Chapitre 15 :


            Sonya courrait comme jamais. Côte à côte avec Léo, elle avait rattrapé toute la distance perdue lors du passage du témoin, et maintenant qu'elle le tenait, elle ne le lâcherait plus. Un rapace, un oiseau de proie. Elle glissait dans l'air avec une facilité hors du commun. Á une vingtaine de mètres de la fin une expression étrange éclaira son visage, elle ne ralentit tout de même pas continuant de défier Léo. 

Et là, ils franchirent la ligne d'arrivée chacun avec le bras tendu le plus loin possible devant eux afin que le morceau de bois qu'ils tenaient passe la frontière invisible de la victoire. Léo et Sonya eurent du mal à ralentir, ils coururent encore jusqu'à s'arrêter plus loin, essoufflés et tremblants. Nous n'attendions plus que les résultats. Sonya ne nous avait pas laissé tomber, elle avait foncé jusqu'au bout. Je me tournai vers Max et Edward qui traversaient la piste pour se joindre à moi, la même étincelle d'impatience et d'excitation brillait dans leurs yeux.

-Terminale 2 vainqueur du relais à un fil d'avance sur la terminale 4 ! Félicitations à tous les participants, annonça une voix déformée par un microphone.

Edward qui avait posé sa main sur mon épaule pour me féliciter resserra ses doigts jusqu'à me pincer.

-La...la T.2. On a gagné ! s'exclama-t-il en me regardant ahuri.

Max ne parlait plus, les résultats avaient dépassé ses espérances, s'il avait eu des doutes sur Sonya, maintenant ils s'étaient envolés au loin. Il était trop heureux pour aligner correctement trois mots, alors c'est un cri victorieux qui remplaça les paroles. Et tous les trois nous marchions en direction de la gagnante qui se tenait à la barrière toujours à bout de souffle, les spasmes secouant son corps devenant de plus en plus faible.

-Tu cours plus vite que n'importe qui dans ce stade ! lança Max qui avait enfin retrouvé l'usage de la parole.

Sonya se contenta d'afficher un sourire un peu forcé avant de se crisper sur le grillage. Je demeurai silencieux pendant que mes camarades félicitaient l'adolescente. Il s'était produit un souci pendant la course, son expression l'avait trahi. Sous l'euphorie générale, je semblais le seul à m'en être aperçu.

-Je dois passer aux toilettes, je reviens, déclara-t-elle soudainement pour s'éloigner ensuite sans demander son reste.

Edward et Max la suivirent des yeux, saisissant seulement une fois qu'elle avait disparu qu'elle venait de leur fausser compagnie.

-Elle a un problème ... ? questionna Edward en s'adressant à moi comme si j'étais plus à même que lui de le savoir.

-C'est le cadeau du mois qui vient de tomber, cherche pas. Á chaque fois qu'une fille se précipite aux toilettes c'est ça, répondit Max à demi sérieux.

Je ne réagis pas, je savais que les choses ne tournaient pas rond. Sonya en temps normal serait allée narguer Léo sans perdre une seconde.

-Léo tire une de ces tronches, il ne doit pas digérer ce qui vient de se passer ! déclara Ravier qui venait de s'approcher appuyé sur une béquille.

Il n'avait pas pu remporter la victoire à cause de sa blessure, mais il avait profité du spectacle depuis les gradins et à son expression il ne regrettait pas d'avoir laissé Sonya prendre sa place.


Assis au bord de la piste, le coureur de jupons avait l'air anéanti. Il tenait sa tête entre ses mains fixant le sol avec un regard aussi vide que l'expression présente dans les yeux des geckos. Le garçon devait avoir pris un sacré coup dans son ego et j'avais du mal à me réjouir en sachant que c'était notre ennemie commune qui l'avait ratatiné. Je me plaçais à ses côtés, m'asseyant sur la petite marche qui séparait l'herbe du centre du stade et le sable orange poussiéreux de la piste. Il ne réagit pas, se contentant de se murer dans un silence de plomb dont il serait difficile de le sortir.

-Sans rancune, Sonya n'est pas une fille comme les autres ne t'inquiètes pas. C'est une tigresse qui se cache sous le visage d'une jeune fille, lançai-je pour tâcher de le réconforter.

