Chapitre 2
Seule devant mon miroir, je m'observe quelques instants. Je me demande ce qui dérange le plus sur mon corps : est-ce ces tas de graisse qui retombe sur l'élastique de mon jean comme si un bout de jambon tentait de s'échapper de quelque part ? Ou peut-être est-ce plutôt mon t-shirt qui semble pouvoir craquer à tout moment suite à mon ventre trop volumineux ?
Je ne sais pas, mais la chose dont je suis sûre, c'est que je suis tout bonnement horrible. Je ne comprends pas, je fais attention à ce que je mange, je ne mange même plus, et pourtant je reste énorme. J'aimerais être comme ces personnes qui même après avoir avalé trois hamburgers ne prennent pas deux kilos.
Je roule des yeux et tourne les talons pour aller enfiler un gros gilet en laine noir pour à la fois cacher mes bras et me protéger de ce froid qui me tiraille la peau. Lorsque je descends je croise Emily, ma petite sœur, qui ne se retient pas de me faire une remarque, comme chaque matin.
-C'est vilain ton maquillage, on dirait un zombie.
Je lui lance un regard noir et ne prend pas la peine de lui répondre. Notre ancienne époque me manque, nous étions proches avant, mais maintenant, nos seuls conversations se limitent à elle me faisant des remarques désobligeantes et à moi lui répondant méchamment ou lui faisant peur.
Je glisse mes pieds dans mes New Rocks montantes puis branche mes écouteurs sur mon téléphone avant de quitter la maison, ignorant ma mère pestant -encore- sur ma tenue. Je traverse la petite allée puis pousse le portail du cimetière pour y entrer. Curieuse, je retire l'une des mes oreillettes pour entendre si le guitariste est encore là, mais une fois à l'autre bout et après n'avoir rien entendu, je la remet, légèrement boudeuse. Je continue de marcher jusqu'à l'arrêt de bus et attend quelques minutes avant qu'il n'arrive.
Je monte dedans, valide mon ticket et vais directement dans le fond, prenant une place vide. Je ne fais pas attention aux regards qu'on me lance, ou aux coups de tête en ma direction et ferme mes paupières au rythme entraînant qui se jouent dans mes oreilles.
Au lycée, j'éteins ma musique lorsque par la fenêtre je vois Michael, mon meilleur ami, me sourire. Je patiente quelques instants que tout le monde soit descendu du bus puis le fait à mon tour, je passe ma main sur mon t-shirt pour le défroisser un peu puis referme mon gilet sur moi pour me cacher.
-Salut Mike. Je souris en ébouriffant ses cheveux bleus.
-Eh ! Pas dès le matin ! Rit-il en retirant ma main. Alors, prête pour commencer avec deux heures de mathématiques.
-Commences pas à être chiant, je viens d'arriver.
Il glousse puis on se dirige vers le hall de l'immense bâtiment qui nous sert de lycée, aussi appelé lieu de torture, pour les intimes.
Michael est bien la seule personne pour qui j'ai de l'estime et du respect. On est pareil, on aime les mêmes choses, et on emmerde les mêmes choses. On se connaît depuis le primaire et on a toujours été inséparables. Michael est un peu plus punk et moi goth, mais on a les mêmes idées, les mêmes délires...
Pour rien au monde je ne le remplacerais, ça c'est sûr, même si parfois il joue un peu trop les père poule avec moi, juste parce que monsieur à un an de plus que moi. Je me souviens, lorsqu'on avait six ans, il avait fait en sorte de redoubler pour que pour le reste de nos études, nous soyons dans la même classe.
-Eh oh, Ellen, je te parle. M'interpelle-t-il.
-Hein ?
-T'es chiante tu le sais ça ?
-C'est que maintenant que tu t'en rends compte.
-Non, ça fait un bon moment que tu me tapes sur les nerfs. Il dit avant de me tirer la langue comme un enfant de quatre ans.
-Ferme-là pauvre type. Je me moque. Va en cours, je te rejoins dans deux minutes je dois aller à mon casier.
Il hoche la tête et change de direction vers notre salle, la sonne cloche alors que je suis en train de traverser le couloir et rapidement, les gens se divise chacun de leur côté, me laissant seule, le bruit des mes chaussures claquant contre le sol raisonnant partout.
Un petit rictus se dessine au coin de mes lèvres lorsque je distingue un tag sur la porte de mon casier. Une sorcière au nez crochu et au chapeau pointu y est dessinée, perchée sur son balai, quelques fantômes l'entour et le tout est entouré de fumé verte. En bas, le mot SORCIERE est inscrit en grosse lettre violette. Puis, un bruit de bille se fait entendre derrière moi, la bille qui sert à mélanger la peinture dans les bombes.
Je sais qui a fait ça, puisque c'est le seul qui continue à gâcher chaque jour de ma vie.
-Irwin. Je dis, en me retournant vers lui.
Ashton est là, appuyé contre les casiers d'en face, la bombe à la main et une jambe replier vers l'arrière. Son gilet de l'équipe de baseball du lycée sur les épaules et ses boucles dorées redescenden'y comme à leur habitude sur ses épaules. Un sourire moqueur est accroché à ses lèvres et son regard est plein de mépris.
-Wellingam. Il répond sur un ton sarcastique.
-Je vois que tu ne grandiras donc jamais. Ceci dit, c'est plutôt jolie.
-Comme ça, tout le monde saura que ce casier est celui de la sorcière, et qu'il ne vaut mieux pas s'en approcher.
-Tu as raison, peut-être que j'y cache mes livres de sorcellerie.
-T'es complètement folle.
-Enfin bon, ça y est t'es content, t'as fais ton petit truc, tu peux me laisser tranquille maintenant ?
-Et bien, figures-toi Wellingam, que te faire chier m'amuse énormément.
-Tu ne me fais pas chier, tu me fais juste perdre mon temps.
-C'est quand même drôle.
Je m'approche de lui, ne le quittant pas une seule fois des yeux tandis qu'il se redresse pour avoir l'air plus impressionnant. Il est vrai qu'il doit bien faire deux têtes de plus que moi, mais il ne m'impressionne en rien.
-Tu veux un tour de magie Boucle d'or ? Un vrai de vrai ?
-Quoi, tu vas me transformer en crapaud, la sorcière ?
-Non, encore mieux tu vas voir. A trois. Un. Deux...
Je ne termine même pas que je pose mes mains sur ses épaules et que je relève mon genou qui vient directement percuter son entre-jambe sans grande difficulté.
-Abracadabra ! Je termine en m'éloignant pour le laisser se plier de douleur.
Je le regarde d'un air vainqueur, les bras croisés sur la poitrine et regarde avec satisfaction son visage devenir blême.
-J'espère t'avoir castrer pour t'empêcher d'avoir des mini Irwin-Connard courant dans le monde. Et la sorcière, elle t'emmerde, tu n'imagines même pas à quel point.
Je tourne les talons, ouvre tranquillement mon casier pour y prendre mes livres puis vais en salle de cours. Ces deux heures de maths vont pas se faire toutes seules, même si j'en ai déjà loupé une bonne partie.
Mylène
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