Chapitre 14 : Une Nuit Mouvementée

La lumière de la salle à manger commençait à vaciller et la table s'était mise à trembler. Mes parents échangèrent un regard rempli de désespoir, mon frère avait ses mains sur ses oreilles et avait fermé les yeux.

Mes amis recherchaient dans leurs références cinématographiques du genre une parade. Seule May continuait à manger comme si de rien n'était quand elle eut fini sa dernière bouchée, elle s'essuya la bouche poussa un soupir pour exprimer qu'elle avait bien mangé.

Elle replia sa serviette de table et la posa tranquillement. Les tiroirs de la cuisine commencèrent à leur tour à trembler. May regarda ma famille et mes amis tous terrorisés et baragouina :

"Y a pas moyen de finir un si bon repas tranquillement."

Puis elle posa rapidement ses deux mains sur la table avec tous ses doigts écartés. Elle se concentra en fermant les yeux, toutes les manifestations se stoppèrent instantanément.

L'ensemble de la table ressenti un soulagement mais soudain la lumière s'était éteinte un vent glacial traversa la pièce et un hurlement horrible et strident avait retenti puis une voix s'était clairement exprimée en disant simplement :

"Dégage"

La lumière s'était rallumée, ils étaient tous sous le choc. May regarda ma mère en lui demandant :

"Madame je suppose que pour finir ce délicieux repas il y a un dessert."

Elle se comportait comme s'il n'y avait rien eux, ma mère répondit en bégayant de stupeur :

"euh oui oui je..."

May se leva et commença à débarrasser la table elle avait interrompu ma mère :

"Ils cherchent juste à vous impressionner, ils ne peuvent rien contre vous. Ne les laissez pas avoir d'emprise sur vous. Sinon votre santé mentale va foutre le camp à vitesse grand V. Je récupère le dessert au passage."

A la fin du repas, soit après que May s'était servie trois fois du dessert, ils commencèrent à transformer le salon en terrain de camping sauf que mes amis avaient prévu cette fois-ci de s'armer.

Mon père se tourna vers May pour lui proposer d'installer son couchage mais il n'avait pas eu le temps d'ouvrir la bouche qu'elle lui répondit :

"Je ne dormirai pas cette nuit ne prévoyez rien pour moi."

Elle s'était assise confortablement dans un fauteuil, elles posa ses avant-bras et ses mains sur les accoudoirs du fauteuil comme elle l'avait fait durant le repas. David s'était mis à la droite de May et déclara en essayant de prendre une pose badass :

"Moi je reste avec elle, elle aura très certainement besoin de moi."

Il se tourna vers May en ajoutant et en voulant faire un check de la main :

"Ça va être une super nuit, partenaire."

May avait les yeux fermés et lui répondit :

"Vas te coucher, tu vas me gêner plus qu'autre chose."

Il lui avait fait une grimace et avait suivi mon père avant de monter il insista lourdement une dernière fois:

"Tu as raison, il vaut mieux que je sois en forme demain pour te relayer. Économisons nos forces. C'est brillant comme plan partenaire. Tu sais où me trouver au cas où."

May n'avait pas répondu ni réagi aux dernières paroles de mon frère, elle était comme endormie et vide de toute énergie. Mon frère continuait de la regarder en marchant vers les escaliers. Avant de monter il murmura avec une mine désespéré :

"J'espère que tu vas vraiment mettre un terme à tout ça."

Il soupira et posa son pied sur la marche, mais il s'était figé quand il avait entendu derrière lui et sentit un souffle chaud près de son oreille qui lui hurla :

"Arrête de me déconcentrer, va te coucher. Maintenant !"

Il ne comprenait plus rien, c'était bien la voix de May mais elle était comateuse dans ce fauteuil comment avait-il pu l'entendre derrière lui. Il monta les escaliers en silence en continuant de fixer May. David s'était couché sagement en ayant mille et une questions qui se bousculaient dans sa petite tête.

Tous étaient couchés et commencèrent à s'endormir. Tous sauf une : ma chère et dévouée Anna. Elle s'était plantée devant May avec un aplomb et une confiance que je ne lui connaissais pas. Mon amie, ma sœur de cœur, ma seconde maman déclara :

"Je ne dormirai pas moi non plus, je n'ai aucune confiance en toi et ton père. Je ne crois pas à votre beau discours. Je vais te surveiller, ne me sous estime pas j'ai l'habitude des nuits blanches."

May toujours dans son état léthargique n'avait pas réagi à la déclaration d'Anna ce qui l'avait énervé encore plus. Elle s'était installée dans le canapé, elle ne lâchait pas May du regard.

