Chapitre 9 - Nouvelle vie

"Qui qu'il soit, c'est un lâche et je n'ai pas peur de lui. J'ai donc décidé qu'il était déjà mort. Ce n'est pas de la politique, juste une bonne vieille vengeance, à l'ancienne. Qu'il en ait après moi, ou après l'Etat peu importe, fini de jouer. C'est un duel. Je vais lui rendre la monnaie de sa pièce, en bonne copie conforme."

Le bureau est plongé dans une pénombre terrifiante alors que les infos tournent en boucle à la télévision, comme si son propriétaire avait un besoin irrépressible et vicieux d'entendre encore et encore Tony Stark prononcer ces mots. Les paroles du milliardaire résonnent sur les murs bétonnés, démuni de peinture et de toute personnalité, rendant ainsi l'atmosphère maléfique bien que décontractée. Un rictus s'est installé sur les lèvres de l'homme en face de l'appareil électronique, confortablement installé dans un fauteuil en cuir coûteux. Il écoute attentivement le discours de Stark avec amusement. Malgré son air déterminé, l'homme sait que le grand Tony Stark est simplement désespéré par tout ce qui se passe dans le pays, et que ce baratin ne sert qu'à sauver les apparences. Et c'est le but recherché, cela signifie que son plan commence à faire effet, et qu'il commence à s'ancrer dans l'histoire. Déstabiliser le pays pour forcer le gouvernement à agir contre l'objet de ses tourments, tel est sa motivation.

Jamais il n'avait eu la satisfaction de faire quelque chose pour lui, toujours pour les autres. Malheureusement, son passé indique le contraire, mais c'est simplement parce que les gens ne connaissent pas toute l'histoire, toute son histoire. Mais il a la ferme intention de changer les choses, de rétablir la vérité et d'obtenir plus que ce qu'il n'aurait voulu au départ. Parce qu'on lui a tout enlevé, tout. Son travail, sa dignité. Il veut finir ce qu'il a commencé : pour l'argent, pour la gloire, pour le pouvoir mais surtout pour prouver que ses idées ne sont pas à prendre à la légère. Quoi qu'il advienne, il deviendra le maître de l'armement militaire, il contrôlera les Etats-Unis -voir le monde- et par-dessus tout, il aura sa vengeance.

Quelqu'un entre dans la pièce sans y avoir été invité, mais pas besoin de faire des pieds et des mains pour savoir qu'elle est autorisée à faire cela. Une longue chevelure blonde, qui tombe au milieu du dos de son propriétaire, se plante devant la télévision en croisant les doigts.

-Tu sèmes la terreur, Vladimir, constate-elle avec un fort accent slave.

Elle semble légèrement consternée, mais Vladimir n'en a que faire. Elle lui appartient. Peu importe ses états d'âme, elle a une dette à vie envers lui, ce qui la destitue de toute opinion à voix haute.

-Ivanna, il faut bien les détruire avant de les rebâtir à mon image. Certaines personnes ne sont pas faites pour vivre dans ce monde, et d'autres sont faites pour mais n'auront jamais les mêmes idées, la même façon de penser que moi.

"Peu de personnes pensent comme toi, Vlad. C'est juste que t'as beaucoup de tunes dans les poches." Pense la jolie blonde.

-Cela reste ton pays, ajoute ladite Ivanna en se tournant vers lui dont le visage est coincé entre la satisfaction et l'envie d'arracher la tête de Stark. La population risque d'avoir du mal à se relever.

-Ce sont les Etats-Unis, ils se relèvent sans arrêt.

Le silence s'impose tandis que la jeune femme se retourne vers l'écran plat, cachant son visage aux yeux de son supérieur. Elle fait une moue insatisfaite, voir déçue. Elle espérait probablement que son plan échoue, mais Vladimir est quelqu'un de très intelligent, trop intelligent pour ne pas arriver à ses fins.

-Et on fait quoi maintenant ? S'enquit-elle sans se retourner cette fois. C'est quoi la prochaine étape ?

-On continue. Les attaques doivent se faire simultanément. Il faut viser l'ancienne clientèle de Stark Industries et les bâtiments politiques. Le gouvernement doit être tellement ébranlé et désespéré qu'il sera forcé de trouver un coupable. Chaque problème a besoin d'une cause, et la population cherchera un fautif, même si ce n'est pas le bon. Les manifestations et les émeutes renforceront leur jugement et il payera pour te le mal que son nom de famille a pu faire.

Face au rire glacial et diabolique de Vladimir, Ivanna déglutit difficilement avant de faire claquer ses talons hauts vers la porte d'où elle s'échappe en essayant de cacher la terreur qu'elle affiche sur son visage, laissant alors son sauveur dans une folie que, malgré elle, elle soutient.

