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Installée sur mon transat, la couleur orangée du soleil couchant se reflétait sur mon visage. Octave discutait un peu avec son père, ils avaient l'air occupés dans leur vie respective alors ce moment de complicité était important pour eux. Ce dimanche soir, il nous quitterait déjà mais savoir qu'il avait pris deux jours de congé pour me voir me faisait chaud au coeur.

Je profitai de son absence pour écrire une lettre à Milo, j'étais d'humeur amicale aujourd'hui. L'effet pot de polle d'Octave j'imagine, c'est un cousin très invasif dans la vie privée des gens et la facilité à parler lui avait déjà valu des ennuis. Malgré tout, il avait de don de me faire sourire parfois rire avec ses bêtises. Un sacré farceur.

Quelques oiseaux étaient venus me rendre visite alors je pris un paquet de petites baies et ouvris la paume de ma main. Une fois qu'il eut fini, je vins chercher l'oisillon et le reposai en le mettant dans le creux de mon bras.

Je posai mes mots sur le papier car j'étais curieuse de savoir ce qu'il me voulait la dernière fois, lorsqu'il était passé sous mon balcon. Ensuite, je déposai la lettre dans le bec de mon corbeau et lui caressa le dos. Il s'en alla la déposer à sa fenêtre et toqua fortement à la vitre, à mon étonnement. Ne jamais sous-estimer la compréhension des bêtes.

Milo prit la lettre juste après tandis que l'oiseau revint à moi. Je baissai la tête, il ne me remarqua pas.

"Bonjour Milo,

Je me demandai par curiosité, pour quelle raison as-tu voulue venir me voir ? À moins que ce ne soit Harold peut-être. Mon cousin, Octave, m'a dit que tu l'avais aidé à construire le cabanon alors je tiens à te remercier.

Ne prends pas trop à coeur ta promesse faite mon oncle, je ne veux t'obliger en rien à rester avec moi si tu n'en as pas l'envie. J'ai peu l'habitude qu'on vienne me traiter avec tant de respect, ça me fait bizarre et je m'excuse pour mes attitudes distantes"

Je restai ici à profiter du coucher de soleil quand Octave me fit peur en s'agenouillant furtivement à côté de moi.

– D'où me vient ce beau sourire sur tes lèvres Esméralda ? J'aimerai bien connaître la méthode. On m'a dit qu'en ce moment, tu n'étais pas au mieux de la forme.

Après avoir sursauté, je lui montrai le petit être blessé que j'aimais caresser. Depuis mardi, la cicatrisation avait bien démarré. Mon cousin haussa un sourcil étonné.

– Un bébé oiseau ? Je suis offensée, souffla-t-il avec ironie.

Je déposai ce volatile dans ses deux mains après que j'eus rassemblé ses paumes. Il gigota dans les mains d'Octave, retrouvant peu à peu sa vigueur habituelle. Mon cousin sourit et quémanda :

– Il a une blessure, tu la pris pour le soigner ?

J'acquiesçai d'un mouvement de tête et il poursuivit son interrogatoire :

– Oh. C'est un oiseau que tu avais déjà ou bien est-il sauvage ?

Je pointai en direction de l'arbre où l'oisillon s'était craché méchamment. Octave lui chanta une berceuse, mes tympans étaient proches d'éclater tout le long jusqu'à ce qu'il arrêtât se massacre quand l'être dans ses bras se mit à piailler.

Il me le redonna en feignant d'être vexé. Son visage prenait très souvent des traits théâtraux qui créaient des rides par la même occasion. Il jouait de son mauvais talent dans ce domaine pour presque toutes les émotions, sauf sur son tempérament de feu.

Presque au même moment où Octave partit s'abreuver, Milo revint sur son balcon, voulant me donner sa réponse à ma lettre. Je fis un geste délicat pour envoyer un oiseau au plumage gris qui eut la bonté de prendre la lettre. Mon malaise m'avait épuisée et je vis ses prunelles prendre un éclat d'étonnement quand l'oiseau lui déroba la lettre. Ce dernier plana dans l'air et laissa le papier retomber entre mes mains, Milo me regardait étrangement et m'observa lorsque je lus la lettre.

"J'aimerais qu'on aille ensemble à la bibliothèque, disons mardi si tu le veux bien ? Rendre service est toujours un plaisir ! Ne te fais pas de soucis, il paraît que je suis trop franc"

Je relevai les yeux en mettant le papier à ma poitrine et lui fit un large signe de tête. La nuit était presque pleine, les oiseaux partirent rejoindrent leurs nids. Après avoir fermé la grande vitre, j'allumai la lumière de ma chambre et à l'instant où je mis la lettre au bord de mon bureau, Octave la prit non gênée d'être aussi indiscret.

Il jeta un coup d'oeil puis me regarda d'un oeil soupçonneux :

– Tu friquottes déjà, en même pas deux semaines ? Ne prends pas cette tête, je déconne, pouffa-t-il en allant chercher un oreiller.

Il me lança l'objet moelleux en pleine face puis il alla jusqu'à défaire mon lit que j'avais soigneusement fait ce matin pour me recouvrir entièrement avec le lourd bras. Ce sacrée gogole allait me manquer.

– Octave, on va partir dans moins d'une heure. J'espère que tu ne vas pas être en retard, grogna son père.

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