Double enlèvement
- Aria ! Vient voir !
Adèle avait ramassé un papier froissé devant la maison.
- Lis !
- Wahou ! C'est Evanne qui a perdu ça ? Mais c'est génial ! On va pouvoir la coincer ! Appelle Hugh ! Va le chercher ! Vite !
Hugh arriva essoufflé, courant derrière Adèle.
- Mais qu'est ce qui se passe ?
- Lis ! ordonnèrent les filles à l'unisson.
- "...après demain au port de Concarneau..." Mais c'est génial ! On va pouvoir la coincer !
- Mais... Coincer qui ?
- Le Dragon bien sûr ! Bon. On va t'expliquer ça. Mais avant, on rentre !À l'intérieur, Hugh commença :
"- Depuis une quinzaine d'année, Bianca n'est plus au siège de la société. Avant, elle nous aidait. Comme elle est très influente, elle s'occupait de régler les conflits, et s'assurait que chacun utilisait son pouvoir à bon escient. Maintenant, elle envoie des espions qui lui ramènent des informations confidentielles qu'elle revend à prix d'or. Elle nous a déclaré la guerre.
- Mais... Pourquoi ?
- Et bien justement. On ne sait pas. Mais elle ne veut rien entendre.
- Donc... On va à Concarneau ?
- Tu es consciente que tu n'es pas inclue dans le "on" ? demanda Aria. C'est beaucoup trop dangereux !
- Eh ! Mais... Je pourrais vous être utile ! Et puis... Sinon à quoi aurait servi mon entraînement ?
- Là, elle marque un point... marmonna Aria.
- Tu sais quoi ? On va demander à tes parents.
- Quoi !? Mais... On ne peut pas leur dire !
- Fais moi confiance ! dit Hugh avec un petit clin d'œil.
Il alla chercher son téléphone. Thomas répondit après plusieurs sonneries.
" Salut Tom ! C'est moi ! Ça va ?... moi aussi ! ... Nan nan Adèle est pas trop insupportable. Dis je voulais te demander : avec Aria, on pensait faire une virée de quelques jours à Barcelone en amoureux. Tu penses qu'on peut laisser Adèle à la maison ? ... Oui, pendant une semaine. ... Vraiment ? Tu refuserait ça à ton propre frère ? ... Mais non, elle n'est pas si incontrôlable ! ... Bon et bien tant pis, on va être obligés de l'emmener. Allez, salut !
- Raaaah... Et merde !
- Yes ! Je vais pouvoir tester l'étranglement ! exultait Adèle.
- Je te préviens, à la première bêtise, au premier danger, tu rentre à Paris illico !
"De toute façon, si il y a un danger, me ramener à Paris ne sera pas la chose la plus urgente ! " pensa Adèle. " On va bien se marrer ! "
- Tu te rends bien compte des risques ? Tu sais que tu vas peut-être voir des gens mourir ? demanda Aria d'un ton de défi, une lueur appréhension dans les yeux.
- Oui, répondit la jeune fille, je... Je suis prête.
En vérité, le trouble de sa tante qu'elle pensait inébranlable la terrorisait, et elle n'était plus si sûre de vouloir y aller.
- Bien. Il va falloir se préparer.
Emma
"Si tu ne cries, je ne te ferai pas de mal. Tu vas sortir de la chambre en ayant l'air naturel d'accord ? "
Pourquoi avait-elle fait rentrer ce chiot ? C'est vrai qu'il était mignon, mais quand il s'était transformé en une espèce de blonde folle furieuse armée d'un petit pistolet... Elle l'avait bien regretté. Elle ne comprenait plus rien. La femme ne pouvait pas être le petit chiot tacheté à l'air misérable qu'elle avait fait rentrer cinq minutes auparavant ! C'était impossible, tout bonnement impossible. Mais pourtant, elle était bien là, en train de sortir de l'hôtel, le canon froid de l'arme à feu collé contre son dos alors que la folle adressait des sourires radieux à tous ceux qu'elles croisaient, en profitant pour dissimuler l'arme en se plaquant un peu plus contre elle.
