Chapitre 2

Lorsque je repris conscience, j'étais certaine que j'allais ouvrir mes yeux dans mon lit aux draps rose pâle, voir ma peluche Teddy l'ourson au bout de mon lit et pouvoir me dire avec soulagement " Ah ! Tout cela n'était donc qu'un rêve !"
Malheureusement, ce fut tout autre. J'ouvris les yeux dans un lit, oui, mais pas le mien. Un lit blanc. Lorsque mes yeux s'habituèrent à la lumière, j'aperçus des murs blancs, et ma seconde pensée fut " Voilà que je me retrouve à l'hôpital ! J'ai du faire un malaise. "
Après quelques secondes, je parvins à me redresser légèrement sur les coudes pour observer mon environnement. J'étais bien dans un lit d'hôpital, de cela j'en étais sûre. Mais le reste ne ressemblait pas du tout à un hôpital. Malgré les murs blancs, la salle était encombrée d'étagères pleines de livres, de photos, de magazines, d'images, de coupures de journaux. Il y avait même des piles entières de livres posées sur le sol en un équilibre précaire. Mes sourcils se froncèrent et l'inquiétude revint immédiatement. Tout ce que j'avais vécu, ce n'était pas un rêve ? Le loup, l'homme ? Je secouais la tête avec agacement. Allons bon, ma vieille Lya, tu détailles totalement. Je me redressais totalement et m'aperçus qu'on avait bandé mon front et mon menton, et que des pansements avaient été mis sur mes genoux. Cela me rassura ; si j'avais été enlevée, mon ravisseur ne m'aurait certainement pas soignée.
Au bout de quelques minutes à observer encore la pièce, je décidais de me lever. J'avais mal partout, mais ça allait, alors je me dirigeais directement vers la porte du fond de la pièce, enjambant avec précaution une caisse de coupures de journaux, j'entendis un bruit du pas. Je me figeais aussitôt, le coeur battant. La poignée de la porte se baissa et quelqu'un entra. C'était un garçon, qui devait avoir, comme moi, approximativement 16 ans. Il était grand, assez musclé, et avait des cheveux noirs foncés en broussaille. Ses yeux étaient d'un bleus très clair, à l'image des miens. Je le fixais, sans oser bouger. À ma grande surprise, il me sourit gentiment.
- Salut, Lya ! Je venais justement voir si tout allait bien.
Je répondis, un peu gênée.
- Oui, tout va bien merci. Euh... Où suis je ? Qu'est ce qui s'est passé ?
À ma grande surprise et à ma  grande inquiétude également, son visage s'assombrit.
- Est ce que tu as mal au ventre ?
Sa question me surprit et je mis instinctivement ma main sur mon ventre. Je ne ressentais plus la douleur d'auparavant.
J'hochais négativement la tête et cela parut grandement soulager le garçon.
Je pris mon courage à deux mains et demandais :
- Qu'est ce qui s'est passé ?
Je n'osais mentionner l'homme ou le loup. Si il me prenait déjà pour une folle, autant ne pas aggraver mon cas.
Il sembla hésiter et son visage harmonieux prit une expression soucieuse. Mais j'insistais. Je devais absolument savoir pourquoi j'étais là. Et... Mon dieu, ma mère ! L'avait on prévenu ? La connaissant, elle serait morte d'inquiétude. J'avais encore sur moi mon manteau beige et je mis instinctivement ma main dans ma poche pour prendre mon portable. Il était là. Je l'allumais, mais je n'avais pas suffisamment de réseau pour passer un appel. Je levais mon visage vers le garçon, qui sembla comprendre mon inquiétude.
- Tu as fait un malaise, me dit il. Sur le coin de ta rue. J'étais juste à côté de toi et je suis venue t'aider. Ta mère est prévenue, je lui ai dit que j'étais un ami de ta classe et que tu venais un peu chez moi.
Je le fixais, surprise. Ainsi, ma drôle de vision s'expliquait ! J'avais donc fait un malaise.
- Pourquoi je ne suis pas retournée tout de suite chez moi ?
- Je voulais te montrer quelque chose.