Anna avait malgré tout été rattrapée par les doux et chaleureux bras de Morphée. Ils dormaient paisiblement, mais ma meilleure amie avait un sommeil léger, elle avait été réveillée par des murmures. En ouvrant les yeux elle constata que May n'était plus dans le fauteuil. L'inquiétude et la peur l'avaient saisi en lui brouillant le ventre de douleurs, il n'y avait pas un seul bruit dans la maison juste ces chuchotements.

Elle chercha du regard l'origine de ces murmures, ils provenaient de la salle à manger. Anna après avoir réuni tout son courage avait saisi la batte de baseball puis se dirigea vers cette pièce où de récents événements fantomatiques s'étaient déroulés.

Elle avala sa salive avec difficulté puis elle s'élanca dans cette pièce obscure qui l'a terrorisée, elle serrait la batte de toutes ses forces, si fort que ses phalanges étaient blanches. Quand ses yeux s'étaient suffisamment acclimatés à l'obscurité elle découvrit May. Anna relâcha la pression et cette tension en soupirant :

"Génial, elle est somnambule."

Elle s'approchait de May d'un pas déterminé pour la reconduire dans le fauteuil sans la réveiller.

Cependant, elle stoppa son pas rapidement en comprenant que ce n'était pas May qui murmurait mais une entité qui était à côté d'elle et dont May semblait tenir la main dans les siennes.

Elle avait vite, très vite, compris qu'elle était de trop dans ce lieu sombre. May avait demandé en chuchotant à l'entité de patienter. Elle porta son attention sur Anna avec un ton assez sec elle l'interrogea:

"Qu'est-ce-qui se passe, tu devrais dormir ?

Anna s'était sentit bête comme une petite fille qui était prise en flagrant délit d'une grosse bêtise, elle répondit avec une petite voix en bégayant un peu:

"Les murmures m'ont réveillé et..."

Elle avait été interrompue par un hurlement qui provenait des escaliers. Les murmures de l'entité étaient devenus des sanglots. Les chuchotements de cette présence devenaient audibles même pour Anna. Elle répétait en boucle :

"Je suis désolée il ne m'a pas laissé le choix. Je suis désolée."

May repris une voix douce et réconfortante :

"Explique-moi, qu'est-ce-qu'il t'a demandé de faire ?"

L'entité dont les sanglots étaient encore plus fort semblait de plus en plus terrifiée :

"Je devais attirer ton attention et te détourner de lui le temps qu'il se régénère suffisamment pour t'affronter."

May avait fixé son regard en direction des escaliers desquels émanaient des bruits de pas et des gémissements d'agonie. Sans lâcher du regard les escaliers, elle continua de questionner l'entité :

"Qu'est-ce-qu'il est ? "

L'entité répondit immédiatement :

"C'est un esprit comme moi mais avec une colère et une rancœur immense, qu'il matérialise à travers sa cruauté envers les vivants et nous les autres esprits. Il nous réduit en esclavage et nous pousse à faire pour lui des choses horribles. Il n'a pas aimé ton intervention pendant le repas et il veut te le faire payer."

May n'avait pas lâché la main de l'entité qui en plus de ces sanglots devenait très agitée, elle ajouta :

"Il faut que je parte, si je reste ça va l'énerver encore plus. Je ne supporte plus ces tortures. Je suis vraiment désolée."

Cependant, May n'avait pas répondu favorablement à sa supplique et continuait de tenir sa main. Elle se tourna vers l'esprit en affirmant :

"Il ne te fera plus souffrir."

Elle enchaîna sur une prière :

"Deus, Pater, misericordiarum, qui per Deus, mortem et resurrectinemFilii sui mundum sibi reconciliavit et Spiritum Sanctum effudit in remissionem peccatom, per ministerium Ecclesiae indulgentiam tibi tribuat et pacem.
Et ego et absolvoa peccatis tuis in nomine Patris et Filii et Spiritum Sancti."

Une lumière avait émané de l'esprit, qui surprise regarda May en s'exclamant :

"Non je ne le mérite pas. Pas après ça. "

Une lumière aveuglante avait envahi la pièce. Après cet éblouissement et quand les yeux d'Anna s'étaient de nouveau adaptés à la pénombre elle avait constaté que l'esprit avait disparu. Elle avait entendu un hurlement de colère, qui l'avait fait sursauter, en provenance des escaliers. Elle regarda May et lui demanda :

"Elle est passée où ?"

