LE LAPIN

Que deviendrait donc ma prairie
Sans ce charmant petit lapin
Fringant coquin qui s'esbaudit,
Tout frétillant au vert matin ?

Un bien triste carré sans joie
D'herbes folles abandonnées
Et délaissées de tout émoi
Si mortes seraient les fourrées.

Alors que passant par ici,
Quand il vient en mon éden,
Les marguerites sont fleuries
Et s'émerveille la garenne.

C'est à l'affût que je l'attends
Épiant l'aurore à son orée
Pour entrevoir dans mon champ
Que pointe un pavillon dressé,

L'oreille est là, prête à sortir.
Je me ressens, fauve alléché
Guettant alors museau venir
Hors de son bosquet affleuré.

Et moi, les vibrisses émues,
Je me prépare, et je m'apprête.
J'ai l'œil perçant, l'iris fendu.
Emoustillé dans ma cachette.

Voilà le gaillard de mon désir,
Cabrioleur des pâquerettes
Et pissenlits venant fleurir,
à portée d'où je le guète ;

Ô, cet emballement de mon cœur
Lorsque ma proie fait de mon âme
Le jouet éperdu de bonheur
Des délices qui se proclament !

J'aime, ce joyaux de printemps,
Son cri, glapissant de plaisir
En proie à l'extase en s'offrant
Captif pourtant prêt à jaillir.

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