J'étais un peu méfiante. Il m'aidait, mais ne voulait pas me permettre de rentrer chez moi ? Victorine aurait qualifié cet instant d'incroyable. J'entendais presque sa voix à mon oreille. " Tu es peut être en train de découvrir les secrets les mieux cachés d'un gang ! Et en plus, avec un beau mec. Allons, Lya, va voir ce qu'il veut te montrer !"
J'étais curieuse, c'était sur. Le garçon me regardait avec attention, et en croisant son regard je fus de nouveau surprise par leur similitude avec les miens. Un peu troublée, je finis par hocher la tête.
- Bon, d'accord, je veux bien.
Il tournait déjà les talons vers la porte quand j'ajoutais :
- Je peux savoir ton nom ?
Il se tourna vers moi, un léger sourire aux lèvres.
- Phylippe, mais appelle moi Phyl.
Un peu gênée, je lui rendis son sourire, sourire qui me parut bancal. Mais ma poitrine toujours serrée par le stress me rappella à l'ordre et je le suivis.
Les couloirs étaient entièrement blancs, sans inscriptions, sans tableaux ni décoration. Des portes marrons sans signes particuliers se tenaient sur les murs et je ne pus m'empêcher de penser que ce serait un endroit parfait pour enlever quelqu'un. Pas de sortie visible et pas de traces.
Je chassais ses pensées pour suivre Phylippe qui s'arrêta soudainement et ouvrit une porte. Nous entrâmes dans un grand gymnase, au plafond très haut. Je pensais aussitôt que vu la hauteur des murs et la froideur de la pièce, nous étions sûrement sous terre. Le gymnase contenait de tout : des tapis de lutte, des cordes, des trapèzes, des poutres, des cerveaux... Une étrange plateforme en bois était également suspendu en hauteur.
Brusquement, je sentis une soudaine nausée. Mon ventre sembla s'agiter de nouveau, puis la terrible douleur s'empara de moi de nouveau. C'était comme un coup enflammé dans mon ventre, et je ne pus m'empêcher de pousser un cri, paniquée.
Phylippe se tourna aussitôt vers moi, les yeux plein d'inquiétude. Il s'avança aussitôt.
- Assis toi, Lya, me demanda t'il, le front plissé. Respire lentement, appuie toi contre un mur.
La tête me tournait et j'avais l'impression que j'allais vomir. J'eus le temps de m'asseoir, de m'appuyer maladroitement sur le mur et de me demander comment il connaissait mon nom et avait prévenu ma mère avant de m'évanouir.

J'ouvris les yeux de nouveau sur le sol du gymnaste. J'avais encore mal au ventre, ce qui m'effraya un peu. Le beau visage de Phylippe était penché sur moi. Derrière lui, un homme aux longs cheveux gris et aux rides apparentes me fixait. Cette fois ci, je me redressais tout de suite.
- Qu'est ce qui se passe ? Demandais je d'un voix un peu plus aiguë qu'à l'ordinaire.
- Tais toi, me dit sèchement l'homme, attisant encore plus mon inquiétude. Tu vas répondre à des questions précises sinon ça va mal se passer. Mon coeur s'accéléra un peu plus, et je n'osais plus rien dire.
- Quel est ton animal préféré ?
Stupéfaite par la question, j'allais protester, mais un regard de l'homme m'en dissuada.
- Le lion, balbutiais je.
À ma grande surprise, l'homme et le garçon échangèrent un regard sombre.
- As tu déjà rêvé d'un animal ?
J'hochais la tête. Bien sûr, même toutes les nuits !
- Duquel ?
- Cela change toujours.
Cette fois ci, l'inconnu parut surpris.
- Quels sont ceux qui reviennent le plus souvent ?
J'étais totalement perdue, mais je répondis tout de même.
- Un ours, au début... Après c'est un petit animal... J'ai déjà eu un lapin, une souris, un chat, un chien... Et ensuite un oiseau qui s'envole.
- Très bien ! Répondit sèchement l'homme. Phyl, emmène la en salle E.
Mon stress monta encore d'un cran. J'avais vraiment l'impression de me trouver dans un mauvais film d'horreur. Brusquement, une atroce pensée me vint. Si c'était quelque chose comme ça ? Une caméra cachée ? Je regardais nerveusement autours de moi, puis inspirais lentement. Bon, de toute façon, je n'avais pas le choix.
