𝔗𝔯𝔬𝔦𝔰𝔦𝔢̀𝔪𝔢 𝔐𝔢𝔰𝔰𝔢 : Magie souterraine
Vu que je n'ai pas encore décrit le physique des déesses, je me suis dit que ce serait cool d'au moins les dessiner! J'ai donc créé deux bustes, l'un inspiré de Mount Lady (Ève) 🤍 et l'autre de Midnight (Lilith) 🖤
Ces sublimes héroïnes correspondent totalement à ma vision des sœurs!
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˚*•̩̩͙✩•̩̩͙*˚ plus tôt... ˚*•̩̩͙✩•̩̩͙*˚
« Bienvenue parmi nous! »
Surpris, je descends de la voiture et observe la jeune femme qui émerge des ombres, vêtue d'une robe pastel vaporeuse. Tout en elle inspire confiance : ses joues rondes, son immense sourire, la jolie couleur noisette de son regard...
Mon instinct me souffle sur-le-champ de ne pas me fier à sa douceur.
« Je suis Ochaco Uraraka. » se présente-t-elle en s'approchant. « Je serai votre guide des prochains jours! »
« T'étais pas obligée de te réveiller exprès pour eux, tête d'œuf. » lui lance Katsuki d'un air boudeur. « Ils filent droit en cellule, de toute façon. »
« Cesse donc de te comporter comme un sanglier mal élevé, tu veux? » réplique-t-elle sans se démonter. « Je suis certaine que ça va bien se passer. »
« En cellule? » fait alors mine de s'étonner Momo, une main tremblotante levée devant la bouche.
« Tu croyais quoi, duchesse? Qu'on allait vous mener directement au Grand Prêtre? »
« Katsuki! »
« Quoi? J'annonce la couleur! »
Tandis qu'ils se chamaillent, je profite de leur inattention pour adresser un hochement de tête discret à ma coéquipière. Elle se débrouille vraiment bien, et ça me semble important de le lui notifier. J'espère que ce petit geste contribuera à effacer une partie de ses doutes.
« Excusez-moi, je ne vous ai même pas demandé vos noms! » s'alarme soudain Ochaco en se détournant du cendré.
« Je suis Momo Yaoyorozu. » se présente mon amie en s'inclinant légèrement. « Et voici Shoto Himura. »
« Il cause, ton pote? » grogne Katsuki en commençant à me tourner autour. « Il a pas lâché un seul mot. »
« Ne sois pas stupide. » le tancé-je. « On s'est parlé plusieurs fois au téléphone, au cas où tu aurais oublié. »
« C'est qu'il prend confiance, le flocon! Tu veux déjà faire connaissance avec mes phalanges? »
« Comme c'est original. De la part d'un gars avec un tel ego, je m'attendais à mieux qu'une menace digne d'un élève de CM2. »
« Putain de... »
« Katsuki, ça suffit! » l'interrompt finalement Ochaco en le retenant par le bras. « Viens, emmenons-les plutôt dans leur... chambre. D'accord? »
Il inspire un grand coup, poings serrés. Je suis assez satisfait de lui avoir rendu la monnaie de sa pièce.
Il n'avait qu'à être plus courtois au téléphone.
La brunette nous invite à les suivre. Je remarque sans mal le clin d'œil discret qu'elle m'adresse, assorti à un sourire amusé. Visiblement, elle a apprécié le moment autant que moi. Encore un peu et je pourrais presque la trouver aimable... Il faut que je sois vigilant.
L'entrée des souterrains de Lilith est, comme nous nous en doutions, dissimulée avec soin par de puissantes protections. Des collègues régulièrement en planque dans les alentours nous l'ont confirmé mais, malheureusement, leurs secrets n'ont jamais pu être découverts. Malgré leurs inclinations problématiques, ces magiciens sont assez doués pour donner du fil à retordre aux experts de notre escadron.
Nous ne devons pas les sous-estimer : ils peuvent être aussi dangereux que nous.
La forêt où nous nous trouvons m'apparaît comme une preuve supplémentaire de la désolation qui imprègne le dernier lieu sacré de la Reine des Profondeurs. Nous sommes encerclés par des arbres immenses aux troncs noueux, dont les branches nues obstruent en partie la lumière de la lune à son périgée. Une brise fraîche les agite, produisant de légers craquements au-dessus de nos têtes. Au loin, le hululement d'une chouette se fait entendre...
Je ne saurais expliquer pourquoi, mais cette ambiance automnale si particulière m'apaise.
