Chapitre 36 :
J'avais atteint la planque ! Ce n'avait pas été une mince affaire de convaincre mes parents de me laisser partir.. Un mensonge, un encore ! « Edward a oublié son livre de biologie au lycée. Il faut que je lui prête le mien pour qu'il puisse faire le devoir maison. Je serai vite de retour. » Sans attendre, j'avais filé.
Ma nouvelle apparence serait des plus utile pour retrouver Ed. J'avais copié l'apparence de Taro, le chien de Zayn, un magnifique berger-allemand croisé malinois, utilisé par sa mère dans l'unité Knine de la ville.
J'étais bon. Prêt à partir à l'attaque même si Sonya me l'avait interdit. Je ne pouvais pas attendre. Elle me retrouverait. Je n'en doutais pas. Et si elle jugeait que la vie d'Edward n'était pas assez importante, alors tant pis, j'irai sans elle sauver mon meilleur ami !
La sangle de mon sac s'était enfin ajustée à ma taille. C'était un accessoire très pratique que Sonya m'avait offert. Le tissu était mêlé à des fibres de plastiques ensorcelées par des mages pour en modifier les propriétés physiques. Ces dernières étaient bien plus élastiques mais aussi plus rapide à reprendre leurs formes. Ma taille pouvait varier, la sangle s'adaptait à mon apparence.
J'inspirai une fois encore avant de quitter le cabanon au bord d'un chantier, qui nous servait de cachette avec ma camarade surnaturelle. Il faisait froid. Les températures auraient dû être plus chaudes. Le temps était contre moi lui aussi. Les gros nuages noirs qui s'accumulaient dans le ciel annonçaient la pluie. Ces jolies perles d'eau qui effaceraient toutes traces de la batailles des sols-pleureurs pour faire place neuve à une nouvelle histoire.
J'accélérais le pas. Les rues de la ville étaient peu peuplée, typique d'un dimanche après-midi grisonnant. Mes pattes martelaient le sol à une allure soutenue. L'adrénaline dilatait mes pupilles arrondies en deux lunes noires aux reflets argentés. J'avais peur. Peur d'arriver trop tard. Mais je me raisonnais en me répétant que s'ils voulaient me capturer moi, ils n'avaient pas de raisons valables de tuer Edward. Pas tant que je ne me trouvais pas entre leurs griffes. Dans mon désespoir, c'était bien l'unique note positive.
Essoufflé, j'arrivai à l'avenue qui donnait sur le parc. Même si j'avais envie de courir retrouver mon ami, je ne pouvais négliger le témoin de la scène. Résistant à mes pulsions, je tournais la tête en direction du salon de thé. Il se trouvait face à l'immense portail en fer forgé, qui écrivait en lettres dorées sur une arche imposante : Parc du Roi Soleil.
Je trottinais jusqu'à l'établissement au façade en bois peinte d'un sympathique bleu lavande. Planté devant la grande vitrine, je cherchais activement la jeune rousse. La buée qui s'échappait de mes narines pour se coller contre le verre ne me rendait pas la tâche facile. Après quelques minutes infructueuses, je la découvrais au fond de la pièce, à moitié cachée par une plante décorative. Elle avait les yeux rougis comme si elle n'avait pas arrêté de pleurer. Et puis elle tremblait toujours, chamboulée par ce qu'elle venait de vivre.
Je la fixai un instant, prenant un pas de recul. Face à moi, dans la vite, se tenait à présent mon reflet. Un chien musculeux au poil ébouriffé par une course folle. Le contour de mes yeux assombri faisait presque croire à un mélange de larmes et de mascara.
Je secouai la tête. Aujourd'hui je devais compter sur Clara pour qu'elle pleure en mon nom. Je pleurerais si je perdais. Donc tant que je ne pleurais pas ce n'était pas encore la fin.
Il était temps de tenter le tout pour le tout. J'allais devenir la créature qui sommeillait en moi. Réveiller ses instincts sauvages.
Je laissais passer une voiture avant de traverser et courir jusque dans le parc. Je partais directement vers le coin des sols pleureurs. Mais je prenais garde, une embuscade pouvait m'attendre même si je ne pensais pas que la Secte prendrait le risque de se positionner au même endroit où elle avait frappé une fois déjà. Même leurs opérations, qui pourtant se ressemblaient les unes les autres, ne se déroulaient jamais au même endroit. Attentif au moindre bruit, je dressais les oreilles bien droite sur mon crâne sable afin de repérer mes ennemis. Pas un chat. Je dilatais mes narines, inspirant plusieurs goulées d'air frais dans mes poumons. Les fumets respiraient l'angoisse, la peur et la haine. Je pouvais presque savoir exactement ce qui s'était passé ici grâce aux odeurs laissées là.
