𝔔𝔲𝔦𝔫𝔷𝔦𝔢̀𝔪𝔢 𝔐𝔢𝔰𝔰𝔢 : Magie émergente

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˚*•̩̩͙✩•̩̩͙*˚ PDVIzuku Midoriya d'Ébène ˚*•̩̩͙✩•̩̩͙*˚


Comment est-ce possible de ressentir autant de sentiments contradictoires? C'est un miracle que mon cerveau ne soit pas en train de dégouliner par mes oreilles...

La mission de ce soir est primordiale : nous allons anéantir Enji Todoroki. Ces cinq mots résonnent en moi comme une belle promesse et un serment macabre, si bien que je peine à choisir leur sens. D'habitude, je suis sûr de moi et de ce que je veux – mais, là, je suis plus perdu que jamais.

Moi qui pensais avoir traversé le pire en confrontant Shoto!

Celui-ci, installé à mon bureau, étudie une fois de plus la carte aux traits fins créée par Ochaco lors de ses voyages aériens. La façon dont elle est parvenue à entrer en communion avec son élément, l'air, nous a tous impressionnés – au point où nous nous sommes mis à douter de nos propres capacités!

Ce qui est ridicule : notre amie a ses atouts, et chacun d'entre nous a les siens. Nous ne devons surtout pas commencer à nous comparer ou à complexer, au risque de provoquer un couac qui nous nuirait forcément.

« Arrête de marmonner, Deku. » râle alors Kacchan.

Les bruits mécaniques que produisent ses armes tandis qu'il les nettoie sur mon lit me font grincer des dents. Ces engins de mort me flanquent la chair de poule : si je m'écoutais, j'enterrerais ces horreurs si loin que plus personne ne pourrait les retrouver!

« Fous-lui la paix. » gronde Shoto en jetant une œillade assassine au blond.

« Ne commencez pas à vous disputer, vous deux! » les réprimande Momo, jusque-là plongée dans une concentration intense.

Son visage est illuminé d'une satisfaction évidente. Elle a tant appris au cours des dernières semaines qu'elle est désormais capable de rivaliser avec maman et moi! Ainsi assise en tailleur à même le sol, elle élabore d'autres sorts aptes à troubler durablement les soldats ennemis.

« Laisse-les, au moins ils nous fichent la paix pendant ce temps. » s'amuse Mezo, une sphère luisante entre ses paumes.

Il n'a cessé de travailler sa magie de lumière ces jours-ci, ce que corroborent les cernes de plus en plus marqués qui débordent sous son masque. Malgré son attitude décontractée et son timbre apaisé, je ressens en continu les craintes qui le tiraillent depuis que son rôle lui a été expliqué.

« On vous a pas demandé l'heure, si? » braille Kacchan en claquant brutalement son flingue sur la table de chevet.

Tandis que les chamailleries reprennent de plus belle, je me contente de secouer la tête. J'imagine sans mal Ochaco crier à son tour sur son amoureux non officiel, ce qui aurait poussé Momo à la soutenir et Mezo à glisser quelques remarques sarcastiques...

Mais elle se repose : elle a tellement utilisé son don qu'elle a fini par s'effondrer sitôt notre réunion précédente close. Toshinori, qui ne participera pas à l'infiltration à cause de sa chétivité, veille sur elle en attendant l'heure du départ. Selon lui, il est possible qu'il ne la réveille pas – tout dépendra de son état.

Si cela venait à arriver, nous compterions exclusivement sur Kacchan pour occuper le rôle de sorcier bleu lors du rituel...

« Ça va? »

Le visage de Shoto est à quelques centimètres du mien. Je ne l'ai même pas entendu quitter son siège pour me rejoindre!

« On fait aller. » plaisanté-je.

Ça ne sert à rien de l'épargner. Maintenant, il sait me déchiffrer avec une précision effrayante – et je suis certain que notre lien divin n'en est pas l'unique responsable.

Il m'aime autant que je l'aime, ce qui aide pas mal.

« Ça va bien se passer. » m'assure-t-il en esquissant l'un de ses sourires discrets. « On mettra un terme à tout ça. »

« Et tu me montreras ton monde? »

« Je t'en ferai visiter chaque recoin. »

Et il dépose un doux baiser sur mes lèvres, aussitôt sifflé par un Kacchan jaloux de ne pouvoir en faire autant avec Ochaco.

« Deku. »

« Oui? »

Je laisse le reste du groupe se diriger vers l'issue des souterrains, sous le regard interrogatif de Shoto. Néanmoins, il ne me pose aucune question et se détourne – rien ne peut m'arriver auprès de Kacchan.

