10
Je descendis du bus en compagnie de Milo pour une journée chargée. Je croyais avoir été un peu trop gentille la dernière fois. Maintenant, il ne faisait que me suivre et avant même qu'il se dirige vers son groupe d'amis, une adolescente fonça droit vers lui l'air mécontent.
Je n'avais pas forcément envie d'être entouré et encore moins lorsqu'en face de nous, la blonde au teint porcelaine vint l'engueuler :
— Milo, tu nous as abandonnés hier pour aller embêter une parfaite inconnue. Tu as perdu la tête ?
— Justement, j'allai t'expliquer, répondit-il en fixant derrière elle.
Un duo intervint dans la discussion et se mit au côté de la prénommé Maylis. Quelqu'un la regarda lourdement alors elle répliqua :
— Quoi Faustine ?
— Je t'ai déjà dit que Esméralda est nouvelle, il a le droit de faire connaissance avec d'autres personnes. Alors détache-toi un peu de lui s'il te plaît, ce n'est pas bon pour toi, lança-t-elle un clin d'oeil à la destinatrice du sous-entendu.
— Je voulais aussi te la présenter Maylis et arrête de cracher ton venin d'entrée de jeu.
Elle détourna le regard et semblait vexée qu'on prenne ma défense. Je me sentis coincée lorsqu'elle continua sur sa lancée :
— Tu emploies son prénom, carrément. Mais Milo, regarde là. Tu crois que ça lui fais plaisir que tu la colles. Dit moi toi, t'en penses quoi ?
Cette Maylis et les autres ne se trouvaient pas dans ma classe, ils ne savaient pas qu'il m'était impossible de répondre. Je me grattai doucement le lobe de l'oreille, j'en avais marre de devoir des explications à des inconnus. Milo répliqua confiant :
— Elle ne peut pas parler puis mêle-toi de tes affaires. Si Esmé en a vraiment marre de moi, elle me le fera savoir comme une grande fille, dit-il sèchement.
Je fus encore pris à partie quand elle déposa son bras autour de moi en braquant ses yeux marron dans les miens :
— Ah oui ? Tu aimes bien traîner avec ce tocard. Bon si c'est comme ça, on va faire connaissance avec elle alors.
Le jeune homme qui était arrivé au côté de Faustine s'appuyait sur l'épaule de celle-ci en riant à gorge déployée :
— Désolé mais c'est trop marrant cette scène de jalousie bidon. Maylis va prendre un bain chaud pour détendre tes nerfs, avant que tu exploses vu comment tu es rouge de rage.
Je la sentis se crisper et lui prit le bras doucement pour le dégager et être libre de tout mouvement. Milo s'étonna :
— Pourquoi il y aurait de la jalousie Gurvan ?
— Bah parce que Maylis t'...
La main de Faustine vint se plaquer avec brutalité sur la bouche de l'homme aux cheveux bruns légèrement enrobé du visage. Elle lui lança un regard assassin en appuyant sur ses joues puis retira sa main en lui donnant une gifle et lui murmura quelque chose à l'oreille, en plein milieu de la cour. Gurvan ne put s'empêcher de pouffer en envoyant des regards à Maylis.
— Ah, vous avez des petits secrets alors, lança Milo avec sarcasme.
— Tu m'énerves Milo, rugit-elle. Je vais faire amie-amie avec ta nouvelle pote si c'est ce que tu veux.
Je n'avais sincèrement pas envie de côtoyer quelqu'un qui me méprise sans même me connaître et je fis signe à Milo que j'allais partir alors elle poursuivit :
— Sérieux ? Tu as besoin de passer par lui, c'est...
— Putain Maylis, c'est ma voisine. Là, tu vas la mettre encore plus mal à l'aise !
— De toute façon, elle l'est déjà avec toi. Ne me rejette pas la faute, ce n'est pas moi qui l'incite à rester, écoute.
Je me mis dos à eux et m'avançai en plein milieu de la foule pour rejoindre le bâtiment principal à quelques dizaines de mètres. J'avais entendu mon prénom de multiples fois à travers le brouah mais ne m'étais pas retournée. Je ne voulais pas rejoindre un groupe, ni avoir d'amis.
Je restais avec Milo pour essayer de faire un effort de communication mais c'est tout. Ces deux-là ne me semblait pas en bon terme et j'espérais que ce n'était pas de ma faute, bien que j'en doutais.
J'attendis que le professeur arrive mais évidemment, Milo ne put s'empêcher de m'avoir suivi à la trace et les préjugés de son amie vont être encore renforcés. Mon épaule gauche contre le mur, il restait à mon côté et souffla :
— Ce que Maylis a dit, c'est vrai ? Je ne veux pas être un boulet à traîner mais même si tu n'es pas contente de ma promesse avec ton oncle, je suis un homme de parole. Alors ?
Je trouvais ça choux qu'il veille tant tenir à ses dires, c'était un principe que je pouvais adhérer. Je déposai ma main à ma poitrine en signe de respect et m'abaissai un peu pour le remercier. Maylis me trouvait surement distante, il fallait que je réussis à briser mon cocon construit après autant d'années de solitude.
Je voulus lui sourire quand il se mit à rire. Je conclus avoir fait une grimace involontairement et déposai une main à ma bouche, gênée. La porte menant à la classe fut ouverte, je me précipitai dedans en m'asseyant à ma place. Milo rentra essoufflé. Personne n'avait ri devant moi depuis des lustres et bizarrement, ça me faisait extrêmement plaisir.
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