Cela lui arracha un très léger sourire mais bien vite son expression redevint aussi éteinte qu'elle ne l'avait été jusqu'à présent.

-Allez, on en a déjà discuté. Je sais bien que perdre face à elle doit être insupportable mais tu t'en remettras. Je suis sûr qu'une de tes copines sera bien contente de te réconforter ce soir, lançai-je avec un sourire même si généralement je n'appréciai pas son comportement frivole.

-C'est pas le problème ... , râla-t-il sans expliciter la cause de ses soucis.

Je demeurai à mon tour silencieux sans savoir qu'elle réponse convenait le mieux à cet instant.

-D'accord, si ce n'est pas le problème et bien sache que je suis dans le coin si tu as besoin de parler, et je ne suis pas le seul, répondis-je en relevant la tête en direction des camarades de classe de l'adolescent qui s'étaient attroupés autour de lui afin de le complimenter sur cette course phénoménale. On se verra plus tard.

Je le saluai d'un coup de poing dans l'épaule, la violence avait toujours du bon quand il s'agissait de Léo, c'était le premier à venir vous couper le souffle avec un grand coup de main amical dans le dos. Notre classe s'était réunie autour de Max, Edward et Ravier, ils discutaient joyeusement de ce qui venait de se passer sans que personne ne pose de questions au sujet de la participation de Sonya. Ils avaient tous accepté sa présence et pour autant personne ne demandait ce qu'il lui était arrivé ensuite.

Je pinçais mes lèvres en découvrant qu'elle n'était toujours pas de retour, cela commençait à faire. L'idée obscure que la jeune femme ait eu une pulsion tueuse en plein milieu de la course s'immisça dans mon esprit. La haine qu'elle portait à Léo aurait pu être la cause de son changement brutal de comportement. La responsabilité me pesait. Je n'étais pas certain d'être prêt à devenir le témoin d'une tuerie supplémentaire, et puis Sonya en profiterait peut-être pour en finir avec moi par la même occasion. Je déglutis en imaginant la scène sanguinaire. Secouant la tête, je chassai la vision de ma propre mort pour me concentrer sur le présent. Je devais m'assurer que personne ne serait la victime de cette psychopathe en puissance ! On me parlait et je n'entendais même plus les mots qu'ils voulaient me dire, je reculai d'un pas soudainement.

-Je vais chercher Sonya.

Et sur ce je partis en cinquième vitesse dans la direction qu'elle avait prise. Je l'avais vu s'éloigner vers le lycée et c'était sûrement à cet endroit qu'elle se trouvait à présent. Cependant je n'avais aucun moyen de la retrouver. Traversant le parc à vive vitesse, je soulevais les feuilles et les brindilles de pin, qui étaient tombés pendant l'hiver, à mon passage. Comment la pister ? La question ne se posa finalement pas. 

Sonya se trouvait devant le bâtiment où elle entrait tout juste. Je pouvais la suivre avec aisance. Je ralentis l'allure pour ne pas qu'elle me remarque puis aussi fidèle qu'une ombre, j'accompagnais ma camarade avec discrétion. Elle pénétra en effet dans les toilettes des filles, et je m'immobilisai au bout du couloir. Peut-être qu'elle avait simplement dit la vérité et que Max avait raison, mais alors pourquoi avait-elle mis tout ce temps à se rendre jusqu'aux sanitaires ? Patient je restai à distance le temps qu'elle ressorte.


Les minutes filaient et j'étais toujours dans le couloir, jetant un coup d'œil à ma montre, je constatai que vingt bonnes minutes s'étaient écoulées depuis que je l'avais perdu de vue. Peut-être s'était-elle rendue compte que je la suivais et elle s'était éclipsée par la fenêtre pour ne pas que je poursuive ma filature ... Je devais en avoir le cœur net ! Je poussai la porte et m'exclamai.

-Sonya ?! Est-ce que ça va ?

C'est bien sur elle que je tombais, une main sur son œil gauche, on aurait dit qu'elle avait pleuré, seulement d'un œil. Elle me regarda avec surprise et baissa la tête pour continuer à parcourir le sol du regard.

-J'ai perdu une lentille, avoua-t-elle en tâchant de s'accroupir.

