Chapitre 15 - International

Nous avons décollé au plus tôt, et après deux nuits sans dormir beaucoup, j'ai rapidement succombé à la fatigue. Même la climatisation de l'aéroplane, pourtant fraîche, n'a pas réussi à me garder éveillée. Alors quand j'ouvre les yeux, je suis surprise de me retrouver dans mon lit à Manhattan. Pour qu'Aaron ait été obligé de me porter jusque dans le taxi, puis jusqu'à l'étage de notre appartement, c'est que je devais vraiment être éreintée. D'ailleurs, je tapote la deuxième place du lit, mais ma main ne touche que des draps froids. Aaron doit être sorti voir Stark. Je me lève d'un bond, venant seulement de comprendre que l'heure n'est pas à dormir. Fury a été très clair là-dessus, mon test sera avancé et même si je ne connais pas encore la date, je ne dois pas me laisser à la paresse. Ce test va déterminer qui je suis, si j'ai les capacités et le tact pour devenir agent de terrain, si je suis capable de me confronter à Stefanski. J'ai bien compris que le test ne sera pas une partie de plaisir, ni même facile, et qu'en réussissant ce genre d'épreuve, je peux m'opposer à un terroriste comme Stefanski. Je n'ai pas le droit à l'échec, cela en devient presque vital.

J'ouvre la fenêtre de ma chambre afin d'aérer, un vent glacial me prend au visage et il a neigé. C'est étrange de passer du doux climat de Los Angeles à la neige de New York, mais c'est comme si j'avais fait le tour du monde en deux jours. J'attrape un pantalon de course et un sweat avec le logo du SHIELD. Je n'ai pas vraiment compris pourquoi ils ont mis le pictogramme de l'organisation alors qu'elle est censée être clandestine. C'est comme s'ils faisaient tout pour être à la lumière du jour, probablement qu'ils sont restés enfermés dans l'obscurité trop longtemps. Mais j'ai envie de dire : la fin justifie les moyens.

Je me vêts d'un bonnet et m'installe dans mes baskets. Je sors de notre appartement et me mets à courir sans destination, cherchant simplement à ne pas rester sans rien faire. Il fait vraiment froid aujourd'hui, le ciel est gris et la neige sur les trottoirs, pleine de saleté et à moitié fondue, n'aide pas beaucoup à rester joyeux. Quand j'arrive dans Central Park, le lac est gelé et plusieurs gamins inconscients patinent à sa surface. Je me stop pour les regarder tourbillonner, danser et tomber, sans jamais se dire que cela peut être dangereux. De la fumée sort de nos bouches comme si nous avions avalé une cigarette allumée. Derrière les arbres enneigés, les grands buildings de Manhattan s'élèvent dans le ciel, l'Empire States Building surplombant ses voisins comme la tour Stark. Et c'est en observant la tour qu'une idée me passe par la tête. Pourquoi ne pourrais-je pas m'entraîner avec Stark ? Je crois bien que cela fait un bon moment qu'il ne s'est pas exercé, peut-être qu'il acceptera. Alors, c'est au pas de course que je me dirige vers le bâtiment du milliardaire, tout sourire à la simple idée que je puisse me confronter à Iron Man, mais sans armure.

***

Tony a accepté, presque avec trop d'entrain, de se battre avec moi. Il dit que « c'est bien parce que ton test est dans peu de temps, je ne me bats jamais avec des femmes, question de principes ». J'ai ri face à la mauvaise foi du milliardaire, mais je suis finalement contente d'avoir un adversaire autre que Grant, qui soit dite en passant commence à galérer à me mettre au sol. Mais je pense que ce petit combat nous fera le plus grand bien, c'est un moyen de penser à autre chose, ou bien de se défouler un peu. Je crois que c'est nécessaire en ce moment.

Il a insisté pour faire ça dans son salon, ne possédant pas de salle de sports avec un tatami et étant l'espace le plus grand de la tour, pour pouvoir avoir de la place afin d'esquiver. Il a gentiment poussé ses recherches qui jonchaient le sol, et je me suis même surprise à ne pas voir Aaron penché dessus.

-Au fait, Aaron n'est pas passé chez toi dans la matinée ? Demandé-je en craquant mes articulations pour les préparer à frapper. Quand je me suis réveillée, il n'était pas à la maison.

