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-Non, sérieusement Hailee. Pourquoi aurais-je commandité une attaque dans ma propre ville, avec mes propres armes ? Essaye-t-il de me convaincre. Je suis plus intelligent que ça.

Je fais les cents pas dans l'énorme salon de la tour, pendant que Stark fait des pieds et des mains afin que je comprenne qu'il entre aussi dans la catégorie des victimes. C'est la première fois que je me retrouve dans une telle situation. En plus, ce n'est même pas mon travail d'enquêter sur ce qui se passe. Moi, je dois simplement soigner et guérir la population, pas faire la police.

-Je ne sais pas ! M'écrié-je en me tournant vers lui. Monsieur Stark...

-Tony s'il te plaît.

-Tony... J'ai été victime d'un attentat, comme beaucoup d'autres personnes. Un attentat qui n'a ni queue, ni tête car personne ne sait qui est visé et pourquoi. Personne n'est au courant que ce sont vos armes, pas même les fédéraux, et attaquer le Queens n'avait absolument aucune valeur stratégique. Il, ou elle, aurait pu attaquer de gros emblèmes américains comme l'Empire State Building ou encore...

-La tour Stark, complète-t-il en se calmant. Mais en attaquant la Tour Stark, le monde saurait que ce je n'aurais rien à voir avec cela. J'y tiens trop pour la détruire.

Je lève les yeux au ciel, pour la énième fois depuis que je suis arrivée, vraiment agacée par son caractère égocentrique dont il ne peut se séparer quelques minutes pour parler sérieusement. En attendant, nous sommes totalement bloqués. Un énorme obstacle nous fait face et nous empêche d'avancer, mais j'ai bien l'intention de passer et de trouver l'ordure que terrifie le pays. Tony fait tournoyer sa cuillère dans son café et regarde par la fenêtre comme pour éviter mon regard, comme s'il savait ce que j'allais lui dire.

-Je ne vous fais pas confiance. Déclaré-je, d'un ton presque menaçant.

Et pourtant, je sais que ce n'est pas lui. Mais il faut que j'en sache plus, et je suis persuadée qu'il cache des choses. Il dépose sa tasse sur la petite table basse en verre et se redresse avant d'ajouter :

-Je me doute, oui. Toutes les preuves sont contre moi. Mais une chose ne me paraît pas normale.

-Parce que le reste l'est ? Nan mais sérieux, va falloir redescendre de votre pied d'estale, ça vous monte à la tête ! Éclaté-je, faisant ressortir la fureur que j'avais essayé de garder en moi.

Il fait une courte pause en m'observant devenir rouge de rage. Je ne comprends vraiment pas comment Aaron arrive à rester aussi longtemps dans la même pièce que lui, il est tout simplement insupportable. Il vient alors se planter devant moi, avec un regard scrutateur.

-Chacun des missiles créés par Stark Industries explose dès qu'il touche le sol. Sachant qu'ils ont une vitesse près de vingt-huit mille kilomètres à l'heure, à moins qu'il n'ait ralenti devant vos yeux, il est impossible que vous ayez vu le missile en détails.

Tony me regarde impassible, comme s'il avait déjà réfléchi à la question avant même que je n'entre dans le bâtiment. La panique monte en moi, lentement, tandis que je reste devant lui, indécise, ne sachant pas vraiment quoi répondre. Il ne faut pas qu'il sache pour mes pouvoirs. Si jamais il l'apprenait, il m'accuserait moi et le véritable coupable courait toujours dans la nature, profitant d'un bouc émissaire innocent pour continuer, ou disparaître. Je prends une grande inspiration avant de reprendre le contrôle de mes émotions, du moins d'essayer, et continue :

-Vous ne me croyez pas.

-Oh si, si, mais tu ne me dis pas tout. Dit-il en retournant s'asseoir sur son canapé.

Il me tient, comme le loup tient l'agneau. Comme la sorcière tient Hansel et Gretel. Je suis prise au piège comme une débutante, n'ayant pas réussi à ne pas éveiller les soupçons. Je ne suis pas une terroriste, mais même après toutes ses années à essayer de contenir mes pouvoirs, de les enfermer, de les enfouir au plus profond de mon être pour que je ne sois pas découverte -mise à nu devant le monde auquel je n'appartiens pas, pas dans les règles- rien de mes efforts n'a marché face à Stark. Je ne sais pas vraiment si je me suis fait manipuler ou si je me suis trahie moi-même, mais dans tous les cas, il sait que je cache quelque chose.

