Chapitre 22
Je marche, sans m'arrêter, sans savoir où je vais ni mon but. Je ne pense qu'à lui, à ces derniers moi, à ce que je ressens et à ce que j'ai vu. Je le revois encore là, dans mes bras, puis la seconde d'après, il avait disparu.
Peut être qu'au fond je suis réellement folle. Et si tout ça n'était que le fruit de ma folie et de mon imagination ? Et si Luke n'avait jamais existé ? Et si Ashton ne m'avait en fait jamais parler de tout ça ?
Mais alors, comment un simple mirage a-t-il pu me faire autant réfléchir ? Me faire autant changer et évoluer ?
Je lance un regard à cette dame qui me dévisage en cachant son enfant derrière elle et finit par baisser les yeux. C'est pas la peine de lutter, ils ne m'accepteront jamais tel que je suis.
Qu'est devenu Luke ? Est-il vraiment parti dans "l'haut de là" ? Je ne sais même pas si ça existe vraiment ça.
Je n'arrive même plus à différencier le vrai de faux. Le réelle de la folie.
Mon téléphone se met à vibrer dans ma poche, je le sors et essuie les quelques larmes qui me brouillent la vue pour réussir à lire le contact de Michael s'afficher.
-Allo ? Je demande après avoir décroché.
-Ellen je suis à l'hôpital là et je...
-Attends quoi ?
-Rien de grave, mais j'ai trouvé une autre personne qui pourrait t'aider.
-Michael...
-Non, non, laisse moi parler. Cette femme est vraiment géniale, et puis c'est pas loin de chez toi ! Et elle est directement dans l'hôpital c'est facile. Je te promets qu'elle peut faire des choses géniales ! Elle veut bien te voir dans un quart d'heure, tu iras ?
-Mike je...
-Je t'en supplie Ellen, fais le.
Je souffle un bon coup et arrête finalement de marcher. Et si j'y vais ? Ça fera quoi ? Peut-elle vraiment m'aider ? Ai-je réellement besoin d'aide ? Et puis... Peut-être que Luke ou même Agathe seront fiers de moi de là haut ?
-Bien. J'arrive.
-Euh... Je... Vraiment ?
-Raccroche avant que je ne change d'avis.
-Euh oui oui !
Je roule des yeux et range mon cellulaire dans ma poche. Je frotte les mains légèrement moites sur mon jean et avance à pas lents vers l'hôpital qui se trouve à l'opposé d'où je suis.
Sur mon chemin, je vois Ashton assis sur un banc, le regard dans le vide. Je ne m'arrête pas et hésite avant de finalement me tourner vers lui. Je regarde autour de moi puis m'assois à côté du bouclé, à distance plus que raisonnable.
-Est-ce que je suis folle ou ça c'est vraiment passé ?
Il souffle un bon coup et s'adosse contre le banc, se grattant la nuque d'une main.
-Tu ne l'es pas.
J'hoche doucement la tête puis me mord nerveusement la lèvre inférieure.
-Il est parti. J'imagine qu'il a fait ce qu'il avait à faire.
-Comment ça ? Il fronce ses sourcils.
-Il a pu s'excuser au près de toi.
-Il n'avait pas besoin de le faire.
Son ton était un peu agressant, sûrement dû à la fatigue et à la tristesse. Son regard se porte sur moi et je vois ses yeux se remplir de larmes. Il finit par fermer ses yeux et se frotte le visage.
-C'est bizarre de te voir pleurer. Je souris doucement.
-Je ne pleure pas.
-A peine.
Il finit par pouffer doucement puis se tourne vers moi.
-Tu l'aimais bien, Luke ?
-Oui... Beaucoup même.
-Je suis sûre que tu lui aurais plus quand il était encore... Vivant.
-Je ne pense pas non.
-Je t'assure que si.
Malgré tout, je souris et replace une mèche de cheveux derrière mon oreille.
-Ah... Je vais te dire un truc qui va briser ma fierté alors retiens bien car je ne te le redirai jamais. Tu es quelqu'un de bien, tu es brillante et malgré tes faux airs, je sais que tu ressens des choses. Tu devrais arrêter de te cacher derrière des fausses idées ou derrière tout ton maquillage. Fais toi confiance et fais confiance aux autres, tu pourrais avoir de bonne surprise.
Je lui souris malgré ma gêne et n'ajoute rien.
-Je dois y aller.
J'hoche la tête et le regarde s'éloigner avant de le voir disparaître de mon champ de vision.
Je finis par me lever et continue d'avancer vers l'hôpital, le regard perdu.
Luke me manque déjà, j'aimerais que demain, quand je traverserai le cimetière, entendre cette douce mélodie de guitare que j'aimais tant. Agathe me manque aussi, son rire me manque, son odeur et sa voix. Et voilà que maintenant mon meilleur ami veut me foutre à l'hôpital...
Je me demande à quel moment ma vie est parti autant de travers, sa mort a été un gros facteur, mais pourquoi est-ce que je ne me suis pas battue ? Pourquoi n'ai-je pas continuer à vivre, au lieu de commencer à survivre ?
Au loin, je vois l'hôpital se dresser devant moi, et mon stresse ne cesse d'augmenter.
Est-ce que je fais le bon choix ?
J'avance, toujours en dévisageant le bâtiment, ayant cette étrange impression d'avancer tout droit vers la mort.
Un klaxon résonne dans mon oreille, à la limite de me prêter le tympans et j'ai à peine le temps de voir cette voiture foncer sur moi que je sens mon corps être projeté sur la route.
Puis le noir complet.
Mylène
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