𝔒𝔫𝔷𝔦𝔢̀𝔪𝔢 𝔐𝔢𝔰𝔰𝔢 : Magie impétueuse

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˚*•̩̩͙✩•̩̩͙*˚ PDV : Katsuki Bakugo d'Ébène ˚*•̩̩͙✩•̩̩͙*˚


« Je t'en prie, Katsuki. Prends le temps de te poser quelques instants... »

« Vous, vos conseils, vous savez où vous pouvez vous les mettre! »

« Si tu continues à mal parler à Toshinori, je te jure que je t'envoie une tornade en pleine face! »

« Mais, Ocha... »

« Pas de mais! »

Furieuse, ma petite mage d'air colle presque son nez au mien. Je vois l'inquiétude et la colère danser dans ses yeux noisette, mais ce constat ne suffit pas à apaiser mon envie de tout cramer.

« Izuku est assez grand pour faire ses propres choix! En te comportant de la sorte, tu le renvoies au rang d'enfant incapable de se débrouiller seul! » me tance-t-elle à nouveau sans se soucier de ma respiration de plus en plus erratique.

« Il pense qu'à son prochain, bordel! Il est prêt à risquer son cul dans ce monde astral de merde juste pour nous épargner les saloperies de cet enfoiré de Himura! Faut bien que quelqu'un le protège lui! »

Je fais de mon mieux pour me contenir face à elle, mais ce que c'est dur! Lilith elle-même sait que je l'aime comme personne – et c'est ce qui m'empêche systématiquement de lui brailler dessus. Rien que de voir sa bouille rougie par l'intensité de sa contrariété et ses pupilles luisantes... Je regrette d'accentuer tout ça.

Mais les flammes qui me brûlent les veines n'en ont strictement rien à foutre.

« Katsuki. Je te demande une dernière fois de te calmer. »

La voix profonde du Grand Prêtre court le long de ma colonne vertébrale. Je me paralyse une seconde, touché par l'autorité naturelle qu'il dégage et que je lui envie. Il n'a jamais eu besoin de crier : la communauté l'écoute quoi qu'il arrive. Est-ce grâce à son âge, son expérience, sa sagesse? Ou simplement à sa bienveillance et sa tolérance hors norme?

« Si je comprends bien, je suis le seul à en avoir quelque chose à faire. » grondé-je en baissant la tête, poings serrés.

« Tu dis ça sous le coup de l'émotion et tu le sais. » me détrompe-t-il en s'approchant de moi.

Ochaco lui laisse sa place sans qu'il ait à la lui demander. J'entends le drapé de sa soutane glisser sur le sol et suis vite submergé par l'aura écrasante qu'il projette en permanence sans s'en rendre compte. Son lien privilégié avec la Déesse le situe bien au-dessus de nous, et ça me fait toujours aussi mal de le subir.

« Peux-tu me regarder, s'il te plaît? »

Je m'exécute, complètement en vrac.

« Izuku est plus fort que ton cœur de grand frère ne te le laisse penser. »

Aucun agacement ne transparaît dans le bleu azur de ses iris. Comme d'habitude, il s'efforce de favoriser son empathie.

Comment faire pour lui ressembler, putain?

« Il a hérité de la détermination de sa mère et de l'optimisme inné de son père. Nous sommes tous conscients de leur association réussie, qu'il a tissée au fil des années. »

« Et s'il ne revient pas? » marmonné-je.

« Il reviendra. Il nous aime trop pour baisser les bras. »

Je n'ai plus rien à rétorquer. Je déteste avoir tort mais, pour le coup, je passerais juste pour un immonde connard si je persistais.

Je finis par lâcher un soupir et par entamer une ronde de cent pas au beau milieu des appartements de Toshinori. Selon lui, Deku fera en sorte d'y atterrir lorsqu'il traînera Shoto dans le monde réel suite aux révélations qu'il espère obtenir. Ça lui ressemble bien de choisir un tel endroit, à l'abri des regards, aussi n'ai-je pas tenté de mettre mon grain de sel durant notre regroupement.

Les lueurs virevoltantes des torches qui éclairent l'entrée de la grotte de recueillement me narguent presque. C'est là que mon meilleur ami a rencontré le glaçon de mes deux. C'est sans doute puéril, mais si je pouvais provoquer l'effondrement de cette merde, je n'hésiterais pas une seconde. Comme si cet amas de rochers était responsable, hein?

Je me sens impuissant. Normalement, je règle mes problèmes à coup de poings ardents, pas en creusant un sentier dans la piaule du Grand Prêtre!

« Ça y est! » s'exclame alors Momo.

