Chapitre 9 :


La lumière filtrait au goutte à goutte à travers les rideaux, mes paupières closes se coloraient d'orangé m'indiquant ainsi qu'il faisait jour de nouveau. J'avais l'impression de me réveiller après un terrible cauchemar dont un puissant mal de crâne m'empêchait de me souvenir. Je me redressai lentement tout en prenant appuie sur mes mains. L'impression d'être balloté sur une barque au milieu de la colère de Poséidon me collait à la peau. J'avais du mal à m'en remettre. Je clignai plusieurs fois des paupières dans l'espoir de m'accoutumer à la lumière. La clarté du jour était atténuée par la nuit toujours présente partiellement, il devait être assez tôt le matin. Enfin habitué à la lumière, je regardai autour de moi un sourcil légèrement froncé. Où me trouvai-je ? La réponse n'était point compliquée. Je discernai le bureau couvert de livres dans un coin de la pièce, la table basse au sol. Ma chambre. Comment m'étais-je trainer jusqu'ici hier soir ? Ah. Je portai une main à ma tête qui me lançait comme si un bébé enjoué jouait du xylophone à l'intérieur de mon crâne. Je voudrais bien me recoucher, ce n'était pas dans cet état que j'allais pouvoir me lever et entamer la journée dans la joie et la bonne humeur. Je me frottai doucement le visage, essuyant la moiteur qui me masquait. Les draps chauds de mon lit avaient tellement de bons arguments pour me faire rester là. Je fermais lentement les yeux, près à rejoindre les bras de Morphée pour la seconde fois, quand j'entendis des voix dans la maison.

-C'est très gentil de ta part de t'être déplacé exprès Edward. Merci pour lui, déclara la voix grave de mon père ours.

J'imaginais très bien Ed hausser nonchalamment les épaules, comme si ce n'était pas grand chose.

-Ce n'est rien, je suis heureux de pouvoir contribuer un peu au rétablissement de Sam.

-Merci d'être passé en tout cas, remercia encore Sylvie.

-On s'est pratiquement battu pour savoir qui viendrai, commença l'adolescent. Laura, la copine de Sam, s'est elle aussi portée volontaire mais son quartier n'étant pas dans le coin, après mainte joutes verbales j'ai été désigné ... , raconta-t-il comme si c'était un noble honneur.

Il laissa trainer sa phrase, cogitant silencieusement pour y ajouter les bons mots.

-La copine de Sam ... je serai ravi de la rencontrer, renchérit bien vite ma mère avant que le jeune garçon n'ait eu le temps de compléter sa phrase.

Je devinais très bien son expression curieuse lorsqu'elle disait cela. Ma mère mourrait d'envie d'en savoir plus. Il y eut une brève pause, Ed pesait le pour et le contre de cette annonce.

-C'est une fille adorable, polie, bien comme il faut. Et en plus de cela très belle ! Blonde bouclée avec des yeux découpés dans la nuit, résuma-t-il à mes parents.

Edward tais-toi ! Si je n'avais pas été cloué au lit, ou que j'avais trouvé la foi de me sortir de la couette, rien ne m'aurait empêché de l'embarquer dans ma chambre pour le faire se taire et cesser d'intriguer mes parents d'avantage. Il dévoilait un tas de mes secrets à mes parents, qui pouvaient certainement se passer de tout ça.

-Il faudra que je l'interroge dans ce cas ... , dit mon père avec un sourire malin.

J'en avais assez entendu ! Mon intervention allait être imminente dans le but de stopper cette discussion futile. D'ailleurs, il devait me manquer une étape car je ne comprenais fichtrement rien à ce qu'ils se racontaient gaiement. Je pivotais vers le bord du lit avant de m'arrêter sur un détail qui, au préalable, n'avait pas retenu mon attention. Un plateau accompagné d'un verre d'eau et d'un bol de soupe tiède se nichait sur ma table de chevet. Depuis combien de temps est-ce que je roupillais tranquillement ? Par réflexe, je me dépêchai de prendre connaissance de l'heure afin de me repérer dans le temps : dix-sept heure vingt cinq. Ce n'était donc pas le matin ... Perturbé par la nouvelle qui atteignait mon cerveau je sortis les pieds du lit et les posai au sol avec une lourdeur pachydermique. J'attrapai la boîte de lentille sur ma table de chevet et les mettait en place avec aisance. Ma tête me lançait de nouveau.

-Tiens, on dirait que Sam est debout, déclara Edward qui venait de relever le bruit causé par mon activité soudaine. Je vais aller lui dire bonjour si cela ne pose pas de soucis.

Mes parents lui adressèrent quelques mots avant que ses pas sur l'escalier ne résonnent dans toute la maison. Moins d'une minute plus tard on poussait doucement la porte en face de moi. J'avais préparé un regard fâché afin qu'il regrette ce qu'il venait de révéler. Je me trouvais toujours assis sur le lit, les pieds dans mes pantoufles bleues marines, à demi recouvert par ma couette épaisse. La vraie mine de convalescent. Mon ami m'adressa un grand sourire, mais je devinais d'après les légers tremblements du coin de ses lèvres qu'il se retenait désespérément de s'esclaffer devant le spectacle pitoyable que j'offrais.

-Coucou monsieur grincheux, me lança-t-il en s'approchant.

Très drôle ! Je plissai les sourcils, il était difficile de ne pas lui en vouloir d'avantage pour cette interruption qui me mettait dans une position plus que gênante. J'y ajoutai aussi un nouveau coup de baguette de xylophone puissant dans le crâne, et vous aviez mon état psychique du moment. Enfin, à cela il fallait compter ma perplexité face à l'événement présent.

