Chapitre 24 - Réalisation inconsciente
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Le temps pour rejoindre le parking souterrain lui semble bien plus long qu'à l'aller alors que la journée commence bien. Steve a eu ce qu'il voulait, Hailee aussi. Alors qu'est-ce qui la rend si impatiente ? Pourquoi ressent-elle le besoin de tout faire vite ? Peut-être qu'elle ne va pas aussi bien qu'elle l'a affirmé à Steve, peut-être que la bataille de New York lui a laissé plus de séquelles qu'elle ne l'a cru, et revenir ici fait ressortir des choses en elle. Déjà face au sourire de Fury, elle pensait à quelque chose de sous-jacent qui allait peut-être lui faire défaut, alors qu'il était juste un peu égayé à l'idée que le grand Captain America travaille pour lui. Et maintenant, Hailee n'a qu'une envie et c'est de se dépêcher de retourner à sa voiture pour rentrer chez elle et de commencer à organiser les croquis et documents de son défunt fiancé. Fiancé qu'elle n'avait pas revu depuis le jour où elle a pris l'avion pour partir en Europe, et même si cela lui avait fait un grand bien de ne plus penser à lui, désormais il lui manque, parce que tout dans ce pays le lui rappelle. Alors que l'ascenseur s'ouvre finalement sur le parking souterrain, Aaron apparaît devant elle, les bras croisés, et la tension qu'elle avait en elle il y a quelques secondes s'évaporent aussitôt.
-Arrête de stresser, Hailee.
-Bonjour à toi aussi chéri. Ironise-t-elle avec un sourire, réellement heureuse de le voir. Oui, j'ai passé de très bonnes vacances, merci de le demander.
Elle se dirige vers la voiture et au moment où elle s'assoit sur le siège conducteur, Aaron est déjà sur celui du passager. Elle attache sa ceinture, quitte sans attendre le parking pour rejoindre l'autre côté du pont et quitter la ville. La route s'annonce longue, mais Aaron est probablement là pour la divertir un peu. Après tout, cela fait un bon moment qu'elle ne s'est pas parlé à elle-même.
-Vraiment Hailee, tu ne devrais pas autant te mettre la pression. Stefanski est dans la nature depuis plus de six mois et rien ne s'est encore produit. Ne cherche pas à courir avant d'avoir appris à marcher.
-C'est exactement le genre de réplique que Tony sortirait. Il a trop déteint sur toi.
-Tony dirait plutôt « il faut savoir courir avant de savoir marcher ».
-Oui, ce n'est pas faux.
Elle regarde la route monotone tandis qu'Aaron reste immobile sur le siège passager.
-Pourquoi tu ne m'as pas rendu visite plus tôt ? Demande-t-elle finalement en tournant brièvement la tête vers lui.
-Tu n'avais pas besoin de moi.
-J'ai toujours besoin de toi. Ne dis pas de bêtises.
-Et c'est pour ça que je suis là, maintenant.
-Ouais bah pour le coup, je vais bien, donc tu ne devrais pas être là si on suit ta logique.
Le silence s'installe, et il dure plusieurs minutes qui semblent s'éterniser. Elle jette un coup d'œil rapide à l'illusion de son défunt fiancé. Pourquoi garde-t-il soudainement le silence ? S'il est là parce qu'elle a besoin de lui, pourquoi ne dit-il plus rien ?
-Aaron ?
-Sache juste que ça ne sert à rien de s'acharner à le retrouver. Ça va te bouffer comme ça la fait l'an dernier. Donc fais attention.
Et la seconde d'après, il a disparu.