Il hausse les épaules en assurant qu'il ne l'a pas vu depuis la veille, quand nous nous sommes quittés à l'aéroport. Je sais que c'est un grand garçon, mais je n'ai pas oublié que Stefanski est dans la nature, qu'Aaron est une éventuelle une proie pour lui et qu'il connaît l'emplacement de notre maison -j'en suis persuadée. Au final, ne pas savoir où il se trouve est peut-être mieux. Peut-être est-il en sécurité ?

Nous nous mettons en place et commençons à nous déplacer en cercle, sur nos gardes.

-Honneur aux dames. M'invite Tony, ce qui me fait sourire.

Je ne me fais pas prier et m'élance vers lui. Bien qu'il ait passé la quarantaine, il esquive avec agilité et tente de m'assener un coup dans les côtés que je pare avec mon avant-bras. Je lui lance un coup de coude au niveau du cou, il fait quelques pas en arrière en titubant. Sa respiration fait un bruit inquiétant ce qui me fait m'arrêter le temps qu'il reprenne son souffle, il toussote difficilement tandis que je m'approche de lui, en posant ma main sur son épaule.

-Tony, ça va ?

Sa main empoigne celle que j'ai posée sur son épaule et me tord le bras sans que je n'y attende. Ensuite, son poing atteint mon ventre avec violence, ce qui me fait perdre l'équilibre.

-Ne jamais baisser sa garde, me conseille Tony, même quand c'est ton ami. Tu ne sais jamais qui est réellement dans ton équipe.

C'est un drôle de sensation qui se répand en moi face à ses propos. Sommes-nous amis ? À la manière dont il a dit cela, on peut le croire. Et il semble que Stark ait assez changé depuis que je l'ai rencontré, et dans le bon sens à mon avis. Il est devenu investi, presque soucieux, et j'apprécie bien plus cette personne qui essaye de trouver de solutions que celle qui se prélasse dans son canapé en attendant que l'affaire s'apaise toute seule.

Après plusieurs dizaines de minutes de combat intensif, chacun cherchant à avoir le dessus sur l'autre sans abandonner, nous sommes épuisés, blessés superficiellement, affamés et assoiffés. Tony propose donc une pause et de nous désaltérer pour éviter une carence en matière minérale. Après maintes roulades, bousculades et coups bas, je suis stupéfaite que nous n'ayons rien détruit dans la salle de séjour.

-Tu es vive, agile et rusée. Tu réussiras ton test les doigts dans le nez. M'assure-t-il, un pack de glace sur son nez et sa lèvre supérieur dégoulinants de sang.

-Tu n'as pas non plus été de mainmorte, ricané-je en tenant une compresse sur mon front endolori. Tu tiens plutôt bien le rythme pour un quadragénaire.

-Je t'en prie Hailee, je suis quand même Iron Man. S'esclaffe-t-il, indigné.

J'éclate d'un rire franc, impressionnée par son ego. Je crains que cette partie de lui ne change jamais, mais je dois avouer que depuis quelque temps, j'aime être en sa compagnie. Peut-être que si je suis gentille avec lui, il m'offrira une île où nous pourrons partir en vacances avec Aaron. Je souris à cette pensée, mais en réalité, j'ai découvert des points communs avec cette énergumène milliardaire. Tout d'abord Aaron, notre relation la plus importante -il ne faut pas se le cacher, Pepper est loin derrière lui au niveau affinité. Ces deux-là, quand ils sont ensemble c'est comme réunir Freddie Mercury et Queens pour donner un concert de toute beauté. Ils font des choses incroyables ensemble, et je crois que Tony serait bien perdu sans mon fiancé. Ensuite, on peut compter le rock aussi parmi les choses que nous aimons tous les deux. Cela a toujours été mon style de musique favoris, et Aaron reste sans cesse sceptique quant à cela, mais il semble que j'ai enfin trouvé quelqu'un avec qui m'extasier sur le rock.

-Monsieur, nous interpelle Jarvis au bout d'un moment. Vos missiles font encore des ravages.

Pas besoin d'ouvrir la bouche, un simple regard suffit pour que nous nous élancions vers le salon où Jarvis a déjà allumé le téléviseur. De courtes vidéos de mauvaise qualité -surement filmées avec un téléphone portable- passent à la télé, montrant un long missile s'écraser sur les pics enneigés des Alpes suisses. D'énormes avalanches se déclenchent et c'est avec violence que qu'elles engouffrent les petits villages alentours.