-Tu peux t'exprimer légèrement moins fort s'il te plait, maugréai-je d'une voix où sonnait la fatigue.

L'adolescent qui se tenait dans l'entrebâillement de la porte avec son sac à dos jeté sur une épaule sembla se calmer, son attitude retomba pour laisser place à une expression plus compatissante.

-Toujours en convalescence mon pauvre ... , soupira-t-il.

-Comment ça toujours ? On peut m'expliquer la cause de toute cette scène ?

Je commençais à perdre patience. Tout m'échappait. Le comment du pourquoi de cette situation. Les paroles de mes proches. Toutes mes pensées s'embrouillaient dans un mélange peu ragoutant. En face de moi Edward se mordillait légèrement le bout du pouce gauche dans un tic nerveux, il s'avança dans la pièce avec une légèreté démesurée, veillant cette fois-ci à faire le moins de bruit possible. Le garçon déposa un dossier sur mon bureau avant de retourner sur ses pas pour se diriger vers mon lit. Il hésita longuement à s'asseoir jusqu'à ce que je le lui autorise d'un geste de tête discret. Le silence qui s'installait ne m'informait de rien de bon.

-Tes parents ne t'on rien dit ? Demanda-t-il visiblement étonné que se soit à lui que je pose la question.

-A ton avis ? ...

Je n'étais jamais agréable au réveil, encore moins quand dans ma tête un essaim butinait joyeusement. Je m'en voulais terriblement de me comporter aussi mal. Il fallait absolument que je fasse un effort.

-Excuse-moi, ce n'est pas sur ce ton que je souhaitais m'exprimer. Je suis un peu perdu en ce moment alors si tu pouvais m'éclairer je t'en serai reconnaissant, m'empressai-je d'ajouter beaucoup plus calmement que lors de mes derniers mots.

Ed m'adressa un petit sourire réconfortant dont nulle pointe de ressentiment ne perçait. Ce n'était pas un garçon rancunier contrairement à d'autre.

-Laisse moi donc t'illuminer de mon savoir, même s'il n'est que partiel car je ne suis pas au courant de tout.

Il marqua une pause comme pour prolonger le suspens et accrocher toute mon attention aux moindres de ses mots.

-Le soir de la fête tu es parti malade. Apparemment tu serais rentré chez toi à une heure pas possible, longtemps après que tu aies raccroché au nez de Léo. On s'est fait un sang d'encre pour toi.

L'appel de Léo. Cette histoire ne m'était pas étrangère.

-Tes parents racontent que ta mine plus pâle que jamais accentuait la folie des propos que tu tenais. Ils étaient à la limite de faire appel à un exorciste pour te venir en aide. Tu ne parvenais pas à aligner trois mots, tu tremblais affreusement, et tu soufflais tel un coureur de marathon qui venait de terminer ses quarante deux kilomètres de parcours. Sans mentionner les tâches sur tes vêtements. Finalement tu as perdu connaissance et depuis tu dors. Le médecin a émis deux hypothèses : soit il s'agit d'un choc émotionnel, ou alors d'une mauvaise réaction à « certaines substances », conclut-il tout en plaçant les guillemets de sa phrase à l'aide de ses doigts.

L'horreur de mon escapade nocturne remontait en moi à la vitesse grand V. Je dus prendre sur moi pour contenir les vibrations qui parcouraient mon être entier.

-On a rien dit à tes parents au sujet de la fête et ce qu'il s'y est passé ... tu auras peut-être quelques ennuies.

Des ennuies j'en avais des tas !

-Donc je passais prendre de tes nouvelles et t'apporter les cours et devoirs de la journée qu'il faudra que tu rattrapes comme tu t'en doute. Je ne m'attarde pas malheureusement, car j'ai à faire.

J'opinai d'un mouvement de tête mécanique.

-Merci pour tout. J'espère que pour ta part tout va bien.

Le seul point positif que j'arrivai à trouver à cette histoire était que mon ami ne semblait pas vexé que je sois parti sans le lui annoncer. C'était une maigre consolation.

Malgré les airs pressés de l'adolescent, je constatais que ma question lui faisait plaisir. Son visage s'attendrit un instant.

-J'ai eu l'occasion de rencontrer une personne fort agréable à la soirée de Laura.

Je haussai un sourcil, curiosité vilain défaut. Pour cette caractéristique je pense que je tenais de ma mère. Ou bien était-ce simplement la nature humaine ?

-Je te la présenterai à ton retour. Elle te plaira j'en suis sûr, rajouta-t-il avec un sourire jusqu'aux oreilles. Sur ce, je te laisse. Repose toi bien grand malade.

Sa joie était communicative, à mon tour le coin de mes lèvres se retroussait.

-J'ai hâte de la rencontrer dans ce cas. Repos ... vu le joli cadeau que tu viens de me livrer, je doute en avoir beaucoup.

Je l'entendis rire avant de sortir de la pièce. Peu de temps après, le bruit de la porte qui se fermait m'indiqua qu'Edward était bel et bien parti. Je soufflais longuement. Alors cela faisait depuis dimanche matin que je dormais et il était désormais lundi soir. La nausée revenait petit à petit quand je repassai la scène terrifiante dans ma tête. Quel avenir me réservait-on pour avoir été le témoin d'une tragédie pareille ? Le poids des regards qui pesaient sur moi me brûlait la peau, et tandis que ma vision floutée devenait de nouveau nette, je discernais la forme de mes deux parents qui me fixaient depuis le couloir. Dans un avenir proche j'envisageais le début d'un long interrogatoire sur ma santé pour en finir par les évènements de cette nuit Là.

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Merci d'avoir lu ce chapitre, c'est une petite transition avec la suite donc rien de vraiment palpitant. Les révélations se profilent à l'horizon ;)

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