***
Elle s'est sentie vexée qu'Aaron disparaisse comme il l'a fait. D'après lui, il est à ses côtés quand elle a besoin de lui, et quand ce n'est plus le cas, il ne reste pas. Mais Hailee avait simplement besoin de la voir, pas qu'il la mette en garde. Elle a conscience des risques, elle sait que premièrement ça ne sera pas facile de construire ce localisateur génétique, elle sait aussi que Stefanski est plein de ressources bien qu'il n'ait plus de missiles. Elle connaît les risques. Mais elle ne peut pas le laisser en liberté plus longtemps. Il a probablement déjà concocté un nouveau plan pour achever une vengeance qui est déjà terminé depuis que les parents Stark et Barton se sont fait assassiner. Hailee ne comprenait pas pourquoi il s'est acharné sur eux, alors que les coupables de son malheur ont payé leur dette, mais maintenant elle sait que c'est simplement parce qu'il est fou, brisé. Et un fou brisé ne doit pas rester plus longtemps libre, parce qu'il pourrait à nouveau s'en prendre à des innocents, comme il l'a fait au Wakanda en occupant les lieux.
Aaron n'a rien à lui dire vis-à-vis de ce qu'elle compte faire. Il devrait comprendre mieux que personne que c'est désormais une priorité. Il a fait tellement de mal autour de lui, parce qu'il avait été humilié. Mais l'humiliation ne tue pas, des missiles en revanche oui. Hailee a déjà fait un peu de psychologie en fac de médecine, mais Stefanski reste réellement un mystère. Il a obtenu ce qu'il voulait, Thomas Barton et Howard Stark sont morts, ainsi que leur femme respective. Les choses étaient terminées, et pourtant il a continué ses manigances, il a poursuivi sur la descendance des coupables. Qu'est-ce qui a bien pu se passer dans son inconscient pour qu'il décide que ce n'était pas terminé, qu'il fallait aller plus loin ? Cela, Hailee n'a pas la réponse.
Quand Hailee approche de New York, elle aperçoit déjà l'immense Empire State Building, mais rapidement, un assortiment de publicité attire son attention sur le bord de l'autoroute déjà bondé de bouchon afin de rentrer dans la ville. Une pancarte rectangulaire aux couleurs de son pays attire son regard, et c'est quand elle reconnaît le visage de Captain America qu'elle sourit. Le dessin est très ressemblant, et la pancarte en elle-même est assez grande pour capter l'attention de tous les conducteurs coincés dans les embouteillages. Cette publicité annonce l'ouverture d'un musée destiné à Captain America, et quand Hailee remarque que la date d'inauguration était il y a quelques semaines, elle se dit que cela serait une bonne idée d'aller y jeter un coup d'œil. Histoire de savoir si Steve n'a pas dit de bêtises sur la guerre de 39-45. Elle rigole toute seule rien qu'à cette idée. Bien sûr que Steve lui a dit la vérité, pourquoi lui mentirait-il ?
Elle se demande si elle ne devrait pas aller chercher Steve avant d'aller visiter ce musée, mais elle se rappelle qu'il a déjà vécu la guerre, qu'il a vécu l'enfer, et qu'il n'a peut-être pas besoin de la revivre à travers un musée. Alors, quand elle passe finalement les limites de la ville, elle se dépêche de mettre son GPS afin de ne pas tourner en rond. Une fois qu'elle se retrouve devant le bâtiment, il y a déjà une foule de visiteurs et ce n'est que le début de l'après-midi. Elle remonte son écharpe sur le bout de son nez pendant qu'elle observe la façade. Peut-elle vraiment y aller ? Et si cela vexait Steve ? Et si elle apprenait quelque chose dont il avait délibérément choisi de ne pas lui parler ?
-Eh bah, il a carrément un musée pour lui.
Pas besoin de tourner la tête pour savoir qu'Aaron est à côté d'elle, un regard un peu hautain face à cet établissement qui l'énerve plus qu'autre chose.
-C'est un héros, Aaron. Il a sauvé des millions de vies pendant la Seconde Guerre Mondiale, et il en a encore sauvé des millions il y a six mois. Il mérite amplement un musée. Même plus.
-Toi aussi tu as sauvé des millions de personnes. Lui rappelle-t-il.
