𝔔𝔲𝔞𝔱𝔬𝔯𝔷𝔦𝔢̀𝔪𝔢 𝔐𝔢𝔰𝔰𝔢 : Magie soudée

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˚*•̩̩͙✩•̩̩͙*˚ PDVShoto Todoroki d'Albâtre ˚*•̩̩͙✩•̩̩͙*˚


C'est fou ce que les semaines passent vite quand on s'en prend plein les dents huit heures par jour. J'ai l'impression d'être de retour dans la Légion...

À la différence qu'ici, je peux enfin être moi-même.

Katsuki ne m'a pas lâché la grappe depuis ma confession. Je ne saisis pas encore pourquoi, mais il semble déterminé à devenir mon frère d'armes – comme s'il avait compris grâce à Izuku et Toshinori que nous étions, au final, tous dans le même bateau.

Sa réaction m'a tellement étonné que je n'ai même pas cherché à le faire changer d'avis. Il faut croire que je me suis habitué à ce connard prétentieux et à ses méthodes bourrines...

« Tu sais quoi? Je peux pas te blairer. » me dit-il justement, une arme à feu factice dans les pattes.

Ces derniers temps, les grottes d'entraînement des Protecteurs sont pleines à craquer. Recouvertes du sol au plafond d'une épaisseur molletonnée, elles offrent un arsenal impressionnant au vu de la profondeur des souterrains. La diversité des objets qui le composent me rappelle les sessions de torture avec mon paternel, quand il me contraignait à maîtriser chacun des engins de mort accrochés aux murs ferreux du complexe.

Rien que d'y penser, je peux presque entendre les bruits métalliques provoqués par les balles qui, évidemment, étaient réelles.

« Ça me touche. » rétorqué-je en utilisant une méthode fourbe enseignée par mes anciens collègues.

Le canon de son automatique frôle mon oreille, mais je ne perds pas mon calme. Je m'empresse au contraire de lui asséner un coup de crosse à l'arrière du genou, le précipitant au sol dans un hoquet de stupeur qui me régale.

« Enfoiré. » marmonne-t-il en se tenant la jambe, grimaçant.

Je ricane et, tout en me redressant, l'aide à se relever d'une main – qu'il saisit en me fracassant les os, ça va de soi.

« Tu as trouvé un adversaire à ta taille, mon fils! »

La voix forte de Mitsuki Bakugo résonne, assortie à ses applaudissements moqueurs envers sa progéniture. Je reconnais bien là une ancienne de l'armée d'Albâtre, aux muscles fermes et aux réflexes quasi inhumains! Elle semble n'avoir peur de rien, ce qui me fait bizarrement songer à mon père... Mais ils n'ont aucun point commun hormis leurs origines, c'est certain.

Elle est une actrice majeure de notre plan, et j'apprécie immensément le soutien qu'elle a accepté de nous fournir.

« Ferme-la, la vieille! » braille Katsuki en croisant les bras d'un air boudeur. « Il a eu de la chance, c'est tout! »

« C'est la cent-douzième fois que tu dis ça. » le taquiné-je.

« Ta gueule aussi, toi! »

Je reste stoïque lorsque Momo s'approche sournoisement derrière lui, brandissant un genre de batte en bois servant à encaisser les coups. Elle a certainement entendu les pensées de l'autre abruti depuis la pièce adjacente, désormais dédiée aux exercices psychiques...

Je suis d'autant plus fier d'elle quand elle le frappe dans le bas du dos, déclenchant un hurlement magistral.

« Pourquoi tu ne me détestes pas? »

Ma demande pétrifie Katsuki, dont la cuillère stoppe son voyage entre le bol et sa bouche. Ses céréales en profitent pour plonger dans le lait, éclaboussant allègrement son t-shirt.

« Ça va pas de poser des questions pareilles, ducon? » gronde-t-il en s'essuyant avec une serviette chiffonnée.

La salle des repas bourdonne d'activité à cette heure. Le petit-déjeuner donne un peu de répit à l'ensemble de la communauté, qui ne prend que peu de repos depuis l'annonce de notre projet ambitieux, élaboré avec le reste du groupe : Izuku, Momo, Ochaco, Mezo et Toshinori. À sept, nous avons passé plusieurs jours dans les appartements du Grand Prêtre à établir un schéma susceptible de mettre un terme à cette foutue guerre...

Rien que ça.

« Fais pas ton sucré et réponds, abruti. » persisté-je en grignotant ma tartine trempée dans le café.