***

6 mois plus tard

La salle d'entrainement est vide. Seul notre présence, à mon OS et à moi, brise la solitude de la pièce. Cela fait un bout de temps que nous nous entrainons, en plutôt qu'il m'entraine. Un exercice beaucoup trop répétitif à mon goût puisque je dois donner un coup à droite, puis à gauche et esquiver celui que mon entraineur me lance. Et cela pendant un temps indéterminé. Même si je n'ai jamais discuté les méthodes d'apprentissage du SHIELD, je dois avouer que rabâcher toujours les mêmes mouvements devient lassant. Alors oui, il est certain que je saurai refaire cela en combat singulier, mais je ne suis pas vraiment sûr que mon adversaire sera aussi clément et se laissera frapper aussi facilement. Alors j'envoie un direct droit, puis un gauche. Son poing fonce vers mon visage, mais je l'évite d'un mouvement de la tête vers gauche. Et on recommence, pour la énième fois de l'après-midi.

Mon corps est chaud et dégoulinant de sueur, et même si j'ai cette crampe dans l'épaule, je sais que si je demande une pause mon OS me fera faire quelque chose de pire que de frapper à droite et à gauche dans des palettes en plastique. L'homme en face de moi m'assène une manchette que j'évite de justesse car je ne m'y attendais pas du tout, puis je lui donne un coup dans le ventre avec mon gant de boxe. Il se plie en deux et tente de se relever afin de reprendre sa garde, mais je suis plus rapide et profite que sa garde soit baissée pour enrouler ma jambe autour de son cou de sorte que je sois en position de force.

Il a été fourbe en me faisant croire que j'allais garder une routine tout du long. Alors je décide de lui montrer que je ne me suis pas fait avoir, et que je vais même avoir le dessus. Je suis donc sur ses épaules tandis qu'il est presque à genoux et dans un geste rapide, silencieux et bref, je tournoie sur moi-même ce qui entraine le corps de l'homme dans ma pirouette. Je me retrouve à quelques dizaines de centimètres de lui tandis qu'il est sur le sol. Quand il tente de se relever, je ne perds pas de temps et lui balance mon pied dans la figure ce qui le cloue au sol. Afin d'être sûr qu'il ne n'essayera plus de me pousser à bout, je me tiens sur lui, à califourchon et de telle manière que ses bras sont coincés sous mes jambes, et lève mon poing pour le menacer.

Il me regarde, à bout de souffle puis ricane gentiment :

-Tu t'es bien amélioré au corps-à-corps, je suis fier de toi.

-J'ai presque envie de dire que l'élève à dépasser son maître, mais bon se serait trop me donner de lauriers. Dis-je souriant en l'aidant à se relever.

Je me détends un peu et commence à enlever mes gants. J'attrape une bouteille d'eau que je déverse sur ma tête sans même prendre la peine de la boire. Et à peine me suis-je assise sur un banc pour une pause que mon partenaire me lance :

-T'es peut-être bonne en combat rapproché, mais ton endurance n'est pas aussi exemplaire, alors je te conseille fortement d'aller courir maintenant.

Je lève les yeux au ciel en attrapant une seconde bouteille d'eau.

-Je suis crevée, Grant. Je travaille depuis six heures ce matin avec seulement une demi-heure pour déjeuner. Je suis suffisamment sérieuse, d'ailleurs je fais en sorte d'être la meilleure dans chaque exercice. Et le test n'est que dans deux semaines, agent Ward. Je pense que j'ai le droit à cinq minutes de pause. Lui assuré-je en buvant.

Il me sourit, essoufflé, puis vient s'assoir à mon côté.

Voilà maintenant six mois que je suis entrée au SHIELD. Six mois que je m'entraîne d'arrache-pied afin de maîtriser les capacités d'un agent de terrain. Art martiaux, manipulation et classification d'armes, parcours du combattant, reconnaissance du mensonge durant un interrogatoire, sortir d'une mauvaise situation, être furtive. Mon test, pour être un membre intègre de la compagnie, est dans deux semaines. En temps normal, il m'aurait fallu trois à cinq ans pour être un agent de terrain de niveau six, mais vu comment les attaques sont de plus en plus fréquentes, ils disent avoir besoin de moi rapidement. Je fais donc, cinq jours sur sept, de six heures du matin à six heures du soir, toutes sortes d'exercices qui doivent me rendre opérationnelle. Le sixième jour de la semaine, je suis dans les laboratoires avec certains apprentis scientifiques. Quant au dernier jour de la semaine, je suis en congé. Je dois bien avouer que, malgré tout, je me sens à ma place ici. J'appréhendais beaucoup mon intégration, mais je suis bien plus à l'aise ici et j'ai la certitude que je ferai plus de bien au SHIELD que dans un simple hôpital. Pourtant, le personnel de l'hôpital me manque un peu, c'était un peu plus familial là-bas.