Hailee fronce les sourcils avant de tourner la tête vers lui. Elle ? Sauver des millions de vies ? Elle n'a fait que broyer du noir, être énervée contre Fury et contre le monde entier. Elle s'est battue contre des Chitauris, c'est vrai, mais elle n'est pas une héroïne. Elle ne l'a jamais été. Hailee a toujours été une martyre, dès la mort de ses parents. Si les enfants ne se moquaient pas d'elle et des bizarreries qu'elle pouvait faire, la mort d'Aaron a renforcé ce critère qui fait désormais partie d'elle. Elle a sauvé des vies ? Peut-être quelques-unes, mais elle n'arrivera jamais à la cheville de Steve, ni en matière d'héroïsme, ni en matière de sacrifice.
-Rappelle-moi qui a détruit le stock de missiles de Stefanski ?
-C'est Tony.
-Bon c'est vrai mais qui a trouvé où était Stefanski ?
-C'est Tony aussi.
Aaron soupire, mais Hailee ne comprend pas pourquoi il cherche tant à lui attribuer un mérite qu'elle ne peut pas avoir seule, puisqu'elle n'a rien fait seule. Elle a toujours été accompagnée, depuis qu'elle est entrée au SHIELD. D'abord par Clint, puis Grant et Coulson, et enfin Tony. Elle n'était qu'une débutante, et elle ne pouvait pas déjà faire ses premiers pas alors qu'elle venait à peine de naître au sein de l'organisation.
-C'est dingue comment tu n'arrives même pas à comprendre ton propre inconscient. Ce que j'essaie de te dire, ce que tu essaies de te dire, c'est que toi aussi tu as participé à tout ça. À cette nouvelle paix depuis New York, depuis Stefanski même. Tu n'as pas détruit le stock de missile, tu ne l'as pas à proprement retrouvé, eh bien quoi ? Est-ce que ça veut dire que tu n'as rien fait pour aider ? Rappelles-toi qui a arrêté une quarantaine de missiles afin d'empêcher que la villa de Stark ne soit réduite en cendres ? Qui a sauvé un certain nombre de personnes haut placées ce soir-là ? Qui a sauvé la vie de Natasha en Norvège ? C'est toi ! Qui a épargné les hommes de main de Stefanski alors que tu aurais pu tous les abattre ? Qui a libéré cette ville du Wakanda ? Toi et Tony. Mais dans « Toi et Tony », il y a aussi toi.
Hailee détourne le regard, un peu exaspérée par la détermination de son subconscient à lui montrer une chose qu'elle n'est pas, et elle se rend compte que les touristes qui vont pour visiter le musée se retournent sur son chemin quand ils l'entendent parler dans le vide. Elle s'écarte un peu du chemin pour se placer devant sa voiture, évitant alors la foule.
-Hailee, qui a sauvé Clint après la mort de tes parents ?
Cela interpelle immédiatement la jeune femme. Pourquoi remonter aussi loin ? C'était il y a vingt ans, et Hailee n'avait que cinq ans. On ne peut pas donner de mérite à une enfant en colère qui a enlever une vie.
-J'ai peut-être sauvé la vie de Clint ce jour-là, mais j'ai en pris une autre. Il n'y a absolument aucune fierté à avoir dans ce cas-ci.
-Une vie pour une vie. Et si tu ne l'avais pas fait, tu n'aurais plus rien aujourd'hui. Plus d'Aaron, plus de Clint. Peut-être même que tu serais morte ce jour-là.
-Et si j'étais morte ce jour-là, tu serais encore en vie.
-Bon ça suffit !
Hailee sursaute presque au ton du défunt.
-J'en ai assez de t'entendre avoir toujours réponse à tout ! Arrête de croire qu'il peut y avoir des alternatives à tout !
-Et pourtant c'est le cas ! S'exclame-t-elle un peu fort, ce qui fait à nouveau se retourner des touristes.