Une arche ancienne envahie par du lierre se dévoile peu à peu, révélée par les marmonnements de notre nouvelle guide. À son côté, Katsuki ronchonne toujours, élaborant probablement un plan barbare pour se venger de mon insubordination. À quoi s'attendait-il? Je joue certes le rôle du suivant de Momo, mais rien ne m'oblige à changer complètement mon caractère. Je ne suis pas venu ici pour me comporter en toutou muet, même si nous en avons ri auparavant.
Nous contemplons enfin les portes protégées par la voûte. Ochaco nous invite à les franchir et, aussitôt à l'intérieur, les referme. C'est assez évident : en tant que nouvelles recrues, nous ne serons pas autorisés à quitter les souterrains sans avoir prouvé notre bonne foi. Si j'étais à leur place, c'est ce que je ferais aussi.
« L'entrée est le centre exact de notre maison. » nous explique la sorcière d'Ébène en empruntant un chemin en pente. « C'est une sorte de pivot qui nous permet d'accéder à tous les secteurs, indiqué à chaque intersection... Histoire d'éviter aux novices d'errer n'importe où. Si jamais vous vous perdez, pas de panique : vous n'avez qu'à revenir ici! »
« On aura le droit de visiter chaque pièce? » demande Momo.
« Dès que vous aurez parlé à Toshinori. »
« Votre Grand Prêtre? »
« Oui. Il tient à rencontrer personnellement chaque fidèle à son arrivée, lors d'une de nos Messes Noires. »
Les Messes Noires sont les cérémonies hebdomadaires des d'Ébène. Similaires à nos Offices Blancs, ils en profitent pour rendre hommage à leur Déesse et poser leurs offrandes sur un autel consacré. Cependant, selon les rumeurs, leurs cadeaux sont loin d'être aussi immaculés que les nôtres...
Ma curiosité est piquée.
« Génial! » s'enthousiasme la fausse Momo. « Quand aura lieu la prochaine? »
« Demain. » répond Katsuki – sans doute incapable de rester silencieux plus de dix minutes. « Vous serez introduits auprès de Toshinori par son plus jeune Assistant, qui vous rejoindra au matin. »
« Oh, d'ailleurs... » l'interpelle Ochaco. « Je crois l'avoir vu entrer dans la chapelle avec Mezo avant de vous rejoindre. »
« À cette heure? Ce crétin va finir par claquer s'il dort pas plus que ça! »
« Tu sais qu'il n'écoute plus dès qu'on parle de sa santé... »
« J'vais lui secouer les puces, moi. Je te laisse gérer, Ocha? »
« Aucun souci. À plus tard, Katsuki. »
Je n'ai pas rêvé : ces deux-là en pincent clairement l'un pour l'autre. Je n'ai pas loupé non plus le ton paternaliste employé par le cendré dès que l'état du fameux bras droit a été mentionné. L'information est d'autant plus intéressante qu'elle concerne un membre influent du groupuscule... Serait-ce son frère? Un ami proche? Ce sera à nous de le découvrir.
Le concerné s'engage sans hésiter dans l'un des couloirs faiblement éclairés par des cierges. Leurs flammes sont d'un orange sanguin étonnant – sûrement le résultat d'un enchantement quelconque. Aucun sorcier, si puissant soit-il, n'est capable d'imiter la nature à la perfection : il y a toujours une légère différence qui le trahit.
L'électricité dont nous bénéficions à l'extérieur me semble bizarrement fade en comparaison.
« Suivez-moi! »
Sans tergiverser davantage, nous emboitons le pas à la d'Ébène. À son regard, je devine que ma coéquipière est aussi attentive que moi au moindre détail. Nous devons apprendre de chaque élément de ces souterrains : c'est une phase essentielle de notre infiltration.
« Et donc... Qu'est-ce qui vous a incités à nous rejoindre? » nous questionne Ochaco tandis que nous descendons vers la pièce qui nous a été assignée. « J'ai entendu parler de ta fuite, Momo, mais... J'avoue que ton cas m'intrigue, Shoto. »
Évidemment.
« C'est normal. » lui accordé-je. « Je sors un peu de nulle part. »
« Je ne l'aurais pas dit comme ça, mais ce n'est pas totalement faux... »
« Disons que... Je me suis remis en question. »
« Comment ça? »
« Je ne me suis jamais penché sur ma perception de la religion avant que Momo vienne se réfugier chez moi. J'ai toujours prié la Mère Céleste, l'ai honorée comme je me devais de le faire. Et pourtant... Je ne me suis jamais senti proche d'elle. »
Je contemple le sol, feignant d'être embarrassé par ma confession. Ce discours est celui qu'on m'a demandé de mémoriser par cœur – je serais capable de le réciter en jonglant, s'il le fallait.