« T'es pas responsable des actes de ton père, OK? Faut que t'arrêtes avec ça. » me tance-t-il à nouveau.

« Il a tué votre ami. T'as même pas un peu de rancœur en stock? »

« Nan. J'ai eu envie de te crever sur le coup, mais on m'a forcé à réfléchir avant. »

« Impressionnant... »

« Ta gueule. J'ai participé à certaines batailles, pendant lesquelles des Protecteurs ont pris par surprise des camps provisoires d'Albâtre, t'sais. Donc sincèrement, j'ai pas à t'accuser de quoi que ce soit. Toshinori est un niais de première, mais il a raison sur beaucoup de choses – dont celle-ci. »

J'ignore quoi répondre. Est-ce que ça signifie qu'il a déjà tué quelqu'un?

« Tu te sens con, hein? » se moque-t-il en recommençant à manger.

Je ne vais pas lui poser la question. Dorénavant, nous devons nous concentrer sur l'avenir et veiller à nous faire pardonner nos erreurs.

« Deku a l'air heureux. » remarque mon coéquipier en observant l'apprentissage des sorciers dotés de pouvoirs mentaux.

Les magies verte, argentée, dorée et violette sont réunies ici. Techniquement, je devrais donc être parmi elles, mais la rouge qui coule dans mes veines se doit d'être parfaitement maîtrisée afin de mener les combats qui nous attendent.

Himiko, Tenko et Kai y veillent quotidiennement, sous l'œillade narquoise de mon insupportable acolyte.

« Je crois qu'il l'est. » acquiescé-je.

Mon alter ego déambule au milieu des petits groupes dispersés dans la pièce qui, à l'origine, sert de dortoir aux Protecteurs. Puisque les puissances qui s'agitent ici ne sont pas physiquement offensives, elle a été choisie dans le but d'y créer une atmosphère paisible, propice à la concentration.

« Heureusement pour toi. » siffle Katsuki en me filant un coup de coude. « Si tu le blesses, je fais cuire ton cul bicolore sur une broche. Avec des pics en fer rouillés dessus. »

« Y'a que mon visage de bicolore, débile. »

« C'est ça, change de sujet. »

Soudain, j'aperçois Toshinori nous rejoindre de sa démarche tranquille. Comme toujours depuis que je le connais, il affiche un immense sourire empli d'espoir et de promesses.

Étrangement, c'est plutôt efficace sur moi.

« Heureux de vous voir en si bons termes, les garçons. » nous salue-t-il en hochant la tête.

« C'est vite dit. » râle le blond en évitant son regard azur.

« On s'aime comme des fous. » intervins-je sans ciller.

Le Grand Prêtre éclate de rire. Il sait que nous mentons et que, malgré nos différences, nous commençons sincèrement à nous apprécier. Mine de rien, nous avons beaucoup en commun – c'est juste que nous ne nous exprimons pas de la même façon.

« Je vous remercie pour vos efforts. » reprend le vieil homme en essuyant une larmichette. « Tant que nous serons soudés, il ne pourra rien nous arriver de fâcheux, j'en suis persuadé. »

Nous gardons le silence, craignant d'attirer le mauvais œil. Nous avons certes millimétré le déroulé des prochains événements, mais la marge d'erreur n'en reste pas moins non négligeable.

« Shoto, Kacchan! Vous êtes là! »

Le timbre d'Izuku me tire immédiatement de mes pensées soucieuses. Pourtant vêtu de façon ordinaire, il illumine l'espace de sa simple présence. Je pourrais contempler ses iris verts et ses lèvres pleines toute la journée, juste pour les graver dans ma tête...

Quand je le vois, je ne peux que me remémorer l'horrible nouvelle apparence du troisième fragment.

« Bien sûr qu'on est là, le nerd! On a fini nos exercices. » lui explique son meilleur ami, presque tendre.

Momo nous rejoint aussi, visiblement satisfaite de sa session. En tant que mage argentée, elle dispose en réalité d'un panel de possibilités infini apte à retourner le cerveau de n'importe qui. Grâce à son mentor attitré aux ondulations émeraude, elle évolue à une vitesse vertigineuse et paraît plus proche que jamais de son objectif.

« Ochaco et Mezo nous attendent. » annonce-t-elle.

Et, sans y penser, nous lui emboîtons le pas vers la chapelle.

L'enchanteur de lumière nous accueille sans un mot, avec cette discrétion qui pourrait m'être dérangeante si je ne le connaissais pas suffisamment. Son envergure et les aptitudes qu'il contrôle à la perfection me fascinent toujours autant – bien davantage que son masque, qui fait apparemment jaser certains d'Ébène.