Cependant un rictus douloureux déforma son visage lorsqu'elle plia sa jambe et je constatai qu'il était semblable à celui apparut lorsqu'elle parcourait la piste à vive allure. Je penchai la tête sur le côté et la dévisageai. Même si elle s'était rapidement reprise et fait mine de rien j'avais vu qu'elle souffrait.

-Tu t'es blessée pendant le relais ? Pourquoi tu n'as rien dit ? demandai-je presque en colère.

Elle avait donné tout ce qu'elle avait dans le ventre et s'était fait mal, mais pour ne pas qu'on le remarque elle avait fait en sorte de nous le cacher. Sonya ne répondit pas, ses yeux lançaient des éclairs pour me dire : je ne suis pas un être faible !

-C'est rien, juste une entorse.

-Je ne suis pas convaincu, tu n'arrives même pas à te baisser pour chercher ta lentille. Je vais t'aider.

-Noooon ! Je peux le faire toute seule, s'exclama-t-elle en s'agrippant au bord de l'évier pour soutenir son poids qui pesait sur sa jambe invalide.

-Pfff laisse moi faire, ton œil te gêne, tu ne peux même pas voir correctement, ajoutai-je en constatant qu'elle avait toujours une main posé devant son globe oculaire.

Je n'attendis pas qu'elle râle d'avantage et me penchait en avant pour observer le carrelage blanc délavé à la recherche de la fine pellicule qui servait à améliorer la vision de la jeune femme. Ce n'était vraiment pas évident de repérer ces petites choses, moi-même je connaissais le problème lorsque l'un de mes lentilles glissait. C'était alors la catastrophe car je devais rester calme et posé alors que mes pupilles argentés devenaient visibles de tous, et qu'avec des larmes au bord des yeux on n'y voyait plus correctement.

-Laisse tomber, je suis parfaitement capable de me débrouiller, marmonna Sonya qui s'appuyait toujours contre l'évier.

Son pied n'était pas encore à plat sur le sol et je me demandais ce qu'elle avait bien pu se faire pendant la course. Elle ne s'était pas suffisamment échauffée donc n'importe quelle blessure de la simple entorse à la déchirure pouvait être responsable de son malaise. Sentant son regard lourd tomber sur mes épaules, je baissais de nouveau la tête et m'accroupit sur le sol. Si je m'étais transformé en un animal, la fouille aurait été beaucoup plus facile, surtout que l'adolescente connaissait mon secret, mais j'étais incapable de l'actionner de moi-même et ce n'était pas faute d'avoir essayé quand j'étais gamin ... 

Je cherchais à tâtons quand soudain un petit reflet bleuté attira mon attention. Il était hors de question de perdre l'objet à nouveau et je fondis dessus comme une pie voleuse attirée par un éclat brillant. Je veillai à ne pas saisir le morceau de plastique singulier trop fort afin de le conserver intact. Tout ce temps passé pour le retrouver aurait volé en éclat si jamais la lentille se brisait ou devenait inutilisable. D'ailleurs j'espérais pour Sonya qu'elle avait le matériel nécessaire à la désinfection de cette dernière sur elle, sinon il était hors de question qu'elle la remette dans son œil. Bonjour les infections !

-Je l'ai ! m'exclamai-je en me redressant pour lui faire face.

Elle avait retiré sa main de son œil à présent fermé, sa paupière était légèrement humidifiée ce qui me tendait à croire qu'elle avait eu mal à la perte de son verre de contact. Je tendais ma main en coupole, la petite perle brillante qui était tombée aux creux de celle-ci.

-Tiens, j'espère que ton œil ne te fera pas trop souffrir. Je sais à quel point cela peut être désagréable, dis-je en lui adressant un sourire.

Je ne comprenais pas d'où me venait cet élan de gentillesse envers une fille qui menaçait constamment de me tuer. Le charme avait-il fini par opérer ? La victoire de Sonya lors du relais parlait-elle à la place de ma raison ? Je restais immobile à la fixer tandis que mille idées me traversaient l'esprit. Mais la réponse était beaucoup plus simple : je ne pouvais pas me contenter de rester passif lorsqu'une personne se démenait et avait besoin d'aide. Je lâchai un très discret soupir ; j'étais comme ça même avec des ennemis mortels. Je ne tenais vraiment pas à ma survie il faut croire. Sonya hocha lentement la tête pour répondre à mon attention, toutefois elle resta immobile à me fixer d'un œil dans le reflet du miroir. Je haussai un sourcil curieux de comprendre pourquoi elle ne s'activait pas à remettre sa lentille en place.