« Si je suis là, c'est non seulement pour épauler mon amie, mais surtout pour... apprendre à croire en quelque chose. »
Un frisson soudain me parcourt l'échine. Je n'aime pas ça.
« C'est une belle raison. » me confie mon interlocutrice en souriant. « Vous avez dû traverser des passages à vide assez pénibles, tous les deux. Le fait que vous vous soyez tournés d'instinct vers Lilith... C'est très parlant! J'espère que vous trouverez ce que vous cherchez parmi nous. »
Je n'ai fait que réciter.
Si elle m'a cru si facilement, c'est parce que je suis un bon comédien. J'ai appris sur le terrain, je sais mentir.
Je n'ai fait que réciter.
Au fil de notre progression, les parois ocre bien nettes s'aplanissent et se ressemblent. Nous passons à intervalle régulier devant des portes et des embranchements, mais notre accompagnatrice ne nous laisse pas le temps de les observer. Les quelques horloges murales que nous croisons indiquent chacune leur tour une heure indécente, au-delà de minuit.
« Nous y voilà. »
Enfin, nous nous arrêtons. Je ne vois rien, et pourtant je sais : notre cellule se trouve juste derrière cette illusion d'argile.
« Je suis désolée que vous ne puissiez pas vous joindre à nous dès ce soir. » déplore Ochaco, penaude. « Nous avons reçu l'ordre de confiner les nouveaux arrivants dans cette pièce... Et les Protecteurs ne me pardonneraient pas si je désobéissais. »
Je ne peux ignorer le fait qu'elle s'avance très lentement, centimètre par centimètre. Mon organisme commence à se rebeller : si elle ose me toucher, je vais en baver pour retenir mes pulsions de rejet.
« Aussi, je... me permets de prendre vos affaires. »
Un claquement de doigts et nos sacs et manteaux disparaissent, happés par un sortilège aérien. L'ennemie ne nous laisse aucune occasion de réagir et nous projette violemment contre ce foutu mur qui, intangible, nous absorbe dans une espèce de cachot à peine éclairé.
« Je suis désolée. » répète-t-elle d'une voix étouffée. « Essayez de vous reposer, d'accord? On se revoit demain pour la Messe Noire. »
Puis, le silence.
« Tu avais raison. » murmuré-je à Momo.
« C'était trop facile. » répond-elle d'un timbre similaire. « Au moins, nous n'avons rien emporté d'incriminant dans nos sacoches. »
« Heureusement. »
Mes pupilles s'habituent rapidement à l'obscurité, n'ayant eu droit qu'à des flammèches vacillantes sur le trajet. Notre chambre est d'une sobriété quasi angoissante : elle ne contient que deux lits à une place, une petite lampe à huile vétuste posée sur un tabouret, un vase de nuit isolé et quelques bouteilles d'eau alignées le long des sommiers. Pas de fenêtre, pas de distraction – rien. S'ils décident au dernier moment de nous laisser moisir ici pendant plusieurs jours, nos nerfs vont être mis à rude épreuve.
« Ça va aller. » assuré-je.
Ma propre voix me paraît inaudible, mais je fais confiance à Momo pour m'entendre.
« Shoto... »
Je m'assieds sur l'un des lits. Le matelas n'est ni trop dur ni trop fin – je suis agréablement surpris. S'ils souhaitaient réellement se faire passer pour des méchants, ils auraient dû nous fournir un tas de paille et un verre d'eau, rien d'autre. Il y a beaucoup trop de contradictions dans cette expérience. Trop de spontanéité dans la voix d'Ochaco, d'intérêt dans l'agressivité de Katsuki...
Ils veulent nous mettre la pression, ni plus ni moins.
« Tu étais sincère, tout à l'heure? »
Je m'immobilise. Ma respiration se bloque et un étau de panique me compresse la poitrine.
« De quoi tu parles? »
« Si tu es là, c'est pour apprendre à croire en quelque chose... C'est vrai? »
Nerveux, je passe une main dans mes cheveux désormais intégralement blancs. J'espère de toute mon âme que l'hésitation n'est pas discernable dans mes iris gris.
« C'était du flan. Tu le sais très bien. »
« Je n'en suis pas convaincue... Prends garde, Shoto. Je ne pourrai peut-être pas te sauver si le Clergé s'en aperçoit. »
Et elle s'installe en me tournant le dos, clôturant ainsi la discussion.
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