquer sa curiosité. Sachant que nous n'avons pas le droit de parler des affaires vaticanes, il savait que tu réagirais ainsi. Son but était d'effrayer cette famille et de te discréditer. Je suis arrivé à temps."

Il lui avait fait une tape dans le dos puis présenta ses excuses à tous. Il enchaîna par une annonce que tous attendaient avec impatience :

" Bon May va procéder à l'exorcisme de votre fille."

Il se tourna vers May et lui demanda :

"Tu penses t'organiser comment?"

Elle prit une grande inspiration avant d'expliquer son plan d'action.

"A la base je souhaitais être assistée par ses amis mais finalement j'irai seule."

Le père Luciano se tourna brusquement vers May avec un air étonné en lui demandant :

"Tu n'es pas sérieuse, Non è un demone ordinario. Ne change pas ton plan initial, c'est de la folie."

May détourna son regard de son père et regarda dans le vide. Elle tendit ses mains dans le vide, elle resta ainsi pendant une minute puis dans un long soupir lâcha :

"Ok ok je vais faire comme prévu. Donc je vais monter avec l'autre hystérique, le gay refoulé et le stéréo type du playboy du lycée."

Le père Luciano s'exclama :

"Je vous remercie chère voix ".

May le regarda en lui précisant :

"Nous ne sommes pas sourds pas la peine de crier. "

Mon frère très en colère se planta devant May les mains sur les hanches. Elle le regarda de haut en lui demandant :

"Qu'est ce que tu veux ? Là-bas ce n'est pas la halloween party que tu imagines gamin."

Il tapa du pied en criant les larmes aux yeux :

"Je viens c'est ma soeur ! Je dois être à ses côtés et l'aider !"

May regarda tout le monde en annonçant sur un ton ironique :

"C'est bon nous avons fait le tour de qui veut venir à la bat mitsvah de la petite Stéphanie. Tu viens mais je te préviens si tu es traumatisé ou autre tu t'en prends qu'à toi."

David bondit de joie puis se dirigea en courant vers la télé du salon et tira un énorme carton qu'il fit glisser jusqu'au escalier. Alexandre ayant pitié de lui prit le carton. May le regarda dépitée, elle jeta un regard à son père qui haussa les épaules avec un petit sourire amusé.

Ils montèrent tous les escaliers, la température devenait de plus en plus froide. Le couloir était plongé dans une obscurité profonde et angoissante.

Ils entendaient différents bruits d'agonie accompagnés de sanglots et de cris provenant des pièces de l'étage. David s'était arrêté face à cet épais manteau obscur, il regarda May qui lui murmura :

"Je t'avais prévenu tu peux encore faire demi tour, après se sera trop tard."

Il regarda de nouveau l'obscurité et prit la main de May en disant :

"Nous y allons tous ensemble !"

May soupira, elle dégagea sa main de celle de David. Elle s'était mise à genoux, sur le sol, elle positionna de nouveau ses mains comme sur la table pendant le repas de la veille. Elle avait fermé les yeux un moment puis les rouvrit avec un regard combatif et déterminé, elle se releva. L'obscurité s'était dissipée, de cette noirceur, il ne restait qu'un léger rideau de pénombre. May se tourna vers mon frère en lui demandant :

"C'est mieux pour toi."

Il était en totale administration devant May sans voix il lui fit un signe affirmatif avec sa main. Quand ils arrivèrent devant ma chambre May expliqua à tout le monde :

"Un exorcisme se déroule en plusieurs étapes. La première est..."

Elle n'avait pas pu finir sa phrase que Tim s'exclama :

"Ouais nous avons été informé de ça déjà par les autres prêtres donc si nous pouvons en venir à l'essentiel."

Anna lui mis un coup de coude dans le ventre pour le calmer et laisser May s'exprimer qui repris en lui lançant un regard noir :

"Je sens que c'est un plan à la con... Donc la première étape, la présence il va vous provoquer pour faire sortir votre part d'ombre. Je vous interdis formellement de lui parler ou de le regarder vous réciterez sans cesse "le nôtre père" dont je vous distribue une copie du texte. Il tentera de vous piéger pour vous attirer à lui se sera l'étape deux : le faux semblant. Il sera prêt à tout, il risque d'infliger des blessures à Stéphanie pour vous faire craquer. Moi durant ces étapes je chercherais à connaître son nom OK. Nous espérons que soit Emilia ou notre entité présente au côté de Stéphanie nous donnerons la réponse à cette énigme. Comme vous vous en doutez la connaissance du nom du démon ne lui fera pas plaisir nous entrerons dans l'avant dernière étape le combat car je pourrais enfin le nommer et lui ordonner de partir. L'exorcisme se clôturera par l'expulsion au vu de la puissance de ce démon elle générera une immense vague d'énergie spirituelle qui pourrait vous blesser. Bref, rester concentré sur votre prière et rien d'autre d'accord."

