16
En cet après-midi de Mardi, nous nous dirigions vers une bibliothèque proche de chez nous. J'avais posé comme condition de marcher à pied pour profiter du beau temps, au grand dam de Milo qui rouspétait :
– Bon sang ! Comment fais-tu pour supporter cette chaleur, c'est affreux.
Je m'arrêtai une seconde pour cueillir une bégonia jaune et dûs courir quelques secondes pour me retrouver à ses côtés et lui tendis la plante. Milo me la mit sous le nez pour me chatouiller et la laissa tomber à terre comme une chose insignifiante. Je considérai cette délicate attention comme un signe d'amitié et il l'avait piétiné involontairement.
– Tu as un peu de mal dans certaines matières. Si besoin, tu peux me demander de l'aide.
Je restai pétrifié devant un bien détruit et me retins de ne pas m'enfuir comme j'avais l'habitude de faire. J'essayai de relativiser en me disant qu'à cause de mon mutisme, il ne pouvait pas savoir ce que ça représentait à mes yeux mais ma rancoeur m'obligea à refuser son offre lorsqu'il se retourna.
– D'accord, comme tu veux. Tu suis ?
Une fois arrivée dans ce lieu splendide, je me levai de notre table et tendis un papier à la dame de l'accueil que j'avais écrit au préalable le matin même. Elle hocha la tête :
– Je vais entrer les mots-clés, attendez quelques secondes.
Cette dernière m'invita à observer le résultat de la recherche, le renard roux à deux queues est un Kitsune. Grâce à un code-barre, je dus chercher le livre qui pouvait m'informer sur cette créature magique parmi toute cette étendue d'étagères. Venir ici me rendait excitée car j'aimais augmenter mes connaissances en tous genres.
Après avoir trouvé le livre, je revins près de Milo qui étudiait tranquillement tandis que je feuilletais cette encyclopédie jusqu'à trouver la page. Cette espèce possédait des facultés intéressantes dont une longue vie, des pouvoirs magiques et une intelligence supérieure.
Ils pouvaient se transformer en humain, souvent devenant des femmes. Avant tout, ils étaient des esprits qui pouvaient générer du feu ou des éclairs par leur bouche. Alors la dernière fois, je n'avais pas halluciné. Et en continuant ma lecture, je trouvais d'autres capacités surnaturelles. Le plus terrifiant me semblait être le pouvoir de posséder un être vivant, souvent des jeunes femmes dans la fleur des âges.
Trop prise dans ma lecture, je sentis un lourd regard derrière mes épaules. En redressant légèrement la tête, je compris que mon voisin faisait son curieux. Je pivotai mes épaules en un demi-cercle et lui lança un regard réprobateur. Il s'appuya contre ma chaise à son aise en m'interrogeant :
– Pourquoi lis-tu ce passage-là en particulier ? Cette créature m'a l'air dangereuse.
Je refermai le bouquin et partis le ranger à sa place en le laissant parroter, je n'appréciai pas cette impression qu'on me flique nuit et jour.
En retournant m'asseoir, je commençai à étudier tandis qu'il fit lentement le tour de la table. Je ne craignais pas vraiment cette bête. Posséder quelqu'un qui possède des dons magiques comme moi, bien que faible, est une tâche très probablement difficile. Évidemment, lui n'en sait rien du tout sur ma véritable nature.
Milo remua le couteau dans la plaie à cause du ton tranchant qu'il prit, comme si j'avais causé du tort :
– Tu communiques avec des animaux et tu as l'air de bien t'entendre. Suis-je si repoussant que ça ?
Son regard de glace m'irrita mais je secouai la tête. Avide d'en savoir plus, il tenta de récolter des informations :
– Tu donnes même des ordres aux oiseaux. Tu n'es pas humaine ? Qu'importe ce que tu as vécu, va falloir arrêter de me foutre des vents monumentaux quand j'énerve par mégard mademoiselle Esmé, lança-t-il d'une voix hautaine.
Mes mains tremblaient. Je voulais bien qu'on m'indique mes torts mais c'était si inattendu et sec que j'en fus blessé profondément. Il venait de me dire s'enficher de mon passé, c'était comme si dire de mes défunts parents était insignifiants et je me retins de le gifler.
Ma main frôlait le papier quand j'écrivis puis lui donnai le papier.
"Oui, à cet instant, tu es repoussant ! Je ne veux plus avoir affaire à toi. Tu peux être franc mais il y a une limite. Je te remercie quand même du temps accordé...
Et j'espère que toi au moins, tu auras la jugeote de ne pas tenter quoi que ce soit contre moi parce que maintenant, je rends la monnaie des péchés commis.
Comprendra qui pourra"
Je ne voulais pas de haine dans mon coeur alors le temps qu'il lut, je rangeais mes affaires dans mon sac mais pas assez vite lorsqu'il retint mon poignet. Pour me délier, je tapai mon poing contre la table en le foudroyant de mon regard brun puis courut dans l'allée.
Ce blondinet qui me paraissait si sympathique me décevait. Pourtant, j'avais l'impression d'avoir vu du regret dans ses iris lorsqu'il avait murmuré mon prénom avant que je fuis, comme à ma coutume.
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