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Je descendis du bus peu après 14 heures, ça me faisait drôle de finir aussi tôt. Les horaires étaient bien différents d'avant mais j'allais m'y habituer sans problème.
En rentrant chez moi, oncle Harold n'était pas là, il travaillait en tant que maire de notre grand village. Tout ce qui entourait chaque ville centrale se nommait ainsi, un village.
Dans ma chambre, je jetai mon sac sur le bureau et sortis tout son contenu qui s'éparpilla. Harold avait déjà aménagé toutes la chambre. Les murs noirs, les guirlandes à la lumière blanche et les quelques plantes au-dessus de mon lit me firent penser qu'il avait demandé l'aide de Joanna. Elle seule connaissait aussi bien mes goûts.
N'ayant pas pris le temps de vider mes sacs ainsi que mes valises hier, je reportais cette corvée à plus tard puis j'attaquai les devoirs sur mon bureau d'un bleu turquoise étincelant.
Un visage apparut dans l'entrée de ma porte, oncle Harold s'en alla après m'avoir accordé un sourire chaleureux.
Je me rappelais avoir des lacunes et sécher les cours auparavant ce qui ne m'aidait pas pour les matières du tronc commun. Après avoir travaillé d'arrache-pied, je m'activai à balancer tous les objets et vêtements sur le plaide de mon lit. Je me figeai, un sac à la main quand j'entendis des voix en bas qui montèrent.
Le corps massif de mon oncle apparu encore mais cette fois, il ne me laissa pas le choix, de nouveau.
— Milo voudrait te parler et je vois que tu n'es pas très occupée alors je vous laisse les jeunes.
Il s'en alla comme si c'était une formalité. Son seul défaut selon moi serait de ne jamais demander mon avis dans des moments aussi inconfortable que celui-là. Ce matin, j'étais irritée mais peu après, je m'étais demandé quelle pourrait être la réaction d'un inconnu après avoir menti comme Milo l'avait fait. Et je n'aurais pas cru qu'il aurait fait le déplacement pour s'excuser ici même. C'était élégant de sa part.
Je me reconcentrai sur ma tâche en continuant de tout vider. Il passa derrière moi puis s'assit tranquillement sur ma chaise de bureau. Je n'avais jamais invité d'amis et à défaut d'en avoir, je le trouvais très impoli, comme Neven d'ailleurs. Quand j'allai commencer à ranger, il m'interrompit :
— Je n'aurai pas dû mentir. C'était idiot de ma part mais cette fille à tendance à chercher des noises. Même si tu es assez grande pour régler les soucis alors voilà...
J'arrêtai mon activité et hochai négligemment la tête, le regardant droit dans les yeux. Je vins ouvrir ma baie vitrée et observai l'horizon puis je revins en face de mon lit en attendant qu'il s'en aille.
— Tu peux me fournir un papier et un stylo s'il te plaît ?
Je le regardai dubitative puis je levai l'index en l'air et je fis un geste pour l'ordonner de rester ici tandis que j'allai chercher ce qu'il faut en mimant cela à Harold dans le salon.
— Un papier ?
Après plusieurs minutes, il comprit que je voulais du papier mais aussi un crayon. L'idée de Milo était de m'inciter à lui parler via l'écriture et en remontant, mon pronostic se confirma. Je lui tendis ce qu'il avait demandé mais refusa en expliquant :
— C'est un moyen de communication. Les devinettes c'est sympa mais pas forcément très facile.
Je grifonnai durant d'interminables secondes sur le papier.
" Et donc un parfait inconnu voulait éviter que je m'attire des ennuis. Je n'y crois pas. Et pour couronner le tout, tu es le fils d'un ami à mon oncle. ça fait pas mal de faits, tu ne trouves pas ?"
Je lui tendis, curieuse de savoir ce qu'il pourrait me dire face à cela. Il me regarda surpris puis baissa son visage pour lire. J'eus rapidement ma réponse, ses gestes physiques le trahissaient et heureusement pour moi, il semblait honnête.
— Je te réponds mais tu m'écoutes jusqu'à la fin.
Je lui repris le papier un peu froidement et lui répondit dessus, un peu vexée par ses paroles. "Non mais c'est bon, je vais pas péter un câble. Arrête de m'infantiliser !"
— Bon...C'est monsieur Harold qui m'a demandé que je deviens ami avec toi mais si j'ai accepté, je lui ai dit que je ne me forcerai pas à rester avec quelqu'un qui au final, me déplaît ou plutôt, si je ne m'entends pas avec toi. Et il a ajouté que tu as eu un problème qui concernait indirectement ton ancienne école, sans m'en dire plus puisque ça reste ta vie privée. Vraiment, c'était que de bonnes intentions...
Voilà que mon pressentiment se révéla véridique. Je me demandais si c'était de même pour Neven. Je pris cela comme un manque de confiance envers moi mais j'allais bientôt avoir la majorité, ça me frusquait qu'on me prenne pour une enfant trop innocente et naïve. Et savoir que Milo n'était pas venu de son plein gré me fit un pincement au coeur alors que j'avais tant d'espoir pour cette nouvelle vie. Déjà une déception, une de plus.
Je m'assis, le regard fuyant et vis que trois heures s'étaient écoulées depuis être arrivée ici. Le temps passait si vite et j'avais aujourd'hui tant de choses à faire que je ne pourrais pas prendre l'air comme je l'avais prévu. Surtout à cause de cet imprévu qui m'embarrassait.
En allant vers la baie vitrée, je me retournai et lui indiquai d'un geste de bras de quitter ma chambre. Je touchai nerveusement mon lobe d'oreille droite. Lorsqu'il se releva, ses cheveux blonds flottaient avec légèreté dans l'air puis il partit après m'avoir adressé quelques mots :
— À demain Esméralda. Et pardon pour ma maladresse.
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