David leva la main, May lui fit un signe de la tête pour qu'il parle :

" Avant d'y aller je prends la télé et le magnétoscope de ma chambre."

A ces mots il courut dans sa chambre nous entendîmes un vacarme de tous les diables. Il était réapparu avec son meuble télé très fier de lui. May sur un ton désespéré lui demanda :

"Mais qu'est ce que tu fais ?"

Il lui répondit :

"C'est notre arme secrète, ma sœur adore ces vidéos de famille elle sera super réactive."

Elle se tourna vers la porte en murmurant :

"Vu comme c'est partit nous ne sommes plus à une excentricité près. Finissons-en."

Elle ouvrit la porte naturellement, se dirigea vers la fenêtre comme la première fois. Mes amis restèrent à la porte scrutant le top départ de May. Le démon était réveillé, il attendait assis dans le lit. Il ne quittait pas May du regard, il rigola en lui lançant :

"Tu as apprécié mon petit cadeau de cette nuit ? Ça a foutu une sacrée merde."

Elle ne lui avait pas répondu, en guise de réponse elle avait ouvert les rideaux avec un mouvement sec, trahissant une pointe d'énervement. La chambre était inondée de lumière, le démon poussa un hurlement de douleur en se jetant dans le lit. May avait profité de ce moment pour faire signe à mes amis et à mon frère de venir. Elle les installa au fond de ma chambre. Elle répéta sur un ton sec :

"Personne ne lui parle, personne ne le regarde. Capisce"

Mon frère était le seul qui n'était pas prêt, il cherchait une prise de courant en poussant un peu tout le monde au passage. Quand il trouva son graal, il s'exclama :

"C'est trouvé, eh ben ! c'est plus une chambre, c'est un taudis ici."

May le pressa un peu sur un ton ironique :

"C'est quand tu veux nous avons tout notre temps."

Il avait mis la vidéo en visionnage, c'était mon baptême. Il regarda May en lui disant :

"c'est la plus longue que j'ai et au moins il y a des prières. Ça donnera un coup de pouce. "

May le pris par les épaules le plaça entre Anna et Tim. Elle lui donna la prière à réciter et lui dit:

"Maintenant tu lis et rien d'autre OK."

Il avait lu la prière dans sa tête, il répliqua à May en lui tendant le papier:

"Pas besoin, je le connais par cœur le notre père."

Elle leur donna le top départ. Ils récitaient tous en cœur avec énergie et détermination.

Le démon avait cessé de se contorsionner de douleur dans le lit, il observa rapidement la scène, puis enchaîna directement avec un hurlement assourdissant.

L'atmosphère de la pièce était devenue glaciale et oppressante. L'intensité de ce hurlement était si puissante que mes amis avaient du mal à rester debout et reculer de plus en plus jusqu'à être plaqués au mur derrière eux. Il se servait des débris de meuble comme de projectiles qu'il envoyait sur eux. L'écran de la télévision de mon frère avait volé en éclats. May les avait sécurisés avec une sorte de barrière d'énergie invincible. Elle les regarda se débattre en les prévenant :

"C'est la première étape, il cherche à vous impressionner en montrant sa puissance, ne vous déconcentrez pas continuez de réciter".

May se tourna vers lui avec ce regard noir et combatif qui en aurait impressionné plus d'un. Elle entama une prière en avançant vers le démon.

Pour faire face à cette puissance, elle déployait aussi une énorme quantité d'énergie spirituelle. Malgré cela, elle avançait lentement avec difficulté. C'était une course contre la montre, elle devait stopper le démon le plus rapidement possible pour éviter que mes amis ne soient trop épuisés ou soient blessés.

Anna releva mon frère qui avait un genou à terre. Il regarda sa télévision en miette ce qui lui avait provoqué un sentiment de colère venant renforcer sa combativité et sa détermination, il s'était mis à hurler le notre père en insistant bien sur les mots "Délivre-nous du mal". Tim, Anna et Alexandre s'étaient mis derrière mon frère en mettant la même intensité dans leur prière.