-Ecoutez... Je ne saurais pas vous expliquer comment je l'ai vu, menti-je, mais je l'ai vu.

Il ne doit pas savoir qu'une fille qui sait manipuler le métal a arrêté un missile en plein vol rien qu'à l'aide de son esprit pendant que les habitants du Queens s'affolaient. Ce serait la pire, et la seule, erreur depuis la mort de mes parents. Et elle pourrait me coûter très chère. Aaron pourrait être accusé de complicité de meurtre qui ne sont pas les miens. Je n'ose même pas imaginer.

-Même si tu le savais, ça ne changerait rien, conclut-il en buvant une gorgée de café, puis en s'étalant dans son canapé. Mets-toi à l'aise, Hailee. Ce n'est pas demain la veille qu'on résoudra le problème.

Je suis scandalisée par son manque de sérieux, à ce moment précis. Des vies de milliers de personnes sont en jeu et lui se délecte d'un café dans son canapé ! Décidément, Aaron est l'homme le plus courageux que je connaisse. Plus que Stark en tout cas.

-Vous êtes un lâche, le dénigré-je en me levant, vous vous appropriez le titre de héros mais vous n'êtes rien d'autre qu'un de ces milliardaires qui balancent leur argent par les fenêtres pour acquérir une attention qu'ils ne méritent pas. L'égocentrisme, c'est vraiment de la merde.

-Je ne suis pas un héros. Et oui, je suis tout ce que tu as dit, mais même si je tente de chercher une réponse, les chances de la trouver sont beaucoup trop minces puisque je ne suis pas inspecteur, chargé des investigations terroristes. Je suis simplement un mécanicien, ancien fabricant d'armes.

-Au moins vous aurez essayé ! M'énervé-je. Coopérez avec la police, avec l'armée, avec le gouvernement. Agissez. Le monde vous verra comme le héros que vous n'êtes pas, au moins vous mériterez le statut que tout le monde vous accorde.

Je pars vers l'ascenseur et force les portes à se fermer, complètement désappointée. Je n'ai jamais autant détesté un homme que lui. Il a dédié de nombreuses années de sa vie à la construction d'armes de destruction et quand il décide de changer un peu de cap en fabriquant Iron Man pour sauver des vies, il ne le fait pas à temps plein. Les véritables héros, ce sont les médecins de guerre, les policiers, les pompiers. Eux, risquent leurs vies tout le temps, et pas seulement quand ils en ont envie.

-Quel étage mademoiselle ? Me demande Jarvis de sa voix robotisée.

Une idée s'immisce dans mon esprit et me fait déjà sourire. Je vais passer voir Aaron avant d'aller travailler, en espèrent que mon moral remonte un peu afin de travailler dans de bonnes conditions. Je ne me pardonnerai jamais s'il arrivait quelque chose à l'un de mes patients à cause de Stark.

-L'atelier, s'il vous plaît. Merci Jarvis.

-Je vous en prie, mademoiselle.

Je sens une légère pression sur mon organisme m'indiquant que l'ascenseur descend. Les portes s'ouvrent sur la caserne d'Ali Baba, des fils sortent de partout, toutes sortes de gadgets inoffensifs comme dangereux traînent sur les tables. Il fait une chaleur étouffante là-dedans et là encore, la pièce est lumineuse grâce aux baies vitrées, nous offrant une vue qui surplombe Time Square. De l'eau dégouline le long de celles-ci et le ciel est aussi noir que les plumes d'un corbeau. Mon fiancé est au fond de la salle en train de dessiner. Je m'approche de lui et observe son schéma.

-Qu'est-ce que c'est ? Lui demandé-je en plaçant mon doigt sur ce qui semble être un laser.

-C'est un nouveau dispositif laser. C'est une arme à énergie dirigée qui émet de l'énergie dans une direction voulue, sans besoin de projectile.

-Oh. Et c'est... Dangereux ?

-Tout ce qui se construit ici est dangereux, Hailee. Les effets recherchés sur les Hommes peuvent être mortels ou non, mais ici, j'ai multiplié cette énergie par trois, ce qui la rend obligatoirement redoutable, explique-t-il. Outre son utilisation sur les personnes ou comme une potentielle défense antimissile, la technologie de l'énergie dirigée peut aussi servir à arrêter ou désactiver des voitures en mouvement, des drones, des jets-skis et des appareils électroniques comme les téléphones portables.

