ℌ𝔲𝔦𝔱𝔦𝔢̀𝔪𝔢 𝔐𝔢𝔰𝔰𝔢 : Magies complémentaires
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˚*•̩̩͙✩•̩̩͙*˚ PDV : Shoto Todoroki d'Albâtre ˚*•̩̩͙✩•̩̩͙*˚
La chambre d'Izuku est un petit havre de paix aux teintes claires. Ici, tout respire la quiétude et la bienveillance, à l'image du garçon aux cheveux ondulés – qui m'a à sa merci sans que j'y trouve quoi que ce soit à redire.
Une fois la Messe Noire terminée, il m'a demandé de le suivre. J'ai accepté dans la seconde, incapable de me détacher de lui, de laisser ses doigts s'éloigner des miens. Il m'a été d'un tel secours lors de la cérémonie...
Quand les Martyrs ont accompli leur mission, je suis resté bouche bée. Impossible de me désintéresser des gouttes d'un rouge profond qui rejoignaient leurs sœurs dans le calice en argent. Dans ma tête, les clichés que l'on m'a enseignés sont remontés en se bousculant, tentant désespérément de salir la vision qui se présentait. J'entendais presque mon paternel hurler, m'insulter de tous les noms quant à ma réaction – inacceptable pour un Todoroki.
Mais j'ai réussi à passer outre dès qu'Izuku m'a rassuré en me touchant à deux reprises. Quand il a caressé mon épaule et effleuré le dos de ma main, il m'a empêché de sombrer et de laisser mes réflexes d'Albâtre se manifester. Il m'a aidé à ne pas céder, à ne pas réprimer une énième fois ma part d'Ébène. Et putain, ce que c'était dur!
Contrairement à lui, je n'ai pas été élevé par des personnes stables. Je suis né dans une famille dysfonctionnelle, avec un père violent à la limite de la barbarie et une mère désespérément réceptive à ses manipulations. Aussi, même si je crois qu'elle m'a toujours porté une affection immense et sincère, elle n'était pas en mesure d'empêcher son mari de me marteler le crâne avec sa saloperie de propagande.
Parce que maintenant, je sais.
Et je ne me laisserai plus faire.
C'est d'ailleurs pour cette raison que je suis ici, installé confortablement sur le lit de mon camarade sang-mêlé. Assis en tailleur, nous discutons de tout et de rien, nous abreuvant mutuellement de nos connaissances respectives. C'est une telle évidence de parler avec lui, de l'écouter et de l'apprendre...
Je ne sais pas ce que signifient exactement ces instants, mais je suis certain de ne pas avoir envie qu'ils se terminent. Certes, nous ne nous sommes pas quittés au cours de cette semaine, mais je crains déjà notre séparation lorsque nous devrons commencer à nous familiariser avec le troisième fragment. Le Grand Prêtre et ses fidèles nous laissent seuls sans nous déranger, mais j'imagine que nous devrons bientôt nous mettre au travail...
« Tu as l'air soucieux. » remarque Izuku en essayant d'attirer mon attention.
« Oh, pardon. » sursauté-je. « J'étais dans mes pensées. »
« Tu n'as pas à t'excuser pour ça. » me reprend-il d'un sourire. « Je me doute que tu n'es pas aussi serein que tu prétends l'être. »
« J'ai l'impression d'être un silex inexpressif. » plaisanté-je.
« Oh, ce n'est pas le cas! Disons juste que... Tu as ta façon bien à toi de te livrer. »
« Comment ça? »
« Tu ne t'en es jamais aperçu? Ce que tu ressens émane littéralement de toi. »
Je me redresse et le contemple sans trouver les bons mots. Mais de quoi parle-t-il?
« Tu ne connais pas les couleurs des magies, n'est-ce pas? » me demande-t-il en approchant ses doigts.
Sans hésiter, je m'en empare délicatement et ne bouge plus, impatient de l'entendre me raconter une nouvelle histoire. Il a un talent d'orateur qui m'impressionne – sûrement cultivé avec l'aide de Toshinori. Ajouté au son mélodieux de sa voix, c'est juste...
« C'est une leçon que le Clergé n'enseigne plus depuis longtemps. » commence-t-il en effleurant mon pouce du sien. « Dis-toi que les parents de Kacchan eux-mêmes ne la connaissaient pas en arrivant dans les souterrains! »
« Ils sont ici depuis quand? »
« Kacchan est né peu après, donc environ vingt ans. »
J'acquiesce, prêt à entendre la suite.
« Lorsque les sœurs ont été séparées, Leurs caractéristiques et pouvoirs se sont éparpillés sur l'humanité. » reprend-il. « Ève a transmis Ses pensées, Son émotivité et Sa douceur, tandis que Lilith léguait Son sang, Son expérience et Son art. »
Ses iris reflètent une passion que je trouve magnifique à observer.