May les regarda dans son ascension, elle les encouragea en leur faisant un signe de la main de continuer. Ils redoublèrent leur effort, en voyant que cela permettait à May d'avancer plus vite. Il voyait que leur prière avait un effet sur le démon. Au bout de plusieurs minutes May arriva à atteindre le démon. Elle posa un crucifix sur la bouche béante de ce dernier.

Elle colla son front au sien, le regarda droit dans les yeux en lui ordonnant de dire son nom. Le démon s'était jeté en arrière et se tordait de douleur. Après un long moment de silence, ils entendirent mes pleurs puis ma voix à moi leurs dire:

"Les amis vous êtes là ? C'est moi Steph, c'est fini vous avez réussi. David tu es là aussi merci mon frère, je savais que je pouvais compter sur toi."

Des sourires de joie étaient apparus sur leurs visages. Ils allaient s'élancer vers moi pour un super câlin de retrouvailles mais May s'interposa en leur barrant le chemin :

" Ce n'est pas fini, il va vous faire croire le contraire. Ne tombez pas dans son piège."

Le démon reprit avec ma voix:

"C'est faux, il est vraiment parti. Méfiez-vous d'elle, Anna tu avais raison son but est de me tuer."

Ils regardaient May avec méfiance, elle répondit en levant les yeux au ciel :

"Tu n'as rien trouvé de mieux pour nous monter les uns contre les autres. Tu me déçois je te pensais plus imaginatif."

Tim se mit face à May en lui ordonnant :

"Pousse-toi de là."

May les bras croisés n'avait pas bougé d'un pouce.

Mon frère prit la parole :

"C'est pas fini, elle a raison. Ne soyez pas bêtes. Il n'a pas dit son nom c'est un piège. Revenez avec moi, vous allez tout faire foirer. "

Une voix se fit entendre celle d'un homme que personne ne connaissait. Elle hurla :

"Vous prétendez être ses amis. Vous êtes en train de la condamner. Vous êtes pitoyable."

Tout le monde fut surpris sauf May qui reprit sur un ton très calme et posé :

"Merci pour cette intervention des plus marquante. Voilà comment dépenser de l'énergie pour rien. Donc le petit et la voix ont raison c'est le démon qui se cache en reprenant les traits de personnalité de Stéphanie."

Tim s'écria :

"Tu es sûr de toi David."

David répondit sur un ton ironique:

"Non pas du tout, bande de crétin s'il est vraiment parti dit moi son nom à cette chose. Franchement, j'ai du mal à croire que vous êtes incollable sur les films d'horreur en tout genre."

Mes amis se retournèrent sur mon frère, ils étaient choqués. Il avait marqué un point, ils étaient revenus à leur place tout penaud de s'être fait moucher par un gamin de 8 ans.

Le démon avait repris cette voix rauque et inhumaine, il recommença à provoquer May :

"Pourquoi c'est bon à rien, j'aurais tellement voulu m'amuser avec ton cher papa."

May ne lui répondit pas, elle lui répétait sans cesse :

"Démon je t'ordonne de te nommer."

Tout comme elle, il ne l'écoutait pas il continua de la provoquer :

"Dis moi ton petit papa il t'a aussi fait ces choses salaces que les autres ont faites avec toi."

May ne cédait pas à ces insinuations :

"Daemonium dicite mihi nomen tuum"

Il rigola puis enchaîna :

"Tu leur as raconté ton passif de traînée."

Elle continua en étant de plus en plus crispé :

"Dis moi ton nom."

Le démon la regardait en souriant tout en laissant entendre un léger grognement.

Le lit se mit à trembler et à légèrement s'élever dans les airs. Ils menaient maintenant un combat de regard, genre celui qui baisse les yeux le premier, a perdu. Il leva les mains au ciel, jeta un regard amusé à May puis il griffa mon visage qui était en sang.

Il gratta énergiquement mes bras si fort que du sang gicla un peu partout. Il se stoppa d'un coup, puis dans un silence, un bruit horrible se fit entendre celui de mon bras droit qui se déboita soudainement de mon épaule. Mes bras et mon visage étaient en sang, mon bras droit déboité, ce démon riait à gorge déployée, puis il lança à mes amis :

"C'est moi qui vais la tuer votre copine de merde, vous servez à rien."

May hurla au démon en lui montrant un crucifix :

"Silence bête impure."

