𝔇𝔦𝔵𝔦𝔢̀𝔪𝔢 𝔐𝔢𝔰𝔰𝔢 : Magie stellaire

Le dixième chapitre, ça y est!

Je l'avoue, c'est un cap qui me rend fière 🥰


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˚*•̩̩͙✩•̩̩͙*˚ PDV : Izuku Midoriya d'Ébène ˚*•̩̩͙✩•̩̩͙*˚


Son regard me dit tout ce que j'ai besoin de savoir. Ses iris clairs, si nets d'habitude, se troublent un peu plus chaque seconde.

Derrière lui, Momo semble pétrifiée. Elle me fixe sans ciller, mais je constate au tremblement de ses lèvres la panique qui l'envahit progressivement.

« Je suis désolé de t'infliger une énième source de stress. » m'excusé-je sans pour autant réussir à lui sourire. « Je vais devoir t'emprunter Shoto un petit moment. »

Et avant qu'elle ne puisse amorcer le moindre mouvement vers son ami, je m'empare du bras de celui-ci en invoquant la seconde magie qui coule dans mes veines : la violette, celle des astres.

Héritée de mon père biologique.

Le voyage est bref et ne me provoque qu'un léger étourdissement. En un instant, nous voilà isolés dans une infime partie du ciel, cernés de mille étoiles aux lueurs d'intensités variées. J'en aperçois certaines filer au loin, tandis que mes pieds se posent sur une surface invisible, mais non moins tangible, générée par mes pouvoirs.

Selon Toshinori, les sorciers violets sont rares. Eux seuls sont aptes à maîtriser les capacités les plus complexes imaginées par Lilith, d'une dangerosité incomparable psychologiquement parlant. Ils ne peuvent néanmoins s'en servir pour faire le mal, puisque leur essence a été définie par l'amour de notre Déesse pour les beautés de la nature.

Leur rôle est de lier le ciel et la terre – raison pour laquelle les Grands Prêtres portent fièrement cette couleur. Ils sont détestés par les d'Albâtre pour leur don de réunion et leur pacifisme. Le fait qu'ils refusent catégoriquement de se battre a en effet semé le doute dans les rangs ennemis à de multiples reprises...

Mon père, comme beaucoup d'autres, a payé pour ça.

Moi, j'en suis là, l'un des derniers violets encore en vie, à apprendre tant bien que mal des écrits poussiéreux conservés au fil des siècles, et de mon mentor. À commettre des erreurs pour comprendre la portée de ce don, à m'isoler dans la nuit en espérant apercevoir cet homme dont on m'a tant de fois dressé un portrait bienveillant... À souhaiter être assez fort pour lui ressembler et mériter la fierté de mes camarades.

Peut-être que ce que je suis sur le point d'accomplir nous sauvera tous d'une énième hécatombe, justement?

« O-où est-ce qu'on est? » bégaye alors un Shoto à quatre pattes.

Il ne tremble pas. Ma part argentée, en revanche, décèle sans mal la terreur absolue qui s'agite désespérément dans son corps. Elle envoie des signaux contradictoires à son cerveau et, si je n'interviens pas, il risque de tomber dans les pommes.

« Nous sommes en sécurité ici, je te le promets. »

Ma réponse est sèche. Je ne veux surtout pas qu'il s'aperçoive du tiraillement qui empêche mon affection pour lui et mon besoin de protéger les miens de se mettre d'accord.

« Est-ce que tu vas enfin être honnête avec moi, maintenant? » poursuis-je en croisant les bras. « Tu ne peux pas partir sans mon accord. Cet endroit est hors du temps et, à moins que je ne le décide, nous resterons. »

« O-on n'aurait pas pu discuter normalement? S-sur un sol visible? » rétorque-t-il.

Il parvient à quitter sa position enfantine afin de me faire face, sourcils froncés et jambes incertaines. Il a beau être plus grand que moi, je sais que je ne dois pas détourner le regard.

« Je ne vais pas te mentir, mon but était de te déstabiliser. Histoire que tu ne puisses plus inventer de mensonges crédibles. » lui expliqué-je sans ciller.