En tout cas, bien que très frais, et récents, les parfums étaient affaibli, signe que personne ne trainait plus là. Je me méfiais. On ne savait jamais quand mes sens allaient me trahir.
J'escaladais une petite butte d'herbe en trois foulées rapide pour observer véritablement la scène en contre-bas. Les sols pleureurs tombaient leurs branches en deuils, telles des têtes courbées par le chagrin. L'odeur d'Edward était forte. Plus que forte puisque son sang avait tâché l'herbe verte de cette petite clairière cachée.
Des hommes retenaient Cara tandis que l'adolescent se faisait rouer de coups. Coup après coup jusqu'à ce que son sang marque l'endroit pour toujours. Le fer chatouillait mes narines d'une façon désagréable. Je plissai mon museau sombre, qui dessina des rides de dégoût jusqu'entre mes deux yeux.
Une fois le lieu évalué visuellement, il était temps de faire appel à mes sens surdéveloppés. Il y avait peu d'espoir d'entendre mon camarades, puisque les minutes s'étaient écoulés bien trop vite depuis l'incident. Il devait être déjà bien loin.
L'odorat. Je m'étais peu entrainé à la traque, toutefois j'avais aujourd'hui besoin de ce talent. Je reniflais l'air ambiant, catapulté dans un nouveau monde sensationnel. C'était presque comme voir avec mon nez ! J'avais du mal à m'y accoutumer. Tout était si fort, si présent. Je n'arrivais pas à m'orienter. Il fallait de la concentration, focaliser toute mon attention sur Edward. Sa trace était mélangée à toutes les autres. Petit à petit j'affinais mon travail, devinant plus précisément le chemin pris par mon ami. Tel un chien de chasse, je prenais la fameuse pose museau en avant, patte avant relevée, et les postérieures bien ancrées au sol. Par là !
Je détalais en direction du bosquet touffu dans lequel les ravisseurs avaient disparu avec leur otage. Les branches fouettaient mon visage tandis que je me faufilais entre les buissons, chênes, et hêtres sur ma route. Un coup de tonnerre retentit dans le ciel, semblant ouvrir le bal à une pluie torrentielle. C'était bien ma veine, il allait falloir que j'accélère le pas. J
'arrivais à un muret que je franchissais sans problème, faisant frôler l'arrêt cardiaque au pauvre homme qui luttait contre le mauvais temps sous son parapluie, devant qui j'atterris. Je n'avais pas le temps de m'occuper de lui. Je continuais ma mission, de nouveau truffe au sol. La piste était plus ténue, un simple fumet dirigé jusqu'à une place de parking en périphérie de la route. Ils avaient dû l'emmener dans un véhicule. Cela ne me facilitait pas la tâche.
Je poursuivais ma mission de nouveau truffe sur le tarmac. Je farfouillais à la recherche d'un détail qui m'aiderait à en savoir plus au sujet du rapt de mon ami. J'essayais de me recentrer sur l'objectif, mais à chaque fois que je sentais l'odeur de sa peur, que je m'imaginai ce qu'ils pourraient lui faire, je n'arrivais plus à rien ! Piégé dans une rage destructrice. Je n'étais pas comme Sonya. Personne ne m'avait habitué à la torture, la douleur de voir un être cher se volatiliser ainsi pour finir entre les mains de barbares. Je n'étais pas un type qui gardait son sang froid comme un héros de film d'action. J'étais Sam, j'étais moi un simple adolescent maladroit qui essayait de se battre contre des puissance au-delà de ma portée. Il me faudrait un miracle pour réussir! Mais ça ne m'empêcherait pas de faire le nécessaire pour sauver Ed.
Si je devais mourir ... oui, pour lui si je devais mourir je me sacrifierai.
Lui, il avait un projet, des rêves, une vie. Moi ? Moi je n'avais rien sans lui.
Je secouai la tête, me sortant de ma torpeur. Un papier froissé avait été jeté sur au sol. Il empestait ces brutes. Je le dépliais tant bien que mal à l'aide de mon museau. C'était un ticket de paiement pour le parking. L'ironie. Ils étaient prêt à kidnapper un innocent, mais pourtant ils ne se permettaient pas d'enfreindre le code de la route. Bâtards ! Sauf qu'en vérité, ils m'avaient fait une fleur car griffonné sur le bout de papier se trouvait une adresse. Ils semaient des miettes tel le Petit Poucet pour que je retrouve leur chemin dans cette jungle urbaine.
Sonya avait raison : il s'agissait d'un piège. Cependant je ne pouvais plus reculer, j'étais bête, stupide et impulsif, un cas désespéré. Et sur cette ultime pensée je reprenais ma course en direction de l'endroit où ils m'attendaient armés jusqu'aux dents et avec l'envie de me voir mort.
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