-Nous savons tout les deux qu'il ne se passe ici rien d'étrange entre nous, mais sérieusement Sam, pense à tous les pauvres idiots qui voient ça de l'extérieur. Tu viens d'entrer dans les toilettes des filles, si j'en ressors en même temps que toi, imagine quelles idées folles ils pourraient se faire à notre sujet. Pas que cela me déplaise s'il s'agit de la belle blonde, mais bon on attire suffisamment l'attention sans que les autres aient besoin de spéculer sur notre vie sexuelle, lâcha la jeune femme avant de me tourner le dos pour attraper des affaires dans son sac.

Elle marquait un point. Les autres ne pouvaient que se poser d'avantage de questions. Je secouai la tête tout en reculant vers la porte, gêné par ce qu'elle venait de raconter.

-Excuse-moi ... je te laisse, glissai-je avant de ressortir dans le couloir.

Je m'adossais de nouveau au mur pour attendre que ma camarade en ressorte, toutefois mon passage aux toilettes des filles n'avait pas échappé à certains qui m'observaient d'un œil dubitatif. Edward d'ailleurs faisait parti du lot et il s'avança dans ma direction d'un pas rapide, avec l'idée de mettre fin à ses questions très vite. Avant même qu'il n'ouvrit la bouche, je répondais à son interrogatoire.

-Sonya avait perdu sa lentille, et je lui ai filé un coup de main pour la retrouver. Chasse toi donc toutes idées non catholiques de la tête très cher.

Il en resta bouche-bée, comme si je venais de lire dans son esprit et annoncer l'un de ses plus grand secret, ce qui n'était évidemment pas le cas.

-Je ne vous voyais pas en train de vous envoyer en l'air au lycée mais puisque tu me confirmes que ce n'est pas le cas, tout le monde est heureux, répondit-il avec malice. Ce qui me rassure c'est que Sonya va bien, je craignais qu'il n'y avait un problème plus grave, avoua-t-il d'une voix soudainement plus sérieuse.

Ah oui, ce soucis là. J'hésitais à aborder le sujet de crainte que la harpie me lapide ensuite.

-Et bien pour tout te dire ...

-Je vais très bien, merci de t'en préoccuper Edward, déclara une voix féminine enjouée dans mon dos.

La tigresse était de retour sous le couvert d'une peau d'agneau. Effrayant. J'en avais presque des frissons, Sonya avait le don de se métamorphoser (bien mieux que moi), ou bien elle était tout simplement bipolaire (hypothèse à étudier). L'adolescent lui adressa un large sourire joyeux.

-Ravi de l'entendre coéquipière de choc ! Grâce à tes capacités hors du commun nous avons laminé Léo, il ne s'en remettra pas avant quelques temps.

L'étincelle victorieuse qui s'alluma dans les prunelles de la jeune femme en disait long sur ce qu'elle pensait de la situation.

-Toujours prête à remettre un macho à sa place ! lança-t-elle avec un salut militaire approximatif.

Je demeurai silencieux tandis que Sonya s'agrippait à mon épaule pour soutenir son poids sur moi plutôt que sa jambe endoloris. Je préférais ne pas ajouter de commentaire, j'avais compris qu'elle ne tenait pas à ce qu'on en parle.

-Ce n'est pas tout mais j'ai un planning chargé moi pour la soirée, je vais rentrer. Tu viens avec moi Sam ? demanda-t-elle nos deux regards se croisant pour échanger silencieusement : ce n'était pas une question mais un ordre.

Je m'en doutais puisqu'elle ne devait pas pouvoir marcher très facilement, elle avait besoin d'aide. J'aurais pu l'abandonner à son triste sort cependant je n'y arrivais pas. Pas parce que je craignais les répercussions violentes qu'elle pourrait avoir vis-à-vis de mon entourage, mais pour la simple raison qu'elle souffrait et que par principe je ne pouvais me résoudre à la laisser.

-J'allais rentrer moi aussi de toute façon, je te raccompagne chez toi si tu veux, dis-je en espérant que mon ami ne nous accompagnerait pas, n'avait-il pas une activité extrascolaire ce soir comme le théâtre par exemple.