Je l'avais oubliée, celle-là. Calfeutrée dans son coin sur une des chaises branlantes, elle a à peine prononcé trois mots avant de se murer dans un silence sinistre. Avec son regard sombre empli de vide et ses traits tirés par un manque de sommeil évident, elle suscite chez moi un genre de pitié que je trouve insupportable. J'ai assez à gérer dans ma propre tête sans en plus devoir m'inquiéter du contenu de celles des autres!

« Qu'est-ce que tu chouines, toi? » l'agressé-je aussitôt.

« Tu as du mal à comprendre une phrase basique? » rétorque-t-elle en se levant.

Visiblement, elle a repris du poil de la bête...

« Tu me cherches? »

« Oh, tu veux jouer à ça? »

Ce n'est que quand je m'apprête à lui foncer dessus qu'un bref éclair violacé illumine la pièce, suivi de près par un claquement. La porte du monde astral vient de se refermer! J'en oublie la brunette et ses conneries.

« Deku! » m'exclamé-je en découvrant mon brocoli en larmes à même le sol.

Je ne réfléchis pas et m'agenouille à son côté. Il tremble et baragouine des mots que je peine à comprendre. Le seul que je parviens à discerner est "monstre"... Mais de quoi parle-t-il encore?

« Shoto! » crie Momo en s'élançant à son tour vers son pote.

Celui-ci se tient debout, légèrement avachi. Je réalise qu'une partie impressionnante de son visage est teintée de rouge – rien de trop vif, mais c'est suffisamment inquiétant pour que je le remarque. Deku l'aurait-il tabassé? Cette idée n'est pas pour me déplaire.

« Est-ce que ça va? Il t'a fait du mal? »

Le glaçon ne répond pas. Ses bras pendent misérablement le long de son corps, et il ne semble pas disposé à nous fournir une quelconque explication. Moi, ce que je comprends, c'est qu'il est le seul en état de tenir sur ses deux jambes. Deku est en train de chialer contre moi et n'est plus apte à bavasser comme il aime tant le faire – ça suffit pour déclencher l'éruption de mon volcan intérieur.

« Qu'est-ce que tu lui as fait? » demandé-je en maîtrisant étrangement bien ma voix. « Si tu me réponds pas dans cinq secondes, je jure que je t'écrase la gueule au sol. »

« Tu ne vas rien faire, connard. » s'interpose d'emblée la sorcière.

Du coin de l'œil, j'aperçois Ochaco. Elle s'est arrêtée pile au moment où l'autre est intervenue, sinon je sais qu'elle m'en aurait collé une elle-même. C'est donc ça, la sororité?

« Tu m'effraies pas, duchesse. S'il faut que je t'éclate avant lui, crois-moi que je vais pas me gêner. »

« Moooh, avec le briquet qui te sert de magie? Je serais curieuse de voir ça. »

Je n'entends pas Toshinori lorsqu'il m'appelle, ni ne sens sa main qui tente de m'attraper avant que je ne commette un acte stupide. Manque de pot : je suis plus rapide et me jette sur le cerbère improvisé en invoquant mon feu. Mes bras s'illuminent...

Et Shoto me percute en plein torse.


˚*•̩̩͙✩•̩̩͙*˚ PDV : Momo Yaoyorozu d'Albâtre ˚*•̩̩͙✩•̩̩͙*˚


Je n'ai pas le temps de réagir qu'il est déjà au contact de Katsuki. Pas un mot, pas un bruit : ses réflexes de soldat ont pris le dessus et je sais pertinemment qu'ils l'empêcheront de lâcher le morceau. Il a toujours été comme ça.

Sauf que là, en cet instant, tandis que sa fureur se déchaîne en envoyant valser les meubles, je peine à le reconnaître. Il n'est plus mon Shoto.

Il est le Todoroki que son père aimerait tant qu'il devienne.

Les insultes fusent. Je rejoins l'autre sorcière et, sans nous concerter, nous nous focalisons sur les deux opposants – Katsuki pour elle et Shoto pour moi. Ma force brute, même pleinement employée, n'est pas suffisante pour contenir son élan. Ce n'est que quand mon alliée utilise ses pouvoirs que nous parvenons à les séparer. J'entends d'une oreille distraite les pleurs de plus en plus intenses d'Izuku...

« Lâche-moi, merde! » hurle le blond en se débattant dans les bras de sa copine.

Celle-ci ne dit rien mais ne relâche pas pour autant son sortilège. Elle s'accorde même le plaisir d'éteindre celui du démon qui jette une œillade carmin terrifiante à mon camarade.

