Texte à partir d'une citation, pour @Clem_502_
Elle est morte, je suis vivant
« On n'a pas besoin de mourir pour perdre la vie ».
Je me souviens de cette citation, que j'avais vu sur internet. Avant, je la trouvais triste, sans vraiment la comprendre.
Aujourd'hui, elle m'attaque, elle m'agresse de ces paroles pleines de sens. Je regrette d'être tombée dessus et de l'avoir retenu. Maintenant, elle ne fait que me hanter, me rapportant sans cesse à ce qui s'est passé. Je suis encore là, encore en vie, mon cœur bat encore, mes poumons fonctionne toujours, mais au fond de moi, il n'y a plus rien. Je n'arrive même plus à retrouver des sentiments. Je devrais être triste, enfermé chez moi à hurler ma douleur, non ? Mais rien de tout ça. C'est juste le vide en moi. Il n'y a plus aucun sentiment. J'ai l'impression d'être mort avec elle. Sans doute le suis-je.
Rien n'a plus de saveur, maintenant. À quoi ça sert de rester en vie, sans elle ? Pourquoi elle a fait ça, putain ?!
Elle m'a sauvé la vie au péril de la sienne, mais maintenant qu'elle n'est plus là, je ne vis plus non plus. Je n'en ai plus envie. Elle s'est sacrifiée pour rien.
J'aurais tellement voulu qu'elle ne bouge pas ce jour là, qu'elle reste sur le bord de la route, plutôt que de courir vers moi. J'aurais tellement voulu qu'elle me laisse mourir pour qu'elle puisse vivre... Putain, j'aurais tellement voulu être à sa place !
Si je pouvais ressentir ces émotions que je suis censé éprouver, je sais qu'il y en aurait une qui surpasserait, la colère, la tristesse et le manque. C'est la culpabilité. C'est de ma faute si elle es morte, merde !
Si je n'avais pas été imprudent ce jour-là, je ne serai pas là seul. On serait à la maison, en train de rigoler, sans doute à faire un jeu de société.
Fichu instinct de protection fraternel. Elle est morte, maintenant, et moi avec. Je n'oublierai jamais la douleur que j'ai ressenti ce jour-là, quand elle m'a poussé loin du danger. Et je sais que cette souffrance, jamais elle ne disparaîtra.
La différence entre la vie et la mort et tellement infime... Elle est morte, mais elle n'a jamais était aussi vivante, aussi présente dans ma tête. Moi je suis vivant, mais je n'ai jamais été aussi mort, aussi absent.
Pourquoi il a fallu que ce soit elle, ma sœur jumelle, et pas moi ?
Ce jour-là, on était allé chercher des viennoiseries pour le goûter, à la boulangerie d'à côté. J'avais pris un pain au chocolat, et elle un chausson au pomme, et deux croissant pour nos parents. Ensuite, on a entamé le trajet du retour, et on s'est mis à faire la course. Comme c'était elle qui tenait nos achats, elle était gênée, et je l'ai vite dépassé. Je suis arrivée à la petite route qu'il fallait traverser avant d'arriver à notre quartier. Sur cette route il n'y avait jamais personne, alors je l'ai traversé sans faire attention. Mais le destin en a décidé autrement. Comme si tout était au ralenti, j'ai vu une voiture arriver sur moi à fond. Elle allait trop vite pour qu'elle ait le temps de freiner avant l'impact, et moi, la peur me paralysait, alors je n'ai pas bougé. Sans elle, je serai mort. Je l'ai entendu crier dans mon dos, je l'ai vu du coin de l'œil lâcher nos viennoiseries, et l'instant d'après, j'ai senti des mains sur mon dos. Et là, black out, jusqu'à moi, en larmes, en appelant l'ambulance, le chauffeur arrêté, en train de se diriger vers le corps de ma sœur, sans doute pour vérifier qu'elle allait bien. Il avait l'air furieux, et je le comprenais. C'était un jeune homme, d'apparence soigné, qui avait l'air d'avoir beaucoup d'argent, et le sang sur sa voiture luxueuse avait l'air de sacrément le mécontenter. Mais je m'en foutais. Tout ce que je souhaitais, c'était que l'ambulance arrive. Toujours au téléphone, j'observai, en larmes, l'homme accroupi dos à moi, face au corps de ma sœur. Je ne voyais pas ce qu'il faisait. Sans doute tentait-il de l'aider.
Je n'avais pas osé aller voir son état. Je ne voulais pas voir son sang, pas savoir si elle était morte où en vie.
L'ambulance est arrivé, l'homme s'est relevé. Sa main était pleine de sang.
Mes parents sont arrivés, et on a tous les trois regardé les infirmiers embarquer ma sœur. Je m'en voulait tellement...
On a fini par rentrer. Je me souviens du silence dans la voiture, seulement coupé par mes pleurs. Ma mère fixait un point devant elle, sans avoir l'air d'y croire, et mon père serrait le volant de toutes ses forces.
Quelques minutes plus tard, chez nous, le téléphone a sonné. C'est mon père qui a décroché. Je me souviens de son regard lorsqu'il s'est tourné vers nous.
Et de la façon dont j'ai crié. Dont j'ai hurlé. Je suis devenu totalement hystérique. J'ai hurlé que ça ne pouvait pas être possible, qu'elle n'était pas morte.
Quand je me suis calmé, j'étais mort à mon tour.
Et mon état s'est empiré lorsque j'ai appris qu'elle n'était pas morte dans l'accident. Que c'était l'homme qui l'avait sauvagement tuée, parce qu'elle avait taché sa bagnole.
Concours qui finalement n'est plus un concours XD
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