-Tu veux une autre part de gâteau ? Me demande la mère d'Ashton.

-Non merci, c'était délicieux mais je suis pleine. Je lui souris en posant une main sur mon estomac.

J'ai tout fait pour essayer d'éviter ce dessert mais elle insistait tellement que je n'ai pas pu refuser. Je n'arrive pas à croire du nombre de calories que j'ai ingurgité en l'espace d'un simple repas. Je dois vraiment trouver ces toilettes. Après quelques minutes à écouter Lauren et Harry se plaindre de leur école, je lève mes yeux vers Irwin qui a le regard perdu. 

Je ne cherche pas plus loin, et lorsque nous sommes autorisés à sortir de table, je mon directement à l'étage après avoir débarrassé mon assiette. Je regarde un peu les portes qui m'entoure et trouve celle qui mène aux toilettes, j'entre dedans et verrouille derrière moi. 

Okay, respire Ellen, ça va très bien se passer. Essaie juste de ne pas faire de bruit. 

Je m'agenouille devant la cuvette blanche et retire mes cheveux en arrière. Je lève ensuite ma main et approche mes deux doigts de ma gorge avant de les plonger à l'intérieur. Une sensation désagréable s'empare de moi et au bout d'un petit temps, mon repas se décide enfin à sortir. J'extrais tout ce qui se trouve dans mon estomac puis tire la chasse d'eau. J'utilise un bout de papier pour m'essuyer le coin des lèvres et me relève. 

Va falloir que j'aille vite me brosser les dents après ça. 

Je déverrouille la porte et en sortant, je tombe directement sur Irwin qui a les bras croisés sur sa poitrine et un regard dur. Je sursaute et croise moi aussi mes bras, pour essayer de garder le plus de dignité qu'il me reste face à lui. 

Voyant qu'il ne dit rien, je passe à côté de lui mais il m'attrape par le bras et me retiens avant que je ne puisse aller loin de lui.

-Lâche-moi. Dis-je faiblement.

-Ne me donne pas d'ordre, tu es chez moi je te rappel. 

Je roule des yeux et soutiens son regard châtain pour ne pas perdre face. 

-Pourquoi t'as fais ça ? 

-Quoi ? J'ai même plus droit de rouler des yeux chez t...

-Non. Me coupe-t-il. Ca. 

Il lance un coup de tête vers les toilettes en me lançant un regard emplis de reproche. 

-Ce ne sont pas tes affaires. 

-Pourquoi tu te fais autant de mal hein ? C'est quoi le but final, te tuer ? Dit-il avant de remonter d'un coup la manche de mon bras qu'il tient dans sa main, révélant la totalité de mes cicatrices. 

Comment a-t-il pu le savoir ? Mes cicatrices sont constamment caché, que ce soit par des gilets, des pulls, des bracelets ou des mitaines. Et pourquoi me pose-t-il ce genre de question ? Il n'en a rien à faire de toute façon. 

Je retire d'un coup sec mon bras et le mitraille des yeux, essayant d'être le plus explicite possible sur mes pensées envers lui en ce moment même. 

Je le déteste.

-Arrête de faire genre t'en as quelque chose à foutre, continue à jouer au connard sans cœur et laisse moi tranquille ! 

Il me regarde quelques secondes droit dans les yeux avant de se pencher et de me prendre sur son épaule. Je sens mes pieds décoller du sol et la panique s'empare de moi. De un, j'ai peur de ce qu'il va me faire. De deux, il va se rendre compte de mon poids et va m'achever avec ça. De trois, putain si je lui casse le dos il va porter plainte contre moi et je vais être foutue ! 

-Lâche moi ! Irwin ! Lâche moi je te dis ! Je vais te casser le dos ! Je rigole pas Irwin ! Je suis trop lourde ! Je cri en tapant son dos avec mes points. 

-Ferme là, ma mère va se poser des questions. Dit-il mi-sèchement mi-amusé. 