May se leva, attrapa Anna par les épaules. Elle lui expliqua :

"Je l'ai absous de ces péchés, cela lui a permis de passer de l'autre côté. Écoute-moi bien ! Tu vas te planquer quelque part et ne plus en bouger OK ?"

Anna lui fit un signe affirmatif de la tête et se mit à courir vers le cellier.

Elle ne pouvait pas se résoudre à rester cachée sans bouger, sans savoir ce qui allait se passer. Elle avait laissé la porte du cellier entrouverte pour observer la scène.

Anna allait vite comprendre à ses dépens que l'intention de May n'était pas de la protéger, mais de lui éviter de voir et ressentir ce qu'elle allait vivre à cause de ce vilain défaut de curiosité.

Elle avait aperçu cette chose immonde qui se déplaçait lentement et péniblement.

Cet esprit n'avait pas vraiment une forme humaine, il était difforme, c'était un amas de chair humaine. Ses jambes et ses bras étaient anormalement longs même s'ils étaient articulés leur longueur était un handicap.

Il était d'une extrême maigreur, sa peau semblait avoir été brûlée. Son corps était à certains endroits en piteux état, Anna distinguait sans mal que la partie droite de sa cage thoracique et son ventre était manquante.

Son visage était hideux avec les joues creuses, des lambeaux de peau pendaient et bougeaient à chacun de ces mouvements. Ces yeux paraissaient absents des orbites. Il n'y avait que deux lueurs rouges qui les remplaçaient.

Il avait entamé la descente des escaliers lentement mais au milieu de ces derniers il avait manqué une marche et était tombé lourdement. Il s'était laissé glisser sur les marches restantes. Il avait traversé le salon sans porter aucune attention à Tim et Alexandre qui dormaient comme des bébés dans leur sac de couchage improvisé.

Au fur et à mesure qu'il s'approchait, l'atmosphère devenait de plus en plus lourde et oppressante. Une aura écrasante et malsaine s'était abattue sur le salon. Pour Anna cette ambiance ainsi que la vue de ce monstre malaisant était à la limite du supportable. Elle était partagée entre plusieurs sentiments allant du dégoût à la pitié.

Malgré les nausées incessantes qu'elle rencontrait, elle continuait de regarder. L'esprit avec beaucoup de difficultés avait réussi à atteindre son objectif, il était face à May. Il avait approché son visage de celui de May, il lui demanda avec une voix d'outre tombe :

"Où est-elle ?"

May le regarda droit dans les yeux avec un sourire en coin en lui indiquant :

"De l'autre côté je l'ai absous de ces péchés."

L'esprit se redressa et poussa un cri d'agonie et de colère puis il s'était remis au niveau du visage de May en lui disant sur un ton en colère et postillonnant :

"Tu vas me le payer, je voulais uniquement te briser mentalement, mais là, tu m'as privé de ma chose. Je vais te tuer et tu vas la remplacer."

Il s'était redressé sur ses jambes et avait éclaté de rire, il riait tellement qu'il en bavait et la pauvre May était aux premières loges. Elle prit alors la parole en lui demandant :

"Je vois que tu as bien réfléchi à ma sentence, mais avant que je te chasse définitivement de ces lieux, dis-moi comment une âme peut-elle être à ce point bouffée et pourrie par la colère et la rancœur."

Il avait alors légèrement baissé la tête pour pouvoir regarder May avec un grand mépris.

Il avait pris son élan et s'était jeté sur elle, May n'avait pas bougé d'un pouce. Elle l'avait ignoré royalement en nettoyant ses vêtements qui avaient reçu cette espèce de bave. Il avait son visage face au sien, ce dernier était encore plus déformé par la colère, il était hideux. Dans un grognement il lui avait répondu :

"Comment ose tu me demander ça."

Il fulminait de colère, sa respiration était rapide puis il éclata en hurlant :

"Moi j'ai rien demandé c'est ce fumier de pourfendeur qui m'a tué sans aucune raison. Il m'a pris ma vie alors que je n'étais pas possédé. Il a volé ma vie, ma famille, tout. Elle répond quoi à ça la petite sous merde que je vais prendre un grand plaisir à écraser encore et encore !"

En prononçant ces mots il avait tendu son bras en l'air et l'avait abattu sur May à une vitesse impressionnante. May l'avait esquivé sans mal en lui répondant :

"Une victime de Lecter, c'est intéressant !"

A l'annonce de ce prénom son visage se déforma encore plus il était comme une bête féroce qui montrait les crocs. Il répétait comme un disque rayé :

"Tu es comme lui, vous êtes tous comme lui des assassins."

