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Assise sur mon lit, je songeai. Cela faisait déjà quatre jours qu'un nouveau drame aurait pu surgir mais à mon soulagement, aucun blessé n'était à déplorer. Milo tentait de me joindre sans succès, je refusai pour le moment de devoirs lui fournir des réponses.

Je prenais conscience qu'il aurait pu brûler quelques secondes plus tard et cela me rendit nostalgique. Si seulement j'avais appris ce sort banal plus tôt, mes parents auraient pu s'en sortir. Je ne comprenais toujours pas comment se sont-ils fait piéger aussi facilement.

Les images défilèrent lentement en boucle dans mon esprit. Je me promenais un peu en forêt de temps à autre pour éviter d'éveiller les soupçons de mon oncle.

Ce monstre, Zero allait revenir et connaissait l'endroit où j'habite si Willow était bien sa fille. Cette trahison me laissait un goût amer. Combien de fois dois-je encore subir les méchancetés des gens ?

Je décorai mes cheveux d'un bandeau bleu nuit et au-dessus de mes vêtements, je me vêtis d'un long manteau noir. Aujourd'hui, je me rendis dans le cabanon pour m'isoler entièrement.

J'eus une surprise qui me laissa mitiger, partagé entre deux émotions contradictoires. J'étais assise à ne rien faire, la tête dans le creux de mes bras quand quelqu'un frappa et entra directement sans attendre de réponse.

De peur que ce soit un des tueurs, j'avais dans ma sacoche des munitions pour me défendre. En redressant la tête, Milo s'accroupit devant moi sans son sourire charmeur habituel.

Il aimait me fixer longuement pour me taquiner sur mon comportement réservé hors ici, il le fit sans parler, l'air pensif. Je n'avais pas l'habitude d'être au fond du gouffre et ne savais pas comment réagir face à ses intentions nobles.

— Salut Esmé. Pas la forme à ce que je vois. Bon moi, je vais passer toute l'après-midi avec toi.

Il se mit à côté de moi et ne cessa de me regarder tandis que je lui cachai mon visage. Seul Octave mon cousin m'avait déjà vu dans un état de tristesse comparable. Même lorsque je m'efforçais de retenir mes larmes, il faisait exprès de me faire craquer pour me libérer de ce poids.

— Je t'avoue que tout est allé vite la dernière fois et quelque chose me trouble. J'ai entendu ta voix résonner dans ma tête mais pourtant, tes lèvres ne bougeaient pas.

Je haussai les épaules, ne voulant pas répondre à cette question prévisible. Sa voix devint plus grave, il poursuivit en déposant une main à mon bras :

— Il y a un truc qui cloche, pourquoi aucun de nous deux n'a même pas été un minimum brûlé ?

Si je l'ignorai et si je ne voulais pas parler avec lui, c'était pour éviter de me retrouver au pied du mur comme en ce moment. Choisir entre mentir et la vérité ne faisait pas partit de mes choix. Il s'emporta rapidement et me secoua contre la paroi en bois :

— Tu veux pas me répondre, très bien. Mais alors cesse de te morfondre de la sorte, je suis inquiet pour toi.

Je relevai mes yeux bruns vers lui avec peur. Milo n'était pas comme Iwan. Sa compassion et sa volonté de respecter sa promesse faite envers Oncle Harold étaient remarquables. Au point que je me logeai dans ses bras, la tête contre son épaule, ce qui dût le surprendre aussi. Il caressa ma chevelure avec délicatesse et s'amusa à me chatouiller le visage avec les mèches.

Pour la première fois, j'arrivai à faire confiance à quelqu'un d'extérieur bien que je ne le côtoyai depuis près d'un mois et demi. Il ne lâchait pas facilement ce qui lui tenait à coeur.

— Merci d'avoir risqué ta vie Esmé, ta confiance en soi est inébranlable. J'ai eu chaud à mes fesses, souffla-t-il en riant.

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