Elle hocha lentement la tête, sa main toujours posée sur mon épaule. J'aurais cru que je sentirai une tension après quelques minutes à supporter son poids, elle devait être légère comme une plume, ou ne reposait sur moi que de façon minimale. Edward faisait la moue, déçu par notre départ précoce.

-Dommage, vous ne venez pas faire la fête avec le reste de l'équipe. On devrait célébrer nos victoires du jour les gars !

Il savait évidemment que la question ne se posait pas de mon côté, et pour l'instant Sonya n'avait pas encore pris part à la vie sociale extrascolaire du lycée. Nous secouions la tête au même instant, synchrone comme toujours.

-Pas ce soir, une prochaine fois peut-être, répondit l'adolescente avec un petit sourire.

Avec sa bouille d'ange on pouvait lui pardonner le pire des crimes ! Même Ed était conquis par les yeux ciel de la demoiselle, qui jouait sur ses atouts pour faire craquer ses proies.

-Rentrez bien dans ce cas, on s'amusera lors du prochain événement !

J'opinai d'un mouvement de tête peu convaincu mais suffisamment pour avoir l'air d'essayer d'être sincère. Sonya quant à elle avait l'air parfaitement authentique, fidèle à elle même de ce point de vue. Elle attendit que notre ami s'éloigne avant de murmurer quelques mots à mon oreille.

-On ne dit rien au sujet de ma blessure, et on essaie de sortir sans qu'on ne remarque que je boite mon petit.

Oui chef ! Á vos ordres. Je n'avais aucune envie de la contredire, je devinais que sous le coup de la douleur et la colère Sonya était capable du pire. Nous marchions donc à une allure lente en direction de la sortie, le rapprochement soudain de nos deux personnes éveillant parfois les soupçons des lycéens. J'ignorais les regards inquisiteurs qu'on lançait à notre passage, sauf celui de Laura que nous croisions devant la porte. 

Cette dernière se retournait pile quand nous arrivions et son regard se porta sur moi avant de transiter vers la psychopathe. Ses yeux sombres s'embrasèrent de fureur. Je ne savais pas qui je craignais d'avantage en cet instant : la tueuse ou Lady Red. Je préférai ne pas m'inquiéter de cet accès de colère pour le moment, je devais d'abord m'occuper de conduire Sonya jusqu'à chez elle, et c'était suffisamment stressant ainsi. Si je disparaissais qui saurait que l'ange aux cheveux d'or était responsable du crime ? Je devais chasser cette vision de mon esprit, elle était trop faible pour me nuire, toutefois la connaissant elle était capable de mentir. Trop de prise de tête ! Assez de douter chaque seconde qui passait.


L'incident Laura n'avait pas duré, nous avions quitté le lycée et après une centaine de mètres, Sonya m'avait relâché. Elle n'appréciait pas la dépendance qui naissait entre nous, elle refusait d'avoir besoin de mon aide, et je ne lui en voulais pas. L'idée même de devoir lui faire confiance pour me porter secours en cas de situation délicate m'horripilait. J'avançais à mon rythme, nous avions conclu de rentrer chacun de notre côté ce qui m'arrangeait grandement.

Je ne l'avais pas quitté depuis plus de cinq minutes qu'un individu m'interpella dans la rue.

-Eh gamin, vient voir ici une minute ! annonça une voix grave et abimée par des années de consommation de tabac.

Je tournai la tête pour détailler le bonhomme qui ne semblait pas être un sans domicile fixe, je supposais qu'il avait une question à poser, des directions, l'heure, n'importe quoi finalement. Mon rythme ralentit pour m'arrêter à deux mètres de l'inconnu. Il se tenait devant moi une cigarette reposant au coin de ses lèvres. J'attendais la suite de l'affaire, l'inconnu lui ne semblait pas aussi pressé. 

Il prit une grande inspiration qui consuma la dernière partie de son addiction avant de jeter le mégot par terre et l'écraser d'un pied ferme tandis que la fumée fétide s'échappait d'entre ses narines. Je devenais nerveux, ce personnage ne m'inspirait guère car il était loin d'être perdu, chacun de ses gestes étaient posés et parfaitement calculés. Qu'est-ce qu'il me voulait ? Á présent il était tout proche, sa main chemina pour venir prendre place sur mon épaule. Le contact me déplaisait. Il empestait le tabac !

