Concours de @_Lilxce13
Hey ! Vous allez bien ? Ça fait un bail que j'ai pas posté ici mdr
Ceci est ma participation au concours de _Lilxce13 dont le thème est Noël, j'espère que ça se voit dans le texte-
Voilà j'espère que ça correspond à ton concours que cette petite nouvelle va te plaire 😁(je m'excuse d'avance pour les fautes d'orthographe je suis pas douée)
Tenant une feuille comme un vieux parchemin, elle fait glisser son crayon comme une plume de l'ancien temps. Elle fait rimer les guirlandes entre elles, crée des assonances entre les étoiles à chaque coin de page. Elle regroupe les couleurs par champs lexicaux et orne chaque ligne d'un présent au ruban doré.
Sa main marquée par les années est traversée de lacs bleutés. Ceux-ci semblent vouloir sortir de sous sa chair pour voir de plus près les illuminations de Noël que sa peau leur cache depuis si longtemps. Ses cheveux argentés entourant son cou lui rappellent toutes les caresses qu'ils avaient reçu dans les périodes de Noël. Les embrassades, les étreintes des retrouvailles familiales, les souvenirs des soirées étudiantes. Ce visage resté fin malgré les décennies témoigne d'un ancien joli minois, mais désormais les rides, les plis, l'occupent de part et d'autre. Seul les yeux, toujours aussi clairs, aussi bleus, aussi poignants, aussi lumineux que le premier jour sont restés jeunes.
Ce Noël sera son dernier noël, elle le sait, mais pourtant rien ne semble l'attrister. Pas même l'annonce du docteur, ni les coups réguliers et puissants du marteau de la maladie. Un pianiste semble jouer tout un concerto sur son crâne, mais cela ne la touche pas. Elle ne sent plus ses coups elle n'entend plus que les chœurs, les rires qui passent sous sa fenêtre.
Même ma main dans la sienne qui la serre si fort ne semble pas lui faire mal. Elle me regarde longuement, ses yeux si prenant fixés dans l'eau terne des miens. Chaque mot qu'elle prononce était dit avec une telle force, un tel charisme, qu'elle donne l'impression de parler dans un micro alors que ses phrases s'échappent dans un souffle faible. Elle dit mon nom une première fois, et m'indique de prendre la feuille qu'elle était en train de noircir. Elle dit mon nom une deuxième fois, et me donne un crayon. Elle dit mon nom une troisième fois, et commence son dernier récit.
Tous les événement relatés dans le conte qui va suivre se sont réellement passés. Si vous reconnaissez des endroits, des personnes, alors ce n'est pas une coïncidence. Cette histoire est on ne peut plus fidèle à la réalité puisque chaque mot sortit de sa bouche ont été copié scrupuleusement par ma personne.
Le plus beau Noël de ma vie fut celui de mes treize ans. Celui dont je me rappellerai encore bien des années après. En une journée, j'avais découvert toutes les émotions possibles et imaginables, en une journée, j'avais rencontré tous les états dans lesquels un être humain pouvait se trouver. Pour la première fois depuis de nombreux Noël, j'avais été heureuse.
Avant cela, je n'avais jamais aimé Noël. Trois ans auparavant, jour pour jour, mon père avait disparu sous les flocons. Il était parti le matin, et n'était toujours pas rentré la nuit tombée. Cet incident des plus mystérieux et des plus dramatiques me laissa un arrière-goût amer de cette période de Noël.
Je m'étais découvert très jeune une passion pour l'écriture, j'écrivais constamment. Mon bureau grouillait d'histoires, de poèmes, de chansons, même de scénarios. Ces mondes imaginés m'ouvraient leurs portes et grâce à eux, je pouvais me plonger loin de ma vie morne et sans artifices.
Le jour de Noël, mes écrits étaient toujours plus maussades, ils ne parlaient jamais de rires d'enfants, de chœurs innocents, ils ne vantaient jamais la beauté de la nature ni les concours de bonhomme de neige. Je décrivais la froideur du ciel, les regards sombres du soleil, les arbres nus, les feuilles piétinées par les passants, bousculées par les enfants sans scrupules. L'hiver et sa tristesse, Noël et son hypocrisie.
Quand certains avaient la hantise de la St Valentin, ou d'Halloween, moi, j'avais celle de Noël.