Il éclata de rire de plus belle. Il rapprocha sa tête de mon bras droit déboité et ensanglanté pour en saisir avec les dents un morceau de chair qu'il détacha en tirant de toute ces forces comme une bête sauvage dévorant sa proie. Quand ce dernier se détacha de mon bras il le cracha au pied de mes amis. Ils eurent un réflexe humain, celui du recul par dégoût. May jeta de l'eau bénite accompagné d'un concentré d'énergie spirituelle sur le démon qui arrêta ces mutilations.

Le lit retomba sur le sol et cessa de trembler. Elle essaya de mobiliser la concentration de mes amis sur la prière, elle poussa le morceau de chair délicatement avec son pied pour qu'il ne soit plus à la vue de tous en leurs demandant :

"Reprenez la lecture s'il vous plaît, nous y sommes presque, ne nous laissons plus distraire par ces facéties ."

Ils reprirent en cœur le notre père. Ils étaient inquiets par toutes ces blessures que le démon m'infligait. Leurs prières étaient moins intenses que précédemment. May continuait inlassablement à demander le nom du démon, elle répétait sans cesse :

"Ton nom démon."

Le démon lui glissa en murmurant :

"Tu n'es pas comme les autres toi. Ton énergie spirituelle est comme... ."

Il ne finit pas sa phrase il se figea un instant.

De mon côté je n'étais pas consciente du combat que tous menaient pour me sauver j'étais dans cette espèce d'eau noire à me faire torturer. J'avais abandonné tout espoir d'en sortir.

Soudain j'entendis quelqu'un m'appelait, c'était la voix celle que j'espère depuis tout ce temps. Elle m'appelait :

"Stéphanie nous sommes là."

Je me mis à hurler :

"Je suis là, vient m'aider, j'ai mal."

Elle se rapprochait de moi, je l'entendais de mieux en mieux :

"Stéphanie nous sommes en train de nous battre contre le démon, mais nous avons besoin de son nom".

Je cherchais la voix je lui répondis :

"Où es tu, j'ai besoin de te voir"

Elle m'apparut sous les traits de Marie, elle me pris la main et me dit tout bas:

"Je suis là. Écoute-moi et concentre-toi dis-moi son nom."

Je regardais la voix, une larme roula sur ma joue. Je lui murmurais :

"Je ne sais pas. Il me fait tellement mal."

Elle me frotta le dos de la main ce qui m'apaisa immédiatement :

"Si tu le sais, il te le dit sans cesse, écoute bien, concentre-toi."

J'exécuta les précieux conseils de ma fidèle voix. J'avais fermé les yeux et je serrais aussi fort que je pouvais la main de la voix. Je me concentrais sur les sons que je percevais à peine.

Des soupirs qui venaient régulièrement mourir dans le creux de mon oreille mais auquel je n'avais pas prêté attention à cause de la douleur. C'était à peine audible je murmurais tout ce que j'entendais :

"le roi aux trois têtes."

La voix restait silencieuse pour éviter de me déconcentrer.

"Il réclame des sacrifices, des enfants, non des nouveaux-nés."

"le chat, l'homme et le crapaud."

"C'est le seigneur des 66 légions"

"Ba ba... Baël."

Je m'agitais à la prononciation de se nom :

"C'est Baël son nom !"

La voix me lâcha la main en me disant :

"La libération est proche je vais transmettre ce nom à l'exorciste. Reste forte. Rejette ce démon de toutes tes forces. Ta détermination nous sera précieuse dans ce dernier combat."

La voix me fit un baiser sur le front et disparue, j'hurlais en boucle de toutes mes forces:

"Baël je te rejette!"

May était nez à nez avec le démon auquel elle demandait pour la énième fois son nom :

" Je t'ordonne de me donner ton nom. Au nom de dieu le père."

La voix se précipita vers May, elle lui murmura le nom à l'oreille. Elle prit le démon par le col pour lui ordonner :

"Je t'ordonne de libérer cet enfant de dieu..."

Au même moment la porte s'ouvrit rapidement le père Luciano cria en même temps que May :

"Je t'ordonne Baël de sortir de ce corps!"

Mon frère fou de joie cria aux autres :

"Nous avons son nom. Elle est sauvée !"

May qui tenait toujours le démon regarda en direction de mes amis. Elle les averti :

"Nous avons son nom, nous avons franchi une étape décisive. Stéphanie nous a pas mal aidé sur ce coup là. Elle se bat, elle aussi actuellement pour rejeter le démon. Il nous reste deux étapes. Le démon va lutter pour rester dans le corps de votre amie et enfin l'expulsion."