Elle sert les dents avant d'ouvrir la portière et de retourner dans la voiture. Elle met le contacte, mais Aaron pose une main sur le volant, et bien qu'elle essaie de lui retirer la main de celui-ci, il semblerait qu'elle soit incapable de battre son illusion.
-Aaron arrête ça tout de suite !
-Non, toi arrête ça tout de suite ! Lui crie-t-il comme jamais elle ne l'avait entendu faire.
Il plaque sa main sur sa poitrine l'immobilisant alors dans son siège, lui faisant écarquiller les yeux. Comment est-ce diable possible ? Comment peut-il la faire se tenir tranquille alors qu'il n'existe même pas ?
-Maintenant tu vas m'écouter. Tu vas le faire très attentivement et sans me couper. Tu n'es peut-être pas une héroïne au même titre que ce cher Captain, mais tu as ton propre parcours, tes propres expériences et tes propres sacrifices. Tu ne te considères pas comme une héroïne ? À ta guise. Mais arrête de considérer que tu n'as pas ta part de mérite dans toutes ces histoires. Tu as tout fait pour arrêter Stefanski, tu t'es donné corps et âme pour combattre les Chitauris alors que tu ne voulais plus rien avoir à faire avec le SHIELD. Tu es une héroïne, à ta façon. Tu veux avoir le même mérite que Steve, tu veux avoir la certitude que tu as fait quelque chose de bien dans ta vie ? Alors va dans ce foutu musée, apprend la vision extérieure que l'on a de Captain America, de ce héros. Steve t'a donné sa vision de lui-même, tu sais qu'il est humble. Tu n'as qu'une partie de la vraie perception de Captain America. Alors tu vas sortir de cette voiture, tu vas aller lire les écriteaux, écouter les documentaires sur ton ami, et tu vas apprendre. Tu vas apprendre à voir les choses d'une autre manière. Tu te vois comme une martyre, mais les autres, ceux que tu as sauvés à New York, ils te voient comme Steve. Comme une femme forte, qui a du courage, tout comme Captain America. À ceci près que lui est un homme. Alors lève tes fesses de ce siège et redevient une lycéenne qui apprend ses cours d'histoire.
***
Steve n'est pas paniqué, même s'il fait des allers-retours sans arrêt dans le salon. Il n'est pas paniqué, mais il est inquiet. Bon sang mais qu'est-ce qui lui prend autant de temps ? Pourquoi ne l'appelle-t-elle pas pour lui dire qu'elle rentrera plus tard que prévue, au moins ? Après un nombre incalculable de pas dans ce salon devenu sombre par la nuit tombée, il s'empare pour la énième fois de son téléphone qu'Hailee lui a offert peu de temps après son arrivée dans cette époque, et il attend pour la énième fois qu'elle décroche le sien. Les bips sont longs, ils aboutissent toujours à la même chose et cela énerve fortement Steve. Non, pas énerver, cela l'inquiète. Mais il ne devrait pas s'inquiéter, pas vrai ? Hailee est une adulte, elle sait très bien se repérer dans cette époque et elle sait se battre si jamais on l'importune. Mais si elle sait se débrouiller, qu'est-ce que ça lui coute de l'appeler pour lui expliquer qu'elle rentrera plus tard ?
Quand Steve entend un bruit de clé dans la serrure, il se précipite dans l'entrée alors qu'Hailee passe le seuil et referme la porte derrière elle. Une fois que leur regard se croise, Steve remarque qu'elle a l'air fatiguée, totalement vide d'énergie. Il s'empresse de la prendre dans ses bras, comme si la savoir près de lui était le plus grand des réconforts. Quand les bras fermes du Captain se referment dans son dos, Hailee comprend qu'il y a un problème. Elle ne s'attendait pas à cela, d'ordinaire c'est elle qui cherche une étreinte réconfortante.
-Steve, ça ne va pas ?
Il se détache lentement d'elle tandis qu'elle pose une main sur sa joue. Hailee le sent inquiet, mais qu'est-ce qui peut bien le mettre dans cet état ?