« Au fil des siècles, nos ancêtres ont conclu que ces dons permettaient de classifier chaque magie. Ils se sont décidés pour six couleurs, afin que leur présentation soit la plus claire possible pour tous. Leur but était avant tout d'aider les jeunes sorciers à mieux se comprendre en offrant à chacun une communauté propre à ses pouvoirs. »
« Trois couleurs par camp, je suppose? »
« Exact. Les d'Albâtre ont été catégorisés avec le bleu, l'argenté et le vert. Quant aux d'Ébène, ils ont hérité du rouge, du doré et du violet. »
« Elles ont été choisies d'un commun accord ou l'un a décidé pour l'autre? »
« À l'époque, la guerre n'était pas si violente. C'est à l'apparition de l'industrie des armes que les choses ont commencé à partir en vrille. »
Je baisse les yeux, la culpabilité me rongeant de l'intérieur. Nous avons évoqué le sujet plusieurs fois, et pourtant l'intensité de la douleur ne diminue pas. Bien sûr, je savais ce que je faisais quand j'infiltrais des groupes d'Ébène illégaux avec Momo. Nous étions conscients que nos actions mèneraient à la détresse fatale de ces sorciers.
Pour autant, est-ce que je me sens réellement fautif ou est-ce que ce revirement n'est dû qu'à ma rencontre inespérée avec Izuku? Aucune idée. Dans tous les cas, je ne suis pas assez fleur bleue pour oser prétendre que mes actes et mon passé de soldat sont loin derrière moi. Je reste un d'Albâtre, élevé et entraîné comme tel par le chef de brigade le plus redouté de sa génération.
Nous ne sommes pas dans une foutue romance.
« Tu es encore parti. »
Le timbre de mon alter ego me secoue à nouveau. Bordel, il faut vraiment que je me reprenne!
« Désolé. » marmonné-je. « Ça fait beaucoup d'infos. »
« Je sais. »
« Bon, on continue? »
Est-ce que c'est de l'inquiétude que j'aperçois troubler ses émeraudes?
« Bien sûr. J'en étais où, déjà? Ah, oui! Les couleurs. »
Il baisse la tête et se concentre sur les lignes de ma main.
« La magie bleue réunit les sorciers qui maîtrisent un ou plusieurs éléments. L'argentée désigne la puissance de l'esprit et la verte, les méthodes de guérison. »
Un infime tremblement parcourt sa peau.
« Quant aux autres... La rouge symbolise le sang. La dorée, la lumière. Et... la violette, les astres. »
Je tente d'assimiler efficacement ces correspondances, mais mon cerveau peine à établir un tableau convenable.
« Ces magies sont complémentaires. Les éléments vont avec la lumière, l'esprit avec les astres, la guérison avec le sang. Nous incarnons les liens forts qui unissent les Déesses depuis la création du monde, et l'impact bénéfique qu'Elles avaient sur nous avant que la séparation n'ait lieu. »
« Aucun des deux camps ne représente uniquement le ciel ou la terre, alors? »
« Non. C'est pour ça que le Clergé a effacé cette partie. »
Sa voix vacille au moment où il conclut : « C'est pour ça qu'on se connaît si mal. »
Il ne l'exprime pas distinctement, mais je l'entends.
L'ignorance est le véritable fléau de nos batailles.
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Puisqu'il faut bien manger, je me suis proposé pour aller à la salle des repas. Elle est presque vide à cette heure de l'après-midi – ce qui m'arrange. De ce que j'ai compris en croisant brièvement Ochaco hier, nous sommes le sujet actuel préféré des conversations.
Heureusement, au moment où j'entre, il n'y a que quelques sorciers en train de discuter, profitant sans doute de leur temps libre.
D'après Izuku, les membres de la communauté n'ont jamais cessé de s'entraider pour survivre. Que ce soit dans les jardins cachés, l'école ou les cuisines, chaque spécialité magique est mise à contribution afin de garantir un confort décent à l'ensemble des habitants.
Dans le cas d'Ochaco, il me semble qu'elle est assignée aux grottes des cultures, en tant que mage aérienne. Elle serait capable de reproduire certaines météos avec ses collègues, et donc de favoriser la croissance des végétaux. Ce serait sans doute plus simple de faire appel à un sorcier de la terre, mais ils seraient alors dépourvus de toute valeur nutritive...
La nature n'aime pas qu'on bouscule ses cycles.
Je m'apprête à interpeller Rikido au comptoir, quand j'aperçois une tête brune isolée que je ne connais que trop bien. Mon palpitant s'agite, et me voilà près d'elle en quelques secondes.
Ses épaules sont basses. Elle fixe sa tasse de café froid sans la voir, paraît recroquevillée sur sa chaise... Cette vision m'est insupportable.
« Salut. »
Ma voix résonne. Du côté de mon amie, aucune réaction : elle m'ignore ostensiblement.