Phyl me redressa gentiment par le coude et me jeta un regard compatissant.
- Pourquoi toutes ces questions ? Demandais je aussitôt.
- Tu vas comprendre en salle E.
Nerveuse, je le suivis de nouveau dans les couloirs blancs immaculés. La salle E était une petite pièce vide, à l'exception d'une cage en acier, suffisamment grande pour un humain debout ou couché.
Je pâlis aussitôt en entrant dans la salle et voulut reculer. Mais Phyl, qui semblait avoir compris mes intentions, posa une main sur mon épaule.
- Je veux sortir ! M'écriais je aussitôt.
- Non, c'est impossible, dit Phyl, qui paraissait nerveux. Tu vas avoir la Démonstration puis subir la Transformation. Tu ne peux pas sortir, surtout avec la forme que tu vas prendre.
Ces mots me paniquèrent. Je voulus reculer mais Phyl me poussa en avant et ferma la porte. J'entendis le cliquetis de la porte et compris que j'étais enfermée. Ma mère m'avait toujours dit de voir les bons et mauvais côtés d'une situation avant de m'inquiéter.
Bon point : je n'étais pas dans la cage.
Mauvais point : j'étais enfermée dans un endroit bizarre, avec des gens que je connaissais pas, qui me connaissait moi et ma mère.
La panique m'enserrait la poitrine, m'empêchant de bien respirer. J'avais mal au ventre et la tête qui tournait, et quand brusquement, la lumière de la pièce s'éteignit, je poussais un cri de surprise.
Sur le mur alors, une projection s'anima. Je me tournais vers les images, presque fascinée.
On y voyait un chien, marchant dans une rue bondée. Les gens l'évitaient, certains se penchaient pour le caresser et il montrait les dents.
J'étais totalement perdue. J'étais enfermée dans une pièce et ils me montraient un film sur les chiens ?
Le chien tourna dans une petite rue adjacente à la principale, qui était vide. Il se faufila derrière une poubelle, et, brusquement, son corps se disloqua. Une seconde plus tard, et à la place du chien se tenait un garçon aux cheveux bruns et aux yeux bleus. Stupéfaite, je continuais de fixer l'écran, alors qu'une voix monotone accompagnait désormais le film.
" Voici ce qu'on peut appeler un Métamorphe. Un Métamorphe est un être humain qui possèdes des facultés de transformation animale ; on dit de cette catégorie de personnes qui possèdent le gène TO, dit de la Transformation. La transmission de ce gène est totalement aléatoire. "
Désormais, le garçon repartait dans la rue, sous son apparence humaine.
" Un Métamorphe a une apparence principale qu'il peut prendre à tout moment avec facilité. Cette apparence peut être n'importe quel animal, de n'importe quel genre, bien que généralement, le gène de l'Animal dont le Métamorphe prend l'apparence est du même genre que lui. "
Le garçon ouvrit une petite porte et entra dans une cour. Il y eut un petit mouvement de flou et on le vit soudain s'élever sous la forme d'une petite tourterelle.
" L'apparence première d'un Métamorphe se manifeste en tant que message de l'inconscient. Souvent, le rêve du Métamorphe se fait en trois étapes ; l'animal présent dans le rêve en premier est ce qu'on appelle la Forme Première. La deuxième forme peut changer à chaque rêve ; cela signifie en ce cas que le Métamorphe pourra prendre n'importe quel apparence. Rare sont ceux genre de Métamorphe ; la plupart ne peuvent prendre que deux ou trois apparences, qu'ils ne peuvent maîtriser."
Le garçon de l'écran se retransformait en humain sur un toit et semblait soudain pris de douleur.
" La première Transformation en Forme Première est toujours une dure épreuve pour chaque Métamorphe. Cela commence par des fortes douleurs au ventre, puis à la tête, et à des évanouissement fréquents. "
Le garçon disparaissait de l'image, remplacée par une fille qui se tordait de douleur et se transformait brusquement en un grand aigle royal.
" Les transformations au début sont difficiles à contrôler. Dans des moments de panique, de stress ou de grandes émotions, la Transformation peut survenir chez un Métamorphe non entraîné."
L'écran s'éteignit.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top