« Essaie encore une seule fois de t'en prendre à Momo et je te tue! » rétorque-t-il justement. « Tu peux me balancer toutes les saloperies que tu veux, mais je t'interdis de la toucher! »

« Cessez! » tonne soudain le Grand Prêtre de Lilith en s'immisçant brutalement. « Les Déesses ont honte de votre attitude, messieurs! Vous vous comportez comme les vipères qui ont alimenté cette guerre! »

Le silence s'installe, troublé par les respirations inégales des rivaux. Je ne peux voir les traits de Shoto, mais j'y devine sans mal cette expression protectrice qu'il arbore dès que quelqu'un ose me menacer. Il a beau savoir que je ne suis pas en sucre, son amitié l'empêche de garder la tête froide. Suite à ses récentes révélations, je comprends qu'il a reporté sur moi son besoin de défendre sa mère – que son père a sciemment étouffé.

Je ne pourrais l'expliquer, mais sa confession a éveillé en moi une part de ma magie que je ne connaissais pas. J'ai l'impression d'être désormais prête à analyser les émotions des autres d'une manière beaucoup plus poussée et précise... Je suis certaine que les d'Ébène clarifieront ce qu'il en est exactement. Ils m'ont prouvé lors de la Messe Noire qu'ils en savaient bien davantage que notre brigade au grand complet.

« Parle, Shoto. Izuku n'est pas en état, mais j'aimerais que tu le fasses. » reprend l'homme squelettique en baissant d'un ton. « Dès que la situation sera éclaircie, nous pourrons avancer. »

Shoto se tend encore plus. Qu'a-t-il pu vivre là-bas qui le mette dans cet état?

« Vous savez ce qu'il en est. » grogne-t-il. « Arrêtez votre cinéma. »

« Certainement. Mais je doute que Katsuki et Ochaco aient deviné. Or, ils méritent ta sincérité. Tu n'es pas d'accord? »

Face à nous, l'enragé semble sur le point de cracher un nouveau juron – heureusement étouffé par la main ferme de sa gardienne.

« Il va essayer de me tuer pour de bon, pas vrai? »

« Il se contiendra. Tu apprendras au fil du temps qu'il a bon fond malgré son allure de bête sauvage. »

Ce n'est pas le moment, mais un rire discret m'échappe. Je crois que j'apprécie déjà ce personnage, pour le moins extraordinaire...

Contre moi, Shoto reprend son souffle et s'apaise un peu. Je décide de lui faire confiance et le libère. Il va vraiment tout leur avouer, alors?

« Bon, puisqu'il le faut... » soupire-t-il.

Ochaco autorise également son adversaire à participer à la conversation et le relâche. Le doux bruit émis par sa magie disparaît et seuls les reniflements d'Izuku sont là pour souligner la gravité des propos que s'apprête à tenir mon meilleur ami.

« Je m'appelle Shoto Todoroki. » lâche-t-il. « Le fils d'Enji Todoroki, chef de la brigade d'élite Endeavor. »

Bizarrement, Katsuki ne produit aucun son. Je le surveille avec attention, prête à intervenir s'il esquisse ne serait-ce qu'un geste louche.

« C'est sûrement visible... Ma véritable apparence est en train de reprendre le dessus. »

C'est vrai : certaines de ses mèches rougissent un peu plus à chaque seconde qui s'écoule.

« Je ne demande pas votre pitié. Ni votre pardon. Je sais que je vais devoir le mériter. J'ai commis des actes affreux sous les ordres de mon père, sans me poser de questions. »

Je ne peux pas le laisser affronter ça seul!

« Nous les avons commis. Je suis membre de la Légion Blanche également. » avoué-je.

« Notre mission était d'infiltrer les souterrains et de les détruire de l'intérieur afin de récupérer le troisième fragment. Nous devions ensuite le restituer à Ève et ainsi réaliser le projet insensé du Clergé : annihiler les d'Ébène une bonne fois pour toutes. »

Le Grand Prêtre a alors une réaction étonnante : il hoche la tête d'un air... heureux. J'écarquille les yeux malgré moi, troublée.

« Je vous remercie de votre franchise. » dit-il en souriant. « Soyez rassurés, je ne compte pas vous expulser ou vous livrer à un lynchage public. Notre communauté n'a pas à rougir de ces attaques, bien au contraire. La guerre s'est éternisée parce que les deux camps s'y sont jetés à corps perdu. »

Puis, il se tourne vers Katsuki. Je suis d'autant plus choquée que celui-ci n'a pas proféré une seule insulte à notre encontre. Mais qui sont ces gens, à la fin?

« En revanche, je pense que ce sera complexe à assimiler pour notre jeune camarade... » poursuit Toshinori, soudain contrit.

« C'est le moins qu'on puisse dire... » chuchote Ochaco, les prunelles brillantes de larmes.

Nous en restons muets. Sans réfléchir, et parce qu'il m'y a autorisée plus tôt, je prends la main de Shoto et la serre fort. J'appréhende tellement...

« Enji Todoroki est celui qui a tué notre ami... Eijiro Kirishima. »


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Merci encore pour cet adorable fanart, Louloute_Oriane! 🥰

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