« Momo? S'il te plaît. »
Silence radio.
« Est-ce que je peux m'asseoir? »
Mon mensonge lui pèse, c'est normal. J'ai passé les trois dernières années derrière un masque modelé par mon père, sans jamais lui témoigner la confiance qu'elle méritait. Au fond, j'ai toujours su qu'elle n'aurait rien dit à personne si je lui avais avoué ce secret familial.
Mais là-haut, à proximité d'Enji, c'était trop difficile.
Je finis par soupirer et, sans son accord, décide de m'installer en face d'elle. Pour déclencher une réaction, je traîne délibérément ma chaise le plus possible, profitant du sol tassé solidifié pour engendrer un grincement insupportable. Je me déteste de jouer à ça dans ces circonstances, mais je suis à court de moyens.
Elle me manque trop.
« Tu sais, le vœu de silence n'est plus à la mode depuis au moins un bon siècle. » me lancé-je. « Aussi fervent soit-il, aucun fidèle n'aurait réussi à s'y tenir. »
L'œillade onyx qu'elle me jette me confirme que j'ai touché son point sensible : la foi. C'est moche de ma part, mais je suis prêt à balancer toutes les bassesses du registre juste pour entendre à nouveau le son de sa voix.
« Globalement, les vœux sont devenus ringards. Les traditions se perdent toujours. »
Les cernes qui creusent son visage me donnent envie de hurler.
« Le Clergé a sans doute fini par se rendre compte qu'Ève s'en foutait... »
« Ferme-la, sale con! » braille-t-elle soudain en tapant du poing sur la table.
« ... Charmant. »
« C'est tout ce que ça te fait? »
« L'habitude. »
« Connard. »
« Ça fait répétition avec l'insulte précédente. »
« Tu es le pire être humain au monde! »
« Pour dire ça, tu as sûrement oublié l'existence de mon père. »
La façon dont elle se crispe m'indique qu'elle est sur le point de pleurer.
« Commence pas à me faire culpabiliser, OK? » lâche-t-elle d'un ton tremblotant. « C'est toi le menteur, ici. »
« C'est vrai. » avoué-je. « Et j'en suis désolé... Mais je n'avais pas le choix. »
« Un mensonge est un mensonge! »
Elle a enlevé des décibels, ce qui me rassure un peu : malgré tout ce bordel, elle tient à ce que notre fine couverture reste un minimum crédible. Elle ne cessera jamais de m'impressionner, décidément... Est-ce un talent dû à la magie argentée qu'elle semble posséder ou à l'entraînement militaire dispensé par nos supérieurs?
Quoi qu'il en soit, la vérité que je m'apprête à lui révéler risque de ne pas lui plaire. Elle veut que je sois honnête? Alors, allons-y.
« Si je te l'avais dit, tu aurais fini enfermée. » asséné-je sans ciller.
« Enji est ce qu'il est, mais n'abuse pas non plus! Arrête de lui mettre ta faute sur le dos, Shoto! Il reste le chef d'Endeavor, et... »
« Et un mari violent qui a emprisonné sa femme à cause de ses origines. » la coupé-je, incapable d'en entendre davantage.
Elle en devient muette. L'incompréhension la tiraille douloureusement et je m'en veux de lui infliger ces conneries. Elle mérite mieux.
« Momo, tu ne me connais pas tel que je suis. »
J'ai les joues brûlantes et le cœur en crise.
« Celui que tu as rencontré n'était pas le vrai moi. Pas plus que celui que tu as devant toi. »
Bordel.
« Tu crois que ma mère est morte, mais ce n'est pas le cas. Je ne suis pas non plus malade, et je n'ai jamais eu besoin de ces foutues potions hebdomadaires. »
Elle ne va pas cesser de m'aimer, hein?
« Rei Himura est une d'Ébène de naissance. Elle l'a caché à mon père dès leur rencontre mais, quand mes magies sont entrées en collision, il l'a directement enchaînée pour haute trahison. »
« Non... » murmure-t-elle, abasourdie.
« Je suis ivoire et rouge. J'ai une cicatrice qui s'étend de mon œil gauche à ma joue à cause de la confrontation de ces opposés... Et seules mes potions peuvent la dissimuler. »
« Shoto... »
« Je suis désolé. » répété-je. « Je te promets que tu verras bientôt ma vraie apparence. »
La tension qui nous entoure est insoutenable.
Pitié, faites qu'elle ne me déteste pas...
« J'ai choisi de ne plus les boire. Ce n'est donc qu'une question d'heures avant que je redevienne... »
J'inspire, terrorisé.
« Moi. »
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Histoire que tout soit le plus clair possible, j'ai créé un tableau recensant les six types magiques et leurs correspondances ✨ On va pas mal en parler par la suite, donc j'espère que ça te sera utile!
On se revoit très vite, c'est promis! Merci de me lire 💕
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