Aaron est très fier de son travail, car c'est un passionné et une personne très investie dans tout ce qu'il fait. Chaque chose qu'il entreprend lui tient vraiment à cœur et quand il part dans des explications, on ne peut plus l'arrêter, surtout lorsqu'il s'agit d'électronique.

-L'énergie peut se présenter sous différentes formes. En premier lieu, un rayonnement électromagnétique, y compris les ondes radio, les micro-ondes, les lasers et les masers des particules possédant une masse. Dans un second lieu, dans les armes à faisceau de particules, techniquement, une forme d'arme à micro-projectile. Et dans un troisième lieu, un son, dans les armes soniques. Je pense que ça peut être utile à Tony, enfin j'en suis sûr.

-Ecoute chéri, ce n'est pas que je m'en fiche mais je ne comprends rien. Alors je vais aller bosser d'accord ?

-Ouais, tu ne comprends jamais rien quand on parle de mon boulot. Boude-t-il en continuant à dessiner.

-Tu ne comprends pas grand-chose au mien non plus, répliqué-je en l'embrassant sur le front.

***

Il est seize heures et aujourd'hui l'on m'a autorisé à rentrer plutôt. J'ai bien compris que c'était exceptionnel puisque l'hôpital est en rénovation suite au bombardement d'il y a deux semaines. La plupart des patients ont été dispatchés dans les différents hôpitaux aux alentours, permettant une reconstruction plus rapide et moins coûteuse.

Ma discussion, ou plutôt ma dispute, avec Stark m'a totalement dispersé. Je n'étais plus le médecin qui venait d'avoir son diplôme et l'autorisation d'exercer, mais un simple corps sans vie. Vivant, mais sans vivacité. Ses paroles m'avaient pas mal écarté de mon devoir de médecin. Heureusement que n'ai eu aucun patient gravement atteint. Quoi qu'il en soit, mon moral est au plus bas quand j'entre dans la voiture. Comme demain Aaron commence en même temps que moi, j'ai laissé ma voiture à la maison. De telle manière, c'est plus écologique, et surtout, plus économique. Aaron voit que je ne suis pas bien et s'empresse de me demander :

-Mauvaise journée ?

-C'est à cause de Stark, il m'a retourné l'estomac ce type.

-De quoi vous avez discuté ?

-Des attaques.

Je mets rapidement fin à cette discussion. Je n'ai pas vraiment envie de débattre une nouvelle fois sur le sujet, encore moins avec Aaron, surtout que je devrais m'expliquer. J'appuie sur le bouton de la radio qui s'allume dans un grésillement pénible. Je change plusieurs fois de station car ce sont les infos partout. J'abandonne lorsque je découvre qu'elles sont sur toutes les stations.

"Les chercheurs balistiques ont enfin découvert de quelle industrie viennent les missiles des différentes attaques du pays et leur trouvaille nous laisse totalement sceptiques. Ils proviennent tout droit des entrepôts Stark Industries, mais il semblerait que les modèles soient vieux de vingt ans... Tony Stark aurait-il repris la production d'armement ? S'est-il enrôlé dans des assauts terroristes ? Le président Barack Obama fera un bref discours dans la soirée, en direct de la maison blanche... ''

Je grimace soudainement. Cette discussion que je voulais repousser va finalement avoir lieu. J'aurais préféré qu'il l'apprenne dans de meilleures conditions, et plus tard, le temps que j'en découvre plus sur cette histoire. Aaron se fige puis freine brutalement. Mon corps est projeté vers l'avant mais la ceinture de sécurité me retient, me bloquant la respiration. Plusieurs voitures klaxonnent en se déviant de leur trajectoire pour éviter de nous percuter. Aaron reprend la conduite, un peu perturbé, tandis que je retrouve un souffle un peu plus calme.

-Aaron ? Qu'est-ce qui t'a pris ?

Il ne me répond pas et continue de conduire, indifférent, n'affichant qu'un visage dur et sans émotion. Le reste du chemin est silencieux et je ne tente pas d'engager la conversation car je sais que nous risquons de nous disputer. Et cela va arriver.

Aaron se gare dans l'allée de notre petit garage et descend rapidement. C'est le crépuscule, il ne pleut plus et cette fin d'après-midi est encore chaude, ce qui renforce l'irritation d'Aaron. Quand je sors à mon tour, il se retourne brutalement et se rapproche de moi à grandes enjambées.

-Hailee, tu le savais ? Me demande-t-il les nerfs à vif.