Ce Noël-ci, ma plume n'était pas moins sombre. J'étais sortie faire un tour au parc, j'aimais retracer le parcours que nous suivions avec mon père pendant nos balades. Assise sur un banc, pestant encore et toujours contre le froid, le vent, les gens, tout ce qui avait le malheur de me passer par l'esprit, je m'attelais à un nouveau poème.
Je réfléchissais à une rime quand j'entendis mon nom. Je relevai la tête et vis qu'un ami accourait vers moi.
Je le regardais sceptique quand tout sourire, Andrew me balança une boule-de-neige.
"Aller, souris un peu ! Il est temps que l'hiver remonte dans ton estime !" Me dit-il plein d'entrain.
Je ne lui souris pas en retour et me replongeai dans mon écriture. Il persista, et réussit à me faire entrer dans son jeu. Son sourire me fit oublier mes chansons bancales, et peu à peu, il me contamina. Quelques minutes plus tard, il dut partir, mais le souvenir de son enthousiasme ne partit pas avec lui. Pour la première fois depuis de nombreux Noël, je souris sans réfléchir.
J'allais me rasseoir, reprendre mes idées noires, quand Ava, une autre amie cria mon nom.
"Alice ! Viens voir !"
Hésitante à quitter mes précieux écrits, je pris mon cahier et la rejoins méfiante, ne voulant pas me faire une nouvelle fois attaquer.
Cette fois-ci, ce ne fut pas une boule-de-neige qui me prit d'assaut, mais un fou-rire.
À peine arrivai-je près d'elle qu'elle pointa un coin du parc. Son petit frère, que je connaissais bien, venait de coller sa langue à un lampadaire.
Les larmes me montèrent alors, mais contrairement à mes Noëls habituels, ce fut des larmes de rire. Le garçon regardait sa langue avec incompréhension, et cet air si sérieux face au ridicule de la situation me fit rejoindre mon amie dans sa crise d'hilarité. Deux mouettes auraient pu passer et nous prendre pour leurs congénères tellement nos cris étaient aigus et semblables aux leurs.
Pour la première fois depuis de nombreux Noël, je ris, le cœur léger.
Le prenant en pitié, nous avons fini par venir lui porter secours, et me voyant comme sa sauveuse, il m'écrasa contre lui. Un sourire bienveillant apparut sur mon visage alors que je lui ébouriffais les cheveux. Ils durent partir pour leur repas de Noël, et je les regardai s'éloigner en agitant la main.
Re de nouveau seule, la neige me parut tout de même moins froide que d'ordinaire, comme si mon sourire la faisait fondre, ou faisait s'évaporer d'elle tout ce qu'elle avait de négatif.
Je marchai le long du lac partiellement gelé, et me rappelai de la main de mon père dans la mienne alors que nous chantions "We wish you a merry Christmas", faux et fort, sans penser aux regards des autres, mais en interceptant seulement les rires bienveillants de certains passants.
Mon sourire se dissipa peu à peu, et alors que je marchais sans personne pour me tenir la main, pour me porter chaud, mes yeux s'assombrirent à nouveau.
Je m'appuyai contre un mur et repris ma mélancolie manuscrite. Je me surpris cependant à repenser aux étincelles des yeux de David et à ses blagues qui feraient pleurer les clowns.
J'appliquais un point à mon vers, quand un chant résonna dans le lointain.
L'hiver se lève, il respire ton souvenir
L'averse me berce, je ne peux plus m'endormir
Ces mots... Ils étaient de moi ! Sans réfléchir, je me mis à courir en suivant le son du chœur.
Si la neige ne te gardait pas prisonnier loin de tout
Je l'aimerais peut-être, cette poudre tombant des igloos
Ma course se poursuivit à travers le parc, elle me faisait aller d'arbre en arbre, me faisait couper les sentiers. Mon souffle formait des nuages blancs, l'air frais envahissait mon corps, mais je ne saurai expliquer si j'étais bouleversée, en colère, ou au comble de la joie, d'entendre chanter mes poèmes par ces magnifiques voix.
Les flocons sont les larmes du ciel,
L'hiver sa tristesse.
La pluie comme ses perles de miel,
L'été son ivresse.
Je descendis, mon cœur oubliant le froid. Il guidait mes pas vers l'air mélodieux qu'entonnait une soliste.
Certains, en passant devant une boulangerie hument son odeur, j'étais appâtée par mes propres mots qui s'échappaient de ce chœur.
