Chapitre 3 ~
La balle rebondissait sur le parquet ciré du terrain de basketball. Zayn dribblait habilement au milieu de la zone, il avait franchi tout notre segment du terrain en très peu de temps. Il envoya le ballon à Léo en position de pivot. Les cinq joueurs de notre équipe qui avaient le rôle de la défense ne semblaient pas poser trop de soucis à mes camarades. Cela ne dura pas, bientôt Edward et Dan fondaient sur lui.
-Sam! cria-t-il bien que j'avais déjà réagi en le voyant bloqué par nos adversaires.
Je bondis pour rattraper le ballon noire et argenté qui volait dans ma direction avant qu'une faute de temps ne soit commise. D'un tir précis je terminai notre offense en marquant un panier.
-Bravo! s'exclama mon équipier toujours aussi fort.
Du revers de la main j'essuyais la transpiration qui gouttait sur mon front. Nous avions réussi. Léo s'approcha de moi pour me taper dans la main. Il souriait ravi de notre victoire. Edward arriva près de nous en souriant, et me passa la main dans les cheveux afin de les ébouriffer, un geste taquin.
-Bien joué! Vous êtes vraiment forts tous les trois, s'exclama-t-il en affichant une mine réjouie.
-Tu devrais pas être content, c'est vous qui avez perdu, lâcha Léo légèrement moqueur.
L'adolescent prenait beaucoup de plaisir à agacer son entourage.
-Comme vous faites partis de l'équipe, je peux bien vous féliciter, vous êtes nos meilleurs ailiers.
Je lançai un regard à Ed qui était toujours aussi heureux. On aurait dit que son sourire était tatoué sur son visage à l'encre indélébile.
-Il faut chacun de nous pour réussir. Tu es le meilleur arrière, pas la peine de faire une histoire parce qu'on a réussi, dis-je avant de me retourner vers les suivants qui étamaient déjà quelques étirements prêts à se mettre en place.
J'avais besoin d'un peu d'espace. Je respirai avec une légère difficulté par rapport à l'habituelle. J'avais comme l'impression que mes poumons ne se remplissaient pas complètement malgré mes inspirations profondes. Léo et Edward s'étaient installées sur le banc en périphérie du terrain tandis que Clément et Sébastien faisaient une montée sur le terrain. Un faible tremblement traversa mes jambes. Je devais m'asseoir ! Jamais je n'aurais pensé que la fatigue me diminuerait à ce point.
Zayn qui s'étirait les bras à ma gauche m'interpela.
-C'était un bel enchaînement ! On a bien progressé.
Je me contentai de répondre par un faible hochement de tête.
-Tu te sens bien, tu m'as l'air un peu pâle ? s'inquiéta mon camarade.
-Oui, oui , j'ai un peu trop forcé. Je vais aller me poser un moment, dis-je dans l'espoir qu'il n'insiste pas plus.
Je me trainai jusqu'au banc et pris place à l'extrémité, espérant que personne ne s'intéresseraient à moi.
La pause fut courte, moins de cinq minutes avant que monsieur Fogères ne siffle à plein poumon dans son sifflet porte-bonheur. Un pendentif qui ne quittait jamais son cou.
-Allez debout tout le monde ! On se lève pour un dernier exercice !
Des soupirs de soulagement se dégagèrent du petit groupe de joueurs. Je n'étais pas le seul épuisé par l'entrainement. Avec plus ou moins d'énergie, chacun remis place en ligne droite sur la bordure du terrain.
-Deux par deux et on prend un ballon. Perfectionnez vos dribbles et déplacements, annonça l'entraineur, son crâne lisse réfléchissant la lumière éblouissante des projecteurs du gymnase.
Edward se dirigea vers moi, une balle en main.
-Partenaire ?
Je lui répondis par un sourire sympathique. Évidemment ! Un coup de sifflet démarrera l'exercice. Je me sentais mieux. Ce ne devait être qu'un coup de barre passager. Ed faisait rebondir le ballon et je tachai de le gêner dans ses mouvements. Je parvins à la lui piquer. Mais au moment de dribbler, la peau de ma main commença à fourmiller. Un craquement sortit de mes doigts qui se tordaient dans des directions improbables. Un cri de douleur échappa mes lèvres alors que j'attrapai ma main entre mes doigts valides. Pas maintenant.
-Tu vas bien ? s'écria Edward paniqué.
-Ouais, je crois juste que je me suis tordu le doigt. Je vais le passer sous l'eau froide, je reviens.
Je ne lui laissai pas le temps de proposer de m'accompagner que je filai vers les toilettes. J'évitai notre entraineur de peur de perdre trop de temps. Je sentait déjà mes os me faire douloureusement souffrir dans la totalité de mon bras.
Les W.C se trouvaient dans le même couloir que les vestiaire. Je courrai à présent, sentant ma peau se distendre, prise de contractions comme si elle était vivante. Pourvu que personne ne me voit !