Il semble déjà à court de mots. On n'est pas près de redescendre!

« Je te conseille de parler si tu ne veux pas que je nous coince pour la décennie à venir. » le menacé-je, excédé.

« Non mais mets-toi à ma place deux secondes, Izuku! » gémit-il. « Tu m'embarques dans l'espace, sur un genre de plateforme transparente, et je suis censé être serein? »

« Je m'en fous complètement de tes états d'âme! » crié-je en me rapprochant. « Tu me dois la vérité, et je l'exige maintenant! »

« Mais qu'est-ce que tu imagines? Que je suis à ta disposition? »

Une colère légitime déforme légèrement son visage. Je crois d'ailleurs y discerner une couleur pâle inhabituelle sur tout un côté – probablement la faute des lueurs environnantes?

« Oui, complètement. Sans moi, pas de retour possible. » le tancé-je.

« Je déteste qu'on me prenne pour un jouet. » gronde-t-il en comblant l'espace entre nous.

« Et qu'est-ce que tu prévois de faire pour me contraindre? Utiliser ces pouvoirs que tu ne connais même pas? »

Mon insolence ne réussit qu'à raviver sa contrariété. Je me force à museler cette part de moi qui jubile à l'idée d'être la cause de son éclat : je veux que nous ayons une conversation d'adultes, pas que nous engagions un combat de coqs!

J'inspire profondément, déterminé à faire preuve de maturité. J'ai envie de le secouer à mort, mais ce sera pour une autre fois.

« S'il te plaît, Shoto. J'aimerais que tu sois honnête. Si tu ne l'es pas, je suis convaincu que nous n'arriverons à rien avec le troisième fragment. » plaidé-je, mes pupilles plantées dans les siennes. « Et non... Je ne dis pas ça pour te faire culpabiliser. J'imagine que tu t'en veux assez sans que j'aie besoin d'en rajouter. »

« Finement observé. » marmonne-t-il en se calmant à son tour.

« Parle-moi. Je suis capable de tout entendre. »

« J'en doute. »

« Nous sommes les deux seuls sang-mêlé connus. Tu as parfaitement conscience du lien inhabituel qui nous unit. »

Il détourne brièvement le regard, mal à l'aise. J'en ressens un pincement au cœur désagréable... L'idée d'être mon âme sœur lui déplaît-elle donc tant que ça?

« C'est impossible que tu ne me détestes pas après. »

Sa voix sonne plus instable que jamais. Je supporte mal de le voir ainsi, sans savoir ce qu'il éprouve.

J'ai peut-être une image de lui erronée, mais je ne le considère pas comme quelqu'un d'aisément lisible. Je ressens fort ses cachotteries, c'est vrai... Néanmoins, je ne suis pas en mesure de le déchiffrer avec exactitude.

Pour la première fois depuis longtemps, je doute de ma magie argentée, et en particulier de ma maîtrise de celle-ci. Vu nos origines similaires et notre rencontre quasi surnaturelle, je devrais déjà tout connaître de lui, non?

« Je t'en prie. » persisté-je sans rien laisser paraître. « Dis-moi. »

Il finit par se redresser et par m'accorder son attention à nouveau. Ses sourcils sont froncés mais, pour autant, je ne repère pas de signe me permettant de me préparer mentalement à ce qui arrive.

« Je suppose que tu as déjà croisé la brigade Endeavor. » commence-t-il.

« Bien sûr. » acquiescé-je.

Un frisson irrépressible court le long de mon échine. Mes pires craintes refont surface.

« Tu as aperçu le leader? Enji Todoroki? » demande encore Shoto.

« O-oui. Il a mené beaucoup d'attaques décisives contre nous et nos autres points de ralliement. »

« C'est un enfoiré. Un énorme enfoiré. Il maîtrise tout d'une main de fer, là-bas. Il entraîne ses soldats en leur imposant des méthodes militaires à la limite de la maltraitance, les épuise jusqu'à ce qu'ils ne soient même plus capables de se souvenir de leurs propres désirs. »

« Ça ne m'étonne pas. Où veux-tu en venir? »

J'ai peur, peur, peur...