« Prêt pour la dernière réunion? » s'enquiert Momo en se plaçant à son côté.

Je suis heureux de la voir si proche de quelqu'un d'autre. Il faut dire que, en tant que fille unique d'une famille riche et difficilement accessible, elle n'a pas eu beaucoup d'occasions de se lier.

Notre arrivée dans ces tunnels a bouleversé nos vies – pour le meilleur comme pour le pire.

« Bien sûr. » approuve Mezo. « Nous le sommes tous, pas vrai? »

Ochaco nous fait alors signe de la rejoindre devant l'autel, éclairée en contre-jour par les vitraux. Le visage creusé par des cernes violacés et les cheveux hirsutes, elle triture ses doigts nerveusement. Mon cœur se compresse entre mes côtes, inquiet pour cette jeune femme qui m'a tant aidé.

Heureusement, son fidèle Katsuki se précipite auprès d'elle et la serre contre lui. Il vibre d'une angoisse que je ne peux que comprendre : appliquée comme elle est, elle n'a pas dû ménager ses efforts au cours de ses voyages aériens...

Son état est réellement préoccupant.

« Si tu ressens le besoin de te reposer avant de... » propose Toshinori en s'approchant également, une main tendue vers elle.

« Je me sens capable d'assurer la suite. » affirme-t-elle d'une voix légèrement cassée. « J'ai enfin parcouru l'ensemble des terrains principaux de la Légion. »

Elle s'éloigne, et nous nous penchons au-dessus de la carte aux traits sûrs qu'elle a déposée sur la table sacrée. Les détails relevés y sont minutieusement légendés, reliés à des couleurs précises indiquées dans la marge : impossible de s'y perdre.

« L'Église du Clergé. » marmonné-je en repérant notre destination finale.

Izuku installe doucement sa tête sur mon épaule : il comprend à quel point la perspective de pénétrer dans cette bâtisse prohibée me terrifie. On m'a répété des milliers de fois que je n'aurais jamais le droit d'y entrer, à moins d'obtenir les faveurs d'un membre haut placé de cette organisation religieuse pourrie jusqu'à la moelle...

Un interdit que je vais devoir braver très bientôt.

« Et si on commençait? » suggère Mezo en ouvrant ses longues ailes. « Ça nous permettra peut-être de nous... détendre . »

Lui aussi a peur?

« Shoto? » m'interpelle-t-il.

J'accepte en avalant difficilement ma salive. Ce que mes paroles vont réveiller m'effraie presque plus que le reste.

« Nous partons dans deux jours. » amorcé-je.

Un mutisme concentré s'installe. Izuku se colle un peu plus à moi, mêlant ses magies aux miennes.

« Nous devrons être sur place à la tombée de la nuit, quand la nouvelle lune sera haute. Puisqu'on ne peut la voir, le Clergé la considère comme une tentative ponctuelle de Lilith de récupérer le contrôle sur le monde – ce qui nous arrange, étant donné que l'Église est désertée à cette période pour ne pas... subir Ses mauvaises ondes . »

J'inspire, désormais consterné de raconter de telles inepties.

« Les Protecteurs volontaires rejoindront le terrain en avance et le sécuriseront. Ils échangeront ensuite leur place avec celle des gardes mis hors service par les attaques lumineuses de Mezo et son équipe... Ceux localisés par Ochaco, en somme. »

Vive et intangible à l'instar de son élément, elle a réussi à noter les horaires de chaque groupe de soldats ainsi que leurs différents postes. Grâce à elle, nous disposons donc de plusieurs documents précieux à réviser avant notre sortie des souterrains.

« Nous devrons entrer en nombre réduit. Nos empreintes oculaires, à Momo et moi, nous serviront à ouvrir les portes blindées. Ensuite... nous nous réunirons, et entamerons le rituel que nous avons imaginé. »

Je regarde le ou la concerné.e en énumérant chaque correspondance :

« Momo pour la magie argentée, Mezo pour la dorée, Ochaco et Katsuki pour la bleue... Izuku pour la violette, moi pour la rouge. Et... »

Mes poumons réclament de l'air.

« Mon père pour la verte. »

Logique héréditaire implacable. J'ai failli en crever de rire quand j'ai fini par comprendre.

« Momo l'attirera dans le chœur grâce au troisième fragment, où nous prierons afin de réunir Ève et Lilith. »

Maman... Encore un peu de patience, d'accord?

« Et enfin, je le tuerai avec un sortilège de sang. »


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