Il faut dire que j'ai eu une mort vraiment ridicule. Vraiment vraiment idiote.

Et en soit, je suis sûr que certains souhaiterai mourir de cette façon. C'est vrai, mourir à cause de chocolat, ça fait plutôt envie, comme façon de terminer sa vie, non ?

Bon, dans mon cas, c'était pas super agréable, et plutôt douloureux, à vrai dire. Il faut dire que je suis devenu tout rouge, j'ai commencé à vomir, devant tout le monde, là, à la cantine, puis j'ai senti ma langue gonfler, et l'air avoir du mal à respirer. Je me suis mis à m'étouffer, et puis... Bah, je suis mort.

Super, hein ?

Car oui, je suis allergique au chocolat. À vrai dire, ça n'impacte pas beaucoup ma vie : c'est vrai, ce n'est pas aussi gênant qu'être allergique au gluten, ou au fruit à coque-qu'on trouve de PARTOUT-au passage. Et puis, bien que de nombreuses personnes me disent que je ne sais pas ce que je rate, je m'en fiche un peu, en fait, puisque je n'ai jamais goûté de chocolat, donc non, effectivement, je ne sais pas ce que je rate.

C'est pour cette dernière raison qu'en général, j'évitais de dire, au collège, que j'étais allergique au chocolat.

Il faut me comprendre, je suis un garçon harcelé au collège, j'ai pas en plus envie qu'en entendant que je suis allergique au chocolat-au CHOCOLAT, sérieux !-on se moque de moi et me traite de faible. Donc j'évite de le faire savoir.

En plus, je m'appelle Charlie, comme dans Charlie et la chocolaterie...

Seule ma meilleure amie, Julie, est au courant. Julie, c'est une fille forte, et super sympa. C'est elle qui me défend, toute seule, face aux autres comme Enzo, Zoé ou Ethan, qui me harcèlent. Je l'adore. Je ne sais pas comment je ferais sans elle.

Un jour, elle avait répétition théâtre. Sans moi. Parce que oui, moi, je ne me suis pas senti de faire du théâtre avec elle. Être seul, à jouer, sur une scène, avec les yeux de TOUT LE MONDE braqués sur moi ? Franchement, non merci.

Bref, j'ai du aller manger seul à la cantine.

Vous n'imaginez pas comment c'est horrible, au collège, d'être seul. On a l'impression que tout le monde nous regarde, nous juge, se dit « Ahah, il n'a pas d'amis ! Ça doit être un looser. »... Bref, j'étais pas bien. Je suis allé m'asseoir seul à une table, les yeux baissés et les joues brûlantes de honte.

Ce jour-là, on mangeait ratatouille-celle de la cantine est géniale, au passage-et brownie en dessert. Évidemment, je n'avais pas pris ce dernier, et si quelqu'un me demandait ou est-ce qu'il était, j'avais décidé que je répondrais que je l'avais passé à quelqu'un qui m'avait menacé de me faire un truc si je ne lui filais pas. Au moins, Enzo, Zoé ou Ethan ne pourrait me reprocher de ne pas leur avoir donné. Je commençais donc à manger, quand j'entendis des éclats de rire qui venaient de la table de derrière moi.

Je me retournai discrètement pour voir mes trois harceleurs s'asseoir à la table de derrière moi. L'horreur !

Je tentais de me remettre droit, comme si je ne les avais pas vu, mais Ethan me vit les regarder.

-Eh, le nul ! T'as quoi à nous regarder ?

Aussitôt, les trois se levèrent, prirent leurs plateaux et vinrent à ma table. Zoé s'assit en face de moi, et me sourit d'un sourire faussement poli :

-Bah alors, Charlie, tu n'as pas ton brownie ? Tu n'en voulais pas ?

Je serrai les dents, n'osant pas répliquer.

Enzo éclata de rire, et d'un geste clairement volontaire, lança sa main vers son verre, qui se renversa, déversant l'eau sur son propre brownie, qui devint aussitôt spongieux, et dégoûtant.

-Bah, t'inquiètes, Charlie, je te laisse le mien !

Il me tendit le... truc.

Je secouai fermement la tête, mais Ethan, à côté de moi, me dit :

-Bah alors, Charlie, tu refuse un cadeau ? C'est pas poli !

-Mange le, insista méchamment Enzo.

Je secouai la tête.

Aussitôt, Ethan m'attrapa le cou, et me pinça le nez.

Je poussai un cri indigné, et fut forcé d'ouvrir la bouche pour pouvoir respirer.

-Vas y, fais lui bouffer ! cria Ethan à son acolyte.

Je me mis à me débattre, mais il était plus fort que moi.

Et voilà. Je vous épargne la partie dégoûtante où je vomis, où je manque d'air, où je me convulse...
Mais voilà. Vous connaissez la cause de ma mort.