-Pourquoi tu as mis autant de temps pour rentrer ? L'entretien avec Fury a duré plus longtemps que prévu ?
Il a l'air d'avoir fait un marathon psychologique, et sa voix semble essoufflée.
-Euh, non, non. J'ai dû partir peut-être vingt minutes après toi. J'ai été visité un musée avant de rentrer. Excuse-moi si je t'ai inquiété.
Hailee est réellement désolée, et ses yeux éreintés et larmoyants en sont la preuve. Elle l'attire à nouveau contre lui tandis que quelques larmes ne peuvent être retenues. Elle fait glisser ses mains dans son dos, comme pour le réconforter, mais c'est plus pour se réconforter elle-même. Après ce qu'elle a appris au musée, sur Steve et sur sa vie d'avant, sur des choses qu'il avait peut-être volontairement décidé de ne pas lui parler, elle se sent honteuse d'avoir franchi une partie de son intimité.
-Je suis tellement désolée, Steve.
Il semble confus désormais. Lui qui était nerveux à l'idée qu'il lui soit arrivé quelque chose -alors qu'il sait éperdument qu'elle a des capacités pour se défendre- maintenant il ne comprend pas ce qui la met dans tous ces états.
-Pourquoi est-ce que tu pleures ? Demande-t-il en l'amenant dans le salon où ils s'assoient sur le canapé.
Hailee s'empresse d'essuyer son visage désormais rougi par les larmes, et même si elle préfèrerait que ce soit lui qui lui en parle de son plein gré, elle ne peut pas lui cacher qu'elle connaît désormais toute sa vie.
-Le musée que j'ai visité, commence-t-elle en reniflant, c'est un musée sur toi, sur Captain America.
Il fronce les sourcils.
-J'ai un musée ?
Hailee hoche la tête en essuyant une autre larme qui a coulée.
-J'ai hésité à entrer. Je voulais y aller avec toi, au début, puis après je me suis rappelée que c'était un monde d'enfer, et que tu n'avais pas besoin de revivre l'enfer. Alors j'ai simplement hésité à entrer. Il y avait un monde fou, tous ces curieux qui voulaient en apprendre plus sur toi. Mais pourquoi est-ce que j'ai hésité ? J'aurais dû partir avant même d'avoir pensé à entrer, parce qu'il y avait forcément des choses, dans ce musée, dont tu ne m'avais pas parler. Des choses que tu aurais peut-être préféré garder pour toi. Mais je suis entrée. J'ai lu des choses que tu m'avais déjà dites, entendu dans les documentaires dont tu m'avais déjà parler. Et puis je suis arrivée dans la pièce destinée à ta vie personnelle, celle qui parle de ta mère, de Peggy Carter et de James Barnes.
Steve était scotché. Il y a un musée sur lui, il a été construit et ouvert au public sans même qu'il ait à donner son avis sur la question. Captain America est un symbole, c'est vrai, mais il y a des limites à la curiosité des gens. Les symboles inspirent le respect de celui-ci, alors pourquoi n'avait-on pas demandé son avis pour l'inauguration d'un musée en son honneur ?
-C'est pour cela que je suis désolée, Steve. Je suis désolée que tu aies perdu ta maman si jeune, je suis désolée pour l'horrible mort de ton meilleur ami, je suis désolée que tu aies perdu la femme que tu aimais et par-dessus tout, je suis désolée d'avoir été fouiné dans ta vie. Si tu as omis de me parler de certaines choses, c'est qu'il y avait une raison. Et peut-être que si j'avais été moins tournée sur mon propre chagrin, j'aurais pu faire plus amplement attention au tien.
Steve ne sait pas quoi dire. C'est un peu comme lui apprendre qu'il a dormi soixante-dix ans dans la glace et que désormais il a changé de siècle, et même de millénaire. C'est lorsqu'il entend à nouveau les pleures de son ami qu'il porte attention à celle-ci. Il attrape sa main qui caresse du bout de son pouce.