L'agent Ward détache les scratchs de ses gants en ajoutant :

-Ne m'appelle pas comme ça. Tu sais bien que nous avons évolué.

Je souris, un peu satisfaite du privilège qu'il m'accorde. Il est vrai que depuis mon arrivée Grant Ward a toujours été présent pour moi, que cela soit pour ma formation ou en dehors du travail. Il nous a même aidé, Aaron et moi, à déménager de Binghamton pour New York, bien plus près de nos jobs respectifs. Il est devenu un très bon ami pour nous.

-Je sais que tu vas réussir, tu as eu un bon professeur, continue-t-il en souriant fièrement.

Si je n'avais pas appris à le connaître, j'aurais pensé qu'il était aussi présomptueux que Stark. Mais il ne dit ce genre de chose que pour détendre l'atmosphère, ou de manière ironique, car d'ordinaire c'est un type plutôt froid et assez mystérieux qui n'a aucune attache. Mais j'ai envie de dire qu'il a enfin compris que vouer sa vie au SHIELD n'est pas une vie. Alors, dans un geste amical, j'ébouriffe ses cheveux puis pars suivre ses conseils en trottinant tout en laissant l'agent, agacé, se recoiffer.

***

Une fois les coups de six heures sonnés, je ne perds pas plus de temps et prends la route. Je roule près d'une heure pour rejoindre mon nouvel appartement car malgré tout, la base où je m'entraine se trouve en Pennsylvanie. Bien que j'aie déménagé afin d'être plus près de mon boulot, le SHIELD ne peut pas avoir des bases en plein milieu d'une ville comme New York. La discrétion et le recule nous permet d'être bien moins prévisible, surtout quand on est une organisation inconnue du monde.

Je tourne sur W 12th Street et me gare devant le 254. C'est un petit immeuble assez charmant, large de quatre fenêtres, haut de trois étages, un escalier de secours recouvrant les deux fenêtres centrales et possédant un crépi mielleux -quoiqu'un peu vieilli- et une porte verte menthe. Je monte au deuxième étage où se trouve notre petit appartement, à Aaron et à moi. Je m'engouffre dans le séjour, la chaleur se dépose sur mon visage glacé et fait immédiatement fondre les ridicules flocons dans mes cheveux. Il fait vraiment froid aujourd'hui, mais c'est la première fois qu'il neige depuis le début de janvier.

Il est presque sept heures et demie et Aaron n'est toujours pas rentré. Je ne me fais pas trop de soucis en réalité, car je sais que Stark le retient bien souvent un peu plus tard que les horaires qu'on nous avait donnés quand il a été engagé. Stark doit se sentir bien seul pour forcer mon fiancé à rester plus tard, s'en est presque pathétique. Mais bon, depuis quelque temps, le milliardaire s'est penché sur les archives des armes de Stark Industries d'il y a vingt ans. Il cherche sans vraiment trouver car c'est comme une aiguille dans une botte de foin. D'après les analyses balistiques du SHIELD, les missiles de Washington étaient bien de Stark Industries, mais avec un composé chimique explosif différent des armes longues porté habituelle : le trinitrotoluène. Utilisé par l'armée allemande puis britannique au début du siècle dernier, c'est un vieux composé chimique qui a été mis au placard car pas assez puissant pendant la Guerre Froide. En sachant qu'il y a vingt ans, la Guerre Froide avait pris fin il y a presque un an. Malgré tout, on ne voit pas vraiment de liens entre les évènements, et je dois avouer que c'est extrêmement frustrant.

Je m'enfonce un peu plus dans l'appartement d'un blanc sale mais chaleureux, direction la salle de bain. En passant par la chambre pour atteindre ma destination, je m'arrête au niveau de ma commode et prépare des vêtements propres pour notre soirée. Je sors une petite robe blanche et évasée, assez simple, du tiroir. Quand je m'apprête à refermer celui-ci, je remarque une pochette en carton à l'endroit d'où j'ai tiré la robe. Je tire le dossier et observe le logo du SHIELD écrit dessus. C'est mon dossier médical lors d'une consultation complète pour connaître mes capacités physiques, et surtout pour en apprendre plus sur mes pouvoirs. Je n'avais pas voulu regarder ce qu'il y était marqué, à ce moment-là, ne voulant pas connaître ce que j'étais. Mais désormais, après six mois à l'académie du SHIELD, je crois que plus rien ne peut me surprendre.

