C'était un jour d'hiver.

Quand je m'étais réveillée, vers neuf heures, j'avais regardé par la fenêtre et j'avais souri en voyant les magnifiques flocons blancs tomber. J'adorais la neige.

J'adorais le début de cette journée. J'étais loin de me douter qu'elle allait devenir la pire de ma vie.

Vers onze heures,j'étais descendue et j'avais appelé mon petit frère. C'est là que tout a dégénéré.

-Noah ! Viens, on va jouer dehors !

Il arriva en courant, et en riant.

Noah avait dix ans, et c'était franchement le meilleur petit frère du monde. Je l'adorais.

Je lui tendis son manteau et ses moufles, qu'il s'empressa d'enfiler.

Puis on sortit en courant de la maison, sous le regard attendri de ma mère.

Au bout d'une dizaine de mètres, il tenta de s'arrêter, mais la neige le fit déraper.

Je me mis à rire, mais ça me déséquilibra, je glissai et tombai.

-Bien fait ! cria Noah en riant.

Je me relevai en haussant les sourcils.

-Tu oses parler ainsi à ta grande sœur ? plaisantai-je.

Il prit ça comme un défi :

-Venge toi, si t'y arrives !

J'obéis au quart de tour. Je me baissai, ramassai une poignée de neige, et la lui lançai dessus.

S'en suivit d'une terrible bataille de boules de neiges. Nous en avions dans le cou, sur le visage... J'étais gelée, et heureuse.

Au bout d'une dizaine de minutes, il réussit à passer ses mains sous mon manteau, le traître, et plaqua ses moufles pleines de neige sur mon ventre. Je criai, me dégageai, et décidai de me venger.

Je me jetai sur lui, et le fit tomber. Il riait, puis atterrit sur le dos.

Il s'arrêta brutalement de rire.

Moi, je continuais encore un instant, avant de voir ses traits défigurés pas la douleur.

Je me relevai immédiatement.

-Noah, ça va ?!

Il ne me répondit pas.

Il ne se releva pas.

Il se contenta de gémir. Je m'accroupis, tentai de soulever sa tête, mais je sentis un liquide chaud sur mes doigts.

Je retirai ma main. Elle était rouge.

-Oh mon dieu Noah !

J'appelai Papa et Maman, qui ne m'entendirent sûrement pas, puis qu'ils continuèrent de briller par leur absence.

Noah m'attrapa la main, en ouvrant la bouche. Aucun son ne sortit de ses lèvres. J'étais paniquée. Je soulevai à nouveau sa tête.

Il y avait une énorme pierre pointue.

J'avais poussé mon frère sur une pierre.

Je me mis à pleurer. Je n'osais pas courir aller chercher mon téléphone, je ne voulais pas le quitter.

Mais je sentais sa force le quitter.

Je ne m'y connaissais pas. Mais je savais que la blessure était grave. Quand j'avais tenté de regarder, j'avais vu l'os.

-Ça va aller, Noah... Reste avec moi, reste avec moi, gémis-je.

Il mourut sans réussir à dire un mot.

Papa et Maman arrivèrent quelques secondes plus tard.

C'était un jour d'hiver.

Un jour ou j'ai tué mon frère.