Le duo arriva bientôt à l'écart de la ville, sur le parking d'un motel. La femme l'emmena dans une chambre étonnamment propre et lui dit :
"- Vide tes poches ! Tu comprends, je n'ai pas le droit de te blesser alors je dois vérifier que tu n'aies pas de portable, de couteau, ou n'importe quoi qui puisse te donner envie de te rebeller. À propos de ça, n'essaie pas de m'attaquer. Même si tu me prends par surprise, j'aurai le dessus. Au fait, je m'appelle Anja ! Je suis une amie de ta mère.
Emma avait docilement vidé le contenu de ses poches. Tout au long de la conversation, elle avait parlé avec le sourire au lèvres, si bien qu'elle aurait presque pu paraître sympathique.
- Vous la connaissez ? Vous voulez une rançon, c'est ça ? demanda-t-elle amèrement.
- Une rançon ? rit-elle. Ah oui bien sûr ! On ne parle pas de la même personne en fait.
- Quoi ? Comment ça ?
- Oh. Tu ne sais pas, évidemment. De toute façon elle t'expliquera tout ça.
- Mais, qui ?
- Dépêche toi ! On va rater l'avion.
Anja confisqua la batterie du portable d'Emma, puis lui rendit le reste.
"Allez ! Si on veut pouvoir enregistrer les bagages, on a intérêt à se dépêcher ! "
Dans l'avion, elle put enfin examiner sa ravisseuse. Ses cheveux blonds étaient coupés en mèches inégales. Ses yeux étaient couleur miel. Son visage n'était pas désagréable, mais pas particulièrement beau. Elle devait avoir environ 30 ans. Qu'avait-elle pu vouloir dire par "on ne parle pas de la même personne" ? Sa mère était Cloé Lebotier. Elle se trompait sûrement. Mais qu'arriverait-il quand elle se rendrait compte de sa méprise ? Apparemment, elles se rendaient en France, à Brest. Le trajet était long. Elle décida de regarder un film. De toute façon, même si Anja dormait, elle ne pouvait pas s'échapper. C'était trop tard.
Adèle
Le quai était plein de monde. Ils venaient de descendre du train après une bonne dizaine d'heures de train.
"- Espérons qu'il ne sera pas trop tard, dit placidement Aria.
- Chut ! Elle a déjà montré qu'elle avait des oreilles partout ! siffla Hugh.
- Roooh... Ça va elle n'a rien dit ! "
Ils sortirent donc de la gare en silence.
"- Euh... Où est-ce qu'on va dormir ? Parce que moi... Je me vois pas passer la nuit à la belle étoile, fit remarquer Adèle, brisant le silence.
- Désolée princesse, mais je crains qu'on soit obl-
- Ne m'appelle pas princesse, coupa sèchement Adèle.
- Pourtant, tu sembles avoir des goûts de luxe ! ricana Aria.
- N'importe quoi.
- Et pour répondre à ta question, comme on ne sait pas de quand date le message, on va monter la garde là bas, près de l'embarcadère.
- Pfffff... Nan mais qu'est-ce qui m'as pris de venir ? soupira Adèle.
Aria balaya la plainte d'un geste de la main et reprit :
- Il y a quand même quelque chose qui m'intrigue : comment Evanne saura qu'il est l'heure d'aller la rejoindre ? Nous même, on ne sait ni quand, ni où !
- Elle a peut-être laissé un autre message à l'hôtel, suggéra Hugh, ou alors... C'est un piège.
- C'est justement là que je voulais en venir. Dans ce cas, il faut qu'Adèle reste bien à l'abri.
- Si on ne revient pas, prévient la police. C'est important. Certains ont des contacts avec la Société. Dis ton nom, Cresta, et en principe ils devraient te passer les bonnes personnes.