Je continue de le frapper pour qu'il me fasse descendre avant qu'il me pose sur un matelas de l'une des pièces dans laquelle il est entré. Je passe une main dans mes cheveux et ne m'arrête pas une seule fois de le trucider du regard. Je remarque alors que je suis dans une chambre aux tons bleu pastel ornée de plusieurs posters de groupe punk très connu, et que j'adore pour la plus part, ce qui me fait sourire. J'essaie de dissimuler mon sourire pour garder ma posture de fille en colère contre lui mais n'y parviens pas entièrement. 

Quelle horreur, je suis dans la chambre d'Irwin, jamais je n'aurais cru atterrir dans ce genre de situation. Jamais.

-Je te propose un marché. Commence-t-il.

Je l'observe fermer la porte avant de venir s'asseoir, à une distance raisonnable, sur le lit à côté de moi. 

-Quel marché ? 

-Ce soir, et uniquement ce soir, on enterre la hache de guerre okay ? On fait comme si on était deux personnes qui s'appréciait et qui passait juste une soirée ensemble. 

-Genre... Comme des amis ? 

-Euh... Ouais ? 

-Mais on n'est pas amis. Je dis en grimaçant. 

-Je le sais, mais, juste une passe une bonne soirée sans se crier dessus ou se taper d'accord ? 

-Et bien... 

-On regarde un film, on discute un peu, on va dormir et demain on oublie tout. 

-Si tu veux. Mais si t'en profite pour me soutirer des informations et aller tout raconter au lycée, je te jure que je viendrais moi même te voir pour t'anéantir. Compris ? 

-Et inversement pour toi, fille ou pas, je te défoncerai. 

Je tends ma main devant lui, comme pour seller notre pacte et suis légèrement mal à l'aise lorsqu'il sert ma main. 

Mais qu'est-ce que je suis en train de faire.

-C'est la première fois que tu me parles aussi gentiment. Je commence doucement. 

-Ne t'habitue pas, c'est uniquement pour ce soir. 

Il se lève et s'approche de sa petite télé avant de s'accroupir devant le meuble qui la tien.

-Un film, ça te dit ? 

-Pourquoi pas. 

-Quel genre de film ?

-Horreur ?

-Non, je n'aime pas ça. 

-Bah comme tu veux, tant que c'est pas un truc romantique. Je dis en roulant des yeux.

-Je n'aime pas ça non plus.

-T'es archi compliqué tu le sais ? 

-Mais j'aime bien les films d'action. 

-Et de cul j'imagine ? 

-Aussi, mais ce serait trop bizarre de regarder ça avec toi. 

Je glousse doucement et le regarde sortir un DVD de super héro Marvel. 

-J'aime beaucoup celui là. Me dit-il en secouant la pochette devant mes yeux.

-Moi aussi. J'avoue. 

-Alors c'est parti pour celui-ci. 

Il insert le DVD dans le lecteur puis éteint la lumière avant de venir s'allonger dans le lit sous la grosse couette, j'hésite quelques instants avant de le rejoindre, rester bien au bord du lit pour éviter tout contacte. Je me retrouve déjà dans son lit, si en plus je devais ne serait-ce l'effleurer, je pèterais un câble. 

-Je dois te dire que le fait que tu sois dans mon lit ne m'a jamais traversé l'esprit. C'est assez bizarre que tu y sois.

-Je trouve ça énormément perturbant. 

-Ellen Wellingam est dans mon lit. Je vais vomir.

-Eh ! On avait dit gentil ce soir ! 

Je dis, essayant de camoufler le coup qu'il vient de me lancer dans la poitrine. 

-C'est vrai, excuse moi, juste les vieilles habitudes.

Je roule des yeux et regarde le film commencer. 

**

-Je ne me lasserai jamais de ce film ! Je dis, la gêne s'effaçant peu à peu mais toujours présente.

-Moi non plus. 

