8 ~ Tablets
Aujourd'hui, Andy est allé au lycée donc me voilà seule à errer dans la ville. C'est vraiment énervant d'être invisible aux yeux des gens.
Être là mais ne pas vraiment l'être. Les gens passent à vos cotés sans même faire attention à vous, ne sachant même pas que vous êtes là. Et je me sens tellement seule...
Depuis la mort d'Agathe, j'ai été attirée par la solitude, voulant garder ma peine pour moi même. Mais aujourd'hui, ça me frustre et c'est vraiment énervant.
Je décide alors d'aller surveiller Michael. J'avance vers l'hôpital et pile au moment où j'allais traverser la route sur laquelle je me suis faite écrasée, je le vois appuyé contre la façade du bâtiment, une cigarette à la lèvre.
Ses yeux sont rouges et gonflés mais il semble s'en foutre royalement. Je traverse la route et le rejoins, me plaçant face à lui. Son regard est vitreux.
Lui non plus ne me voit pas. Et ça fait mal. Terriblement mal.
Je souffle et continue de le regarder tandis qu'il jette sa cigarette au sol avant de l'écraser avec sa chaussure d'un geste expert. Il frotte rapidement son visage puis quitte complètement l'hôpital en allant vers sa voiture. Je traverse la portière, subissant une nouvelle fois cette sensation désagréable en moi, et m'assois sur le siège du côté passager pendant qu'il allume le contact.
Il attache sa ceinture et farfouille dans sa portière pour en sortir un CD, il souffle dessus pour enlever la poussière et le glisse dans le post-radio. "American Idiot" de Green Day émet à fond dans la voiture et il ferme les yeux en tenant fermement le volant entre ses doigts, si fort que ses jointures deviennent blanches.
Je le regarde, impuissante face à sa détresse. C'est frustrant, de voir quelqu'un que l'on aime au plus mal et de ne rien pouvoir faire.
Et c'est là que je comprends ce qu'à du endurer Michael avec moi.
Je suis une personne horrible...
Il passe finalement une vitesse et commence à rouler, pas très prudemment, sur la route. Je reste silencieuse pendant qu'il gare sa petite voiture devant chez lui. Il éteint le moteur et nous plonge dans un silence pesant avant de prendre une immense inspiration, comme pour se donner du courage.
Il descend de la voiture et je fais de même en traversant la porte, m'habituant peu à peu à la sensation que me procure mes muscles lorsque je le fais.
Il pousse la porte et je me faufile avant qu'il ne la ferme. Comme d'habitude, il n'y a aucun signe de son père et sa mère est là, allongée sur le canapé en train de dormir alors qu'une multitude de bouteilles vides jonchent le sol.
Je grimace face à cette vue et suis Michael jusqu'à dans sa chambre. Je suis déjà venue ici, une seule fois. On avait un exposé sur la préhistoire à faire ensemble.
Disons qu'on a plus fais les cons au lieu de bien travailler, ce qui nous a donné un D à tous les deux.
Je souris suite à ses souvenirs, la journée qu'on avait passé ensemble était plutôt cool, on avait regardé des films, joué à la XboX... C'était vraiment géniale. Je crois même que c'était l'un de mes meilleurs moments passés avec mon meilleur ami.
Michael regarde autour de lui quelques secondes puis souffle une nouvelle fois avant de venir s'écraser sur son lit.
Je m'assois au sol et le regarde trembler tandis que son corps est rapidement prit de spasmes.
S'il pleure, c'est de ma faute.
J'aimerais tellement lui dire que je suis là, que je ne suis pas vraiment morte et que je vais tout faire pour revenir à la vie, avec lui.
Mais je ne peux pas, il ne me voit pas et je doute qu'il croit Andy s'il vient lui dire.
Alors je reste là, à le regarder se vider de toutes les larmes qui lui restent en stock sans rien pouvoir faire. Et ça me bouffe, ça me torture. Doucement, je sens mes propres larmes couler sur mes joues, je ne me retiens pas et laisse mon corps se secouer.
Puis, Michael se redresse et regarde autour de lui une nouvelle fois avant d'essuyer ses larmes avec sa manche mais ça ne sert à rien puisque d'autres gouttes d'eau reviennent.
Il pose ses pieds au sol et se lève mollement avant de sortir de sa chambre. Je me lève et le suis tandis qu'il traverse le couloir pour entrer dans une autre pièce, j'entre aussi et remarque qu'on est dans sa salle de bain.
J'espère qu'il ne va pas prendre une douche maintenant parce que bon...
Il pose ses mains sur son lavabo et relève la tête vers son miroir. Je fronce mes sourcils et me place derrière lui pour l'observer via son reflet. Il lève l'une de ses mains et ouvre l'un de ses placards avant de fouiller dedans et de sortir deux boîtes de médicaments.
Qu'est-ce que...
Je m'avance et me penche pour lire les étiquettes sur les boîtes. "Calmant, anti-dépresseur" et "Somnifères".
Il ne va quand même pas mélanger les deux ?
Il ouvre la première boîte et en attrape plusieurs à l'intérieur, beaucoup trop, et avale le tout avant de se pencher sous le robinet pour boire de l'eau. Je le regarde, encore et toujours impuissante.
Je vois que la deuxième boîte est posée un peu plus loin que lui alors je n'hésite pas une seconde et tape dedans, la faisant voler plus loin.
Michael sursaute et se tourne dans sa direction. Il jette des regards un peu partout, sa respiration s'étant accélérée. Il se retourne vers le miroir et se baisse pour passer de l'eau sur son visage. Il se relève et regarde une nouvelle fois son reflet.
-Putain Mike, t'allais faire quoi là ? Se murmure-t-il à lui même.
Je souris, malgré mes larmes, fière qu'il se soit rendu compte de son erreur et le suis alors qu'il retourne dans sa chambre.
Il retire ses vêtements, gardant seulement son caleçon puis va vers son armoire pour en sortir un pantalon de pyjama avec pleins de pizzas dessus.
Il se glisse ensuite dans ses draps et se pose sur le côté, il éteint sa lampe de chevet, ses volets étant déjà fermés.
Mais il est là le problème, on est en pleine après midi et Mike va déjà dormir. Il n'aurait jamais fait ça auparavant.
Encore une fois, c'est de ma faute, et je ne peux rien faire.
Je le regarde s'endormir, entendant sa respiration se calmer petit à petit. Je contourne son lit et m'accroupis face à lui avant de passer le bout de mes doigts dans ses cheveux verts.
-Je suis désolée Michael, désolée de tous ce que tu dois endurer par ma faute. Je te promets que je vais changer, enfin si je me réveille. Je vais arrêter mes conneries et cette fois ci, je vais tenir mes promesses. S'il te plaît Mikey, ne tombe pas à cause de moi...
Je le sens remuer un peu sous mon touché.
-Je ne te le dis pas assez souvent, mais je t'aime Michael. Tu es mon meilleur ami et tu es la meilleure personne qui puisse exister sur cette Terre.
Je m'avance et dépose mes lèvres sur sa joue, je me redresse et m'apprête à sortir lorsque je l'entends murmurer "Tu me manques Ellen...".
Toi aussi Michael, toi aussi...
Mylène, Kiss xx.
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