Thème libre, pour @anns19_09


Maman, Papa

-MAIS J'ESSAIE, FIGUREZ VOUS !!! hurlai-je à travers la classe.

Le prof se figea, surprit par ma réponse. Tu m'étonnes. Il ne croyait pas que j'allais lui répondre.

Personne ne le croyait. Je ne l'avais dit à personne ici. J'avais l'impression d'être seule, j'étais seule ! Personne ne savait.

À part moi. Et ça faisait mal, ça faisait tellement mal.
-Pardon ? lança le prof, choqué.

Les autres élèves se gardèrent bien d'ouvrir la bouche. Tout le monde me fixait.

Moi. Mais comment je pouvais être encore de ce monde. Je ne le méritais pas. Si elle me détestait, elle, c'est que je ne le méritais pas.

J'enfouis ma tête dans mes mains en posant mes coudes sur mon bureau. Mes doigts s'agrippèrent à mes cheveux et se mirent à tirer fort. Ça faisait mal, mais pas autant que la tempête qui hurlait en moi.

J'avais envie de crier.

PUTAIN !! Pourquoi, maman, POURQUOI ?!

Je fermai les yeux très forts. Je ne devais pas pleurer. Papa m'avait dit qu'il fallait que je sois forte. Mais comment faire, maintenant ?

Je murmurais, en réponse au prof :

-J'essaie de me concentrer, mais je n'y arrive pas.

J'avais parlé si doucement que je n'étais même pas sûre qu'il m'ait entendu. Pas grave. Je ne méritais pas d'être entendue.

Le prof s'approcha de moi, et posa une main sur mon épaule, et appuya jusqu'à ce que je relève la tête.

-Tu peux répéter ?! rugit-il, les traits déformés par la colère.

Ça se comprenait. Je venais de lui crier dessus. Et puis même. Maman me l'avait craché à la figure, je ne méritais pas d'exister. Alors il avait bien le droit de m'en vouloir, même si je n'avais rien fait.

J'ouvris la bouche pour m'excuser, mais la souffrance m'empêcha de proférer le moindre son. Ms doigts retrouvèrent mes cheveux et se remirent à tirer, ma tête retomba.

Le prof sembla comprendre que quelque chose n'allait pas, et me dit d'une voix radoucie en me lâchant :

-Ça va, Jaïa ?

Non, non, ça n'allait pas.

« Sois forte », m'avait dit Papa. « MEURS !! », 'avait dit Maman.

Le dilemme était trop fort. Maman, Papa.

-Non, murmurai-je.

Cette fois-ci, le prof m'entendit.

-Qu'est ce qui se passe ? Tu peux nous dire.

Je relevai la tête et me levai complètement, les jambes tremblantes. Je me tournai vers le prof et dis :

-Je... Je sais pas... Pourquoi... pourquoi elle a fait ça ?

J'avais dit ça tout bas, d'une voix rauque, mais tout le monde dans la classe avait entendu.

-Qu'est-ce que tu veux dire ? me demanda le prof, les sourcils froncés. Qui a fait quoi ?

-Ma mère... elle...

J'inspirai profondément. Ma main droit attrapa mon bras gauche et se mis à lui planter ses ongles. Je voulais me faire mal. Maman avait voulut m'en faire, alors je le méritais.

-Qu'a-t-elle fait ? me pressa le prof.

Il avait l'air inquiet, maintenant. Il n'avait pourtant pas besoin de s'inquiéter pour moi. Je ne le méritais pas.

Je stoppai ma respiration. Allais-je avouer ce qui s'était passé ? Ou non. Seul Papa et la police savait. Allais-je oser tout raconté à ma classe et à mon prof ?

Sois forte.

Souffre. Meurs.

Je serrai les dents. Relevai à nouveau les mains pour ramener mes mains dans mes cheveux, que je perdais par poignées, à force de les torturer.

Non, je ne le dirai pas. Que ferait Maman si elle l'apprenait ?

Sois forte.

Meurs.

Mais Papa m'avait dit que je risquai d'avoir besoin de me confier.

Sois forte.

Meurs.

AHHHHHH !!!!!!!!!

Je n'étais qu'une enfant. Pourquoi je devais choisir ça ?!

Non, non, non.

-Meurs, connasse !!! Tu es la pire fille qui soit !!!!

-Maman, pitié !

Non, non, non.

-Sois forte, ma chérie. Il le faut. Il va falloir qu'on se serre les coudes maintenant, ok ? Ça va être dur, mais on va y arriver. On va se relever. Tous les deux.

Non, non, non.

Maman, Papa, pitié. Dites moi quoi faire...

Meurs.

Sois forte.

Je ne méritais pas de vivre.

Papa voulait qu'on se relève.

Je n'y arriverai pas.

Papa était là.

Papa, l'homme qui avait toujours été là, l'homme qui avait chassé les araignées de ma chambre quand j'étais petite, l'homme qui m'avait appris à nager, à marcher, à parler, à lire.

L'homme qui m'avait donné la vie.

Maman. Qui avait tenté de me la prendre.

-Ma mère a essayé de m'assassiner, lâchai-je à la classe.

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