Chapitre 3

Après avoir enduré deux heures de mathématiques suivit des deux heures de philosophie, je me dirige avec Michael vers le réfectoire, le cerveau littéralement en compote. Je me sers d'un plateau et d'un jeu de couvert puis m'avance vers les dames de service. Je prends seulement une entrée qui se limite à quelques concombres et suit Michael vers un table, le regardant galérer à garder son plateau, remplit de pâtes à la bolognaise, droit. On s'installe sur une table puis on commence à manger, d'abord en silence.

-Tu sais Ellie, tu pourrais manger un peu plus. Je veux pas paraître rabat-joie mais tes os apparant commencent à me faire peur.

-Écoutes Mike, si aujourd'hui t'as décidé de te foutre de moi, je suis pas d'humeur ok ?

-Pas du tout Ellie, je te jure.

-De toute façon, je n'ai pas faim.

-Je sais que tu mens, tu n'es pas obligé de te faire autant de mal, c'est pas interdit de manger.

-Je viens de te dire que je n'avais pas faim. Un point c'est tout.

Mon ton sec met directement fin à cette stupide conversation puis on continue de manger. "Tes os apparant commencent à me faire peur" Mais c'est quoi encore cette blague ? Je suis énorme, et je crois bien que je le serais à vie, alors pourquoi dit-il de telles conneries ? C'est comme si on disait à un cachalot qu'il ressemblait à un petit dauphin, c'est complètement idiot.

Je termine mon petit plat puis observe Michael finir le sien, suivant attentivement le trajet de sa fourchette à sa bouche puis détourne finalement les yeux, je dois avoir l'air pathétique.

-Et merde, il va jamais nous lâcher celui là ou quoi ?

Je n'ai pas le temps de me retourner pour voir qui est-ce qu'il fixe derrière moi, qu'un plat remplit de sauce bolognaise vient s'écraser sur mon plateau, faisant éclaboussant tout ce qu'il y a dessus sur mon t-shirt et le bout de mes cheveux. Avec toute ma dignité et mon je-m'en-foutisme quotidien, j'attrape une petite serviette et essuie mes cheveux doucement.

-Je vois que tu n'as pas retenu la leçon de ce matin Irwin. Je dis en relevant finalement les yeux vers ses iris bleus.

-J'ai tellement envie d'exploser ta putain de tête Wellingam.

Son regard est mis amusé, mis colérique. Mais je suis loin d'avoir peur de lui, j'ai arrêté d'avoir peur de lui.

-Qu'est-ce que tu attends alors ? T'as pas le courage pour ? Bah non, ça c'est bien le principe de monsieur Irwin, on parle on parle, mais derrière on ne fait rien.

Je n'ai jamais vraiment su ce qu'il avait contre moi, à peine ai-je mis les pieds ici qu'il s'est jeté sur moi comme un loup sur sa proie. Je fois avouer qu'au début, ça me détruisait. J'avais la boule au ventre chaque matin rien parce que je savais exactement ce qui allait m'attendre avec lui, puis, la peur est devenu une routine puis petit à petit, ça a disparut et j'ai commencé à riposter. Maintenant, je ne sais pas si c'est un jeu entre nous ou si c'est carrément une guerre, mais une chose est sûre, je ne pourrais jamais, ne serait-ce qu'apprécier ce gars.

-Ou peut-être que tu veux encore un petit tour de magie, celui de ce matin ne t'a pas suffit ? Je continue.

-Ne me chauffe pas Wellingam.

-Je ne fais rien, c'est toi, tu es venu tout seul en redemander. Je vais te le faire tu vas voir, ça va être magique.

Je me lève sans qu'il puisse réagir, attrape mon verre remplit d'eau et lui balance à la figure.

-Abracadabra ! Je lâche avant de balancer de le balancer sur la table.

-Cours Ellen ! M'encourage Michael, se retenant de rire de la tronche énervé d'Ashton.

Je fais ce qu'il me dit et cours à travers le self avant de me lancer dans l'un des couloirs. Derrière moi, j'entends Irwin me poursuivre, ce qui me fait accélérer, enfin bon, je suis pas très douer en course.

-Je vais te tuer Wellingam ! Hurle-t-il.

Je ris de façon assez forte pour qu'il m'entende puis accélère encore, après avoir regarder derrière moi et vu qu'il ne me voyait pas car j'avais tourné derrière des casiers, j'entre dans la première pièce que je trouve et referme la porte avant de m'y adosser, me baissant légèrement pour pas qu'il me voit par la petite fenêtre.

-Qu'est-ce que...

-Chut. Je coupe le garçon qui se trouvait déjà dans la salle.

Je regarde à travers la vitre et vois Ashton passer à toute vitesse puis tourner un peu plus loin. Je souffle de soulagement puis prête enfin attention au garçon.

Ses cheveux sont d'un noir intense et je remarque ses iris de couleur chocolat. Ses yeux sont bridés et sa peau basané...

-T'es chinois ?

Il souffle et ne me répond même pas.

-Bon, ça doit sûrement dire que tu ne l'es pas.

Il s'assoit sur une chaise puis continue à m'observer.

-Au fait, j'aime bien ton t-shirt, Nirvana ça déchire. Je dis finalement.

-Merci.

-T'es pas très bavard.

-T'es pas très polie.

-Touchée.

Il glousse doucement puis sourit enfin.

-Je m'appelle Calum.

-Super, ravie de t'avoir rencontrée Calum mais je vais devoir y aller, en fait il se trouve que j'ai un psychopathe/connard, aussi connu sous le nom d'Ashton Irwin qui me court après.

Je lui fais un rapide signe de main puis quitte la salle, je regarde à gauche puis à droite et une fois la voie libre, je referme la porte et retourne à mon casier, là où Michael m'attend déjà.

**

Je descends du bus à mon arrêt habituel et avance dans la petite ville avant de pénétrer dans le cimetière. Je marche entre les tombes, m'amusant à imaginer de quoi peut-être morte telle ou telle personne. Puis la douce mélodie de guitare s'imprègne une nouvelle fois dans mes oreilles. Je ferme les yeux quelques secondes puis suis l'endroit d'où elle provient, me rendant compte que c'était comme la dernière fois. Le blond m'entends arriver et arrête de jouer, relevant ses yeux bleus azurs vers moi.

On se regarde, durant de longues secondes avant que je ne décide de briser ce silence pesant.

-Eum... Bon choix de musique.

Il ne dit rien et se contente de m'observer, encore et encore.

-Et... Tu joues très bien.

Il ne répond toujours pas, je souffle et continue d'avancer.

-Bien, c'est chouette de parler avec toi. Je lance avant de m'éloigner.

Je passe le grand portail de fer, traverse la rue et entre dans ma maison.

Mylène

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