Il se lève et va retirer le film pour ensuite le ranger. Il revient ensuite dans le lit et se tourne vers moi, son bras tenant sa tête en suspension.

-Quoi ? Je demande.

-Je me suis toujours demandé ce qui pouvait bien se passer dans la vie de Wellingam pour qu'elle soit comme elle est.

-Comment ça "pour qu'elle soit comme elle est" ? 

-Je pense que tu m'as compris. Dit-il en me lançant un regard qui en dit long sur sa pensée. 

-Je ne vois pas de quoi tu parles. Je mens, ne voulant pas entrer dans ce sujet. 

-Ellen, je t'es récupéré en train de te faire vomir dans mes toilettes, je pense que tu vois exactement de quoi je parle.

-On peut discuter sur autre chose ? La couleur de ta chambre ou un groupe de musique ?

-Non, je te jure, je veux savoir. 

-Mais je ne veux pas que tu le saches, tu pourrais aller tout répéter.

-Très bien, si je t'avoue quelque chose de super humiliant et hyper secret sur moi, tu me diras. 

J'hausse les épaules comme simple réponse et attend ce grand secret. 

-La première fois que j'ai baisé avec une fille, j'étais tellement stressée que je lui ai gerbé dessus.

-Ah ! T'es dégueulasse ! 

-Ouais je sais. Il rit. Et pour être sûr qu'elle ne raconterait rien à personne, j'ai dû lui acheter une place de concert à deux cents balles. 

J'explose de rire face à son aveu en harmonie avec lui et ne peux m'empêcher de me reproduire la scène dans ma tête, ce qui est totalement hilarant. 

-Tu vois, tu peux me faire confiance, tout ce qu'on dit ici, restera ici à tout jamais. Dis moi pourquoi tu te fais autant de mal. 

J'avale difficilement ma salive, la sueur me monte au front et je ne me sens pas très bien. Dois-je dire la vérité ? Mentir ? Un peu des deux ? Puis-je lui faire confiance ? Après ce qu'il vient de me dire, si il trahit ma confiance, je pourrais toujours balancer son secret à lui alors...

-Je... Je n'ai pas vraiment supporter la mort de ma meilleure amie il y a quatre ans, je suis tombée dans une sorte de dépression, et je n'arrive pas vraiment à m'en sortir depuis... J'avoue, légèrement honteuse et les yeux baissés. 

-Je ne savais pas que toi aussi tu avais perdu un ami proche.

-Normal, tu ne sais rien de moi. Je dis en haussant les épaules. Et, comment dire, ton comportement à mon égard ne m'a pas franchement aidé, être rabaissé à longueur de journée, ça n'aide personne à sortir de dépression. 

Nous restons comme ça, plusieurs minutes sans rien dire, seulement à observer les réactions de l'autre. Lui semble culpabilisé tandis que je suis complètement nostalgique et honteuse d'avoir avouer cela à celui que je considère comme mon pire ennemi. 

-Tu... Il se racle la gorge. Tu veux qu'on en parle plus en détail ?

-Non, s'il te plaît non. 

Il hoche la tête et regarde les murs autour de lui avant de reporter son regard sur moi, instaurant un léger malaise entre nous. 

-Sinon, d'où tu connais Calum ? Je dis pour changer de sujet.

-Tu connais Calum ? Je ne savais pas. Je le connais depuis le collège, on joue de la musique ensemble. Mais ça, tu le savais déjà vu que tu nous espionnais.

-Je ne vous espionnais pas ! Je suis passée par là c'est tout. Je me défends.

-Hum hum. Il sourit.

Ce malaise entre nous ne veut pas s'en aller, alors, quitte à accentuer cette gêne, je décide de poser la question fatidique. 

-Dis Irwin, ton meilleur ami, comment il s'appelait ? 

Il a l'air surpris de ma question mais ouvre quand même la bouche.

-Lucas. Lucas Hemmings. 

Mylène