-Je ne t'ai pas parler d'eux en détails, parce que je ne voulais pas y penser. Je ne voulais pas me torturer l'esprit, je voulais simplement prendre le temps de m'habituer à ce siècle avant de broyer du noir.
-Oui, je comprends totalement. Je suis désolée de précipiter ce que tu essayais de repousser. S'excuse-t-elle pour la énième fois depuis qu'elle est rentrée.
-Et puis, reprend-il avec un sourire. Toi aussi tu avais besoin de soutien. Dans l'état où tu étais, il t'était impossible de te concentrer sur ton propre malheur tout en étant attentive au mien.
-Tu l'as fait, toi.
Steve se rapproche d'elle sur le canapé et passe un bras autour de ses épaules, incitant la jeune femme à déposer sa tête sur son épaule.
-Ouais, je sais. C'est parce que je suis Captain America. L'homme le plus courageux du monde.
Hailee sourit. Steve n'a pas fréquenté énormément Tony, mais c'est presque à croire qu'il déteint sur tout le monde.
-Je ne t'en veux pas d'avoir été cherché des informations complémentaires. Après tout, je suis ton colocataire. Mieux vaut savoir avec qui on vit, pas vrai ?
Elle relève la tête vers lui, et le sourit qu'il a sur le visage lui donne envie de lui offrir la lune. Est-ce qu'elle a déjà dit que c'était un homme génial ? Evidemment, elle le dit sans cesse.
-J'avoue que j'aurais préféré que ça soit toi qui m'en parles. À la place d'un musée, si tu vois ce que je veux dire. Lui explique-t-elle en faisant une petite moue avec sa bouche, signe qu'elle est un peu dégoûtée elle-même. Même si c'était un très beau musée, je veux dire, ce n'est pas la même.
Il lâche un petit ricanement et Hailee repose sa tête sur l'épaule de son ami.
-Tu sais, quelqu'un m'a dit un jour qu'il fallait avoir les deux visions des choses. La vision extérieure que les gens ont de la situation, et la vision propre de la personne concernée. Alors... si tu en as envie, tu peux me parler d'eux. Mais uniquement si tu en as envie, bien sûr.
-Qui t'a dit ça ? Demande-t-il, amusé.
-Tu ne me croirais pas. Avoue-t-elle après quelques secondes de réflexion.
-Essaie toujours.
Elle se relève, s'écartant des bras réconfortant du vieil homme, puis elle observe les traits de son visage. Il ne semble plus inquiet comme il l'était quand elle est rentrée, ni confus comme lorsqu'elle lui a appris qu'il y avait un musée sur lui. Désormais, il semble juste... calme, serein.
-Je crois que c'est moi.
-Tu crois que c'est toi ? Demande-t-il avec un regard intrigué. Est-ce que ça vient d'un rêve ?
Elle secoue la tête négativement. Est-ce que les illusions sont des rêves ? Des rêves éveillés ? Elle n'a pas les connaissances scientifiques pour l'affirmer, mais peut-être est-ce bien le cas. La perte d'Aaron lui a arraché une partie de son cœur, mais il semblerait que son psychisme se soit emballé et qu'il ait décidé d'ouvrir les yeux d'Hailee sur certains points, sur certaines vérités. Aaron est une projection de son esprit pour lui permettre de prendre conscience plus facilement des choses et des moments. Mais toutes ces décisions, même si c'est Aaron qui les lui souffle, viennent d'elle.
-Un truc du genre. Un rêve révélateur.
Steve continue de la fixer avec toute la curiosité qui l'a animé elle-même alors qu'elle était dans ce musée. Hailee lui semble tellement perdue et à la fois parfaitement rationnelle. Elle est si contradictoire et pourtant en parfaite harmonie avec tout. Et s'en est déconcertant mais admirable. Steve est vraiment son fan numéro un, et cela n'est pas près de changer.
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