-Tu me parais être un p'tit gars pas mal intelligent toi, commença par dire l'homme qui se penchait toujours plus en avant, j'voudrais te proposer un boulot parfait pour les gens comme toi...

Sa voix se perdit un instant, sa poigne se referma plus solidement sur moi. Je voulais prendre un pas de recul pour me défaire de cette étreinte, malheureusement ses doigts se plantèrent d'avantage. Je ne pouvais plus bouger. Je lisais à présent une hostilité sans bornes dans ses yeux noirs. Il ne m'aimait clairement pas alors que nous nous connaissions même pas, je n'en avais absolument pas de souvenir si c'était le cas.

-Je n'ai pas besoin de travail pour l'instant, merci, déclarai-je d'une voix sans équivoque. Lâchez moi s'il vous plait monsieur.

La violence n'était pas ma réponse favorite, de plus ce bonhomme était taillé bien mieux que moi, j'étais tout de même prêt à me battre si les évènements n'empruntaient pas une tournure différente. Son regard devint soudainement bien plus mauvais qu'il ne l'avait était jusqu'à maintenant. Et avant même que je ne comprenne ce qu'il se passait je reculais en arrière, tiré par une poigne de fer bien plus puissante que celle de cet étrange personnage. La chance avait joué en ma faveur, puisque la surprise ne m'avait pas seulement saisi, lui aussi venait de sortir de la bulle, et ses doigts avaient glissé avant de pouvoir me rattraper. J'étais tiraillé de tous côtés. Une silhouette fine se dessina devant moi, charismatique, forte, déterminée.

-Ne touche plus jamais à ce garçon compris ! gronda la voix d'un ton froid. Pas une seule fois. Dégage de là maintenant, qu'on ait plus à faire à toi !

Mon cœur rata un battement tandis que Sonya faisait face au monstrueux agresseur. Pourquoi était-elle ici ? Nous ne vivions pas à proximité. L'homme n'insista pas d'avantage. La haine était toujours aussi présente dans son regard, quelque chose pourtant avait changé. Une autre expression s'était incrustée en lui, je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus. Il toisa durement l'adolescente, la jaugeant, je me demandais s'il allait tenter de la provoquer une dernière fois avant de partir. 

Elle était bien campée sur sa position, fière comme toujours. Malgré sa blessure, elle pesait sur ses appuis pour ne pas être déstabilisée. On ne croirait pas qu'elle avait été blessée quelques temps plus tôt. Finalement, l'homme n'insista pas d'avantage et nous tourna le dos avant de s'éloigner d'un pas rapide. Je n'avais même pas le temps de remercier Sonya qu'il avait déjà disparu. La jeune femme se retourna dans ma direction pour m'inspecter de bas en haut.

-Tu as vraiment besoin de devenir plus imposant, sinon ce genre de types ne te laissera jamais en paix. Le racket, les agressions et tous ces trucs, il faut que tu puisses t'en protéger, lâcha simplement ma camarade comme si rien de grave n'avait eu lieu.

J'étais trop à côté de la plaque pour relever ses remarques, je la fixais avec de grands yeux.

-Merci pour ce que tu viens de faire ...

Elle croisa les bras devant elle et secoua la tête.

-Il n'y a pas de quoi. Maintenant rentre chez toi avant qu'il ne décide de revenir avec sa petite bande de copains, je ne serai pas en mesure de faire grand chose dans cet état, expliqua-t-elle.

Jen'avais pas besoin de me faire prier, j'opinais d'un mouvement bref avant detourner les talons et d'accélérer le pas. Il fallait que je rentre, trop dedétails incohérents me trottaient en tête.    

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Coucou :D Merci d'avoir pris le temps de lire ce chapitre, j'espère qu'il vous a plu ^_^


Les fans de Sonya sont contents de sa victoire ? Je ne pouvais certainement pas laisser Léo gagner cette course, impossible de rajouter de quoi se vanter devant les autres xD 

Je ne pense pas que cela vous surprenne à présent, Sonya n'est vraiment pas une adolescente comme les autres :p Elle cache bien des choses x)

Que pensez-vous du type qui "agresse" Sam en fin de chapitre ? Quel lien avec l'histoire ? Des idées, suppositions ! Les commentaires sont à vous pour me dire tout ce que vous pensez ;) 


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