Un jour d'été (lettre pour le concours de @SumJenkins)
Mon Amour...
Je m'en vais te rejoindre, là-haut, loin du malheur des hommes.
Je ne suis pas triste, puisque c'est en paix que je pars, puisque rien ne me retient sur cette terre. Puisque que tu ne peux plus me retenir.
Cela fait sept mois, douze jours, 3 heures, 25 minutes et 45 secondes que tu es partie. Partie définitivement. Pour toujours.
C'est long, toujours ! C'est toute ma vie, toujours ! Et ma vie va être encore longue, la vie est devant soi, quand on a vingt ans ! Si je n'avais pas été là, ma vie aurait durée encore vingt, quarante, soixante ans ! Si il n'y avait pas eu cette guerre ! Cette stupide guerre, qui tue des hommes qui aiment, qui ont une famille, des amis...
Et pourtant, je l'aime cette guerre, puisqu'elle m'offre une porte de sortie, puisqu'elle me permet de te rejoindre plus vite, mon Amour !
Si tu savais à quel point je t'aime ! Non, je ne dis pas je t'aimais, car mon amour pour toi se conjuguera toujours au présent pour moi.
La vie est bête, la vie est triste, la vie est rarement joyeuse, pas la mienne, en tout cas. Si on peut appeler ça une vie... Je suis mort depuis que tu es morte, je n'existe plus. J'ai l'impression que la vie est faite de petites joies suivies de beaucoup de peines. Il faut connaître le goût des larmes pour pouvoir apprécier le bonheur, le vrai.
J'ai tenu le bonheur dans mes mains, et je l'ai laissé filé, comme je ne peux retenir le temps qui s'écoule et revenir en arrière. J'ai laissé filer le bonheur un jour d'été.
C'était un beau jour, le ciel était clair, bleu, dans trop de nuages, sans trop de vent. Comment nous aurions pu savoir que cela n'allait pas duré !
Parfois, j'imagine que tu n'es pas sortie dans les bois ce jour-là, qu'il n'y a pas eu d'orage, pas de foudre, pas d'incendie, pas de mort. Et tu serais encore là avec moi, et tu me sourirais, et je ne serais pas aller m'engager pour le front.
Et ça me rend malade, de me dire que j'aurais pu te retenir ! Que je ne serais pas sur le front. Si je ne m'étais pas disputé avec toi. Si tu n'étais pas partie. Si je t'avais retenue.
Les gens me disent que je vais mal. Mais ils ne savent pas ! Ils ne t'ont pas perdue, eux ! Ils sont loin de leur famille, mais au moins ils en ont une.
La mort ne me fait pas peur, tu sais ? J'ai rencontré la mort une première fois ce jour d'été. Et nous voyons la mort dans les yeux tous les jours, ici. Le front est l'enfer sur Terre, mais ma vie sans toi l'est déjà. Je me suis regardé dans un miroir, mes yeux n'ont plus de vie. On dirait que je suis malade. Malade d'amour, de chagrin, de deuil, de mort.
Nous allons bientôt partir à l'assaut. Dans quelques instants, je te rejoindrai. Pardonne-moi, je sais que mes propos ne sont pas très clairs. C'est l'impatience de te revoir.
Attends-moi mon amour, j'arrive,
Ton Jules qui t'aime
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