« Il semblerait que les États-Unis ne soient pas les seules victimes, les missiles de Tony Stark frappent de nouveau, semant la terreur et le désespoir au sein de l'Europe. La Suisse est totalement bouleversée, et ses voisins, la France, l'Italie, l'Allemagne et l'Autriche s'inquiètent de leurs sorts. Nous relevons déjà une centaine de morts pour un unique missile.

Mais que fait Tony Stark ? Voilà maintenant plus de six mois que la terreur règne. Le milliardaire à l'origine de ses armes destructrices trouve-t-il un moyen d'arrêter ces terroristes ? Ou bien se cache-t-il quelque part en attendant la fin de la tempête ? Toujours est-il que ces attaques ne correspondent plus au plan national, mais bien au plan international. Quel est donc le message que veut faire passer les terroristes au milliardaire ? »

-Ce ne sont même plus mes armes, murmure-t-il en serrant les dents.

Je sens la rage monter en moi comme si on m'avait fait une perfusion de haine. Ce salop n'a-t-il donc aucun cœur ? Doit-il tuer autant d'innocents pour une vieille vengeance datant d'il y a plus de vingt ans ? J'en ai assez, assez que tant de personnes ne soient en touchées par un idiot sadique qui ne sait pas passer à autre chose. C'est un lâche, il n'a même pas le courage de nous affronter face à face, c'est à croire que nous allons le battre si nous sommes devant lui, à la vue de comment il agit.

-Tony, il va falloir précipiter les choses. Le préviens-je à deux doigts d'exploser. Ça ne peut plus durer.

Il hoche doucement la tête, le visage rouge et la lèvre inférieure tremblante. Je vois bien que lui aussi commence à en avoir marre. Presque sept mois qu'il est accusé à tort, et la presse n'est pas douce avec lui. Alors j'attrape mon téléphone et compose le numéro de mon contact à l'académie scientifique du SHIELD, c'est encore un jeune agent en formation, mais c'est un véritable génie.

-Allô ?

-Jemma ? C'est Hailee. Je ne sais pas où vous en êtes avec Fitz sur le trinitrotoluène, mais il va falloir accélérer la cadence. Ça commence à urger.

-Euh... On avance lentement. Enfin, on a quelques pistes mais... Enfin je ne suis pas sûr que cela va vous aider et... Bégaie-t-elle d'une voix fluette et sans assurance.

-Je vais passer. Récapitule-moi ça quand j'arrive.

-Euh, d'accord.

-Et Jem' ?

-Hmm oui ?

-Toutes les pistes sont bonnes à prendre. Toi et Léo faites de l'excellent travail, j'ai toute confiance en vos capacités, tenté-je de la rassurer avec sincérité.

-Merci Hailee.

***

"Vous êtes sur le répondeur d'Aaron, laissez un message, et je vous rappellerais si je vous aime bien."

-Aaron, j'aimerais bien que tu répondes à mes appels. Je commence à m'inquiéter, depuis que nous avons atterri à New York je n'ai aucune nouvelle. J'espère que tu vas bien.

Je range mon téléphone dans ma poche de sweat tandis que le Quinjet se pose en douceur sur le parking de l'académie, à Baltimore. La rampe de la soute s'ouvre dans un grincement et une grosse bouffée d'air fait virevolter mes cheveux dans tous les sens. D'un pas déterminé, je pénètre dans l'enceinte, Tony sur les talons. Nous nous dirigeons vers les laboratoires. Jemma et Léopold sont penchés au-dessus d'une panoplie d'outils d'étude, et c'est Fitz qui remarque notre présence en premier.

-Salut Hailee, m'accueil-t-il nerveusement.

Après une rapide accolade amicale avec mes deux amis scientifiques, Tony demande avec froideur :

-Vous avez quelque chose ?

-Oui, mais comme je l'ai dit au téléphone, je ne suis pas sûr que cela vous aidera-

-Jemma, dit-nous simplement ce que tu as trouvé.