« Est-ce que... tu te sens prêt? »

Les iris carmin de mon meilleur ami me fuient. Il a tellement de mal à exprimer son inquiétude sans avoir l'air d'un pitbull que cette façon de faire doit le perturber affreusement! Ça ne lui ressemble pas, et c'est ce qui me fait le plus plaisir : il fournit de gros efforts afin de me préserver, conscient de l'épreuve que je m'apprête à affronter.

« Non. » avoué-je en toute franchise. « Mais vous êtes là, hein? Donc je devrais m'en sortir. »

« Je suis désolé que... tu aies à vivre un truc pareil. » déclare-t-il en osant enfin lever les yeux. « C'est pas juste de t'avoir forcé à grandir ici, alors que les autres ont tous eu le droit de... »

« Tu sais que j'ai moi-même accepté ces conditions, Kacchan. »

« Peut-être bien, mais... »

« Je n'ai pas eu une existence malheureuse jusqu'à présent! J'ai toujours été entouré, soutenu et accompagné. »

Malgré son air troublé, accentué par les reflets chaotiques des torches, je me permets de prendre sa main et de la serrer doucement.

« Je suis heureux, ici. Je ne veux pas que vous en doutiez. Le fait que je sois terrifié à l'idée de découvrir le monde d'en haut n'a rien à voir avec ça, je te le promets. »

Il inspire profondément, puis hoche la tête.

« D'accord. »

Nous rejoignons nos amis, déterminés à affronter la nuit mouvementée qui nous attend. Rassemblés devant le portail ensorcelé qui m'effraie tant, ils nous observent approcher avec de grands sourires.

À l'instar de Kacchan, ils font au mieux pour m'apaiser – sans pour autant me donner l'impression d'être materné. Ils sont merveilleux, et je me rends compte de la chance que j'ai de les avoir.

La seule qui manque à l'appel est Ochaco. Comme nous le redoutions, elle n'est pas en état de participer à une telle mission. Selon Toshinori, elle a tout tenté malgré ses douleurs pour le faire changer d'avis, dévastée à l'idée de nous savoir en danger sans elle.

« Nous y allons? » lance alors Mezo, ailes déployées.

C'est un réflexe dont il ne cherche pas spécialement à se débarrasser, qui indique qu'il est sur le point d'utiliser ses pouvoirs.

« On te suit. » approuve Shoto.

Ses poings serrés contredisent sa voix calme. J'ai envie de le prendre dans mes bras et d'oublier le chaos de la Légion au travers duquel nous devrons nous faufiler. N'étant doté d'aucune forme de magie offensive, je suis particulièrement craintif à cette idée, je dois bien l'admettre.

Mon camarade Assistant commence à réciter les paroles qui nous ouvriront la voie. Lui aussi a troqué sa soutane rituelle contre des vêtements plus pratiques – raccommodés par maman afin de laisser passer ses longs appendices. Lui qui déteste tant s'exposer sans sa tenue officielle...

L'air frais qui vient me fouetter le visage m'empêche de m'inquiéter davantage. Je l'ai déjà senti, les quelques fois où j'ai accompagné Kacchan avant l'une de ses tournées... mais cette bouffée n'a rien de comparable. Elle annonce des choses trop grandes pour moi.

Trop réelles, trop cruelles.

« Tu me fracasses les doigts, Deku. » gémit mon blond.

« Oh, pardon! »

Je le lâche.

« Va plutôt réduire en poudre ceux de ton p'tit copain, tu veux? »

Son rictus fait se gonfler mon cœur d'un amour fraternel que je ne me souviens pas avoir cessé de ressentir un jour.

« On m'a appelé? » s'immisce Shoto en posant son menton sur mon épaule.

« Est-ce que j'ai déjà arrêté de le faire? » badiné-je.

Il prend la place de Kacchan sans hésiter et, avec une tendresse qui amoindrit mon envie de fuir, m'aide à esquisser mes premiers pas vers l'extérieur.


˚*•̩̩͙✩•̩̩͙*˚ PDVShoto Todoroki d'Albâtre ˚*•̩̩͙✩•̩̩͙*˚


Izuku n'avait jamais vu de voiture avant.

Du moins, c'est ce que j'ai fini par comprendre une fois à l'intérieur, grâce à ses marmonnements au sujet de la mécanique fabuleuse de celle de Katsuki... Un tas de ferraille au bout de sa vie à la peinture écaillée et aux sièges élimés, mais j'ai préféré garder ça pour moi.

