Chapitre 4
Je souris, laissant mon âme quitter mon corps lors du parfait solo de guitare de la musique qui émet de mon poste. Allongée sur mes genoux au sol, j'imagine une guitare électrique sur mes cuisses et fais semblant d'y jouer en chantant à pleins poumons.
Alors que mon passage favoris commence à arriver, la musique s'arrête. Je relève les yeux et vois pas mère, un point sur sa hanche, l'autre tenant le câble de mon poste. Son regard noir se jette sur moi.
-Quoi ? Je lui crache comme un serpent cracherait son venin sur un ennemi.
-Je viens te rappeler que ce soir nous sortons.
-Nous ? Je suis invitée ? Wow, quel privilège. Je roule des yeux.
-Arrête ton sarcasme. Oui, nous allons chez la prestigieuse famille Hood. Dit-elle en faisant un signe de main digne de la princesse Middleton.
-Je n'y vais pas moi.
-Si, on y va toutes ensembles. Ne compte pas sur moi pour passer pour le genre de mère qui ne se fait pas obéir par sa fille.
-C'est pourtant le cas.
-Tais-toi ! Et tu me feras le plaisir de porter une jolie robe et d'éviter tes pattes d'éléphant qui te servent de chaussures !
Elle relâche le branchement qui claque bruyamment au sol, tourne les talons et disparaît de me vision. Je souffle, exaspérée et me dépêche de me lever pour retrancher mon poste et remettre la musique à fond.
Pourquoi ne m'accepte-t-elle pas comme je suis ? Pourquoi ne peut-elle pas m'aimer comme je suis ? J'en ai marre de devoir être le vilain petit canard, j'aimerais être le beau cygne qui est accueillit à bras ouverts par sa famille...
Je me demande comment je vais m'habiller pour ce soir, mais c'est hors de question de lui faire plaisir en portant une robe. Je pense que je mettrai l'un de mes skinny noir avec un débardeur et la chemise à carreaux violettes foncés que j'ai piqué dans les affaires de papa avant que ma mère ne les brûle. Et puis ne mettrai mes Doc Marten's, parce que si l'envie de piétiner ma mère jusqu'à sang me vient au cours de la soirée, je ne voudrais pas tacher mes parfaites New Rock.
Avec une envie pressante de me pendre, je m'approche de mon armoire, car j'ai quand même cours aujourd'hui, et choisit un slim noir que j'accorde avec un long pull en laine noir. Je maquille les yeux de noirs et décide de mettre un rouge à lèvres violet foncé. Je me glisse dans mes New Rock et passe ma veste en cuir autour de mes épaules. J'attrape mon sac de cours ainsi que mon bonnet à la volé et sors de ma chambre pour dévaler les escaliers et quitter la maison sans prendre la peine de prévenir qui que ce soit.
De toute façon, qui de ma soeur ou de ma mère voudrait être mise au courant de mon départ ? La réponse est simple.
Je passe le portail du cimetière et le traverse, comme chaque jour, à la même heure. Elle m'énerve cette routine : se lever, s'engueuler, s'habiller, traverser le cimetière, aller en cours, apprendre des choses inutiles, supporter Irwin, retraverser le cimetière, s'engueuler, se démaquiller, écouter de la musique, pleurer, se faire du mal, essayer de dormir.
Cette routine, je ne la supporte plus. Mais, il y a quelque chose qui ne figure pas dans ma routine, c'est cette mélodie. Cette douce musique de guitare qui emplit mes oreilles, fais danser mon cerveau et rêver mon esprit. Je le vois, ce garçon au cheveux blond et aux yeux incroyablement bleus, sa guitare posée sur les genoux et la tête hochant de haut en bas au rythme de la mélodie.
Est-ce que je dois rester ? Ou partir ? Après tout, hier il m'a complètement ignoré.
Ne voyant aucune réaction de sa père, je souffle et continue mon chemin. Les gens ne changeront jamais, tant que t'es différent d'eux, ils ne t'accepteront jamais.
-Tu es bizarre tu sais ?
J'arrête de marcher, et me retourne tout doucement, un sourcil relevé. Donc, les premiers mots qu'il m'adresse c'est ça ?
-Dis celui qui joue de la guitare dans un cimetière tout seul ? Je crois qu'on n'a pas la même définition du mot "bizarre".
-Touché.
Il rit doucement et se penche pour poser son instrument dans l'étui posé au sol. Il reporte son regard sur moi et je crois n'avoir jamais autant eu l'impression d'être transpercé par quelqu'un qu'en ce moment même.
-Je m'appelle Luke. M'annonce-t-il en jouant avec l'anneau qu'il a la lèvre.
J'hoche la tête, n'ajoutant rien et continue de le fixer. Lui aussi me regarde, comme s'il essayait de lire en moi, de me percer, de me voir encore plus que visuellement.
-Eum... Je crois que je vais y aller, j'ai cours.
-Attends, on peut parler un peu non ?
-Tu viens de me dire que j'étais bizarre et tu t'attends vraiment à ce que je parle avec toi ?
-J'ai dis que t'étais bizarre, et tu as dis que je l'étais plus que toi. En tant que personne bizarre, j'aimerais parler avec toi qui est aussi bizarre.
-Tu as dis le mot "bizarre" trop de fois.
-Et tu aimes ça, je suis sûr.
Je pouffe légèrement mais me reprends vite et me racle la gorge pour reprendre mon sérieux.
-Tu ne m'as pas dis comment tu t'appelais.
-Je sais. J'hoche les épaules.
Il plisse légèrement ses yeux et arbore un petit au coin de ses lèvres.
-Tu avais l'air énervé en arrivant non ? Quelque chose ne va pas ?
-Pourquoi ça t'intéresse ?
-Je ne sais pas, mais j'aimerais savoir.
-Tu n'en as pas besoin.
-Effectivement, je n'en ai pas besoin mais j'en au l'envie. Tu m'intéresse.
-Personne ne s'intéresse à moi.
-Et bien, moi si.
Je l'observe, encore et toujours, voulant trouver la faille, le petit défaut qui me montreras que ce mec est juste un con de plus qui veut simplement se moquer de moi.
-Je ne t'ai jamais vu au lycée. Je lui demande.
Je réajuste mon bonnet que mes cheveux et croise mes bras sur ma poitrine.
-Je ne suis pas dans ton lycée, et même si j'y étais, tu n'aurais jamais fais attention à moi.
-Qu'est-ce que tu en sais ?
-Tu ne fais attention à personne, ça se voit.
-Qu'en sais-tu ?
-Je le vois, c'est tout.
-Et puis même, pourquoi m'intéresserais-je à des gens qui ne s'intéresse pas à moi ?
-Moi je m'intéresse, mais toi tu ne veux pas.
-C'est pas que je ne veux pas, c'est que je n'y crois pas.
Il ne répond rien et se contente de sourire. Je regarde ma montre, avec un pentacle dans le cadran, et remarque que mon bus va pas tarder à arriver.
-Je dois y aller.
Je fais demi tour et commence à avancer.
-Je ne sais toujours pas ton prénom ! Cri-t-il dans mon dos.
-Je suis au courant.
Je dépasse le deuxième grand portail et arrive à mon arrêt de bus, l'attrapant de justesse.
Mylène
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