Cette anecdote de cet esprit n'étaient pas tombés dans l'oreille d'une sourde. Anna derrière sa porte écrasé par cette atmosphère malsaine et assailli par cet état nauséeux murmura :

"Je m'en doutais, ils ne sont pas clean les deux culs-bénis."

May continuait d'esquiver tranquillement les attaques de son titanesque assaillant en le questionnant :

"S'il a tué ta famille pourquoi tu n'es pas avec eux de l'autre côté ?"

Il répondit en poussant un râle de colère comme un taureau dans une arène :

"Ils ne sont pas de l'autre côté. Cet enfoiré a poussé ma femme au suicide, elle ne supportait plus ces coups et ces viols incessant. Mon fils a fini dans un de vos orphelinats religieux où il a été battu par les autres enfants et abusé par des prêtres. Il est mort d'une overdose. Je vous hais tous autant que vous êtes."

May ne l'attaquait pas, elle ne faisait qu'esquiver ses coups. Ils étaient en constant déplacement, il ne lui laissait aucun moment de répit. Ce jeu du chat et de la souris durait depuis quelques minutes déjà, mais dans son immense rage il ne s'apercevait pas qu'il commençait à ralentir. May l'avait remarqué et lui annonça :

"cela sera ma dernière question : Esprit, comment t'appelles tu ?"

A cette question l'esprit avait stoppé sa course et avait sombré dans une profonde réflexion. Il murmurait en regardant dans le vide :

"Qui suis-je ?"

Avec cette question May avait semé le trouble en lui. Elle avait stoppé sa course. Elle était debout les bras vers le bas légèrement écartés de son corps et les paumes de mains orientées vers le haut.

Elle avait les yeux fermés pour se concentrer, elle essayait de regrouper le plus d'énergie possible en elle. L'esprit était toujours dans sa réflexion, mais cette dernière devenait de plus en plus agitée comme s'il était en pleine dispute. Pendant ce temps May avait regroupé suffisamment d'énergie, elle était en lévitation.

Elle s'était recroquevillée sur elle-même. Elle reprit la parole sa voix était calme et douce:

"Tu ne peux pas me dire qui tu es, car tu n'es pas qu'un. Vous êtes plusieurs âmes bloquées dans ce semblant de corps. Je vais vous dissocier et vous chasser d'ici."

Puis soudainement elle avait relâché son condensé d'énergie, l'esprit avait essayé de réagir mais trop tard pour lui. Une vague déferlante de force spirituelle l'avait irradiée, dans un dernier cri d'agonie, il avait disparu ne laissant derrière lui qu'une flaque visqueuse.

May était revenue sur la terre ferme, elle finissait de nettoyer ses vêtements. Anna était sortie de sa pseudo cachette, son état s'améliorait de seconde en seconde, plus de nausée, plus d'atmosphère pesante, c'était terminé. Elle s'avança vers May en lui demandant :

"C'est quoi ce truc dégueu."

May avait jeté un coup d'œil en lui répondant :

"Des résidus ectoplasmique, ça va disparaître tout seul, ne t'inquiète pas. Bon c'est pas que je m'ennuie mais je vais aller récupérer un peu moi. J'ai un exorcisme demain, quand même."

Sur ces mots May se dirigea vers le salon quand elle arriva à hauteur du fauteuil elle se laissa tomber de toute sa masse. La curiosité de mon amie avait été piqué à vif. Il lui était impossible de clore ce combat sans avoir plus d'explication sur le pourquoi du comment.

Elle avait accouru vers May qui se préparait à un repos bien mérité. Elle ne pouvait plus se contenir, elle s'était installée dans le canapé avec sa couverture en fixant May, Anna commença son attaque de questions :

"Comment tu as fait pour savoir qu'il était un esprit schizophrène? C'est qui ce fameux Lecter? Il a fait quoi ? C'était quand ? C'était genre un serial killer ? L'esprit est où maintenant ? Il peut revenir ou pas ? Comment tu as fait pour être en lévitation, s'était dingue ?

May face à ce flux de parole et au vu de l'état d'épuisement dans lequel elle était elle n'avait eu comme unique recours que de l'interrompre avec ce cri primitif que tout parent au monde connaît.

Anna resta pétrifiée de surprise Tim et Alexandre n'avaient pas bronché ils continuaient de dormir seul Alexandre avait un peu bougé. Elle enchaîna:

"Seigneur dieu dites moi que vous l'avez livré avec un bouton off celle là. Y a plus de respect."

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