13

– Esméralda, viens en bas. J'ai une petite surprise pour toi.

Je me redressai de mon lit et dus mettre un terme à mon moment détente, en train de rêvasser. J'enfilai mes chaussons et après avoir fait quelques étirements, je courus dans l'escalier car la voix de mon oncle paraissait très enthousiasme. Je jetai un bref coup d'oeil aux alentours et le rejoignis en ce début de week-end.

J'avais passé le jeudi et vendredi en compagnie de Neven bien que Milo m'ait parlé à plusieurs reprises. Je n'avais aucunement l'intention de déranger son train de vie paisible.

Oncle Harold s'apprêtait à parler quand une main derrière moi vint me faire des chatouilles dans le creux de mon épaule. En me retournant vivement, je levai la tête. C'était mon cousin, le fils à Harold.

Je sautai dans ses bras accueillants et respirait l'odeur agressive de son parfum. J'éternuai comme d'habitude ce qui fit rire celui-ci.

– Je retourne bosser, bienvenue mon fils. Amusez-vous bien les jeunes. Ah et Esméralda, il ne reste qu'une nuit. Profite.

Ne voulant pas être égoïste alors je dus me contenter de sa courte présence ici. Il était la seule personne avec qui j'avais un vrai feeling, une connection presque fraternelle.

Il s'amusa à poser ses doigts sur mes côtes pour me faire rire et dans ses yeux, je vus qu'il avait dû être bien informé sur ma situation qui m'amène à loger chez oncle Harold. Il frotta ses cheveux noix et m'expliqua :

– J'ai fais le déplacement pour toi. Je propose qu'on aille rendre la monnaie de la pièce à ce groupe de pervers. ça pourrait être marrant et j'ai déjà des idées, songea-t-il.

Je lui tapai l'épaule et mon sourire retomba aussi vite qu'il était apparu. Octave me prit la main et la caressa en baissant la tête. Malgré presque dix ans d'écart entre nous, lui le plus âgé, il agissait comme un enfant qui venait de faire une bêtise. Il fila comme une furie en haut puis tourna en direction de ma chambre. Je montai l'escalier interloqué par son comportement puis le vis esquisser un sourire en se frottant les mains.

– Aurais-tu un journal intime caché quelque part ? Comme ça, plus besoin de jouer aux devinettes.

Je secouai la tête en m'allongeant de nouveau dos sur le lit. Quand j'étais petite, lLui et Harold étaient venus me rendre visite à moi ainsi qu'à tante Joanna. Sauf qu'une fois dans ma chambre, j'avais commis une imprudence et il avait trouvé un carnet empli de secrets.

Honteuse, je m'étais réfugiée dans mon drap. Je sanglotais et lui avait ordonné de partir. Il m'avait ballonné la bouche pour que je l'écoute attentivement. Heureusement, Octave n'avait lu que le début alors après sa longue tirade que je n'avais même pas écoutée, je lui avais retiré le journal de mes petites mains habiles.

Et le papier griffonné de mes sentiments, peines, douleurs et de craintes avaient été brûlées un instant après sur le sol. Le feu aurait pu prendre dans toute la maison mais heureusement, il était là pour moi. J'aurais pu commettre l'irréparable.

Octave s'étendit lui aussi en soupirant.

– Tu sais, j'ai un voeu qui me tient à coeur. J'aimerais pouvoir entendre ta voix ou bien que tu me sollicites quand ça ne va pas. Ce n'est pas un crime d'être entouré lorsqu'on a l'impression que tout va mal.

Il tenait souvent des paroles pleines de sagesses qui différaient de son caractère de brute. Ne voyant pas quoi répondre, je restai fixé le mur, mon visage baigné par la lumière extérieure.

– Heureusement que je ne connais pas le type qui a osé te salir. Rien que d'y penser, ça me donne la gerbe. J'espère qu'il a pris cher ?

Je me retournai pour me retrouver la tête dans l'oreiller. Il avait tendance à changer rapidement d'humeur. Il bougea puis s'allongea sur mon dos à plat ventre. Je retournai légèrement la tête et il m'embrassa la joue.

– Tu es sublime Esméralda. Même quand tu es triste, vexée ou en colère. Et quand tu es gênée, c'est le meilleur.

Touchée. Octave sortait son jeu de séduction dans le but de m'embêter. C'était sa façon de donner plus de légèreté dans l'atmosphère. Je me précipitai à mon balcon, les belles vitrées étant déjà ouverte avant son arrivée.

J'aimais bien le frusquer. Le connaissant, il avait une idée derrière la tête, souvent saugrenu. Il s'approcha de moi sans que j'aie entendu le moindre bruit et il me cacha les yeux. Je tins la rambarde en respirant longuement.

– Mince, je n'ai rien prévu. Je vais t'arroser de la tête aux pieds dans la maison et quand mon père verra ça, son visage sera tellement en décomposition qu'il grimacera, ricana-t-il gaiment.

Un mince sourire apparut à mes lèvres. Il en profita pour l'étirer avec ses doigts mais sa maladresse lui fit défaut. Je communiquai avec lui par la pensée un court moment :

– Octave, je sais que tu as de bonne attention mais ne compte pas sur moi pour faire des bêtises aujourd'hui. Si tu essayes de me forcer à sourire, je te botte les fesses et te mettrai à la porte. Comprends-le et n'insiste pas.

Il me prit dans ses bras et gesticula à la verticale, comme s'il me berçait pour soulager mes maux. Sa venue me provoqua de la tristesse, je ne voulais pas qu'il ait un sentiment d'impuissance vis-à-vis de moi.

– Je ne vais pas si mal que ça. J'ai rencontré étonnamment beaucoup de personnes attentionnées ces temps-ci, bien que personne ne peut t'égaler !

Son regard fixait avec intensité le sol de la terre ferme. Il murmura d'un ton humoristique :

– Oh, je suis ravi de l'apprendre. Dis-moi Esméralda...ce garçon est un de tes prétendants ? Parce que sur ce coup, il me surpasse physiquement.

Je déviai mon regard en bas et vis Milo marcher doucement vers ma porte mais quand il m'aperçut, mon camarade se rétracta et me dit simplement bonjour. Je jetai un regard étonné à Octave qui le vit rebrousser chemin. Mon cousin se mit à rire en s'appuyant à mon épaule et lorsque je cherchai Milo du regard, il avait disparu.

– C'était quoi cette scène ? Oh ma pauvre, je dois avoir dans la merde dans les yeux. Tu n'as pas l'air si repoussante que ça. Ah le débile, siffla-t-il hilare.

– C'est un pot de colle envoyé par ton père.

– Intéressant. Tu ne t'entends pas bien avec lui on dirait ?

– Pas vraiment...c'est un gars chouette. Il est trop gentil avec moi, j'ai l'impression d'être une poupée de porcelaine à manier avec précaution. Milo prend sûrement trop à coeur la demande de mon oncle. Que-ce qu'il est têtu.

Il me tira délicatement les joues et déclara :

– Non. J'ai vérifié, tu es bien faites de chair et d'os. As-tu besoin que je te rends un service quelconque ?

Je me décollai de lui et répondis négativement. Voilà que ça stratégie avait fonctionné. Habituellement, j'essayai de les déjouer pour l'énerver mais je m'étais rendue compte trop tard. Son voeu est que je puisse lui parler réellement, il a réussit à m'entendre par télépathie et il se félicita :

– J'ai le talent de manipuler n'importe qui. Même si entendre réellement ton timbre de voix serait largement mieux. Tante Joanna a eu ce privilège, dit-il exaspéré.

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