Elle regarda son père et lui demanda :

"Je t'en supplie pars, il est trop dangereux surtout pour toi."

Il lui fit un signe de la tête et repartit. Elle ajouta :

"Passe le bonjour à Emilia."

Il mit le téléphone qu'il tenait à la main à son oreille. Il avait quitté la pièce en expliquant les faits à son interlocuteur. May avait attendu que son père soit descendu pour continuer le combat. Elle s'était tournée vers le démon qui enchaîna directement :

"Pourquoi tu n'as pas voulu que ton petit papa reste avec nous. J'aurais tellement voulu le posséder et le torturer."

En guise de réponse May l'avait aspergé d'eau bénite. Elle le tenait toujours par le col. Elle le secoua un coup puis lui posa le crucifix sur le front en répétant :

"Baël, je te chasse de ce corps, je t'ordonne de partir."

Cette bête ne se laissait pas faire il se mit à hurler mais ce hurlement était différent du précédent c'était le cri du désespoir, de la dernière chance.

Les vitres de la chambre volèrent en éclats. De nouvelles plaies apparurent sur mon ventre, des griffures qui formèrent un pentagramme. May asperge à nouveau le démon d'eau bénite. Le lit se mit de nouveau à trembler. Il hurlait de douleur, May prévenue mes amis et David :

"Faites attention, l'expulsion ne va pas tarder. Protégez-vous !"

May continuait à lui ordonner de partir et récitait plusieurs prières en latin. Le démon continuait de crier, il attrapa le poignet de May qui le tenait toujours par le col.

Il s'était exprimé dans la même langue que le maître de cérémonie. A ces mots May paru choquée et l'avait lâché, il lui fit un rictus en coin, ce fut sa dernière provocation.

Une puissante vague d'énergie spirituelle inonda la pièce, May fut projetée sur le mur. Mes amis et mon frère s'étaient mis en sécurité dans mon dressing. Ils attendaient dans ce placard de pouvoir sortir.

Il n'y avait plus un bruit seul, une odeur immonde de putréfaction flottait dans l'air. May et moi-même étions inconscientes, elle gisait au sol et moi dans mon lit. Mon frère avait été le premier à sortir, il avait couru pour me voir.

Il avait été immédiatement soulagé en me voyant. J'avais retrouvé un visage normal, seule la maigreur de mes joues laissait deviner un jeun de plusieurs jours. Les plaies faites par le démon s'étaient envolées avec lui. Je dormais paisiblement malgré cette horrible odeur. Il se tourna alors vers May qui avait repris connaissance et était assise en tailleur par terre, elle se frottait l'arrière du crâne.

Mon frère lui avait tendu sa main pour l'aider à se relever. Elle l'avait saisi, tout en se relevant elle félicita tout le monde :

"Vous avez fait un super boulot tous les quatre."

Mon frère la regarda avec malice en lui glissant :

"C'est parce que tu as le meilleur des partenaires. Donc c'est fini il n'y a plus de démon. Pourquoi elle ne se réveille pas."

May se pencha sur moi elle me prit le poignet pour mesurer mon pouls. Puis elle indiqua à mon frère :

"Je préfère aussi quand ils sont conscients après leur exorcisme mais là pas d'inquiétude ta sœur dort paisiblement. Il est parti pour de bon. Cette odeur de putréfaction et la disparition des plaies sur le corps de Stéphanie en est la preuve.

Nous allons descendre et la laisser se reposer."

Ils étaient tous apaisés, pour eux comme pour moi le cauchemar était terminé tout aller revenir à la normale la routine habituelle. Mes amis avaient même commencé à évoquer l'organisation du prochain samedi soir, chez qui ? pour faire quoi ?

May semblait un peu perturbée, elle était silencieuse et paraissait presque aimable avec les autres. Alors qu'ils atteignirent la porte je m'étais réveillée en hurlant :

"Marie ! Elle est encore là-bas, il faut aller la chercher !"

J'étais enfin "libérée-délivrée" comme je l'aurais chanté voir crier cette chanson.

Cher lecteur, tu me détestes à cet instant car tu as ce petit air agaçant dans la tête maintenant hihi. C'est ma vengeance pour avoir râler en début de chapitre.

Ne t'inquiète pas avec la suite, tu vas vite l'oublier.