Je me barricadai dans une cabine et fermai à clé. Mon corps entier se convulsait sous les tremblements. Pas une crise ! Tout mais pas ça.
Je pris appuie contre un mur malgré la difficulté que j'avais à me contrôler. Inspire. Expire. Encore une fois. Mon bras droit bougeait toujours selon sa propre volonté dans des craquements échouants. Je me forçai à l'ignorer pour me concentrer sur mon souffle. Je retrouvais mon calme et mon corps s'apaisait lui aussi. Le soulagement m'envahit. Le pire semblait passé. Mais j'allais devoir prendre garde. La fatigue m'affaiblissait et je ne pouvais me permettre de perdre le contrôle ainsi.
Certain que j'allais mieux, je sortis des toilettes et rinçai rapidement ma main, prenant à peine le temps de la sécher à l'aide des serviettes en papier ultra-fines. Alors que j'approchai de la pièce, la voix de notre entraîneur retentit à travers toute la pièce contenant le terrain.
-C'est fini les gars! Vous pouvez y aller, merci d'être venu.
Un brouhaha général envahi l'endroit tandis que la concentration de chacun chavirait pour retourner à des histoires très différentes de la stratégie sportive. J'attendis mes amis pour me diriger vers les vestiaires. J'avais vraiment hâte de me changer afin de retirer ces vêtements poisseux et collant. Edward m'interrogea d'un regard mais je fis mine de ne pas le voir. Je préférais ne pas avoir à expliquer cet incident.
-Monsieur Fogères m'a demandé de te dire d'aller le voir pour qu'il jette un oeil à ta main, dit-il.
-J'irai après m'être changé. Mais tout va mieux, il n'y a rien de sérieux, répondis-je, rassurant.
Le bruit continuait même à l'intérieur des vestiaires. Il y avait toujours cette ambiance animée après chaque entraînement. Je me demandais vraiment comment on pouvait s'exciter pour si peu. J'étais trop épuisé pour dire quoi que se soit malgré les regards inquiets de mon ami. Je me contentais de m'essuyer rapidement d'une serviette mauve dans mon coin, avant de me changer.
Léo se trouvait assis sur le banc à ma droite, il bataillait avec ses lacets. Edward lui, buvait à grandes goulées, torse nu. Les filles auraient été folles de jalousie de savoir que nous avions droit au spectacle de sa peau nue légèrement hâlée recouverte d'une fine pellicule de transpiration. Je me concentrais sur mes affaires, rangeant mes vêtements de sport dans mon sac lorsque une main se posa sur mon dos légèrement voûté.
-Dis, on va sortir avec les filles ce soir, tu viens avec nous? lança le jeune homme châtain à ma droite.
Je me relevai très lentement pour le regarder de façon singulière.
-Pardon?
Ce fut le seul mot que je parvins à articuler malgré tout ce qui traversait mon esprit en l'espace d'une demie seconde.
-Tu as très bien compris. On a prévu d'emmener un groupe de filles en ville ce soir pour boire un coup, viens avec nous Sam, relança-t-il aussitôt.
Je constatai avec regret qu'il paraissait vraiment sérieux. Ses yeux lançaient une lueur menaçante, ou plutôt oppressante. Á l'évidence je n'avais plus le choix. Dans sa tête la décision de ma présence à leurs côtés était déjà prise depuis bien longtemps.
-Je ne suis vraiment pas intéressé. Je dois rentrer travailler, on va avoir un contrôle de physique très bientôt, et franchement je ne suis pas au point, soufflai-je en tâchant de me montrer convaincant même si c'était perdu d'avance.
De l'autre côté de moi, une nouvelle main se posa sur mon épaule, voilà Edward qui s'y mettait aussi. Par pitié, non!
-T'inquiètes pas pour ça, je viendrai t'aider à réviser ce week-end si tu veux. Allez, fait pas ton coincé. Si tu viens toutes les filles voudront venir, elles seront ravies, expliqua-t-il de façon persuasive.
C'était le plus gros mensonge que j'avais entendu dernièrement.
Il n'y avait pas d'autres issues. Cela pouvait paraître paradoxal pour un jeune de ne pas tenir à sortir, mais moins je me trouvais avec les autres mieux ça allait pour moi. Ce qui ne voulait pas non plus dire que je n'appréciai pas la compagnie. Il ne fallait pas s'imaginer que j'étais un garçon asociale, et marginal. J'étais tout simplement plus à l'aise lorsque je me trouvais avec un cercle d'amis restreint.
Après une longue minute de silence je finis par céder.
-Bon très bien, je vous accompagnerai. Mais ne promettez rien aux demoiselles, je ne compte pas rester longtemps, mes parents seront sûrement contre le fait que je sorte, répondis-je en cherchant à trouver des excuses pitoyables pour ne pas y aller.
Les deux compères sourirent en chœur ravis d'avoir réussi leur petit coup.
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