Il reste immobile, face à moi, pourtant intérieurement c'est un véritable carnage.

-Oui, je le savais.

-Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?! Explose-t-il en criant.

-Cela ne te concerne pas ! J'ai été voir Stark pour avoir plus de détails et bien qu'il sache mettre les gens dans sa poche, j'ai bien vu que ce n'était pas de sa faute ! Si tu l'avais su, c'est toi qui lui aurais parlé, et je voulais m'en occuper personnellement.

-Bien sûr que cela me concerne, Hailee. Tu te rends compte que ce sont les armes de mon patron qui t'ont blessé ! Mon boss ! Surtout que je travaille intimement sur Iron Man, peut-être que c'est à cause de cette boîte de métal que ce fou a envoyé les missiles.

-Eh bien quoi ? Je n'allais pas te dire : " Hey, bébé, tu sais le jour où j'ai failli exploser, j'ai arrêté le missile en plein vol grâce à mes capacités et j'ai pu voir les initiales de Stark Industries dessus. T'aurais une idée de pourquoi Stark enverrait des missiles dans le Queens ?"

-Oh Hailee s'il te plaît, ne fais pas l'enfant. Cette histoire me concerne tout autant que toi et que Stark car je suis lié à vous deux.

-Maintenant tu le sais ! Ne va pas en faire une histoire d'État.

Je me dirige vers la porte de notre maison mais il m'appelle et me force à me retourner.

-Hailee, nous sommes un couple ! Nous allons bientôt nous marier ! Maintenant, on devrait avoir appris à se faire confiance, se parler, être franc l'un envers l'autre !

Mes yeux s'ouvrent en grand et ma bouche s'entrouvre légèrement, stupéfaite de ce qu'il vient de me sortir. Mon sang bout dans mes veines, tous mes organes sont sidérés par tant d'hypocrisie, ou est-ce peut-être de la naïveté ?

-Oh tu veux parler de franchise ? Ris-je de manière ironique. Alors je vais te poser une question et une seule, et je veux la vérité. Pourquoi tu n'aimes pas Clint ? Dis-je en ouvrant grand les yeux, plus qu'ils ne l'étaient déjà.

Sa bouche s'ouvre mais aucun son ne sort. Je sais bien qu'il ne l'aime pas et je ne comprends pas pourquoi, il ne m'a jamais donné d'explication. Maintenant que c'est le moment, autant tout ce dire. Mettre cartes sur table. Je ne vais pas supporter longtemps cela.

-Il ne t'a absolument rien fait ! Dès que tu le vois, tu changes de pièce ou tu regardes ailleurs ! On dirait qu'il t'effraie ! C'est plutôt à lui de te détester, tu sais comme un grand frère protecteur envers sa petite sœur.

-Il t'a laissé Hailee... Il t'a abandonné alors que tu en avais le plus besoin. Balbutie-t-il en fixant le sol.

Il fait quelques pas en avant et agite nerveusement ses doigts. Je n'arrive pas à croire qu'il me sorte la carte de l'abandon. C'est la justification la plus bidon que j'ai jamais entendu.

-Non Aaron ! Ce sont mes mots ! C'est moi qui t'ai dit tout ça, mais comme tu le vois, je lui ai pardonné. Aaron, tu ne sais pas te fonder ta propre opinion. Tu réponds toujours en fonction de ce que les gens veulent entendre, sauf que moi je ne suis pas comme eux. C'est toi qui souhaites plus d'honnêteté dans notre couple, alors dis-moi la vérité, dis-la moi ! Crié-je en attrapant le col de son polo, à deux doigts de pleurer.

Aaron se passe une main dans ses cheveux bouclés et m'incite à rentrer. Je le lâche, passe devant lui et lui claque la porte au nez, qu'il rouvre très peu de temps après. Je m'avance dans le salon et me mets face à lui avec la ferme attention d'avoir une réponse, une vraie.

-Pourquoi ? Dis-je plus doucement, pourquoi tu n'arrives pas à le supporter ?

-Je... je n'en sais rien... J'ai un mauvais pressentiment. J'ai peur qu'il te fasse du mal, qu'il mette ta vie en danger...

La famille est quelque chose de très important, mais présentement, c'est Aaron qui m'importe le plus. Je veux renouer avec Clint, mais je préférerai passer le restant de ma vie avec Aaron, de loin. Il se rapproche de moi et m'enlace. Je cale ma tête sur son torse et ferme les yeux.

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