Elle inspire longuement avant de continuer. Jemma est une femme vraiment extraordinaire. Bavarde et stressée sans arrêt, c'est une personne pleine d'énergie. Elle est en formation à l'université du SHIELD pour devenir biochimiste, c'est aussi ici qu'elle a rencontré Léopold Fitz et désormais ils forment un duo infernal. Lui a un peu moins confiance en lui, mais assure vraiment dans son domaine, l'ingénierie en particulier les armes et la technologie. Même si notre problème est plus le secteur de Léo, le combustible concerne plus le domaine de Jemma et ils travaillent bien plus efficacement à deux, ce serait stupide de les séparer.

-D'abord, commence-t-elle. La substance est sous forme liquide contrairement au trinitrotoluène de base, sous forme de cristaux-

-Ce qui rend l'arme très maniable en plein vol, continu Fitz. Chaque torpille, chaque arme volante créer depuis les années 80 possède un dispositif qui permet de faire changer la direction de l'arme. Sous forme de cristaux, le combustible est lourd et peu maniable, alors que sous forme liquide, c'est comme une lettre à la poste.

-Qu'est-ce que ça à avoir avec les effets sur les humains ? S'énerve Tony alors que je lui fais signe de se calmer.

Je lui tape sur l'épaule en haussant les sourcils ce qui le renfrogne immédiatement. Ce n'est pas en leur mettant la pression qu'ils deviendront pertinents et nous donnerons les informations dont nous avons besoin. Fury avait fait envoyer des échantillons pour connaître les effets sur les humains car après avoir appris que Stefanski injectait cette substance sur des humains pour des expériences visant à obtenir un contrôle presque télépathique du missile, il est préférable de savoir à quoi s'attendre, même si pour le moment on n'arrive à rien.

-C'est inutile. Je vous avais dit que ce n'était pas pertinent... S'excuse Jemma.

-Continue, ne fais pas attention à cet idiot. L'encouragé-je tandis que le regard noir de Tony se pose sur moi.

-On sait qu'une exposition à de fortes doses pour un homme peut provoquer des anémies et des maladies du foie. On a également observé des hypertrophies de la rate et des effets négatifs pour le système immunitaire, ainsi que des irritations cutanées. Les autres effets délétères sont une baisse de la fertilité masculine et un risque cancérigène, en particulier des leucémies aiguës et des cancers de la prostate.

-Attends, tu es en train de dire que si des enfants avaient été en contact avec, ils auraient développé des leucémies infantiles ? M'étonné-je, sachant que les leucémies aiguës touchent principalement les enfants.

Je croise le regard de Tony qui est tout aussi horrifié que le mien. J'espère que ce connard n'a pas expérimenté sur des gamins, parce que si c'est le cas, sa vie ne mérite même pas d'être terminée en cellule, mais six pieds sous terres.

-Mais c'est très restreint. La probabilité qu'un enfant ait été à proximité du trinitrotoluène est bien moindre, et les statistiques affirment que les leucémies aiguës ne touchent qu'un enfant sur cent mille. Tente de nous rassurer Jemma.

Une boule se forme dans mon estomac, et la chose que j'espère le plus au monde actuellement, c'est qu'il n'a rien fait de tel. Je sais que n'importe quel scientifique doit faire des compromis et faire des dizaines, des centaines d'essais pour aboutir à un final, mais faire des expériences pour la destruction, pour pouvoir être supérieur dans une guerre, ça n'a rien de scientifique. C'est purement et simplement un besoin irrépressible d'avoir le contrôle de ce qui est à notre portée, c'est de l'insensibilité et de l'immoralité envers ce qui est censé être l'essence de l'Humanité.

-Autre chose ? Demandé-je avec une envie de vomir.

-À part que c'est une substance qui explose lorsqu'elle est trop malmenée, qu'elle est irrespirable sous forme de gaz et qu'elle est dangereuse pour l'environnement, non.

-On ne vous embête pas plus longtemps. Merci.

-J'espère qu'on a pu vous aider, me confie Léo.

-Plus que tu ne le crois. N'oubliez pas de soumettre un rapport à Fury. Lancé-je en m'éloignant pour sortir de l'établissement.

Une voix résonne dans le labo, et qui m'est bien familière. Des pas grincent sur le sol en béton lisse tandis que, heureux de sa trouvaille, Aaron déboule et s'exclame :

-Léopold ! Je crois que j'ai trouvé un moyen de pister notre homme !


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top