Chapitre 19 :
L'air était glacial. Je ne savais pas comment j'en étais arrivée là. J'aurais pu vivre ma vie peinarde, en tout tranquillité, mais non ! Il avait fallu qu'on m'envoie veiller sur un sale adolescent braillard en pleine crise. Cooper allait m'entendre ! Bon, je jugeais Sam bien vite, à vrai dire, et même si je refusais encore de l'admettre, ce gamin me plaisait bien. Je retrouvai un peu de moi dans ses angoisses, son attitude têtue, et ses remarques sarcastiques. Depuis que je l'avais rencontré je ne m'ennuyais pas. J'avais eu l'occasion de vivre pendant quelques temps ces années de lycée auxquelles je n'avais eu droit. Pas que cela me manque, sincèrement ce monde était infernal ! Juste que c'était plutôt sympa d'avoir sa petite bande de copains avec qui s'amuser.
Quant à Rebecca, j'avais longuement prié pour son âme. Elle ne me pardonnerait pas, jamais, mais je pouvais tout de même lui souhaiter de trouver la paix dans l'au-delà. J'allais la venger, je ne savais pas encore qui était responsable de sa présence dans le parc cette nuit là, mais j'avais ma petite idée, et il allait payer cher !
Quoiqu'il en soit, ce n'était certainement pas le moment de penser aux autres. Là, j'étais mal ! Sérieusement mal ! Ils avaient réussi à me coincer. Je n'avais pas beaucoup d'endroits où aller ... prise au piège. Et pour une fois, ce n'était pas moi qui avait les cartes en main, cette nuit je n'étais plus qu'un pion sur l'échiquier, ballotée à droite à gauche selon leur volonté. Les tremblements qui secouaient mon corps étaient les mêmes qu'à l'habitude, cette anxieuse envie de vivre. Je ne laisserai personne m'empêcher d'accomplir mon destin ! J'avais trop à réaliser avant de tirer ma révérence. Cependant, en l'état actuel des choses, je craignais que mon salut ne soit prématuré.
La Secte n'appréciait pas mes petites attentions et me le faisait sentir. Perdre deux de leurs membres en si peu de temps n'avait pas enchanté le groupe. Ce soir, c'était une véritable chasse à coure qu'ils organisaient pour se débarrasser du problème. S'ils croyaient en finir en me supprimant, ils se trompaient profondément. J'étais une mauvaise herbe parmi tant d'autres, on repoussait toujours, du moment qu'ils ne touchaient pas aux racines. Ils avaient profité d'un moment de faiblesse pour attaquer. Ils étaient trop nombreux pour que j'utilise une arme, j'attirerai trop vite l'attention, et ici ils étaient maître du jeu, sachant que des membres de l'autorité public leurs prêtaient allégeance, ils couvriraient l'affaire de leurs côtés.
La ville, je la connaissais par cœur pour en avoir étudié la carte des heures et des heures, lorsqu'on travaillait comme moi, on ne laissait rien au hasard, il fallait une connaissance parfaite du terrain. Alors que j'aurais dû me croire dans un dédale, je devinais la suite du parcours sans difficultés. J'avais du mal à courir. Quelle idée d'avoir mis des talons ? J'aurais dû y penser qu'il me faudrait peut-être filer à toute allure ... Enfin bon, c'était le meilleur moyen de mettre ma silhouette élancée en avant, et j'avais dû me faire belle pour une sortie avec des camarades de classe. Ordinairement, j'aurais refusé catégoriquement de me mêler à eux sans Sam, il était l'unique raison pour laquelle je sociabilisais, mais là notre dispute m'avait tellement agacée que j'avais bêtement accepté de suivre un groupe de gars au bar. J'avais besoin de calmer mes nerfs, de souffler, l'histoire d'un verre ou deux. Bien sûr, des gars du basket nous avaient rejoint. Ma victime préférée ! Léo, sur qui je m'étais amusée à faire mes griffes. Et le plus drôle était de voir sa tête dégoûtée quand j'obtenais du soutien des autres garçons. Voilà pourquoi j'étais habillée comme une pin-up, talon, robe, et tout le tralala. Inutile de vous faire le dessin de mon état pitoyable, difficile de fuir dans de telles conditions.
Je courrais à travers la ville endormie, à chaque foulée de la buée se formait devant ma bouche. Je haletai sous l'effort, l'alcool et le sport n'étaient pas un bon mélange ! Je tournai à gauche, mais leurs ombres m'indiquaient la barrière humaine contre laquelle je me heurterais en continuant. Génial ! Ils m'avaient conduit exactement là où ils le voulaient : une impasse. C'était bien ma veine. Cette fois-ci je ressentais de la peur, comme jamais je n'en avais ressenti depuis une bonne décennie. J'allais mourir ? L'idée se faisait de plus en plus réelle dans mon esprit. Et tout ça pourquoi ? Pour un simple moment d'égarement, deux petites heures à oublier ma condition ... Impossible. J'étais tellement bête. Tellement, tellement bête ! Je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même pour mes bêtises, j'étais coincée, et personne ne viendrait me sauver. J'étais seule. Cette pensée me glaça le sang. Il fallait donc affronter la fin courageusement. Je me retournai dans leur direction. Ils avaient gagné. J'étais faite comme un rat ... Hors de question de leur donner la satisfaction de me voir pleurer cependant ! J'affrontais chacun d'eux d'un regard provocateur.
-On te tient sale monstre ! grogna l'homme qui s'était avancé devant les autres, son jouet mortel en main.
Je plissai un sourcil moqueur avant de sourire, une lueur de défi dans mes prunelles.
-Je ne suis certainement pas le seul monstre ici, j'en contemple une meute entière, déclarai-je en observant chacun de leurs visages.
Aucun ne cilla, il n'y avait pas un regret en eux, ils pensaient sincèrement se battre pour une cause en or. Qui leur avait ainsi lavé le cerveau ? Je me le demandais bien ... Á vrai dire nous n'étions pas si différent, eux comme moi, lutions de toutes nos forces, nos objectifs différaient évidemment, cependant nous étions prêts à aller jusqu'au bout de l'aventure pour la mission qu'on nous avait confié. Je fermai les yeux pour me recentrer. Réciter une dernière prière avant de quitter ce monde. J'entendais les cliquetis de leurs armes tandis qu'ils s'excitaient, ils n'étaient que les gammas, attendant que l'alpha ne m'achève. Je croisai enfin son regard, froid, dur, imperturbable ; une seule mission : m'éliminer de son chemin ! Nous nous sommes regardé pendant une bonne minute avant qu'il ne lève son arme dans ma direction.J'accueillais finalement la fin à bras ouverts. J'avais couru très longtemps pour survivre, et c'était ici que le chemin s'arrêtait, dans une impasse minable. Il appuya son doigt sur la gâchette et la détonation résonna dans mes oreilles.
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Coucou :)
Merci d'avoir lu ce chapitre, j'espère qu'il vous a plu ^_^
Que pensez-vous de cette situation ? Que va-t-il se passer par la suite pour Sam ?
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