Lassé du spectacle extérieur, Jake alla sur le canapé, quand soudain, la sonnerie du téléphone fixe du logis retentit. Il se précipita sur le combiné, hésita à décrocher, longuement, mais céda finalement et prit l'appel. Une voix nonchalante et vieillote se fit entendre, Jake pensa alors qu'il devait il y avoir erreur sur le destinataire, mais écouta plus attentivement.

La voix s'adressait à lui, il était bel et bien la personne qu'on recherchait. Sans trop de détails, on lui communiqua une adresse, cette dernière était l'endroit où il devait se rendre afin d'obtenir des informations, que le fournisseur avait évalué de "capitales", et de découvrir certains aspects encore énigmatiques et méconnus, avant de raccrocher. On lui avait donné rendez-vous au deuxième palier du plus grand établissement de la Rue du Parc au troisième arrondissement, et il comptait bien s'y rendre pour tirer tout cela au clair.

Jake attrapa son manteau et enroula son écharpe autour du cou, avant de quitter les lieux et de se rendre au point assigné, alors qu'il se creusait les méninges, cherchant la raison de cette convocation anonyme. Ce n'était pas très loin, il arriva sur place en moins de vingt minutes et découvrit que l'endroit en question était alors une ancienne bibliothèque désormais délabrée et poussiéreuse, et y accéda.

Un vieil homme à l'allure cabalistique fit alors son apparition, il était seul et avançait en direction de Jake, qui ne reculait pas. L'individu était assez proche pour que Jake distingue clairement son visage, et ce dernier comprit que c'était la bonne personne. L'étranger avança encore et prit soudainement Jake dans ses bras, quant à Jake lui, surpris par l'acte inconsidéré du vieux, resta immobile.

- Jake, voilà longtemps que je voulais te rencontrer, ça peut paraître étrange, mais je vais tout t'expliquer, assieds - toi .

Sans un mot, Jake s'assied et invita du regard l'homme à continuer son récit.

- Je m'appelle John et j'étais bibliothécaire. Je connaissais très bien tes parents, ton père était mon meilleur ami et ta mère une splendide jeune femme, ils travaillaient ici, c'est d'ailleurs là qu'il se sont rencontrés.

- Poursuivez je vous prie.

- Tes parents attendaient ta venue au monde avec tellement d'enthousiasme et d'impatience, l'ampleur était telle qu'elle semblait démesurée à certaines occasions mais toujours admirable et noble. Un jour, ton père a fait une crise cardiaque, et était tombé dans le coma pendant quelques heures, son coeur était fragile, mais il se releva tout de même. Ce n'était pas le cas de ta mère, elle avait sombrée dans une dépression à l'idée de perdre son mari, et c'est là que tout bascula, jeux d'argent, alcool, drogues, tout était présent, et c'est là que le début du calvaire était enclenché. Tu es né que très peu de temps après, tu avais une mère cinglée et le même jour ton père est mort, alors j'imagine que ton enfance n'a pas dû être clémente.

-Tu parles, c'était un enfer. ..

-Je sais Jake, je sais. D'ailleurs, j'ai quelque chose à te remettre, quelque chose qui te reviens de droit.

John se leva et alla chercher un bouquin dissimulé derrière le comptoir, et le tendit à Jake.

- C'est quoi ? 

- Le journal intime de Jane, ta mère avant qu'elle ne bascule dans l'autre monde, elle me l'a confié, me disant de te le remettre une fois qu'elle serait au paradis.

- Ah d'accord, mer...Attendez un instant, vous avez bien dit paradis ?  Ma mère est morte ?

- C'est le cas, elle s'est suicidée quelques jours après ta fugue, une prise de conscience je pense. Désormais elle est aux cieux.

Jake était émotionné et chamboulé, cette révélation était un énorme coup de massue et des larmes indésirées firent apparition aux creux de ses paupières avant de s'effondrer telles des étoiles filante sur son visage glacé de stupeur, il était sidéré.

Tiens, prends le . Dit John en tendant le journal à Jake.

Jake le prit et l'ouvrit, il mouilla la première page de larmes, et commença la lecture.

Jake était sur le point de faire une découverte exceptionnelle et imprévisible, sa perspective et son état d'esprit allaient prestement se métamorphoser au stade supérieur, il allait évoluer.