Avant ça, il a passé quelques secondes à écouter : la brise sifflant entre les branches, les craquements produits par de petits animaux nocturnes dans les bois... Il s'est carrément arrêté de respirer, sans doute empli d'un surplus de sonorités qu'il avait besoin d'analyser sans être interrompu par son propre souffle.

Ensuite, il a pris de longues inspirations, gorgeant ses poumons de cet air qu'il découvrait réellement pour la première fois. Il a réitéré à plusieurs reprises, pendant que le sorcier de feu démarrait son engin et engueulait Mezo en l'accusant de prendre trop de place à l'arrière avec ses ailes. J'ai à peine prêté attention à leur altercation : les iris brillants de mon vert m'importaient davantage.

Enfin, il a quitté son monde. Il n'a rien ajouté, s'est contenté de me sourire et de désigner le ciel étoilé d'un doigt tremblant. J'ai acquiescé, avant de l'enlacer avec force. Ses émotions m'ont traversé de part en part, et je me suis à nouveau promis de lui faire visiter chaque parcelle de ces lieux...

Dès que ce bordel sera terminé.

« On vous attend, les neuneus! »

Le rappel à l'ordre de Katsuki nous a surpris, mais nous avons agi comme si de rien n'était. Notre dernier moment de douceur était clos.

Une fois les portières fermées, tout le reste est passé au second plan : la mission, rien que la mission. Même si mon palpitant semblait sur le point de s'arrêter, j'ai commencé à indiquer le chemin à mon meilleur ennemi, m'efforçant d'être le plus précis possible. Le fait d'être installé à l'avant m'a aidé à me concentrer et, surtout, à réveiller le soldat Todoroki tapi en moi.

À présent, nous ne sommes plus qu'à une centaine de mètres du cercle délimité par les hauts gradés de l'armée. Préférant jouer la prudence, notre chauffeur s'est garé à proximité de la route, l'arrière de son carrosse face à l'entrée sécurisée du premier bâtiment – prêt à rouler en cas de pépin.

Je n'ai pas osé le lui remémorer, mais si notre plan venait à capoter, nous n'aurions aucune chance de nous en sortir vivants... Les d'Albâtre ne sont pas connus pour leur magnanimité.

« Momo et moi passons donc devant. » rappelé-je en quittant l'habitacle. « Izuku et Katsuki, contentez-vous de nous suivre. Sans intervenir. »

Le blond fait la moue. Néanmoins, je sais qu'il se pliera à ma demande.

« Mezo. » interpelé-je le plus grand d'entre nous. « Les Protecteurs t'attendent vers l'entrée, nous nous séparerons là-bas. »

Je déglutis difficilement. J'ai dirigé plusieurs missions au cours de ma carrière, mais aucune d'une telle ampleur. Rien à voir avec le nombre de soldats amis ou ennemis : ce sont les conséquences de nos actes qui me terrifient d'avance.

Je n'ai pas le droit de ressentir ça.

Dans un ensemble quasi parfait, nous courons après avoir équipé nos armes vers le point de ralliement, traversant en diagonale le terrain vague qui l'entoure. J'entends la respiration erratique d'Izuku dans mon dos, ponctuée des encouragements maladroits de Katsuki. Son manque de cardio ne devrait pas poser problème, compte tenu de la force physique des autres participants – pourtant, je suis soucieux. Et s'il perdait ses moyens à cause de la fatigue au moment de son intervention?

« Pas trop tôt! J'étais presque en train de m'ennuyer! »

Mitsuki Bakugo s'avance en nous apercevant. Comme nous, elle a pris soin de s'habiller de vêtements clairs, les teintes sombres étant prohibées entre les murs de la Légion Blanche.

« Parle moins fort, chérie. On va se faire repérer avant même d'être entrés. »

Son mari, Masaru, rayonne de cette douceur coutumière qui m'a tant marqué lors de notre première rencontre.

« Shoto a dit que les caméras de surveillance avaient été désactivées. Pas vrai, gamin? »

« Oui. » confirmé-je en reprenant rapidement mon souffle. « Mon père l'a ordonné il y a quelques mois. Il se croit capable de parer à n'importe quelle attaque, vu votre nombre. »

La femme lève les yeux au ciel.

« Quel connard. »

« Chérie! »

Mezo en profite pour s'éclipser, sollicité par les mages de lumière présents. Il nous adresse un signe encourageant, mais ses membranes tremblantes l'empêchent de donner le change.

« Pour les Sœurs. » dit-il.

Les trois mots que nous avons tacitement désignés comme notre mantra.

« Pour les Sœurs. » répondons-nous en chœur.


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