Au fur et à mesure que j'entendais mes vers, les luminaires de Noël ne m'éblouirent plus. Je passais près du lac sans le remplir de mes larmes, je courais sur les sentiers sans pester sur les graviers, je croisais un Père Noël sans lui lancer de regard mauvais, je chantais avec cette chorale mystérieuse des mots que je connaissais par cœur, mes yeux retrouvaient l'étincelle que l'étoile du sapin leur avait volée.
En décembre le soleil n'a pas la force de réchauffer,
Et toi, avec tes guirlandes crois-tu pouvoir nous duper ?
Certes tu illumines, tu chantes, tu danses avec ardeur
Mais ce ne sont là que de vieilles copies du bonheur
J'approchais, les voix se faisaient de plus en plus compréhensibles, et mon cœur battait de plus en plus vite. Comment avaient-ils eu mes textes ? Pourquoi les chantaient-ils ainsi avec tant d'enthousiasme et d'émotion alors que nous étions le 25 décembre, et que mes poèmes ne faisaient que critiquer ce jour ?
En réécoutant mes paroles, je me rendis compte à quel point je m'étais montrée dure avec cette fête. Je l'avais attaquée comme si elle était la cause de la disparition de mon père. Pourtant, ce n'est pas le Père Noël qui l'avait enlevé et emmené de force dans son traîneau. Ce n'étaient pas les guirlandes qui l'avaient retenu prisonnier d'un magasin de jouets. Ce n'étaient pas les chansons qui l'avaient hypnotisé et manipulé. Ce n'était pas la faute des lumières, ni des sapins, ni des repas, ni des étoiles. Noël n'y était pour rien, et je semblais seulement m'en rendre compte.
Ma course croisa le grand sapin du parc qui avait été décoré des pieds à la tête par des étincelles de toutes les couleurs et de toutes les tailles. Mes yeux croisèrent mon reflet déformé, et je pris la boule dans ma main. Je lui souris, en me remémorant la décoration de la maison quand j'étais plus petite, lors de laquelle je harcelais mes parents pour que tout soit parfait, et que mon père riait en me regardant enfiler les boules au sapin avec grande délicatesse.
J'arrivais alors à la sortie du parc. Mes pas s'enchaînaient automatiquement et me menèrent devant la porte d'un pub, d'où mon chant s'échappait avec l'odeur d'une dinde rôtie. J'entrai timidement en poussant doucement la porte, et vis sur la scène les voix de mon cœur.
David était là, Ava aussi, puis Hugo, Caleb, Riley, Mia, et tous les autres. Ils étaient là, une photocopie de mes chansons à la main, un sourire sur le visage, mes poèmes dans la bouche.
Pour la première fois depuis de nombreux Noël, je sentais le bonheur m'envahir. Il m'assaillait.
Les choristes me regardèrent, et entonnèrent alors "Jingle Bell".
Pour la première fois depuis de nombreux Noël, cette chanson me fit sourire. Ils avaient transformé mon cœur de glace qui se gelait automatiquement à Noël en une étoile qui brillait comme les yeux d'un enfant. Cette alchimie me fit lever les yeux au ciel, et sourire au plafond. Métamorphoser une dépression chronique en un sourire sincère, c'était peut-être ça, la magie de Noël.
Elle s'arrête alors dans son récit. Je relève les yeux de la feuille et vois qu'une larme glisse le long de sa vieille joue fripée. Elle dit mon nom une première fois, et m'indique de poser la feuille que j'étais en train de noircir.
Et si je pouvais remonter le temps
J'irai m'asseoir près de moi sur ce banc.
Elle dit mon nom une deuxième fois et me prend mon crayon.
Noël n'est toujours pas plus chaud,
Les paysages pas moins froids,
Il existe des milliers de mots,
Pour sourire en pensant à toi.
Elle dit mon nom une troisième fois, et entonne l'air d'une dernière chanson.
En flocon irrésistible à la chaleur,
Mon cœur de glace était constamment en hiver,
Une entêtée tentée d'éviter ses erreurs
Désormais repentie je regarde en arrière.
Aujourd'hui je peux m'endormir sans colère,
Fermer les yeux sans craindre une dépression au gel,
Je peux rejoindre tous ceux que j'aime, même mon père,
En remerciant pleinement ce jour de Noël.
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2026 mots
Si certains sont perdus y avait un récit dans le récit (je précise juste au cas où c'était pas clair ^^')
Passez une bonne journée/soirée :)
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