« Dossier du patient : Hailee Barton

Observations : Suite à de nombreux tests, nous pouvons conclure que la patiente est dans une forme exemplaire. Elle qui avait assuré que ses poumons ne supporteraient pas un jogging, il s'est avéré que ses poumons étaient même en bien meilleure santé que pour la grande majorité de la population. Cependant, nous avons détecté des résidus d'un matériau peu commun dans son sang. Au début, nous croyons que cela provenait de l'aluminium que l'on incorpore dans les vaccins, puis après plusieurs examens nous pouvons conclure qu'il s'agit d'adamantium, un métal rare qui regroupe alliage en acier et en titane. L'adamantium a été inventé par ordre du président Roosevelt, pour créer une substance impénétrable à utiliser pour les chars d'assaut pendant la Seconde Guerre Mondiale. Le métallurgiste, inconnu de nos fichiers, n'en aurait fabriqué qu'un échantillon qui, en entrant en réaction chimique avec un champ magnétique, aurait fondu, ne laissant plus aucune trace du produit. Ne savons donc que la patiente n'est pas le fruit d'une quelconque expérience de laboratoire. Cependant, la question que nous nous posions est comment de l'adamantium, sous sa forme la moins abondante, a-t-il fini dans son sang. Alors nous avons cherché, fait des caryotypes car tout ne pouvait que résider dans son ADN. Nous avons découvert qu'elle fabriquait ce matériau grâce à un gène dans son chromosome 13. Une mutation tout à fait fascinante qui lui permet donc de contrôler le métal et qui explique donc la présence du métal dans son milieu sanguin. Tout de même, la différence qu'impose ce gène ne lui permet pas de contrôler l'adamantium »

Ironie de la nature, j'imagine. Tout ce qui semble avoir un tant soit peu de logique finie par être contredit, un jour ou l'autre.

Je repose le dossier au fond du tiroir. Bien que j'aie passé la plupart de mon temps à m'entraîner pour devenir un agent du SHIELD, je suis restée plusieurs heures dans les labos pour des tests afin de savoir pourquoi j'étais différente. Je dois dire que je n'étais pas vraiment étonnée de devenir un sujet scientifique, mais à vrai dire je n'avais pas vraiment cherché à comprendre ce qui m'arrivait. Je l'avais, c'était un fait. Décidé à ne plus penser à ces moments plus que pénibles, je pars, déterminée à prendre une bonne douche en attendant qu'Aaron rentre. J'ai le temps de me détendre un peu, de préparer la tenue d'Aaron, de préparer un gâteau à emporter et même de regarder un épisode de Dr House.

Ce soir, Clint m'a promis que je pourrais rencontrer sa femme. Quand il m'a annoncé ça, j'avais écarquillé les yeux et je l'avais un peu enguirlandé pour ne pas m'en avoir parlé plus tôt. Six mois qu'on s'était retrouvé et pas un seul mot sur celle qui fait battre son cœur. J'étais un peu vexée sur le moment, mais l'excitation de rencontrer ma belle-sœur me fit rapidement oublier son abstention. Je ne m'attendais pas du tout à ce qu'il ait réussi à refaire sa vie. Alors ce soir est un grand soir pour moi, car j'espère du plus profond de mon cœur que cela sera une soirée inoubliable qui réunira ma famille. En réalité, je n'aurais jamais cru cela possible.

J'entends un bruit de verrou, puis de pas dans le salon. Je tourne la tête et la lève pour observer par-dessus le canapé Aaron ébouriffer ses cheveux frisés couverts de flocons. Quand il me voit, il sourit et vient m'embrasser :

-Bonne journée ? Demande-t-il en posant son manteau.

-Epuisante. Heureusement que Clint propose une petite soirée tranquille. Je n'aurais pas tenu cinq minutes devant sa femme vue comment j'ai mal aux cuisses.

-Ah oui, le diner avec ton frère.

Il avait dit cela de manière un peu déçue, peut-être même exaspérée, mais je n'en tiens pas compte. En effet, leurs relations n'ont pas évolué, ils restent au même stade. Aaron ne l'apprécie pas, ce qui n'est pas le cas de Clint. S'il a accepté la proposition de mon frère, c'est uniquement pour me faire plaisir.

-Aller, va t'habiller. Et tiens-toi à carreaux quand on sera là-bas.

***

Après avoir roulé une petite demi-heure, nous arrivons dans une ferme dans le New Jersey. Il fait un crépuscule magnifique qui contraste avec les champs immenses. Il y a beaucoup de verdure ici, en comparaison avec la ville, et c'est un vrai délice. Nous nous garons à quelques pas du perron, puis marchons jusqu'à la porte d'entrée. Aaron frappe trois coups irréguliers, signe de nervosité. Moi-même je ne me sens pas vraiment à l'aise, de peur de ne pas plaire à la femme de Clint. Cela serait dommage, que cela ne marche pas entre nous, et je ne ferais rien qui entraverait les choses, du moins j'essayerais.

La porte s'entrouvre doucement, mais il faut que je baisse les yeux pour apercevoir un petit homme. D'une petite voix enfantine et timide, il demande :

-Tante Hailee ?


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