Chapitre 17

-Encore merci de m'avoir hébergé. Je dis à l'attention d'Anne-Marie.

-Il n'y a pas de soucis ! Si tu as encore besoin n'hésite pas à revenir.

-Evite s'il te plaît. Ronchonne Ashton.

Je souris intérieurement, notre soirée d'hier c'est plutôt bien passé et je suis allée me coucher dans le lit de la chambre d'ami. Ce matin, quand je me suis réveillée et qu'on s'est croisés dans la salle de bain, il ne m'a pas adressé la parole, même pas pour un "bonjour". Comme il a dit, c'était seulement le temps d'une soirée. Mais ça ne me dérange pas plus que ça, et ça me plaît qu'il tienne sa parole : "tout ce qui se passe ici, reste ici". 

Je pars donc et monte dans le premier bus qui passe pour rejoindre le cimetière, je suis pressée de revoir Luke. Je dois avouer que sa présence m'a manqué. 

Je passe le grand portail et traverse la grande allée pour rejoindre notre banc habituel. Je le retrouve, comme prévu, en train de jouer de la guitare.

-Salut ! Je dis en m'asseyant sur le banc à ses côtés. 

-Salut, alors, comment c'était chez lui ?

-C'était... Assez bizarre, on a passé la soirée à regarder un film et à discuter.

-Tu vois que vous vous appréciez.

-Non, c'était seulement cette soirée, ce matin il m'a complètement ignoré et après il m'a dit de ne pas revenir.

-Ah oui. Grimace-t-il. 

-Tu ne m'as toujours pas dis d'où tu le connaissais.

-Ashton ? Laisse tomber, c'est beaucoup trop compliqué.

Je souffle mais n'insiste pas plus. 

-Aller, passons à autre chose, j'ai une idée d'où on pourrait passer la journée. Je lui annonce.

-Où ça ? 

-Tu vas voir. Je lui souris.

-On va en ville ?

-Non, je n'aime pas la ville. Mais si toi tu veux, on peut quand même y aller, je connais un tas de raccourci.

-Non non, je ne supporte pas la ville non plus. 

-Génial dans ce cas. 

Il regarde tout autour de nous alors que je me lève et me place face à lui pour lui tendre la main. Il fronce ses sourcils mais un magnifique sourire étire ses lèvres tandis qu'il referme sa main autour de la mienne. 

Je n'aime pas le contact, je ne le supporte pas. Les seules personnes que je suis susceptible de toucher sont Michael et Ashton quand il m'attrape pour me faire du mal. Mais ce toucher là, le toucher de Luke n'est comme aucun autre. Il est doux, agréable et pour rien au monde je ne voudrais qu'il me lâche. Enfin, bien sûr, ma fierté en a décidé autrement. 

-Calme toi Blondie, c'est exceptionnel.

Non, bien sûr que non ! Prends ma main autant de fois qu'il te plaira ! 

-Ah non, maintenant que je t'ai, je ne te lâche plus. 

Je l'observe quelques instants subjuguée par ses paroles. "je ne te lâche plus", non, tu ne me lâcheras plus, je te l'interdit. Enfin, je ne sais pas si lui voyait cette phrase dans le même sens que mi, mais je ne peux m'empêcher de sourire. Je secoue ma tête pour remettre mes idées en place puis le tire pour qu'il me suive. 

On passe par la partie Est du cimetière et le traverse avant d'arriver au frontière de celui-ci avec un immense champ d'herbe et de pâquerettes, les plantations n'étant pas de cette saison. Je saute difficilement par dessus des fils en barbelés puis observe Luke le faire avant de lâcher sa main, contre mon gré, pour m'enfoncer un peu plus loin dans le champ. Lorsque je trouve enfin l'endroit idéal, je passe mes cheveux sur l'une de mes épaules et m'allonge à même l'herbe encore toute fraîche.

J'ouvre mes yeux et les plonge dans les nuages qui nous surplombent avant de les tourner vers Luke qui m'observe toujours, debout.

-Tu comptes me rejoindre un jour ou pas ? Je me moque. 

-Oh... euh, oui. 

Je vois ses joues rougir discrètement, ce qui me fait froncé les sourcils, puis il s'allonge à mes côtés. 

-Et on fait quoi maintenant ? Me demande-t-il.

-Tu m'as montré les étoiles, je te montre les nuages. 

Il me sourit puis dévit son regard vers le ciel. On s'amuse tous les deux à trouver des formes aux nuages, se battant un long moment sur l'un d'entre eux qui ressemble fortement à un ours, bien que Luke, lui, voit un canard. 

Nous rions et rêvons ensemble, ce qui me procure une sensation de bien être et d'appaisement que je n'avais jamais autant ressentit dans le passé. Je me sens tellement bien avec lui. Doucement, je sens sa main s'entrelacer avec la mienne et je le remercie intérieurement d'avoir fait ça, comme si j'avais eu besoin de ce contact, comme si j'avais eu besoin de lui.

-J'aime être avec toi. Avoue-t-il après un long moment de silence. 

-Moi aussi, j'aime être avec toi, et ça me fait carrément flipper.

-Pourquoi ça ? 

-Je ne sais pas... Ce n'est pas quelque chose auquel je suis habituée, et puis, je n'ai pas le droit de ressentir ça à ton égard. 

-Et pour quelle raison ? Bien sûr que tu en as le droit. Dit-il calmement en plongeant ses yeux bleus azur dans les miens.

-Non, elle ne le peut plus, donc je ne le peux pas non plus. 

-Qui ça "elle" ? 

-Tu te souviens quand tu m'as trouvé sur une tombe dans le cimetière ?

-Oui.

-C'était le jour des quatre ans de la mort de ma meilleure amie, Agathe.

-Donc, tu te prives du bonheur car elle est décédée ? 

-Je ne suis plus rien sans elle...

Il se roule sur le côté, sa main toujours sur la mienne, et me regarde avec insistance.

-Tu n'es pas rien Ellen, tu es une personne géniale qui se cache derrière un amat de négativité. Si seulement tu laissais ne serait-ce qu'un petit bout de lumière entrer en toi, tu le verrais toi aussi, que tu es très bien et très belle. 

Je cligne plusieurs fois des yeux puis détourne ma tête vers les nuages. Luke se rallonge et se colle un peu plus à moi, faisant frotter légèrement nos épaules ensemble. 

-S'il le faut, c'est moi même qui apporterai cette lumière en toi. 

Si tu savais que c'était déjà ce que tu étais en train de faire Luke. Tu es déjà mon petit rayon de lumière dans cette noirceur qui ne veut me quitter. Et bordel, c'est à la fois terrifiant et exquis. 

Mylène

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