- Tu es si connu que ça ?
- Disons que... Ma mère était assez haute placée.
- D'accord. Et... Vous comptez vraiment attaquer le Dragon à deux ?
- On a pas le choix. Un plus grand rassemblement attirerait trop l'attention, expliqua la femme chat.
- Mais... Vous allez vous faire écraser !
- C'est possible en effet.
L'attente était longue et pénible d'autant plus qu'il pleuvait. Un vent froid venait coller les cheveux des deux filles à leurs tempes et ils étaient tous les trois trempés jusqu'à l'os. Ils entrèrent dans un bar d'où on voyait aisément le port de plaisance et qui était un poste d'observation idéal. Quelques personnes accoudées au comptoir conversaient à voix basse. Certains se retournèrent en voyant entrer le trio étrange. Une grande et belle femme eurasienne, une jeune fille aux cheveux noirs en broussaille et un homme dépassé d'une bonne tête par la femme qui était manifestement sa compagne, tous les trois habillés de capes de pluie ridicules, trempées et totalement inutiles contre la pluie battante. Les chuchotements s'arrêtèrent puis reprirent aussitôt. Ils s'installèrent et commandèrent trois chocolats chauds, qu'ils butent en silence, à part Adèle qui pestait contre ce "fichu temps breton". La serveuse qui vint leur apporter la note jeta un coup d'oeil désapprobateur à la banquette trempée. Aria qui observait la mer ignorant royalement la moue de la serveuse se leva d'un bond quand elle vit approcher un yacht luxueux.
"Cette chère Bianca ne fait pas les choses à moitié ! Bon, on y va, dit elle en posant un billet de dix dans la main de la serveuse. Gardez la monnaie !"
Ils sortirent du bar d'un pas pressé. Aria rentra presque directement dans une boutique pour touristes et acheta un parapluie à fleurs.
- Vous avez un plan ? demanda Adèle, maintenant morte de peur.
- Oui, j'ai un peu réfléchi. Toi, tu te mets sur ce banc et tu lis. On t'appellera ou on viendra te chercher. Sinon... Tu sais quoi faire, répondit sa tante d'un ton sinistre.
- Mais ne t'inquiète pas, hein ! On va revenir vite, dit Hugh, essayant tant bien que mal de la rassurer.
Pour toute réponse, Adèle les serra tous les deux dans ses bras.
- Si vous ne revenez pas, je vous jure que vous allez m'entendre !
- J'ai hâte de voir ça ! rétorqua Aria, un petit sourire aux lèvres.
Cela faisait maintenant une bonne demi heure qu'Adèle attendait leur retour. Elle était gelée, et le temps semblait pris dans de la mélasse. Soudain, elle entendit un léger bruit derrière elle. Elle se retourna, et reçu un violent coup sur la tête, qui l'assomma.
***
Elle se réveilla, une douleur lancinante lui transperçant la tête. Elle se rendit compte peu à peu qu'elle ne connaissait pas la pièce dans la quelle elle se trouvait. C'était une chambre spacieuse aux murs blancs. Le mobilier était en verre et en bois sombre. L'ensemble était moderne et plutôt agréable, à défaut d'être douillet. Elle tenta de se lever mais le sol tanguait sous ses pieds. Elle était donc dans un bateau. Le déclic de la serrure vint troubler le silence. Était elle prisonnière ?
Quelqu'un entra dans la pièce. C'était une femme à la silhouette élancée, habillée d'une chemise à fines rayures verticales et d'un costume noir, juchée sur de hauts escarpins noirs également. Sa chevelure bouclée était d'un roux flamboyant. Elle arborait un sourire dénuée de joie.
Elle s'arrêta devant le lit et dit d'une voix mielleuse teintée d'un léger accent britannique :
"Bienvenue à bord. Je suis Bianca Thomson. "
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