« Il est marié. »

... Non.

« À une d'Ébène. »

Non.

« Elle s'appelle Rei Himura. »

Non!

« ... C'est ma mère. »

Ma vision se trouble.

« Elle lui a caché son ascendance jusqu'à mes douze ans. Quand mes sangs se sont affrontés, il ne lui a laissé aucune chance et l'a envoyée en prison, sous haute surveillance. »

« Shoto... Tu... »

« Ouais. Je suis le fils de l'autre enfoiré. Shoto Todoroki. Je ne ressemble pas à celui que tu vois. »

« C-comment ça? »

« J'ai les cheveux bicolores et les yeux vairons, auxquels tu peux ajouter la cicatrice qui me bouffe la gauche du visage. D'où les potions qu'a examinées Ochaco dans mon sac. »

« De la métamorphose? »

« C'est ça. Je dois normalement en boire une par semaine. Celle que je prépare le plus souvent me fait ressembler à mon père : tignasse rouge et iris bleus. Et celle que vous avez trouvée me donne les traits de ma mère... Ceux de maintenant. »

J'ai envie de me liquéfier.

« Le pire, c'est que j'ai été élevé comme un soldat, moi aussi. Un espion. Avec Momo, on a infiltré des dizaines de vos planques. On savait que ça mènerait à la perte des sorciers qui s'y cachaient, mais ça n'avait aucune importance... La Légion passait avant les vies humaines. »

Mon cerveau peine à assimiler ces horreurs. Cependant, je repère que ses épaules s'affaissent au fil de son récit... Ce n'est pas grand-chose, mais ça me prouve au moins qu'il n'est pas fier de ses actes.

Ce qui ne m'empêche aucunement de serrer les poings, enragé. Il faut dire que, pour le moment, c'est la seule émotion qui se démarque des autres.

« Je n'ai jamais tué de mes mains. » avoue-t-il soudain. « Mes collègues s'en chargeant pour moi, je n'avais pas besoin de les salir. Ça m'a même épargné pas mal de fois la culpabilité qui m'étouffe depuis mes premières secondes dans les souterrains. C'était... facile. Et j'ai laissé faire pendant des années. »

C'est moi ou il a cessé de respirer?

« C'était tellement plus simple que de me remettre en question. Je n'ai aucune excuse, et je ne peux pas non plus t'affirmer que je regrette mes choix. C'est horrible, dégueulasse, inhumain, ce que tu veux, mais je pense d'abord à ma mère. Si je n'écoute pas mon père, il va le lui faire payer. Il me tient avec ce moyen de pression. Il sait que je ne tenterai rien contre lui, de peur de ne plus jamais la revoir. »

Aurais-je été capable de commettre les mêmes crimes que lui, à sa place?

Aurais-je pu choisir entre le bien du plus grand nombre et la vie de maman?

Je suis terrifié quand je me rends compte que je n'ai aucune réponse.

« Je suis désolé, Izuku. Je vous ai rejoints pour vous détruire. »

Mon sang bat tellement fort dans mes tempes que je peine à le comprendre.

« Je ne le ferai pas. Je ne veux plus le faire. Tu es là, maintenant. Et... Lilith aussi. Je suis conscient de ce que ça implique... Mais ça ne m'effraie pas. »

« T'as pas le droit de dire ça... »

Je m'effondre. Les mots et le silence nocturne me vrillent le crâne, s'attaquent à ce petit bout de moi que je croyais empli d'une rancœur pure et sincère.

Ceux qui ont tué mon père!

Ceux qui ont forcé ma mère à fuir!

Ceux qui ont exécuté tant des nôtres!

Ceux qui nous considèrent également comme des...

« T'as pas le droit de réveiller ça! » crié-je alors en me jetant sur lui, prêt à le frapper. « T'as pas le droit de me rappeler que nous sommes pareils! »

« Izuku, stop! »

Shoto perd l'équilibre et nous finissons sur le sol transparent. Je tombe sur lui, le nez enfoui dans son pull, et je pleure en tremblant tel un gamin.

« T'as pas le droit de me rappeler que nous sommes aussi des monstres... »


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